iNSTEAD! || Orion

16/09 ; 8h07

Lee Peter observa à travers la vitre qui donnait sur la chambre des soins intensifs comme un sémiologue de l’image le faisait avec un tableau : avec la plus grande circonspection, comme si tous les soucis du monde se matérialisaient dans les ombres des rides de son front. La vision n’était pas agréable et avait tendance à lui rappeler les heures les plus sombres du début de son amitié avec celui qui était devenu son amant, Min Niki, et qui avant les jours ensoleillés de leur mariage, avait passé beaucoup, beaucoup de temps dans ce service des hôpitaux.

Le numéro d’urgence de Waeng Ji-hyuk, dit « Jiji », dit « Pewpew » - Peter le connaissait parce que Niki était très fan du travail du jeune homme – répondit enfin à son appel. L’infirmier rapprocha son téléphone de sa bouche parce qu’il était très important qu’il s’exprime de manière intelligibile.

« Bonjour, je vous appelle parce que vous êtes la personne à contacter en cas d’urgence de Waeng Ji-hyuk. Ca vous dit quelque chose ? » Comme son interlocuteur opinait, Peter poursuivit : « Est-ce que je peux vous demander qui vous êtes pour lui ? »

Réponse obtenue, Peter considéra le tableau des indicateurs vitaux de son patient, qui s’étaient stabilisés peu avant 8h.

« D’accord. Je suis navré de vous déranger si tôt, d’autant plus que Waeng-ssi nous a défendu de vous appeler, mais c’est la procédure habituelle surtout dans ces circonstances. Il nous a dit qu’il avait tenté de vous contacter cette nuit avant de passer à l’acte, sans succès et qu’il ne voulait plus entendre parler de vous. Malheureusement... »

Peter soupira.

« Je ne vais pas y aller par quatre chemins monsieur, votre disciple a tenté de se suicider aux alentours de 4h cette nuit. »

Il laissa un infime silence pour que son interlocuteur imprime, puis reprit, très vite, pour contrôler la situation et pallier l’état de choc inévitable :

« J’ai besoin que vous veniez au centre d’Athena rapidement, s’il vous plaît. Il est éveillé, son état est stable, mais il est très affaibli. Et il aura besoin de toutes les personnes proches de lui pour se relever. »

15/09 ; 8h07 ; OOTD

Est-ce que je peux vous demander qui vous êtes pour lui ? 
Personne.

Son mentor.
D’accord. […]  J’ai besoin que vous veniez au centre d’Athena rapidement, s’il vous plaît.

Une connexion s'était remise en route dans le cerveau d'Orion lorsque la ligne a été coupé par le type de l'autre côté du téléphone. Celle activant un instinct de survie proche de celui qu'il avait en prison. La deuxième clope coincée entre ses lèvres a finit sa vie sur le trottoir alors qu'il pestait d'avoir oublié les clés de sa caisse et devait, de fait, se contenter des transports en commun.
Orion en oublia Jaehwan et ses mots crus.
Il en oublia le sexe.
Le manque de sommeil.
La déchirure dans sa poitrine remplacée par une autre, tout aussi béante et suintante.

Peu avant d'atteindre le centre d'Athena, Orion a enfilé ses gants. Moins par peur de perdre le contrôle – c'était une possibilité vu son état de fatigue et de nerfs, bien qu'infime – que par respect pour ceux qu'il allait croiser dans ce mouroir.
L'appréhension propre aux centres médicaux lui bouffe le ventre devant les portes. Lui fait marquer une douloureuse hésitation, le serpent plantant ses crochets dans la moindre parcelle de son être pour le tirer vers l'arrière tout en insufflant son venin au creux de ses veines.

Il était où, son téléphone cette nuit ? Dans la cuisine sur le comptoir ? Sur un carton ? Dans son sac ? A trop essayé de s'en souvenir, Orion brouille le fil flou des dernières heures.
Il faisait quoi à quatre heure ce matin ? L'évidence fait monter une bouffée de chaleur nauséeuse dans sa poitrine, bien vite remplacée par un courant d'air froid, presque mort lorsqu'il s'approche de la réception.

