fake paradise (niwei).

il sait pas comment l’invitation est arrivée jusqu’à lui, mais il est là maintenant. il sait pas à qui appartient la grande maison aux mille et unes pièces, et il en a rien à faire en vérité. les silhouettes qui défilent devant ses yeux se succèdent et se confondent ; il ne les connaît pas et ne cherche pas à les connaître plus que ça. il est là, juste. un gamin perdu dans la marée. il s’arrête aux ports le temps de quelques mots épicés ; échange les plaisanteries avec les belles demoiselles avant de dériver à nouveau. rien à offrir, rien à envier : juste le verre connecté tout droit à la corne d’abondance pour ne jamais épuiser le liquide ambré.

il a trouvé refuge dans l’énorme canapé, profite d’un coussin soyeux de gambettes inconnues quand ses prunelles l’accrochent. unique visage qu’il reconnaît réellement dans la foule. y’a pas à se faire timide, ils se connaissent, peut-être même un peu trop. hey nida! couldn’t wait until tomorrow to see me?

l'esprit en apesanteur, à danser entre les auréoles de fumée, le verre dans sa main comme une extension naturelle de son bras. nida slalome entre les invités, s'arrête toujours pour enlacer une connaissance rencontrée la veille (comme s'ils se connaissaient déjà depuis des années). habituée des échanges futiles, elle continue son chemin sans trop s'attarder, en quête d'une liqueur pouvant noyer le cœur.

quand ta voix l'interpelle. lointaine et pourtant, tes mots lui rappellent tous ces murmurs au creux de son oreille. elle se retourne pour te faire face et te découvre en position de roi, allongé sur des jambes entremêlées. une main posée sur la hanche, y a ce sourire narquois qui bouffe la moitié de ses lèvres finement maquillées. touché! what about you? you were too bored without me you had to come to the same party? d'un pas de chat, elle s'approche et se penche au-dessus de toi dangereusement. ses perles sombres bordent tes lèvres un instant. actually, i was looking for it. presque murmuré, à quelques centimètres de tes lippes avant de chopper le verre agrippé entre tes doigts et de se redresser. le fond du breuvage avalé en deux grosses gorgées. ah! better. thanks! qu'elle balance en replaçant le verre dans ta main. et la voilà déjà repartie en direction de la cuisine, réserve d'alcool officielle de la soirée.

les lèvres sont étirés d'un rire amusé à sa réponse. à se retrouver dans son insouciance. âme soeur trouvée au fond des bouteilles et des mégots ; le même poison qui traine dans vos veines -- à en créer le plus explosif des mélanges. it ain't a party if nida hoorne's not there. à concédé que la poupée sait s'amuser, à défaut de savoir faire quoi que ce soit d'autre. s'oublier et provoquer, à en faire une compétition que tu refusais de perdre. et te voilà encore, à placer tes premières pièces sur l'échequier. la caresse enivrante de tes mèches effleurant ses traits ; tout qui semble se suspendre un instant pendant que vos prunelles s'affrontent dans un duel, qu'elles dévient contre les points saillants du visage -- le parfum ethyllique de tes baisers encore dans le fond de son encéphale.

mais tu détournes, lance le début des jeux. c'est à ses possessions que tu t'en prends, vole le verre qu'il couve depuis son arrivée. il te regarde juste avec amusement, habitué à tes manigances. et quand tu l'abandonnes, il prend chasse.

les doigts remontent le long de la gambette de l'inconnue, tapotte contre sa cuisse pour avoir son attention. ses doigts subtilisent le verre qu'elle lui tend avant de s'extirper de son trône. en quelques pas, il t'a rattrapé ; son bras passe autour de tes épaules, t'accompagne en direction de la cuisine en prenant une gorgée de son nouveau verre. you're stone-cold hoorne. not only you strip me (or don't actually) of my alcohol, but you don't even invite me for the refill. la tête qui se secoue, déplore ton manque de respect ; cette amitié bancale, prête à se fracasser à la première occasion (mais c'est pas grave, si tout va bien, vous vous souviendrai plus d'aujourd'hui demain).