no truth no lie (niwei).

une fois ç'aurait pu passer pour un accident. deux fois à la limite. peut-être que tu t'étais décidé de lui faire la gueule, sans explications. à force de côtoyer tamao, peut-être que t'avais compris à lui emprunter ses travers (comme si t'en avais pas déjà assez des tiens). peut-être que ci, peut-être que ça. il avait beau se retourner les méninges, rien qui explique cette soudaine distance. présence autrefois magnétiques à converger vers le même point, aujourd'hui, tu semblais être repoussée par son champ. il comprend vraiment pas nida, la dernière fois qu'il t'a vue, t'étais autour de ses doigts à goûter au paradis... alors pourquoi soudainement tu l'avais relâché aux enfers ? pire encore quand t'y étais plus.

ça se rejoue encore. ton corps qui se tient loin du sien, tes regards qui fuient les siens. t'as beau prétendre que rien s'est passé, faudrait être foutrement aveugle de voir qu'il y a un truc. il attend la fin de la session, attend que les autres se lèvent comme s'ils avaient un ressort collé au cul. accompagne le groupuscule jusqu'à l'entrée de la salle et quand ils ont presque tous franchis le seuil, sa paume se referme sur ton bras pour t'attirer de l'autre côté. la porte fermée, claquée au nez, qu'il explique d'un simple : see ya next week.

attend même pas une réaction de leur part pour se retourner vers toi. ses prunelles qui viennent trouver les tiennes. trop longtemps que vous vous êtes pas trouvés aussi près l'un de l'autre. so. what's up hoorne? demande plus par politesse qu'autre chose, sait que tu lui donneras pas la réponse qu'il veut s'il te laisse trop de liberté. s'y attarde pas, continue sans attendre que tu formules une fausseté (s'épargne l'alarme mentale). you caught feelings for me and that's why you're running from me like i'm the plague? parce que c'est la seule chose qui puisse expliquer ton changement envers lui.

danse inhabituelle ; à s'inventer fugueuse sous ton regard. celle qui te fuit, t'évite. parce que si ces derniers mois lui ont donné le répit nécessaire, aujourd'hui il lui est impossible de se cacher dans ta lumière. elle la sent tu sais, ton incompréhension que tes yeux traduisent quand par mégarde, vos prunelles se croisent. t'as beau essayer de faire comme si t'avais pas capté (par fierté ou pour lui éviter de s'enterrer un peu plus dans son manège), y a tout qui peut t'alarmer. rien dans son comportement comme dans ses mots ne résonnent comme avant. ses murmures devenus silences en ta présence.

le bras accroché à celui de tamao, elle se dirige comme tous les autres vers la sortie. son rire coupé par ta prise venant basculer son corps quelques pas en arrière. pas le temps de lancer un s.o.s à son amie que tu t'es déjà assuré de l'avoir isolée du reste. y a plus que toi et elle. plus que ce malaise palpable et les viscères qui se serrent. et elle arrive toujours pas à te regarder dans les yeux. tourne sur elle-même pour chercher une autre présence (une bouée de sauvetage).

tes mots la ramènent à toi. ont le goût des restes de votre relation de ces dernières années. au final, y a qu'elle qu'a changé. y a qu'elle qui voit son reflet dans ton regard ; celui de son propre visage couvert du sang de celui agonisant par terre. mais c'est pas ce qu'il y a de plus bizarre. ce qui la surprend vraiment, c'est toi. elle te savait doué pour faire semblant, éviter les sujets qui blessent, ceux qui retournent l'estomac. sauf que là, t'es hors compét'. à en croire que t'as tout oublier (pas elle). alors, c'est une expression confuse qu'elle pose sur toi en même temps qu'elle croise les bras. what are you talking about baili? did you stole some of my weed before our session? t'étais jamais le dernier à planer. ça pourrait expliquer ta candeur face à sa douleur. i'm not... running away from you. i'm just... bloquée. terrorisée. à se souvenir de ton visage crispé par l'orage de l'horreur, les gouttes de sueur qui pouvaient presque passer pour des larmes. elle t'a fait mal, trop mal. et elle arrive toujours pas à se regarder en face. how can you act like that? c'est pas un reproche, plus un souffle de désespoir. elle aimerait être comme toi et faire comme si rien ne s'était passé.