castor et titine (sooah)

Sooah va débarquer d'une minute à l'autre, et évidemment que t'as encore rien rangé. Affalé sur ton canap, t'avais pas envie de bouger, et puis eh, c'est pas la reine d'angleterre qui débarque non plus. Elle te connait, elle sait que t'es bordélique, et que c'est pas demain que tu va changer. Tu te décides quand même à juste foutre des fringues sales qui trainent dans ton armoire, trop pressé, tu traverse les murs de ton appart pour gagner des précieuses secondes. ça fait longtemps que t'as pas utilisé de portes, jiji, à quoi bon ? Il faut bien trouver un avantage à ton petit truc en plus. Bon c'est encore le bazar, l'évier de la cuisine est rempli mais au moins elle pourra pas dire que t'as pas fait d'efforts.
Même si tu le dira jamais à voix haute, bien sûr que t'es content qu'elle te rejoignes chez toi. T'aurais préféré sortir, voir du monde et avoir de la musique trop forte dans les oreilles, mais tu t'es quand même plié à la demande de sooah, rester au calme à l'appart. Elle gagne toujours.

On frappe, tu te précipites pour aller lui ouvrir, les bras en l'air "Sooah ! Merci pour la bouteille !" T'attrapes titine de ses mains, et sans lui laisser le temps de dire quoi que ce soit, tu lui claques la porte au nez. Cheh, ça c'est pour l'avoir traité de castor débile par sms. De toute façon, elle est comme chez elle ici, elle va bien finir par rentrer toute seule.

A pas attendu bien longtemps pour enfiler un jean et un tee-shirt et accourir chez le seul, l’unique, le désespérant géni Jihun. Serait pas contre avoir hérité du pouvoir de téléportation mais il parait qu’une super héroïne de class S a déjà le don. Elle en a de la chance, pas étonnant qu’elle soit si haute. Non, Sooah se déplace dans une petite voiture qui mériterait plus qu’un simple contrôle technique et qui pourrait avoir des airs de coccinelle si elle se parait de rouge. Remarque, la carrosserie rouillait, peut-être qu’elle le deviendrait.

Non, roule, roule, jusqu’à l’appartement refuge. Il faut le dire, c’est quand même son lieu préféré dans cette ville. Et pourtant, elle a rarement vu aussi mal rangé. Ça fait partie du charme dirait certains.

Arrive devant la porte, préfère toquer, vu qu’apparemment, Mr a des secrets.
Voit une tête furtive apparaitre, lui piquer sa bouteille en main et disparaitre derrière la porte.

« Ecoute moi bien sale petit castor en papier macher… »

N’apprécie pas trop la manière, à en faire claquer la porte en l’ouvrant. Ne prend pas la peine de la fermer. On ne lui pique pas la bouteille comme ça.

« … Non seulement t’as des secrets, mais t’ose me voler MA bouteille ??? »

« T’es un homme mort. »

Perd toute sa grandeur pour jouer les insectes sur son corps d’avortons juste parce qu’il est plus jeune. Personne n’aime quand un pseudo mille pattes vient se faufiler sous les vêtements. Et c’était peut-être là la plus grande compétence qu’elle avait débloquée depuis toutes ces années.

Deux ans vous sépare, tu sera toujours l'insupportable petit frère, c'est ton rôle et tu l'adore c'est vrai. T'entend la porte s'ouvrir, tu souris en coin, tu sais comment ça va se passer, elle va sûrement te botter le cul, comme toujours. T'allais rétorquer que le principe d'une amitié c'est le partage, aussi bien de bons moments que de bouteille d'alcool, et que de toute façon, t'as de quoi faire dans tes placards, mais quand tu te retournes plus de sooah.
"j'ai vraiment pas peur de t — t'as tendance à oublier sa capacité, et c'est seulement quand ça commence à te chatouiller qu'un cri entre rire et réelle angoisse sort de ta bouche. Tu te secoues dans tout les sens, tu connais pas pire sensation que d'avoir un mini truc qui te grimpe dessus, tout les insectes que tu détestent passent en flash dans ton esprit, ça te dégoûte encore plus. "dégage de là ou j'me fout à poil, et t'as pas envie de voir ça je le sais !!" ultime menace, t'as pas envie d'en arriver là, mais t'es pas pudique jihun. Tu secoues ton t-shirt, dernière tentative pour se débarrasser d'elle; t'attrapes le premier truc qui se dresse devant toi, un verre sale, et tu choppe la fourmi dans un bruit fracassant, comme si c'était un insecte que tu voulais vraiment écraser. "AHA !" que tu hurles presque en la pointant du doigt. Toi aussi tu peux être intelligent (parfois). Tu reprends ton souffle, comme si tu venais de te battre avec un ours, "t'es vraiment la folle que tu penses être putain." tout ça pour une bouteille. Penché au dessus du verre, tu dois avouer que t'es plutôt fier de toi. "bon je fait quoi ? J'vais chercher l'insecticide ou tu t'excuses et on en parle plus ?"

L'a pas l'temps Kami. L'est pas venu ici pour enfiler des perles. Mais pour rappeler à son "bro" qu'on parle bien à ses ainés·es. En l'occurrence, elle. Y a bien qu'avec lui qu'elle se jette ainsi tête la première sous ses vêtements. Et, pour tout dire, ne serait pas contre que ça ne soit pas dans le même contexte. Ca serait pas mal.

