Fuel friendship - ft. Ono Kanon

 
Douce joie que d’être en famille... Il n’y avait que cette dernière qui pouvait assurer notre bonheur, n’est-ce pas ? Quel délicat mensonge. Celle-ci avait su agripper et manipuler l’âme de sa propre progéniture. Enfance dédaigneuse et parfois dégradante. Par les ordres du patriarche sous l’approbation de sa tendre épouse, l’insouciante s’était exécutée. Encore aujourd’hui, elle ne cessait de vouloir faire la fierté de ses parents. Allant jusqu’à être fiancé à un homme dont elle n’éprouvait pour l’heure que du dégoût. Mais assurément, toute cette farce était pour son bien. Pas vrai ? C’était ce qu’elle se répétait chaque soir avant que ses paupières ne se closent.
Cette compétitivité imposée afin de dorer leur orgueil parental, n’avait pas eu de si mauvaises conséquences. Une amitié avait émergé sous ces incitations à la détestation. Kanon était vraisemblablement passé à autre chose. L’immaturité infantile ne devant guère être un obstacle pour avancer. Koharu en fut ravie. D’ailleurs, il lui arrivait d’inviter secrètement la classe S afin de se voir en toute discrétion. Lui laissant le choix des lieux et en proposant parfois certains.  

Aujourd’hui, elle s’était adaptée à l’emploi du temps de sa comparse japonaise. Cette dernière étant assurément bien plus occupée qu’elle, même s’il n’y avait qu’un rang de différente qui les séparait. La Ono restait celle qui avait le mieux réussi, celle qui brillait le plus par sa perfection. Du moins étaient-ce les propos répétés de la famille Ogami, désireuse de voir leur fille atteindre la grande classe S. Cependant, la candide n’était pas prête, elle n’était pas assez mature, les responsabilités l’effrayaient. Malgré les reproches, elle parvenait à trouver nombreuses excuses afin de trouver la tranquillité.
Ainsi, elle s’était déplacée sur le lieu de rendez-vous, attendant sagement de distinguer au loin la stature de celle qui fut et qui restera sa rivale aux yeux de ses parents.  

- Bonjour Kanon, comment tu vas ? Je suis contente que tu aies pu te libérer !

Des questions, un désir de prendre de ses nouvelles et surtout celui de sociabiliser. Koharu adorait sortir, profiter de la vie et de son temps libre quand elle en avait. La présence de Kanon lui rappelant ces nombreuses années à se cotoyer. La classification ayant créé une certaine distance malgré elles. Kanon en S, Koharu en A et Mao en B. Pour autant, cela n’était guère une raison de s’éloigner.  

- Ça se passe bien au travail de ton côté ?  

Pétillante et souriante, voilà ce qu’elle a toujours été et qu’elle espérait rester encore longtemps. Ses propres souffrances restant ancrées au plus profond de son coeur comme si elles n’avaient jamais existé. Point d'amertume pour tout ce qui s'était produit, l'heure n'était pas aux remords ou aux regrets.

- Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse en premier ?

Une journée ne pouvait être que plus belle quand elle était passée en bonne compagnie.

et ça tressaute, sous ses regards. vide à en avoir remplacé les myocardes : et ça te pèse, Kanon. cela avait-il toujours été le cas ? quand tu en venais à t'en montrer si fragile ,, les doigts en sont si risibles : à ne pouvoir sauver personne sauf toi. ça te hante, démange tes visions : tout semble encore s'écrouler, comme ces nuits à joncher les champs de batailles. t'as l'habitude, pourtant, de venir récolter tous les malheurs après les tempêtes ! que tu laisses vagabonder tes innocences au milieu des carmins.

et tu vois
ce que tu étais devenue ?

simple poupée fantôme à ne plus pouvoir en tracer de réels sourires ,, car les journées s'en font longues. terrasses les fiançailles : on t'avait tout accordé. pour ton bien, sans doute ,, quand les familles en deviennent chaos, et que tu es la seule à pouvoir briller encore assez pour en conserver vos titres. ceux à s'en faire miracles comme bénédictions d'un temps. alors tu chantes, pour mieux te perdre. tu chantes, pour réparer tes regards brisés.
tu fuis :
t'échappes
oublie tout.
et recommence alors ces rondes sans fin. quand tu en aperçoit pourtant son visage, se moque bien des temps passé : car toi tu avances, ne ressasses rien d'inutile ! ça te fatigue trop, de faire la guerre aux autres quand tu en étais déjà si instable. alors entre quelques missions, quelques répétitions, tu en trouves parfois le temps de lui en accorder un peu de tes attentions ! se moque bien des rangs : car Kanon, t'étais sans doute la seule à n'en voir que les dons pour sauver des vies au lieu de ces réputations sacrées. — Ca va, ça se passe toujours bien de mon côté. mensonge ,, de tes beaux sourires.

car t'es pourrie :
de l'intérieur.


