.♡,, out of touch, ft. ziqi

peut-être est-ce le poison qui coule dans ses veines ou le brouillard de fumée qui voile sa rétine. peut-être est-ce juste le cœur qui s'injure. mélange de toutes ces pensées qu'elle n'arrive pas à rationaliser. le manque de tes messages, de ta présence, ce trou prenant forme dans son quotidien alors même qu'elle voulait t'ignorer. mais il n'y a rien à ignorer quand tu t'enfonces dans le silence. ce qu'elle te trouve injuste, incapable de lui donner ce qu'elle quémande. et même quand elle voudrait avoir le luxe d'être celle qui rejette, tu le lui refuses. éternelle perdante, à revenir quand elle voulait que tu sois celui devant sa porte.

elle a le pas qui traine. monte les marches de ses jambes affaiblies par la boisson. sa force toute dirigée contre cette porte qu'elle pousse sans y être invitée (s'impose dans ton paradis). ce qu'elle peut faire tache ici, la silhouette titubante et la bouteille en extension de son bras. son regard se pose sur toutes ces bougies allumées, la beauté du marbre et la suprématie des statues immaculées. y a sa langue qui claque contre son palais, la haine qui vibre dans sa poitrine : elle déteste tout ce qu'elle voit. cet obsession pour ceux que tu perçois comme des dieux. perdue dans l'espace, elle s'arrête devant ce qu'elle reconnait être angel. sa superbe extrapolée par le talent de l'artiste-artisan. l'hilarité habille tendrement ses traits quand elle pose aux pieds de la ten en pierre sa tequila. garde-moi ça, tu s'rais un ange, tu veux ? à se marrer toute seule en sortant son paquet de clopes. le poison porté entre ses lèvres, elle pique une bougie pour griller le bout. clin d'œil destiné à angel, comme une promesse secrète entre elles. son corps se mouve pour s'installer à côté de l'idole, son bras posé par-dessus de ses épaules en même temps qu'elle sort son téléphone. fais ton plus beau sourire, c'est pour un ami ! cheeeeese. instant capturé dans l'appareil, directement envoyé au maître de ces lieux. combien de temps avant que tu daignes apparaître ? sa présence indésirable dans ton oasis sacré.

kyrielle d'eau brûlante glisse sur la peau pâle, effaçant les fragrances médicinales qui le poursuivent, malmènent ses sens. de l'énième visite à l'hôpital, les nerfs sont à vif et les tissus corporels noués. effluences de chaleur permettent retour à la paix interne, détendant ses traits contractés pour n'y laisser qu'une expression placide.

vibreur provenant du cellulaire interpelle. met un terme à la douche méritée. peignoir cotonneux est promptement emparé, puis enfilé pour finalement mettre la main sur le téléphone dernier cri. l'écran révèle message de nida, auquel s'y rattache selfie provocante : à entourer de ton bras la célèbre sculpture de marbre d'angel, telles deux meilleures amies, cigarette entre tes lèvres charnues pour la touche finale. adresse inventive de ton acte le fait rire doucement.

les voilà en définitive tes représailles, il les attendait. pour n'avoir daigné réagir davantage à tes sms obscènes, ni te donner quelconque nouvelle depuis des semaines. mais à ignorer que tout n'est que stratège ziqirien pour toujours plus fidéliser ta présence dans son existence. car parfaitement conscient de comment tu manœuvres : t'es une perdante nida, mais t'es addicte au challenge. puisque tu veux triompher, t'es incapable de renoncer. c'est ta plus grande faiblesse et le pei s'en exalte.

le plus il te rejette, le plus il t'intéresse. il pourrait te donner monts et merveilles, mais ne t'accorde que les miettes. à tout t'octroyer, t'en serais succinctement rassasiée. ton engouement indécent pour lui en finirait morcelé, et ce n'est de son intérêt. car t'es en méconnaissance de tout nida. de l'avenir excessif qu'il désire. bien longtemps que t'es incorporée dans les plans de dominance. te conserve à ses côtés comme une arme de guerre. à convoiter le cataclysme dans tes veines. à la volonté spinescente de te polir et te rendre divinement dévastatrice.  

ainsi vos retrouvailles dont déjà s'amuse-t-il. ne perd plus de temps que cela et s'empresse de se vêtir en blanc, pour ne jamais achever le simulacre de pureté. se parfait de quelques goûtes d'un parfum exquis et de passer simple main entre les mèches mouillées. fin prêt à t'arrêter de détruire sa précieuse église, afin de le faire parvenir à ta folie sans limite.

chambre immodeste du faux paradis qu'il quitte. les pas foulent les couloirs infinis jusqu'à la bâtisse principale où tu te situes. dans l'ignorance que le maître des lieux n'est à ce moment même nullement dans son appartement princier, mais à seulement quelques mètres. ta silhouette alicantes se dessinent à ses prunelles amusées, toutefois, c'est vers les immenses portes, ornées de doré, qu'il progresse silencieusement. à engrener le verrouillage et assurer qu'aucune âme ne puisse importuner.