« - On m'a appelé, je viens voir Waeng Jij – Ji-hyuk.
- Hmhm, et vous êtes ? » Personne ? Même pas son mentor, il a mentit au type au téléphone. N'a pas réfléchit en vérité, c'est venu tout seul. Avec l'automatisme de l'instinct sentant l'urgence.

« - Son mentor.
- Oh, je suis navrée mais seuls les membres de la famille sont admis en soins intensifs. » Salope crache le morceau. Le cuir des gants couine sous les phalanges qui se replient sur elles-même et la pauvre réceptionniste tend discrètement le bras vers son téléphone.
Orion lui lance un regard aussi noir que les profondeurs de l'Enfer. Ouvre la bouche et la referme aussitôt, la voix du type du téléphone prenant place dans son dos. Il se retourne pour faire face à un homme d'une dizaine d'années de plus que lui, à peu près, au visage s'accordant à la douceur de sa voix.
Ne dénote que cette putain de blouse blanche continuant d'agiter le serpent d'angoisse au fond du ventre du mercenaire.

« - Comment il … ? Qui l'a trouvé ? Vous avez prévenu sa famille ? » Trop de questions, Orion. Ca fuse de trop dans sa tête épuisée. Si fort qu'il en a, en plus de la nausée, le tournis et doit s'appuyer du bout des doigts contre le mur le plus proche.
Matinée de merde.

16/09 ; 8h07

« Calmez-vous. » intima Peter d’une voix posée qui ne laissait pas de place aux négociations. « Il est hors de danger, tout va bien se passer, je vais vous expliquer. Suivez-moi. »

Pendant qu’il exécutait un signe pour qu’Orion obtempère, la secrétaire l’interpella.

« Sunbaenim, j’ai les informations que vous m’avez demandées, et monsieur vous a menti. Le mentor de Waeng Ji-hyuk est Yeo Kyun. C’est quand même un TEN. »

« Yeo Kyun sunbaenim est un TEN mais c’est aussi un enfant, et là tout de suite, mon patient a besoin d’un adulte. » répliqua calmement Peter en se saisissant du dossier. « Merci. »

Sa main, rugueuse d’une pratique intensive – il s’était illustré en escalade sportive aux herolympics le mois dernier mais tout le monde l’avait oublié parce que c’était un petit C inutile – se posa dans le dos d’Orion et il le poussa à travers une double porte coupe feu.

« Vous vous en doutez mais je vais vous demander de garder vos gants et de ne faire strictement aucun usage de votre pouvoir dans ces locaux. » déclara enfin Peter en lâchant Orion pour lui passer devant et interrompre leur marche.

La manière dont il le regarda laissait entendre qu’il savait très bien qui il était. C’était à la fois du à son âge – il officiait déjà quand l’Evénément avait eu lieu, 8 ans auparavant – et au fait que ses doigts nus avaient perçus d’un contact prolongé contre la colonne vertébrale d’Orion toute sa composition corporelle. Un pouvoir d’une redoutable capacité, malgré son faible rang.

« Pour faire simple votre disciple a avalé une très grosse dose de somnifères. Procédure connue, classique. Il pensait s’endormir mais son corps a très mal réagi et a cherché à se défendre. Il a vomi, de nombreuses fois et entre deux crises a réussi à nous appeler à l’aide. Nous avons effectué les protocoles nécessaires dans ce genre de pathologie d’empoisonnement dont je vous épargne les détails. Grâce à nos médecins, dieu merci, il est hors de danger. Mais il est très, très affecté psychologiquement par ce qu’il vient de se passer. »

No shit, sherlock.
Peter roula le dossier de Jiji entre ses doigts et le glissa sous son épaule.