— Et toi ? Pas trop dur en ce moment ? Tout le monde court partout, c'est compliqué. Tu participes aux hérolympiques ? d'une animation à faire parler ,, occasion de briller comme d'en découvrir ceux inconnus à leurs yeux. et Kanon ça l'amuse un peu, essaie d'en retenir le plus de têtes :quand chacun en semblait si formidable. d'élégances à s'en faire toujours trop présente ,, les dos toujours trop droits, tu en laisses les talons frapper les sols ,, en compagnie de celle à en avoir fait preuve d'un passé si complexe. vos mondes divergent ,, tu en gardes amertumes : et pourtant tu en tais tout ce que tu as en tête ,, quand tu viens à la voir briller tout doucement. — Hmmm...Comme tu veux ? Il y a une gallerie d'art, pas loin, si tu le souhaites. Ainsi qu'un petit café qui fait d'excellente pâtisserie !
regard pourtant lointain :
attiré par les festivités
d'une rue toujours éveillée.
qu'elle tapote tout doucement ton bras ,, vient à trottiner vers l'un de ces spectacles de rue. chant à épouser les tympans, ça ensorcèle celle qui en était si passionnée. — C'est sympa, non ? Y'a vraiment qu'ici qu'on peut voir ça. c'est authentique, en détonne presque de tous ces artifices à prendre place dans vos univers. et elle viendrait à rêver, de pouvoir finalement arrêter de faire semblant : juste une fois.

 
Insouciance infantile et détachement essentiel, le malheur de ces âmes condamnées ne l’atteignaient guère. Choisir la voie de l’héroïsme de garantissant la survie de tous, il fallait apprendre à ne pas s’éterniser pour ne pas sombrer. La souffrance des inconnus ne l’effleurant guère car le travail était une chose mais une fois le costume déposé, l’humaine ressurgissait. Le désir de s’épanouir prenant le dessus sur bien d’autres responsabilités, car ces dernières l’agaçaient. Bien sûr, les questions formelles et courtoises furent de mises entre héroïnes. Mais avant toute chose, elles se retrouvaient pour s’amuser et se divertir.  

- Oh tant mieux si ça se passe bien ! Moi, c’est la routine. Des missions passionnantes, d’autres pas du tout. Mais non, je participe pas. Je préfère encourager les autres.  

Le sport athlétique ne lui procurait aucun plaisir, contrairement à la danse et la musique... L’art du son faisant vibrer chacun de ses membres. L’émerveillement la gagnant toujours autant face à la gaieté. Aucune rancune, aucune négativité, l’heure était à la joie et diverses festivités.  

- Bonne idée ! On pourra profiter de la belle vue puis se remplir la panse.  

Délicieuse dépendante au sucre, il ne lui fallait pas plus afin d’être transportée par l’idée. Ses iris scintillant de plus belles, hypnotisée par la cadence, elle hochait vigoureusement sa tête en laissant entrevoir toute cette joie éphémère qui la submergeait.  

- C’est super ! Je viendrais beaucoup plus souvent ! Ils sont talentueux en plus.  

Nul besoin de briller pour autrui quand ces derniers se donnent en spectacle. Délicate sensation que d’être celle qui observe et non celle qui est scrutée. Une belle prouesse aussi temporaire soit-elle. L’envie de les rejoindre semblant faire tressaillir ses muscles, mais la bienséance lui ordonnant de calmer son excitation. Elle n’était plus enfant, elle devait savoir se tenir. L’époque où la petite princesse pouvait s’amuser comme bon lui semblait, n’était plus. Ou du moins, pas en public. Ainsi... Chaque sonate sera savourée jusqu’à ce que son regard ne rencontre à nouveau celui de son amie.  

- C’est une expo d’art moderne qui est proposée ? Ou ce sont des artistes encore inconnus au bataillon ? Je trouve que ceux qu’on connait le moins, sont toujours ceux qui s’expriment le mieux sur une toile.  

Un nom connu pouvant permettre le profit sans l’inquiétude. Ceux qui restaient tapis dans l’ombre avaient souvent une sensibilité plus affutée. Il était plus simple de faire de beaux efforts pour se démarquer, tandis que les célébrités se suffisaient à leur réputation déjà glorifiée.  

- C’est quoi ton mouvement préféré, toi ?  

Des discussions qu’elles auraient pu avoir plus jeunes mais qui ne leur furent pas permis. Autant rattraper le temps perdu pour mieux se connaître et mieux s’apprécier.