ohayo || orion

La séance de sport se concluait naturellement par une montée de quelque escalier que ce soit, mais ce serait passer à côté du superbe miroir de l’ascenseur de l’hôtel. Jaehwan avait profité de s’y retrouver seul – vu l’heure – pour poser son sac de sport entre ses jambes et se prendre rapidement en photo, jouant de ses muscles sous la lumière qu’il estimait parfaite pour dessiner les ombres où il le fallait sur sa peau encore moite. Une brève appréhension liée à sa mésaventure avec Eunhae traversa son esprit, mais il arriva à bon port, la cage tintant délicatement dans le couloir plongé dans les lueurs montantes du jour.

« Ohayo. » s’annonça-t-il d’une voix douce, ne sachant pas à quel point Orion avait pu se rendormir après leur échange. « Oh la vache ils sont rapides. » commenta-t-il, les yeux posés sur le chariot qui contenait sous des cloches opaques le petit déjeuner qu’il avait demandé de faire monter juste avant d’aller dans la salle. « Leur salle est cool aussi. »

Il déposa son sac sur le sol et se dirigea vers la salle de bains, semant ses vêtements sur son passage.

« Je vais me doucher et on déjeune si tu veux, j’ai trop la dalle. »

« - Je suis partit pisser quand je suis revenu c'était là. » Inutile de dire qu'il avait paniqué, les curseurs de l'ancien taulard poussés au maximum par une montée d'angoisse poussée là par la seule évidence que quelqu'un était rentré, tranquillement, avait fait sa vie, tranquillement, pour repartir, tranquillement.
Orion roule sous la couette, se colle à plat ventre sur le futon contre lequel il s'étend pour poser son regard noir sur les vêtements semés en petits cailloux à suivre.

« - Tu as retrouvé ton t-shirt, personne te l'avais volé. » Un rire aussi doux qu'il est moqueur vient voleter tranquillement dans l'air avant qu'il ne s'étouffe au fond du moelleux d'un oreiller où Orion finit par bailler. Il s'était rendormi, d'un de ces sommeils incroyablement lourd duquel il semble alors impossible à sortir. Bercé par le bruit de la mer, la baie vitrée donnant sur leur bain privé laissée ouverte malgré la fraîcheur automnale.
Y perdant son regard instant, Orion finit par se relever dans une écume de couette blanche s'échouant à ses pieds avec légèreté et discrétion. C'est de cette même façon qu'il se glisse dans la salle de bain puis sous la douche.

Son corps s'aligne au dos de Jaehwan, un bras enlaçant sa taille pour que la sensibilité de sa paume se dépose contre son ventre tendu par les efforts. L'autre paume effleure la nuque, puis lentement, très lentement vient s'enrouler autour du cou pour l'obliger à se cambrer légèrement.
« - Tu vas vraiment m'obliger à y aller plus souvent, à cette foutue salle si tu continues comme ça. » Murmure doux contre l'oreille qu'il vient prendre délicatement entre ses dents.

« Il me tenait chaud ! »

Jaehwan avait repris contact avec les douches peu de temps auparavant, bien aidé par la perspective de devoir en prendre de nouveau dans cet hôtel. Il y allait petit à petit ; le traumatisme demeurait, mais il le prenait suffisamment au sérieux pour, justement, travailler dessus. Maintenant, le bruissement des grues ne crépitait plus à chaque fois qu’il actionnait l’écoulement de l’eau, ce qui était une nette progression par rapport à avril.

Sa perception sensorielle surdéveloppée l’informa de la présence d’Orion, contre qui il s’aligna de bon coeur, avant d’être contraint à décoller son dos de son torse par la pression de ses doigts sur sa gorge. Un sourire espiègle se peignit sur ses lèvres, tandis qu’il terminait d’éssaimer sur son torse des nuages de mousse glissante.

« Ne dis pas de bêtises. » souffla-t-il, la respiration rendue hachée par la prise d’Orion. « Tu es très bien comme tu es, tu ne me dois rien du tout, tu es parfait. Surtout quand tu as cette attitude. »

C’était pas sain mais rien à foutre ; ça le faisait bander et ce matin c’était tout ce qui comptait. Il poussa la main d’Orion, joueur.

« C’est plus bas, hein. »

« - Quoi donc ? » Souffle cette voix volontairement rendue plus grave, enrobée de cette douceur qu'il ne réserve qu'à lui puisqu'il est le seul capable de l'invoquer. La main repoussée revient se lover sur le ventre, esquisse une intention de descendre pour finalement remonter. Glisser sur la mer d'écume savonneuse pour l'ouvrir en deux et la voir se réunir juste après son passage.