« Je vais vous laisser entrer dans sa chambre, mais s’il vous plaît, ne le culpabilisez pas, et ne l’incriminez pas pour ce qu’il s’est passé. Ce genre d’acte coûte énormément à une personne, et en l’absence de tout diagnostic posé par un psychiatre habilité, nous considérons ça comme une alerte sur un mal être, et absolument rien d’autre. Il a besoin de repos et de son entourage. Est-ce que je suis clair ? »

Il parut se souvenir de la dernière question et y répondit, éclaircissant ainsi la raison pour laquelle il avait dégagé la précision de la secrétaire médicale d'un revers de main :

« La famille de ce jeune homme a refusé tout contact avec nous. Vous êtes, actuellement, la seule personne majeure suffisamment proche qui lui reste. »

15/09 ; 8h07 ; OOTD

Si des lames de papier avaient pu s'extirper du regard qu'Orion lance à la secrétaire après son inversion, un cadavre officierait à présent à l'accueil. La main dans son dos contracte tous ses muscles, fait se serrer les dents sous le souffle d'une appréhension qui fait beugler des alarmes supplémentaires au fond du crâne.

« - J'en avais pas l'intention. » Un frisson à la teneur indéchiffrable glisse sur chacune de ses vertèbres lorsque les regards s'accrochent. De ce même instinct que celui l'ayant poussé à foncer ici sans réfléchir, Orion relève le menton, soutient le contact avec la ténacité d'un chien entraîné à mordre avant de lâcher prise pour se reprendre en plein museau pourquoi il est là.

Il imagine alors, l'enfer vécu par le petit bonhomme. Cette détresse dans laquelle il devait être cette nuit, pour en arriver là. La peur au fond du ventre, l'espoir qui ne vient pas. Le courage dont il a fait preuve ensuite pour appeler à l'aide.
Ses lèvres se pincent, un morceau du lavis des couleurs de son visage disparaissant au passage. Ses sourcils se froncent ensuite, mâchouille un morceau de colère à l'encontre du toubib qu'il ne contrôle pas et qui se lit, très bien, sur le moindre petit espace de sa physionomie. Orion n'a jamais eu besoin d'enlever ses gants pour être menaçant.

« - Vous me prenez pour quoi exactement ? Non, gardez votre salive, je m'en fous. Je me traîne peut-être huit ans de taule au cul mais je suis pas un abrutit. A aucun moment j'aurais eu une idée aussi tordue et merdique. » Le seul qui doit culpabiliser et être incriminé, dans toute cette triste histoire, c'est lui. Le mentor merdique qui s'est tiré, deux fois, au pire moment pour que le gamin.
Qui l'a déçu, si fort, qu'il a finit par le détester.
Qu'il a finit par vouloir tout arrêter.

« - Bande de connards... » Orion ravale toute sa bile sur un reniflement sonnant comme une alerte annonçant la fin du monde. Au milieu du couloir désert, le cuir de ses gants crisse sous la pression de ses doigts se repliant sur eux même.
Il a détesté Yang si fort qu'il ne pensait pas pouvoir un jour haïr quelqu'un d'autre une manière encore plus violente. C'est pourtant le cas. A ce moment précis alors qu'il détourne le regard pour le jeter contre un mur triste à pleurer, il tourne toute sa haine envers ces parents qui ne sont rien de plus que des bourreaux au même titre que ce type qu'il n'a jamais réussi à appeler père. A peine un maître quand il arrivait à desserrer les dents.

Le toubib finit par les mener devant la chambre. Ouvre la porte d'un tombeau dont la violente claustrophobie vient le prendre à la gorge. Orion entre, avec la discrétion d'un fantôme. De la mort qui se faufile avec le silence des linceuls les plus délicats.
C'est compliqué, d'ignorer son propre malaise. La panique et les angoisses qui nous bouffent et se couplent à toutes les autres que la vision du petit bonhomme étendu là, accroché à tous ces fils éveillent au fond de la poitrine.
Un main étreint fermement son cœur, le presse avec vigueur pour bien le faire pleurer de toute les larmes et les origamis contenues dans son sang. Une inspiration cassée annonce sa présence, l'oblige presque à s'avancer vers le lit.

« - Hey, petit bonhomme. » Un léger sourire, sa voix n'a jamais été aussi douce. Aussi basse. A craindre de le réveiller, de le casser plus qu'il ne peut déjà l'être. Ce foutu môme qu'il a appris à aimer à en crever.

