▸ never be a star w/wei

Petite chose bien frêle se profile dans les couloirs dans une tranquillité quasi impossible. Plus précisément, les couloirs  d’Athena qui grouille comme une fourmilière. Comble qu’elle puisse s’y immiscer en toute discrétion, la fourmi. Il suffit d’éviter de se retrouver sous une semelle ou de se faire souffler quand une porte se referme. Il faut croire que l’entrainement d’Athena a porté ses fruits, n’en déplaise à son rang, il lui suffirait peut-être d’une chance. Une seule. Et c’était bien ce qu’elle venait chercher ici.

Une chance de plus.

Se croit pousser des ailes, a oublié qu’elle s’appelle la Fourmi et non le Papillon.
Est-ce parce qu’elle a été piquée par les articles depuis le gala ? Est-ce la culpabilité ou bien l’égo fragmenté ?

Se veut plus de secondes zones, en a marre du papier maché. Et croit encore qu’il suffit de si peu. Prête à travestir ce qu’elle sait déjà maquillé. Elle l’était depuis le début au final. Héroïne de pacotille qui veut malgré tout briller.

Putain.

Egocentrisme inévitable.

Voulant au final ce qu’elle n’a pas mais que les autres ont. Le respect à défaut de la dignité peut-être ? Ou bien le chèque bien roulé qui chaque mois rempli un peu plus la maisonnée. Elle n’a pas encore tranché. Essaie encore de se persuader qu’elle n’est pas comme les autres. Foncièrement similaire malgré tout.

C’est ici qu’elle reprend son destin en main. Au pied d’une porte vertigineusement haute après déjà 32 minutes à joindre cet étage parce que les couloirs sont long et qu’elle n’est  que pas très loin de la poussière. Et même elle peut aller plus vite. Se  demande cependant pourquoi cette porte ressemble à celle d’un bunker. Faut se lancer parait il. Et avec un peu de chance, y a personne qui l’attend de l’autre côté.

Se glisse dans l’interstice de la porte et constate qu’elle est en effet proche de celle d’un bunker alors qu’elle se sent alors bloquée, à moitié de l’autre côté. L’espace d’un instant, pense que sa vie va être finie. C’est là la fin. Ici, sous cette porte, proche du précieux objet ultime de ses désirs et de ses rêves. Un dernier mouvement de hanche peut être.

Entière on the carpet.

Elle vit.

Se redresse et s’époussette comme si ses journées étaient remplies de ces moments alors qu’elle plus souvent reléguée au 6ème rang. S’rappelle des années plus glorieuses avant de déchanter indubitablement vers la réalité. Sa réalité.

Reprenons.

Salle de costume vide. Tapis rouge déroulé pour elle, signe ultime pour son shopping gratuit. Dans l’os Athena. Pas bête la guêpe, va pas dépenser son salaire dans ce costume dument mérité. Il est l'heur de papillonner, mais doit être rapide. S'grandit taille enfant presque adolescente et s'affère à la recherche d'un costume plus approprié, moins échancré. Pas changé malgré les années, à défaut de briller, fallait apparemment attirer l'oeil. Hésite à plier en boule le butin, coeur partagé car connait suffisamment la valeur.

S'croit presque tirée d'affaire, même pas pensé  à la surprise de se retrouver nez à nez avec le créateur lui-même. Oublie même de dégainer le petit papier fraudé.

- oh! shit.

simple employé, esclave de cette paie qui le porte de semaine en semaine. il n'y a rien de digne à ses créations, pas de cœur à ses décisions. il n'est que parasite dans les entrailles du géant, se mouve selon ses ordres tout en le dévorant de l'intérieur. lui, aussi, n'est qu'un pion dans ce jeu vicieux ; un simple soldat se pliant aux règles de ses prédécesseurs. loin de la porte immuable, il brandit simplement les mots de ses supérieurs comme une arme.

également peu enclin à mettre son cou à la guillotine, à prêter son aide aux âmes défilant dans son bureau à la recherche de nouveaux habits pour briller à leur tour. loin d'un saint, le cœur noircit de son passé vermeil. et s'ils n'ont pas tous leur part de culpabilité dans le carnage, il les déteste tous également. de sa colère impartiale les héro.ine.s sont forcé.e.s de se heurter à sa rigidité. elle, comme les autres. kami et ses demandes refusées ; kami qui fut abandonnée par son panthéon -- bonne à en crever sans adulateurs. les billets de la corporation trop précieux pour être gaspillé dans son non-avenir. peut-être aurait-il pu fermer les yeux si son cœur n'était pas aussi fermé.

mais c'est un non formel qu'il offre ; la porte qu'il pointe, sans une once de culpabilité ou de compassion. il n'a rien à offrir, ni les étoffes rêvées ni des mots de réconfort ; qu'une indifférence glaciale. à en oublier l'altercation, à en oublier l'existence même. les souvenirs uniquement ravivés quand les prunelles rencontrent la silhouette juvénile de l'oubliée.

un soupire s'expie des lèvres, parfum nicotine s'élève dans l'air de son retour. les pas rapprochent la gamine, et ses doigts s'invitent dans le butin qu'elle serre dans ses bras. this one won't do any good to your complexion. unless ghostie's the new alias you're going for. le cintre reprend sa place, rencontre des métaux qui s'élève, comme un point final à sa phrase. il n'y a pas d'hésitation chez lui quand le second costume est arraché aux mains. this one might do for now, but when you get back to your real size, you'll sure show the world everything. les prunelles glissent le long de la silhouette, du bout de nez jusqu'au bout des orteils avant de se détourner en ajoutant à l'injure. even though there's not much to see. finalement, il pointe la dernière option restante. too big. unless you're going for a granny panties inspired look. ses oeuvres construites sur demande, à dissimuler les lacunes et à mettre en valeur les forces de chacun.e. rien qui ne puisse lui convenir off-the-rack, le département de costume n'était pas un H&M après tout. the door's there. qu'il pointe avec paresse, les pas fainéants jusqu'à sa chaise où il se laisse finalement tomber. le regard qui se tourne vers elle semblant demander : pourquoi t'es encore là ?