« - Peut-être qu'en fait, je devrais t'interdire d'y aller. Comme ça, tu n'aurais plus rien à exposer sur les réseaux. » Il mordille à nouveau ce lobe offert à ses envies, ses doigts jouant de leur prise contre la gorge où le sang se met à battre plus violemment. Comme s'il le cherchait.
L'appelait.
C'est sûrement mais Orion a besoin de se rassurer. De se dire que ce corps qu'il adore, que cet aime qu'il aime à la folie le cherche. L'appelle. Que son énergie et la sienne peuvent communiquer et s'harmoniser. Au lieu de se repousser et se faire peur.

Les doigts savonneux s'étendent en étoile faite d'or et d'encre sur le torse. Semblent vouloir le recouvrir dans son entièreté tout en sachant que c'est impossible.
« - Tu as raté le lever de soleil sur la mer, c'était incroyable. Ca n'a rien à voir avec le fleuve. » Et ces foutus buildings cassant la vue. Peut-être qu'Orion est tombé amoureux, hier lorsqu'ils sont arrivés dans leur chambre. De ce bout de terre se jetant dans la mer, offerte et sauvage. Si différente de celle d'Incheon ou de Busan.
Tout aussi magnétique. Exactement comme ses hanches poussant doucement contre les reins de Jaehwan, là où son ardeur du réveil est pourtant absente à présent. Ca ne fait rien, ce n'est pas de lui dont il est question à ce moment précis.

« Ce qui t’intéresse. »

Ca ne l’intéressait pas forcément – pas vraiment même quand on le connaissait, mais Jaehwan n’avait pas très envie d’être obscène dès le matin. Ses abdominaux sensibles se contractèrent sous la main douce et glissante et il apprécia le contact de la paume nue qu’il adorait par dessus tout. Son souffle s’accéléra naturellement quand les phalanges serrèrent et qu’Orion s’aventurait, pas à pas, dans les chemins sombres des désirs voraces de Jaehwan.

« Non tu ne ferais pas ça parce que ça me rendrait malheureux et que tu ne veux pas me voir triste. » assura Jaehwan, fermant les yeux pour se laisser aller contre Orion. « Il y a des photos que je poste parce que ça me plaît, et des photos que je te réserve parce que je ne veux pas tout montrer. Tu le connais, mon corps, et ce n’est pas celui que je montre sur les réseaux. Je retouche les photos, je les prends dans une certaine lumière, je les prends quand je sors du sport pour être à mon avantage...Elles ne reflètent pas mon intimité. »

Il posa l’arrière de son crâne contre l’épaule d’Orion, tourna la tête pour embrasser la peau qu’il atteignait. Sa main passa en arrière, caressa sa nuque.

« Oui il faisait nuit quand je suis parti. J’avais besoin de bouger avant que le monde ne se réveille. Tu sais comme j’aime ça, vivre quand tout le monde dort. Caresse-moi... » soupira-t-il, plus plaintif et vulnérable. « Je me suis fait beau pour toi quand même. »

« - Ce n'est pas que je ne le veux pas, c'est juste que je le supporte pas. » Souffle-t-il contre la peau perlée d'eau. C'est une triste vérité, un aveu d'une faiblesse qui n'a certainement pas mis longtemps à être connue et qu'il n'a, finalement, pas tenu à garder secrète. « - J'espère bien. Elle aussi, cette intimité, elle est à moi. » Un doux et long, très long frisson, glisse du point de contact des lèvres et des doigts de Jaehwan sur sa peau. Provoque un tsunami de vagues au creux de son ventre qui se creuse sur une inspiration aussi ondulante que sa mer intérieure.

« - T'es toujours beau, même sans salle. » Ses doigts desserrent leur prise contre la gorge, glissent pour s'apposer en collier aux perles battantes sous le derme. L'étoile au torse effleure de sa branche faite du pouce un téton, y dépose de lents va et vient. « - C'est drôle, ils ont essayé à l'époque, de me mettre à poil. Pour que ce soit plus vendeur. J'ai toujours refusé. » L'étoile de sa main effleure la peau du bout de chacun de ses ongles puis se décolle de cette plage sur laquelle elle semblait si bien.
Elle se laisse emporter par l'écume savonneuse le long de la ligne des abdominaux ciselés par tant d'effort. « - J'avais pas ce qu'il fallait pour être intéressant. » Penchant la tête sur le côté, sa joue effleure la tempe de Jaehwan. « - Le vieux  a piqué une de ces colères et a voulu qu'on rajoute une clause sur mon contrat. » Elle n'a jamais existé.

Les doigts deviennent une paume. Elle se presse contre le derme pour y faire résonner ses pulsations vibrantes. Insiste lorsqu'elle ressent une contraction sur un muscle se froissant à son passage, soulevant un soupir des lèvres d'Orion.