15/09 ; 8h07

Avec la sagesse de ceux qui ont appris avec le temps que le silence était la meilleure des réponses, Peter ne répondit pas. Il se contenta de toiser son cadet pendant de longues secondes, du haut de la grosse décennie d’écart qui les séparait, puis amorça le mouvement pour le guider jusqu’à l’unité des soins intensifs.

« Si je dis cela, c’est parce que ce que je vais vous montrer n’est pas beau du tout à voir. Et quand on prend conscience du fait que quelqu’un à qui l’on tient souffre terriblement, on cherche un coupable à accabler. Il n’y a qu’une seule personne, dans cette pièce, et c’est une victime. »

Il s’arrêta devant la chambre dont il ouvrit la porte.

« Ne l’oubliez pas. »

Il attendit que l’ombre noire de colère et de ténèbres passe le chambranle de la porte et la referma derrière eux. Les caméras et les détecteurs qui y étaient branchés les avertiraient suffisamment vite si jamais les choses viendraient à dégénérer. Soupirant, Peter déroula le dossier du jeune homme.
Bon, Yeo Kyun, lut-il effectivement en sortant son portable.


cw : milieu médicalisé, évocation de suicide et de torture scolaire

Jiji ignora cordialement la porte qui s’ouvrit et se referma, comme il le faisait depuis plusieurs heures...plusieurs jours ? Il ne savait pas. Il avait perdu le contrôle depuis cette heure avancée de la nuit où il avait tenté le pire. Sans succès, encore. Il naviguait depuis son éveil sur des eaux troubles, incapable de se décider entre le soulagement d’être en vie et la déception de s’être raté encore une fois. L’ombre qui se matérialisa à ses côtés aurait pu tout aussi bien venir d’un des rêves dans lesquels il allait et venait depuis tout à l’heure.

Le surnom ne pouvait venir que d’une seule personne. Une seule personne qui l’avait abandonné. Cette pensée accéléra son rythme cardiaque, ce qui lui donna immédiatement la nausée. Son esprit se bétonna comme il le put, en souvenir de ces années d’horreur durant lesquelles il essayait de ne plus penser à rien, de faire semblant d’être mort, de se déconnecter de la réalité en attendant que la pluie des coups et des insultes cesse de crépiter à ses oreilles, de résonner dans ses os.

Malgré la lourdeur de son corps et les fils qui en sortaient de toutes parts, Jiji trouva la volonté de se tourner sur le côté, en position antalgique et foetale, pour contrer une attaque potentielle qui viendrait l’achever. Il tenait un peu à la vie, en fin de compte.
Il ferma les yeux ; s’il ne voyait pas la menace, elle n’existait pas.

Puis, dans un murmure :
« Ne me fais pas de mal. »

15/09 ; 8h07 ; OOTD

Il n'allait pas l'oublier. Comment pouvait-il seulement l'oublier ? Que ce môme est une victime depuis le départ ? Qu'il est au fond, et malheureusement, bien plus proche de lui qu'il ne veut bien l'admettre.
L'accélération des bips et sur le moniteur fige le mouvement d'Orion. Le laisse immobile sur une ligne tracée entre la porte et le ligne. Sans savoir s'il doit se tirer ou au contraire avancer. Conscient d'être le monstre de tous les cauchemars possibles naviguant dans la tête embrumée de son ancien protégé. La main étreignant son cœur ne le serre que plus fort, éveille une nausée sournoise que le manque de sommeil étire en quelque chose de mauvais. Créer un vide que l'adrénaline provoquée par l'annonce et la venue ici avait commencée à creuser.
Sous le petit néon éclairant la pièce, au-dessus du lit, le mouvement de Jiji ressemble à celui d'un petit animal mortellement blessé qui tente, avec désespoir, de se sauver d'une menace contre personne ne peut rien. Les dents se serrent et le cuir chante, tristement lorsque les doigts s'imposent à se détendre.