tu sais que c'est illégal de fumer dans une église, right?
voix suave résonne dans la vastitude. c'est le dos tourné qu'il t'interroge. sérieux de la question se contrarie aux vents d'ironie perceptibles. après une dernière inspiration sereine, le leader de luminous se retourne. longe lentement le passage entre les stalles, fin sourire sur les traits souverains.
jusqu'à arriver à toi.
mettant en pièce la distance entre vos deux êtres.
cigarette insolente dont il te dérobe, pour la porter à ses lippes et avaler une bouffée sans jamais quitter ton regard.
fumée blanchâtre qu'il recrache insolemment à ton visage.
révélant le savoir-faire en tabagie, en dépit du contraire qu'il aime prétendre devant toi.
ça a vraiment un goût à chier, tu trouves pas.
et comme pour appuyer ses dires, clope qu'il laisse sciemment glisser d'entre ses doigts pour l'écraser par terre, tel un insecte sous sa chaussure en cuire.
si j'ai bien compris ton message, tu demandes à me voir nida?
l'humeur est enjouée, le sourcil légèrement levé.
subtilement lèche-t-il ses lèvres.
et à son tour te provoque-t-il.

la gamine fulmine. impatience amorcée, la bouteille récupérée aux pieds de l'ange pour faire couler dans le fond de l'estomac l'aigreur que ce lieu fait remonter dans sa trachée. peut-être que c'est même pas cette église le problème, mais juste toi. et le pouvoir que t'as sur elle. la folie qu'elle sent la consumer à chaque fois que tu la regardes un peu trop longtemps. beaucoup trop pour respecter l'innocence que t'oses lui imposer. à croire que t'aimes t'amuser d'elle. toujours trop défoncée pour être complètement maîtresse de ses gestes. il est facile de la faire croire rouge quand on dit bleu. déchet social à l'abandon, elle croit trouver auprès de toi l'essence d'une vie (d'un pardon). quand bien même tu t'efforces de la contredire, à implorer son pouvoir comme cadeau divin alors qu'il n'est que malédiction dans son histoire.

les yeux plissés, elle observe de près les statues de marbre. souffle la fumée toxique sur ces étoiles qu'elle connaît de loin (des références pour tout le monde, mais surtout pour eux, héros en devenir). comme si, après tout, elles n'étaient rien de plus qu'elle. à sa hauteur, quelques centimètres pour séparer sa silhouette de chair à leurs formes en pierres froides. la patience qui s'effrite à mesure que le poison est consommé entre ses lèvres. jusqu'à ce que ta voix résonne entre les murs. réprimande qui la fait doucement sourire alors qu'elle se tourne dans ta direction, te retrouvant à sa hauteur. la cigarette qui s'échoue entre tes pulpeuses, geste trop décomplexé pour être occasionnel. comme tu pourrais lui cracher au visage, ton regard ne la lâche pas alors que t'expires ta taffe sur ses joues. y a l'amusement et l'étonnement qui se mélangent dans ses traits. ton audace lui donne envie de rire – si seulement elle n'avait pas cette rage au fond des entrailles. ses yeux suivent la chute de sa clope sous ta chaussure, écrasée comme n'importe quel insecte se trouvant sur ton chemin.

ta bonne humeur pique la fierté. elle n'est que ruine ce soir, les sentiments blessés d'un mutisme détesté. et t'en as rien à foutre de la distance qu'elle t'a imposé. trop occupé à lécher les pieds de ton ange ou de nourrir le fanatisme de tes suiveurs. le silence poursuit ton arrivée. il n'y a que ses perles sombres qui s'expriment sous ta lumière. c'est la colère, la déception, l'alcool. cocktail molotov dans lequel son esprit se noie ce soir. nida recule d'un pas, lève vers toi sa bouteille et un doigt menaçant. je ne voulais pas que tu rates cette soirée incroyable ! le rire qui emplit la salle alors qu'elle titube légèrement entre les chaises. j'ai préparé tout ce qu'il faut pour toi, j'espère que tu vas être autant emballé à l'idée que moi ziqi. j'ai visé grand ! une gorgée avalée avant de monter sur un premier siège en bois. équilibriste le long de toute la rangée, son sourire (sa folie) qui ne tarit pas. regarde la ziqi, nourris la de ton regard. celui que tu refuses d'admettre. puisqu'on est enfin au complet, on peut commencer ! doucement, la bouteille est retournée. le liquide éclabousse les deux rangées et ses pieds. son corps en suspens, elle ne s'arrête pas, même quand sa chaussure manque de déraper. je me suis dit que tu devais avoir froid ici, tout seul, avec tes meilleures potes en pierre. l'étudiante fait volteface, plonge son regard dans le tien en sortant une nouvelle clope. le poison coincé entre ses lèvres, elle y porte le briquet pour griller le bout et prend une première bouffée libératrice. la flamme dansante toujours vive entre ses doigts, elle fait mine de réfléchir. j'aurais peut-être dû ramener plus de bouteilles, on a plus rien pour admirer le spectacle... t'as des bières, un truc cacher sous ton bureau ? à quelques mètres de toi, la bonne conscience mise au placard. et c'est peut-être tout ce que tu lui apportes : une fièvre bouillante, à lui donner envie de tout brûler.