how do you sleep? ft. hexagram

des semaines que ses pieds n'ont pas foulé l'albâtre du centre. le chemin parcouru mécaniquement ; pas besoin de réfléchir quand elle y traine tous les samedi matins depuis trois ans. la clope écrasée sous sa basket, les habitudes restent les mêmes : elle arrivera en dernière. tam n'ayant sûrement pas beaucoup d'avance sur elle. les portes de la salle ouvertes à la volée, elle lève les bras en l'air. i'm back bitches! comme si elle était partie en vacances, qu'elle revenait plus reposée. pourtant, ça trompe pas quand elle fait le tour inverse à l'habituel, juste pour ne pas passer à côté de wei qu'elle est le seul à ne pas avoir encore regardé. ses bras s'enroulent naturellement autour du cou de tamao avant de mitrailler son visage de baisers volés. chaque mot entrecoupé d'une nouvelle attaque. tu. m'as. manquée. et elle sait la trainee qu'à tout moment, elle se fera repousser.

et quand bambin quitte son cosmos, il y a, au lointain, une voix qui le rassure et l'atteint -- celle de sa grand-mère de si bon matin. skate ailé qui se glisse au bout des doigts, c'est en étoile filante que gamin virevolte sur le lacté des frêles nuages. car dans ce bout d'existence, il éclot finalement en espérance.

losing himself in remembrance
the pain of his past semblance

regard innocent qui berce son visage, eli soupire sa mélancolie ; colore l'univers d'son monde à lui, une once d'ennui. présence première sous les beaux yeux d'Epione, les sourires se fanent et paraissent fades. pastille lui passe sous la dent, pétille un brin d'évidence qui se lit sur les traits de son minois — il n'aime pas trop ça. électuaire de vie, pour couvrir ses insomnies et habiller son manque d'énergie. l'monde devient si bien bruyant, rires aux anges, oeillades hésitantes ! il y a déjà wei, sans doute tamao, et quelque part nida vient chahuter le bonheur de l'astre dans un souffle qui l'émerveille. "h-hi nida, welcome back..." "s-salut nida, rebienvenue..." timide, un peu fragile — le ton est à peine audible, mais sincère et réfléchi. il contemple l'univers comme spectateur d'hier, peut-être que sa vie était meilleure que la sienne. "it's been a while since we were all here together..." "ça fait longtemps qu'on n'a pas tous été ici ensemble..." et surtout, il ne croise pas son regard ; car les rumeurs étaient bien garces.

Gamine, déni réel de toute sa personne.
Elle était maintenant forcée de voir que sans eux, elle se sentait vide.
Si elle ne savait pas comment parler, elle pouvait tout de même sentir ce trou béant dans la poitrine quand il disparaissait.
Un sentiment d’abandon féroce presque incompréhensible. Alors entre ses murs, elle avait déserté un peu à force, le corps qui s'affaisse sur la chaise proie au sommeil dans les autres séances. Toujours une bonne excuse aux abords des lèvres pour ne pas prononcer une seule parole. Miracle en vue. Elle était la première, Nida, à faire réapparition, un regard vers Eli, rumeurs qu’elle avait entendu aussi, jusqu’à être victime de baisers. Une moue, des sourcils froncés et le petit corps qui se débat. Une barbe à papa en furie. “Liar, liar !!” Attraper le bras d’Eli au passage pour le tirer vers eux. “Pas une seule réponse à mes messages, à nos messages’ Incluant le gamin sans qu’il le demande.  “Avec qui tu nous as déjà remplacés ?” Colère qui émane avant tout de cet être de folies avant tout le reste.
Incapable de penser correctement.
Impulsivité en première réponse..

comme un meuble dont on a oublié l'existence, toujours là, dans son coin de la salle, à attendre que tout débute ou que tout se finisse. sait pas trop, ça importe peu au final. quelques temps absent, le temps d'un clignement des yeux, et il était de retour. à moitié là, à moitié mort ; la faucheuse qui lui tirait les traits, s'accrochaient à ses cernes grandissantes. un mutisme étranger, de ceux qui sont troublants. loin de ses silences ensommeillés quand les effluves éthylliques couvraient encore ses étoffes. et puis ça aussi, c'est passé. les symptômes se sont atténués, mais il était pas le même, c'était évident. à instaurer un silence lourd dans les réunions, uniquement brisé par les tentatives vaines des modérateurs. un ennui habituellement funeste, qu'en deviens décidément mortel...

et puis ça part d'un coup. comme un mauvais rêve, c'est comme si rien s'était jamais déroulé -- juste un tour de l'esprit. " la dream team est de retour. " qu'il lance moqueur en s'approchant enfin du groupuscule. " ignore-la. elle a pas arrêté de demander quand tu revenais, parce que tu lui manquais trop. " prends une voix criarde pour imiter la gamine déni. il est réellement de retour, pour le meilleur comme pour le pire.

c'est frappant. l’effet que son retour peut procurer. ça retourne ses entrailles, ça anime ses pupilles ; accrochée au cou de tamao, elle sent son palpitant battre à nouveau. se délecte de l’organe trop longtemps endormi pour la maintenir en vie. et peut-être qu'au fond, c'était tout ce qui lui fallait. trois âmes brisées, trois paires d’yeux semées d’embûches, six bras pour la chérir. même quand le contact ne se fait pas, elle sent dans la gêne d’eli, la colère de tam et le sarcasme de wei une douceur qu'ils sont pas prêts d’assumer.

le plus jeune tiré par tamao, elle se fait pas plus prier et entoure les épaules du trainee de son bras libre. un premier baiser déposé sur sa joue, trop long, trop appuyé. mais qu’a l’honneur de faire naître sur ses lèvres un sourire sincère. j'ai pas répondu à vos messages ? bizarre ça, j’ai pas dû les recevoir. mensonge qui peint ses lippes d’un rouge carmin alors qu'elle embrasse à nouveau les traits parfaits de la douce aux cheveux rosés. devant eux, la silhouette nonchalante de weize. à se moquer de tam, comme si rien n’avait changé. et elle voudrait bien rire, entrer dans son jeu pour embêter son amie, mais c’est qu'un simple sourire, presque forcé, qui déforme ses traits. regard posé furtivement sur son visage animé, l’ombre de cette soirée et l'impact de son crime encore trop frais dans sa tête. à se souvenir de son regard perdu, de sa respiration haletante. elle l’avait ébranlé, secoué, touché. et jamais de la façon qu'elle aurait aimé. alors j'ai raté quoi ?! parce que trois mois s'était passés.