Le murmure s'appose comme l'apogée d'un coup fatal porté en pleine poitrine.
Coupe le souffle qui se retenait déjà par sa violence. Orion expire, soupire. Ferme un instant les yeux puis rompt cette foutue distance. Il ne tire pas la chaise en plastique ou n'importe quel autre truc permettant d'assurer une certaine stérilité aux choses, ne le remarque même pas lorsqu'il s'agenouille aux côtés de lui, ses genoux chouinant sous l'effort.
Pressant son torse contre les montants rabaissés, il se soutient d'un avant bras contre le matelas, s'y appuie de l'autre coude pour venir effleurer avec toute la douceur du monde les mèches humides de sueur de son ancien protégé.

« - Jamais, Jiji, jamais je pourrais te refaire du mal. » La main retombe contre le drap, rejoint l'autre pour venir se glisser sous son torse. Il pince les lèvres, mal à l'aise. Rattraper par ses propres angoisses qu'il muselle d'une inspiration maladroite.
Comment a-t-il fait pour ne pas voir ?
Pour ne pas comprendre ?
La réponse est simple et s'il était moins épuisé, à ne tenir que sur une réserve d'énergie dont il ignorait l'existence même, Orion comprendrait que s'il n'a rien vu, c'est parce qu'il est malade lui aussi. Qu'il patage avec le môme ce même mal qui les ronge, tranquillement, l'un comme l'autre.

« - Ca va aller maintenant. T'es plus tout seul, je suis là, je reste. Je te lâche plus. » Et, à ce moment précis, il en a plus rien à foutre d'Athena et de ses ordres. Demain, plus tard, quand il aura dormi au moins un peu, il décidera qu'il n'a plus, ni l'âge, ni la capacité pour bouger comme il l'a fait cet été. Sa vie, elle tient entre les frontières de Seoul.
Ce qui se rapproche le plus de sa famille est là, et pas ailleurs.
Ce petit bonhomme pour qui il retournera la terre entière s'il le lui demandait.
Exactement comme il le ferait pour Jaehwan.
Comme il l'aurait fait pour Eos. Pour Chiwon.

Pour cette poignée d'êtres extraordinaires qu'il a aimé, aime et aimera jusqu'à la fin avec toute la violence de ces sentiments trop forts et trop grands pour être contenus sur les fils d'une seule constellation.

15/09 ; 8h07

cw : ptsd

Comme il ne pouvait presque pas bouger par manque de forces, Jiji pressa fort ses paupières et ses lèvres avec une maîtrise réflexe qui laissait comprendre qu’on avait plusieurs fois tenté d’envahir les organes que ces ouvertures protégeaient. La fièvre maculait ses mèches de sueur, sur laquelle les doigts d’Orion glissèrent. Il délirait légèrement, assoiffé par les vomissements, et Orion eut un instant la voix de sa mère, ce qui était à la fois rassurant et terriblement effrayant. Quand son ex-mentor recula, l’électro-cardiogramme, qui s’était considérablement emballé à son approche, redescendit. Les montagnes se firent moins enchaînées, puis finalement éloignées comme des cols.

Sa condition était détestable mais il n’était pas assez éveillé pour en avoir honte. Il était juste drapé d’une intolérable tristesse qui ne le quittait plus depuis qu’il avait ouvert les yeux. Il était tellement heureux d’avoir fait un pas en avant la dernière fois qu’ils avaient discuté...et maintenant il se retrouvait acculé contre le mur par ses angoisses et ses déceptions qui se rapprochaient comme des parois chargées d’épines qui menaçaient de le transpercer dans les prochaines secondes.

Il ne faisait plus confiance à Orion, mais ça ne servait à rien de le lui rappeler. Il aurait pu lui faire n’importe quoi dans la seconde qu’il ne résisterait pas. Il était épuisé. Son corps le forçait au repos, alertait son entourage de la nature de ses névroses et de l’urgence de les prendre en charge. Il ne pourrait pas leur tourner indéfiniment le dos.

« Pourquoi tu es venu ? » chuchota-t-il.