Main dans le sac ou plutôt dans les cintres. Peut pas vraiment cacher, ni la surprise ni la gêne. Ose plus bouger, pourtant, sait pas bien ce qu’il pourrait lui faire. Hurler peut-être ? Ou lui arracher les vêtements. Probablement appeler la sécurité. La mettre à la porte avec toute l’élégance qu’elle n’a pas.

Ni portée, ni en elle.

D’une certaine manière, sait qu’elle le mérite, mais se persuade qu’elle n’est que victime d’une machinerie.

Ne parvient à accrocher le regard perçant. Par contre, sent l’odeur de cigarette qui lui donnerait envie de s’en griller une ici et maintenant. Peut-être pour mettre le feu à ce lieu maudit remplit de tout ce qu’on lui refuse. Hésite à disparaitre dans les vêtements pour échapper au futur bourreau sans doutes, mais le pense moins cruel que les hiérarchies grandissantes qui l’attendent s’il la dénonce.

Par contre, s’accroche bien aux costumes alors que Monsieur le styliste essaie de l’en séparer. Et y parvient. C’est pas en faisant un mètres trente qu’elle va pouvoir luter en même temps. Regarde chacun de ses butins passer de ses bras aux portants. C’est le rouge qui lui monte aux joues puis aux oreilles qui est probablement le plus inapproprié pour son teint. Semble que Weize n’en est pas encore venu à là. Ca l’empêche pas de mitrailler, ça percute.

Ne sait plus si elle est trop pâle, trop plate ou trop vieille. Peut-être les trois. A l’entendre, très certainement. Ose pas bouger d’un iota, attend la sentence et malheureusement pour lui, elle semble trop douce. Le geste las ne la convainc pas d’abandonner. Et hormis bouder, elle sait aussi se plaindre.

« But, Weize, look. My costume is soooooo old. I’m sure you have some even older collection that nobody wants ! Look. They approved above….»

Tente l’assurance, la foumi, sortant le papier. A voir si la reconversion en faussaire est de mise, en tout cas, pourra toujours briller par sa détermination.

« C’mon. I just need a pants actually.»

Négociation entamée, moins assurée que ce soit tout ce qu’il lui faille, ne serait pas contre pour troquer, en plus de sa jupe en cuir de qualité franchement douteuse, son crop top semi sportif. Le bombers passe encore, mais really ? Des bas et une jupe, un crop top ? Elle va avoir vingt-huit ans et ressemble encore à une ado en phase 2NE1 dans leur début.

Avait espoir que la cruauté décrite du styliste soit exagéré pour la dissuader.

Foutaises.

il n'a même pas la décence d'être désolé des mots sévices qu'il impose ; pointe de chaque syllabes couteaux tout ce qui ne va pas, tout ce qui brise l'harmonie soigneusement créées de chaque coup de crayons, de chaque choix ayant fabriqué le vêtement. aurait pu être plus gentil, plus doux, mais n'en a simplement pas l'envie ; qu'importe si l'autre se transforme en tomate. wei a longtemps perdu la capacité de ressentir de l'empathie pour celleux qui pliaient l'échine devant la puissance athénienne. toustes et chacun.e responsables, à petite, moyenne ou grande échelle des maux du monde. pense avoir mis fin aux rêves, avoir écraser les espoirs vains de la fourmi -- aurait du savoir que ça ne serait pas aussi facile. cafard aurait sans doute été plus exact comme alias.

unique avantage de l'héroïne : sa véracité. les mots prononcés qui épargnent la psyché trop fréquemment malmenée entre ces murs où chacun.e ment comme il respire. le papier qu'elle glisse sur son bureau ; mets le pied droit dans la bouse de sa propre idiotie. ça résonne, ça vibre ; et il soupire. miettes de bonne volonté envolées, d'un simple mensonge, à balayer les minuscules progrès. de simple dérangement, elle devient énervement ; éveille finalement l'entièreté du mauvais caractère. les doigts viennent se saisir du papier, l'observe alors qu'elle termine sa tirade. you're right. concède-t-il finalement dans un soupire. la monture des lunettes est retirées, les prunelles clignent à quelques reprises pour effacer le mal de crâne qu'elle a éveillée avec ses histoires. we do have a lot of discarded items. des morceaux oubliés, abandonnés ; des erreurs et des chef-d'oeuvres ayant perdus leur utilité ; de tout et de rien ; des jupes, robes, pantalons, shorts, de toutes les tailles et de toutes les couleurs. il remet la monture sur le bout de son nez, et glisse son regard dans le sien, énoncie chaque syllabe avec clarté limpide. none. for. you. le bout de papier qu'il lui lance, tant pis si le tir est imparfait et qu'il tombe à ses pieds, froissé. they can be yours, when you bring me a real approval from up. got it? s'adresse à l'héroïne comme si elle avait l'âge de sa grandeur ; baffoue toutes les règles de politesse, qu'elle sache bien à quel point, elle lui faisait perdre son temps.