Mais non.

Se glisse sous l't-shirt du dernier  mec qu'elle regarderait avec des yeux de biche. C'est peut-être pour ça, en fait, qu'elle est pas gêné. Parce que la fille unique qu'elle est s'est un peu trouvé une famille dans tout le bazar Athénien et ses dieux olympiens.

Bon, leur souhaite pas à eux deux les mêmes affaires familiales que l'antiquité.

Mais, tout le monde a l'idée.

Mais du coup. S'en contre fiche qu'il se foute à poil alors qu'elle vient de manquer de finir écrasé sous son aisselle. Qu'est-ce qu'il peut brailler quand il est paniqué ! Mais v'l'a-t'y pas qu'il agite son tee-shirt, et elle a beau s'accrocher de toute ses forces, peut pas nier qu'elle devrait calmer l'jeux sur la bouteille.

C'est pas facile de garder la forme à ce rythme.

Comprend pas trop comment elle fait pour virevolter un instant dans les airs puis se retrouver sous ce qui ressemble à  un gratte ciel de verre. Putain. Il est doué ce con.

Va tambouriner contre  la paroi en hurlant des injures qu'il ne doit même pas entendre. Et qu'elle insulte alors qu'il se croit malin (il l'est). Renonce en croisant les bras. La fourmi 0.  L'ombre 1.

« Nianiania. Sort moi la tequila. »

Retrouve de l'air, parce que sérieux, elle pourrait en manquer sous ce truc là. Et elle compte pas se grandir d'un coup. Une fois, elle a faillit se bloquer dans un saladier à essayer de comprendre les risques de son pouvoir. Ses fesses ont eu mal.

« T'as de la chance d'être mon ami, tu l'sais ça ? »

Ferait même pas mal à une mouche. Mais toujours satisfaisant d'essayer paraitre plus grande qu'on ne l'est.

Heureusement pour elle que t'es de bonne humeur, et aussi un peu parce que t'as peur qu'elle meurt d'asphyxiée, tu la libères, pas peu fier de toi. Tu gardes ton petit sourire insolent aux lèvres, celui qu'elle pourrait traduire par un cheh . Sa menace te fait pouffer, elle te le dit environ tout les deux jours. Tu sais que Sooah c'est loin d'être une méchante, tu t'es déjà mangé des claques derrière la tête mais rien de plus. Et la plupart du temps c'était mérité. "ouais ouais je sais bla bla bla." tu lui tournes le dos juste pour chopper des verres dans ton placard, d'un geste presque mécanique, t'aurais pu les sortir les yeux fermés tellement tu les utilise souvent. Triste. Tu fais un détour par la cuisine, et tu reviens avec un paquet de chips au passage. On t'as toujours dit de pas boire le ventre vide, déjà que tu tiens pas vraiment l'alcool, alors autant mettre toutes les chances de ton côté pour ne pas que tu gerbes dès la première gorgée. Tu te jette presque contre ton canapé, t'es presque sûr qu'on pourrait y retrouver la trace de ton corps comme dans les cartoons. "bon sinon, quoi de neuf la fourmi ?" Il se passe rien de fou dans ta vie, alors t'espères que tes potes ont au moins des trucs à te raconter, histoire de vivre un peu par procuration. évidemment que les verres sont remplis en une seconde. Tu ne lui précises pas de se mettre à l'aise comme si elle était chez elle, de toute façon elle sait, et surtout, elle est un peu chez elle aussi. Vous ne vous l'êtes jamais dit, mais c'est votre promesse silencieuse.

Et qu’elle souffle et s’empourpre. L’insolence n’a pas de limite, et surement pas d’âge. Pourrait tout aussi bien se retourner la critique mais préfère se bercer d’illusion. Bien sûr, elle est plus âgée. Bien sûr elle est plus adulte.

Non.

Continuera à se retrouver sous un verre surement, ou suspendu à un fil comme toujours, ais se bercera de l’illusion qu’elle sera au-dessus. Peut-être. Un jour. Est plus proche de rejoindre les rangs de Jihun.

Suit du regard la grande bête alors que fourmi retrouve taille humaine. Boude sans conviction jusqu’à ce qu’il ramène le paquet de chips dont elle s’empare. Ça donne faim la colère, c’est pour ça que c’est pas pour elle.

Retire les chaussures, et glisse dans le canapé comme chez elle. C’est tout pareil. Il n’a pas à l’inviter, en vrai, elle saurait se repérer même les yeux fermés.

« Figure toi que je vais partir sur une île paradisiaque »

L’île de l’enfer, dans l’fond. Pas prête à jouer le jeu, trop blasée pour ça. Ne 'sy voit que pour siroter un mojito. Et encore, elle préfère quand c'est avec de la bonne compagnie. S’inquiète surtout de perdre les faibles acquis dont elle dispose déjà : rien + rien c’est toujours mieux que rien – rien.

Et c’est que le sujet est sensible.

Préfère ne pas l’évoquer.

« C’est l’heure. Il est temps Jihun. Je vais trouver l’homme de ma vie. »