override (os).

tw ; ptsd, gore, slutshaming, mort, mention de chantage.

les jours sont passés dans un état second. il se souvient, mais tout est brumeux ; prends les apparences d’un film d’horreur qu’il regarde, mais dont il est également protagoniste. il voit sa tête dépassée, voit la lumière quitté son regard. il peut voir la chambre, couverte de vermeille ; les éclats de tissus humains qui recouvrent la tapisserie. il voit aussi le sang sur ses mains ; reconnait son bras en fragments — au-delà des muscles brisés, c’est une aire ouverte qui se superpose aux quatres murs ; le lit a disparu, remplacé par les carcasses de ses meilleurs amis. éveillé comme endormi, emprisonné dans ce film cauchemar infini.

billet du médecin qu’offre le répit du travail ; le force par la même occasion à être seul avec son esprit blessé. on lui dit de prendre le temps de se reposer et de guérir, mais on lui a jamais appris comment. ses plaies encore ouvertes et sanglantes, le récent événement qu’est juste comme un nouveau couteau qu’on y plante, lame tranchante qui fait qu’aggraver les blessures de l’âme. son psy devant lui ; l’impression d’être revenu 6 ans en arrière. le corps entier, mais l’esprit fragmenté, presque rien qu’à changer depuis : wei qui lui fait toujours pas confiance, et l’autre qu’arrive pas à trouver comment briser les barrières de son esprit. offre soutien, tend l’oreille pour aider, mais les mots qui demeurent obstinément absent.

au bout de la première semaine, il tombe de sommeil ; trouve quiétude dans un ténèbre total quand son épuisement prend pitié de ses maux. retour au travail qui suit, peu après. on l’en déconseille, on lui demande s’il est sur de cette décision… les fausses inquiétudes balayées, ce dont il a besoin se trouve entre leurs murs. demande ordre, supplication chantage ; elle a pas d’autres choix que de lui prêter sa voix. mélodies somnifères arrachées, précieusement gardées au fond du téléphone pour plus tard. tout s’améliore, parce qu’il est devenu maître dans l’art d’ignorer ses blessures. porte sur ses épaules les fantômes et ses regrets, enferme à double tour les souvenirs et les émotions.

essaie de retourner à la vie normale, mais c’est difficile. la tragédie s’est propagée comme un sentier de poudre noire. les soirées ruinées par les rumeurs et les commérages. on s’accumule autour de lui, éloigne les bouteilles désirées pour demander des détails qu’il voudrait oublier. y’a tant de monde qui vous ont vu ensemble, pas seulement cette soirée-là, mais fréquemment — duo décadence bien connu… alors forcément tu sais tout, peut-être mieux encore : t’y étais. même pas besoin d’ouvrir la bouche que leurs pensées sont affichées sur leurs traits de vautour. et ça le dégoûte cette fascination morbide pour la tragédie. ça le dégoûte quand ça s’en moque, quand ils s’en servent pour se donner un faux sens de supériorité. leur complexe d’infériorité de pas avoir de pouvoir qu’ils masquent en se disant qu’au moins, eux, ça leur arrivera jamais. leur jalousie maladive cachée sous quelques voeux mielleux qu’ont aucun secret pour lui.

arrête les soirées un moment, évite les foules et les humains. se trouve une nouvelle appréciation pour les bars où on remplit son verre sans qu’il ait à ouvrir la bouche et que personne lui demande quoi que ce soit, sauf de payer à la fin de la soirée. et puis le temps fait sa magie ; la douleur qui s’engourdi, les souvenirs qu’on oublie, un peu. ça aide aussi que de nouvelles histoires remplacent la leur. les hérolympics, nemesis… qu’est-ce que ça lui passe au-dessus de la tête. mais au moins ça les distrait, et ils oublient, si rapidement. tout ça parce que ça les a jamais concerné.

il avait presqu’oublié lui aussi ; s’était presque habitué au poids du souvenir dans le fond de son encéphale. cachées sous les vices, l’acceptation mensongère plus facile ; parce qu’il connaissait pas la victime, parce qu’elle était pas morte non plus, et qu’au final, presque tout le monde avait oublié, en un clin d'oeil. alors ça le percute avec plus de force encore ; comme un coup soudain dans une ecchymose qu’on avait oublié. ça sort de nulle part, l’attrape dans son angle mort ; un bras qui se passe autour de ses épaules, une bouteille qui se cogne à la sienne, l’haleine au parfum éthylique qui imprègne chaque mot. hey wei. someone told me you were there that night? sait pas comment il connait son nom, sa tête qui lui dit rien ; mais ce serait pas la première fois, il a jamais été intéressé par les hommes, wei. les neurones qui se connectent pas, replacent pas la soirée — y’en a eu d’autres entre-temps, elles ont jamais été pareilles sans sa partenaire de danse habituelle. l’autre remarque le manque de réaction, s’en insulte pas, prend ça pour une invitation à continuer, à spécifier. c’est juste ça qu’il attend le vautour. un sourire carnassier qu’étire les lèvres, sa tête qui se rapproche, comme pour raconter un secret bien gardé. come on man, THAT night. the one where nida exploded that dude’s dick. l’rire gras qu’attend pas, à se moquer de la tragédie comme si c’était la blague du century. wei, lui, rit pas. parce que c’est pas drôle, parce qu’il peut sentir le souvenir remonter à la surface, sortir de cette tombe bancale qu’il lui a fait dans le fond de son encéphale.

was it like they said? was there dick bits all over the room? was she really naked? how’d she look? i bet she was still kinda hot. fucking bitch deserved that for being a slut. ça débite à mille à l’heure, que des conneries. ça sent le seum, la rancoeur puante qui s’accroche à l’opportunité ; il attend qu’une tragédie pour taper ceux qui sont à terre. toujours pas de réactions, parce que wei sait pas gérer la vague dans son esprit ; parce qu’il va se noyer, encore, et il sait pas s’il y survivra. c’est juste trop. why so silent bro? wait. was that your dick?? l'regard qui tombe, s'gêne pas pour regarder la supposée zone de dégâts. notoriété publique commune, à avoir été aperçu à plusieurs reprises en pleine indécence. shut the fuck up. à la fois dirigé vers l’autre et vers les fantômes dans sa tête. veut juste la paix un instant, libéré de toutes ces visions cauchemardesques.

that’s not what happened. what you said never happened. sait pas ce qu’il se passe, mais y’a quelque chose qui change, une magie qui s’opère. c’est comme si on avait envoyé dans la corbeille le fichier de cette soirée-là. pas de scène de crime, pas de cri qui glace le sang. se rappelle juste avoir été planté dans la cuisine par nida, et avoir trouvé quelqu’un d’autre pour le soulager de son désir. le vautour semble convaincu aussi, le bras qui le relâche alors qu’il retourne vers le reste de la soirée et gueule un : why you lying to me bro, he said that never happened. il le sait pas, wei non plus ; mais l’illusion durera pas, elle se dissipera rapidement. mais c’est assez longtemps pour que wei s’éclipse, pour qu’il quitte cette soirée devenue ennuyeuse, sans savoir pourquoi. pas vraiment changé, en tout cas en surface, mais y’a un trou noir dans son encéphale qu’était pas là avant. ses épaules un peu plus légères, et les fantômes un peu plus silencieux. sa vérité qu'a changée, par la force de sa volonté.