horns (nina)

Nida, putain !
Pourquoi faut toujours que tu déconnes ?
Tous les jours tu dérailles.
Y’a jamais rien qui va avec toi.

Lina, elle voudrait t’étrangler.
Et va pas t’imaginer que c’est kinky.
Non, elle voudrait que tu crèves des fois, parce que t’es un calvaire.
Tu souffles le chaud, tu souffles le froid, mais normalement c’est elle qui fait ça.
Toi, t’es comme une enfant. T’écoutes jamais rien.
T’es pire qu’un mur. Te parler ça sert à rien.

Mais tu crois quoi ?
Qu’elle va pas t’arracher à tes démons ?
Elle a tellement la haine de tes comportements de mort qu’elle irait jusqu’en enfer botter le cul au diable pour te ramener ici.
Ouais, c’est à ce point là.

Les talons qui claquent dans les couloirs du dortoir. Bimbo agacée, mais qui joue des sourires quand elle est si demandée. Les réclamations de selfies qui pleuvent sur elle. Si ça peut les aider à se branler ce soir, tant mieux pour eux.

Minutes gaspillées, mais il ne reste plus que toi.
Tentative infructueuse d’entrer dans ton espace vital. T’es super conne, mais tu sais au moins verrouiller ta porte.
Quelle reine.
Elle a vraiment des envies de meurtre avec toi.

“Putain Nida, ouvre ça !” Qu’elle crie en tambourinant sur ta porte. “Je te jure que si t’es dans un état lamentable, j’te défonce !” Oh oui, parce qu’elle a jamais confiance en toi. De toute façon, t’es toujours éclatée. Alors aujourd’hui fera pas exception.

S’occuper de toi, c’est l’enfer.
Mais t’inquiète Nida, elle a l’habitude des démons.
Elle t’arrachera tes cornes, comme elle le fait avec les autres.

c'était peut-être la dernière latte, ou le dernier shot avalé sur le torse d'un autre trainee. elle saurait pas dire nida. se souvient même pas de toute sa soirée (et encore moins comment elle s'est terminée). le corps étalé sur tout le lit, ses jambes qui passent au-dessus de la silhouette masculine assoupie à ses côtés. acteur secondaire d'hier, qui a réussi à passer la porte de sa chambre – mais ça n'a jamais été une grande difficulté.

ça tambourine dans sa tête. des coups francs contre les parois de son crâne à deux doigts d'exploser. que l'on vienne lui écraser la cervelle, ça serait plus agréable. dans son sommeil de mort, elle s'rend pas tout de suite compte que c'est ta voix de crécelle muée en cris stridents qui lui donne envie de se faire heurter par un bus. y a ses paupières encore collées qui s'ouvrent un peu avant de se refermer ; la lumière naturelle qui l'aveugle, la ramène sur terre aussi brutalement que tes insultes. l'soupir est tout aussi naturel alors qu'elle secoue le mec (étonnant que tes hurlements l'aient pas réveillé lui aussi). “allez, barre-toi. grouille.” la voix roque, affaiblie par les paquets de fumée qui se sont succédés dans sa gorge hier soir. à chaque seconde passée, tu pètes encore plus un câble. insupportable – rien d'inhabituel. l'corps assoupi du gars jeté du lit d'un coup de pied franc, elle se lève rapidement et collecte ses fringues pour les balancer entre ses mains. encore plongé dans un beau rêve, le voilà qui se penche vers elle pour l'embrasser. des au revoir dignes d'une comédie romantique. mouvement de recul, elle rigole en l'esquivant, ses pas la menant derrière lui pour lui mettre un autre coup de pied dans le cul. “non j'crois pas non. à plus !” son corps poussé contre le mur à travers lequel il passe sans laisser de trace.

tes poings contre la porte rythment ses gestes, à s'agiter pour cacher sous son lit le bordel, la capote usagée jetée par la fenêtre (aucune excuse pour celui ou celle qui la recevra sur la tête). un t-shirt et un short enfilés à la volée, nida attrape une bouteille d'eau pour s'en asperger sur le visage et le décolleté. des écouteurs attrapés sur le bureau, la voilà qui déverrouille l'entrée en feintant de retirer ses écouteurs. “oops, pardon j't'avais pas entendu. j'faisais mon sport ! ça va toi ?” pourtant y a son maquillage de la veille encore sur ses joues qui trompent pas. ses yeux rougies par la fatigue et les substances trop fraîches dans ses veines. mais c'est son sourire qui se veut le plus traitre. à parfaire l'illusion devant (pour) toi. question de survie.