muse & waze ❀

Volontaire, Waze qui n’avait jamais aussi bien bouffé de sa vie, même du temps où il voyait Orion en cachette quand il était classe-s et avait un salaire à toucher les étoiles, tendit la nuque pour attraper ce que lui confiait Muse.

« C’est super bon ! » commenta-t-il, extatique. « Moi jamais, c’est la première fois. Je suis content de faire ça avec toi. Tu rends l’expérience encore plus inoubliable. »

Il remonta sur son avant-bras le bracelet qu’il avait en commun avec la jeune femme pour ne pas l’abîmer tandis qu’il prenait entre ses baguettes au dessus de la plaque chauffante des lamelles de bœuf séché – un met absolument inabordable quand on était de sa petite classe moyenne.

« Ca dépend ce que tu appelles grand. » répondit-il à la question de Muse, après un instant de silence à réfléchir s’il allait jouer la comédie ou dire la vérité. « Ca dépend beaucoup de la personne avec qui je sors. Je m’informe d’abord sur ce qu’elle aime pour ne pas commettre d’impair et je fais en sorte de lui proposer plein de choses et de laisser l’autre me dire ce qui lui plaira. Comme ça on a décidé un peu tous les deux, et tout le monde est content. »

Il fit descendre les victuailles avec un verre d’eau pétillante, comme il devait les reconduire en sécurité ensuite.

« En mettre plein la vue est pas toujours mon truc, j’aime faire des petites choses simples et laisser le dialogue que j’ai avec la personne mettre un grain de folie dans la sortie. Comme avec toi, tu vois. » Il lui sourit. « Je préférerai toujours la virée nocturne en voiture à parler avec quelqu’un jusqu’au bout de la nuit, et à m’arrêter en pleine campagne pour regarder les étoiles que d’aller dans un grand palace plein de lumières et de feux d’artifices où tout le monde fait semblant. »

Et on ne faisait pas semblant, en amour. Pas avec un grand romantique comme Jaehwan.

« C’est quoi, ta plus belle expérience de sortie ? Amicale ou amoureuse. Un moment que tu as partagé avec quelqu’un et qui te restera en tête pour toujours. »

« Je suis d’accord avec toi. Etre confortable et me sentir en sécurité avec une personne qui me respecte est ma priorité. »

Il regarda Kanon s’installer au fond de sa chaise pour réfléchir, signe qu’elle prenait très au sérieux sa question. Son regard caressa ses longs cheveux, son joli petit nez, les ombres dansantes de sa clavicule que des éclats d’eau paillettaient. Le joli bracelet qu’il lui avait offert lui allait bien. Il ne justifiait aucun sens d’appartenance, il complimentait simplement son poignet gracile. Kanon était de ces femmes sublimes, naturellement belles, avec qui on se sent heureux simplement en existant.
Elle était juste...charmante. Définitivement charmante.

Son sourire s’élargit à sa confidence – il ne savait pas si elle inventait cette histoire de toutes pièces pour les caméras qui les fixaient de leurs yeux impavides, mais il décida de la prendre comme une authentique révélation.

« Les gens sous-estiment le potentiel d’un parapluie. Les parapluies, c’est trop bien. Quand j’étais gamin mes potes me disaient que les parapluies étaient réservés aux filles, parce qu’avoir un parapluie ça fait fragile, ça fait gonzesse, tout ça. Et un jour, mais genre, hyper tard, il y a...quatre-cinq ans ? J’en ai acheté un pour abriter les clients qui sortent de ma voiture. Et je me suis rendu compte à quel point c’était bien. Il pleut, toi t’es au sec, et si tu vois passer une demoiselle toute trempée, tu as juste à lui tendre. Ca fait trop gentleman. »

Il éclata de rire – à ça de faire un colloque avec powerpoint sur les parapluies non mais franchement.

« J’en ai pas beaucoup mais je les choisis avec très grand soin. » assura-t-il à propos de ses souvenirs. « Comme tu le dis, je donne beaucoup de moi, donc pas à n’importe qui. Tu es un rare exemple. »

Il lui adressa un sourire d’une inénarrable douceur.

« J’aimerais beaucoup te revoir après le tournage et te raccompagner du cinéma sous un parapluie, si tu veux. »