Je sais pas si tu mérites ton starbucks || Romi

17/07/24 ; 17h52 + OOTD
Quand les portes de l’ascenseur s’ouvrirent à l’étage des archives, Jaehwan se dit qu’il n’apprenait jamais de ses erreurs. Les étagères se dressaient comme de hauts arbres soigneusement alignés par un miracle de la nature, formant une forêt de connaissances abandonnées dans le silence. L’ambiance, feutrée et puissante à la fois, était entre le mausolée et le boudoir. On célébrait quelque chose ici, dans le calme nappé des lueurs blanches du plafond, mais il était impossible de savoir exactement ce dont il s’agissait.
Et de temps en temps, dans les ombres immobiles, votre esprit fatigué faisait danser un fantôme.

Jaehwan retira immédiatement ses écouteurs. Il interrompit ainsi, pour sa santé mentale, un podcast de villainology d’un criminologue très connu qui lui avait donné envie, au départ, de se lancer dans le droit. L’épisode était bien entendu très bien mis en scène et les différentes musiques d’ambiance complimentaient le récit sordide d’un cas de disparition perpétré par un villain encore irrésolu aujourd’hui.
Mieux valait le couper avant d’imaginer des tueurs en série jaillir de derrière une étagère.

« Romi ? » lança-t-il en enroulant les écouteurs autour de ses doigts. « T’es là ? »

Elle lui avait donné rendez-vous à cette heure précisément parce qu’elle était seule et qu’ils ne seraient pas dérangés. C’était l’occasion de discuter, de se raconter deux trois potins, et en bref de mettre un peu de vie dans la monotonie de leurs quotidiens respectifs. A la fin de la semaine, Jaehwan partirait pour le tournage de Single Heroes ; un comble quand on le connaissait.

Soudain, Romi apparut comme un esprit frappeur et il sursauta.

« Ssibal Romiii... » soupira-t-il. « Tu vas me faire faire un arrêt cardiaque un jour. »

Il leva le sac en papier qu’il tenait dans la main.

« Je sais pas si tu mérites ton Starbucks. »

17/07/24 ; 17h52 + OOTD
nez dans les archives, bien trop occupée à bien tout ranger, romi regardait tout de même l’heure de temps à autre, car c’était l’heure des ragots, l’heure de la pause, l’heure que romi préférait le plus dans sa journée de boulot. à en venir à faire peur à jaehwan, rire qui sortait doucement de ses lèvres avant de laisser sortir un léger “chut”, il fallait être calme aux archives, non ? c’était un peu comme une bibliothèque après tout.

« je sais réanimer si jamais jaehwan hein.. désolée mais c’est toujours tentant de te faire peur. »

et si romi était assez bonne en gestes de premier secours, elle pouvait réellement réanimer quelqu’un, ou plutôt ressusciter quelqu’un pendant un court instant mais pas romi n’était pas réellement sûre si c’est ce que jaehwan voulait. à en faire une petite moue quand elle le regardait mettre le sac en hauteur, café, elle en avait clairement besoin. elle qui avait fini par faire une nuit blanche, un jour le travail la tuera.

« si tu me donnes pas mon café, je te dirai pas comment s’est passé mon dernier date, et je t’écouterai même pas sur ta vie amoureuse. »

même si romi adorait les ragots et encore plus de parler d’amour avec jaehwan, elle aimait encore plus son petit café de l’après-midi. alors elle attendait patiemment que l’aîné lui donne sa boisson, la chose qui la gardera éveillée encore quelques heures.

17/07/24 ; 17h52 + OOTD
« C’est pas parce que tu sais apporter la solution qu’il faut causer des problèmes. » répondit candidement Jaehwan.

Un type avec un esprit paladin comme lui ne ferait jamais de mal comme ça, mais croire que ça n’arrivait pas consistait à faire preuve d’une naïveté flagrante. C’était comme ça que fonctionnait l’économie aujourd’hui : créer des problèmes pour arriver ensuite comme un sauveur avec la solution et donner l’impression qu’on ne pouvait pas se passer de vous.

« Mh. » répondit-il à son argument plus que valable, levant les yeux au ciel comme s’il n’allait pas immédiatement plier devant. « Tu en as déjà trop dit. Je vais devoir céder sinon je ne pourrai pas dormir cette nuit, face à tant de suspense. »

Il ne pourrait pas dormir de toute façon, en proie qu’il était à ses insomnies traditionnelles qu’il occupait en noircissant des pages et des pages. Jaehwan abdiqua, et sortit du sac en papier les deux gobelets reliés l’un à l’autre par un conteneur en carton recyclé.

« Je sais que c’est pas l’heure mais j’ai pris ton muffin préféré avec, je me suis dit que ça faisait toujours plaisir. » se radoucit-il. « Tiens. Alors, quels sont les potins ? »

17/07/24 ; 17h52 + OOTD
agir comme une enfant, romi évitait le plus possible mais quand jaehwan était dans les parages, elle ne pouvait pas s’en empêcher. à venir lui faire peur et rire d’un rire réel. ô, qu’est-ce qu’elle aimait être avec jaewan, qu’est-ce qu’elle se sentait bien à ses côtés, à pouvoir être elle-même, à pouvoir raconter ses exploits et déceptions amoureuses sans être jugée. secret qu’elle gardait de sa famille, cela lui faisait du bien de pouvoir se lâcher aux côtés de jaehwan. « parfois faut causer des problèmes pour pimenter ta vie, tu trouves pas ? » un peu comme forcer le destin, romi savait que ce n’était pas une chose à faire, que tout allait arriver à un moment donné mais romi était romi. lorsqu’elle voulait quelque chose, elle devait tout faire pour l’avoir, quitte à forcer le destin, quitte à jouer la comédie.

à prendre la boisson chaude, son petit plaisir de la fin de journée, dans les mains, elle était enfin prête à déballer ses petits ragots, rien d’extraordinaire mais ça faisait toujours de l’effet. à venir s’asseoir, s’éclaircir la gorge, peut-être que commencer par son date catastrophique qui s’est déroulé y’a pas si longtemps était un bon début, non ? « merci pour le muffin, j’avais une petite faim je t’avoue.. pas eu trop le temps de manger aujourd’hui ! alors haha, j’ai eu un match sur mon application ! je peux te montrer les photos si tu veux ? il était magnifique dessus, c’était marqué qu’il était auto entrepreneur, je me suis dit qu’il allait être riche. » téléphone en main, elle se rapprochait de jaehwan pour lui montrer le profil de l’homme, cheveux longs, la quarantaine, petit costard, propre sur lui. la vue était belle, si seulement tout ça n’était pas un mensonge, n’est-ce pas ? « marié deux fois, quatre enfants, ses cheveux c’est une perruque, il a cinquante ans, ses photos sont retouchées et il est au chômage. t’imagines ma réaction ou pas quand j’ai vu CA ? » triste réalité, mais c’était toujours comme ça avec les sites de rencontre, remplis de mensonges et de fantaisies. elle espérait réellement que du côté de jaehwan les potins étaient meilleurs, réellement meilleurs.

même si romi adorait les ragots et encore plus de parler d’amour avec jaehwan, elle aimait encore plus son petit café de l’après-midi. alors elle attendait patiemment que l’aîné lui donne sa boisson, la chose qui la gardera éveillée encore quelques heures.