Ensemble on aboie en silence || Kyun

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08/09 ; 02:08 am

Il faisait un froid glacial.
La pluie tombait dru depuis plusieurs heures désormais. Jiji se gelait jusqu’aux os, les jointures bleues de froid et ses fringues détrempées collant à sa peau pour lui faire une armure lourde et inconfortable. Ce climat automnal, abattu sur la chaleur étouffante de Séoul comme une claque patriarcal sur la joue d’un gosse rentré trop tard de soirée, le tenait efficacement éveillé. En cet instant, Jiji se surprit à rêver du confort de son lit et il était à peu près certain que c’était aussi le cas de celui qui se tenait, allongé à ses côtés dans les ronces boueuses qui menaçaient à chaque seconde de leur écorcher les flancs.

Ce qui avait été présenté comme un possible QG de Nemesis s’incrustait en contrebas de la vallée, diamant de granit logé dans une bague de verdure brutaliste. La végétation reprenait ses droits sur ce coin campagnard, où personne ne les entendrait crier si les choses tournaient mal. Aussi bien tous les deux n’aboieraient comme des chiens enragés que dans le silence assourdissant de l’absence de civilisation alentour. Ils étaient seuls, terriblement seuls, ce qui était à la fois reposant et terriblement effrayant.

Entraîné à la patience par de trop nombreuses mauvaises expériences en huis clos durant son adolescence ténébreuse, Jiji restait silencieux et parfaitement immobile. Orion avait sans doute raison ; peut-être aurait-il fait un très bon espion, voire un excellent éclaireur. C’était de toute façon la règle stricte cette nuit pour le trainee qu’il était encore : observer Kyun, et revenir victorieux à ses côtés.

Un frisson lui traversa la colonne vertébrale quand une goutte de pluie chuta dans sa nuque pour rouler dans son dos. Elle déclencha le claquement de ses dents qu’il interrompit en verrouillant sa mâchoire.
Il allait chercher à changer de position pour contrer les crampes qui grimpaient dans ses cuisses, quand soudain, plus bas, un détecteur de mouvement s’alluma, éclairant des silhouettes indistinctes.

« Ils sont là. » chuchota Jiji.

Il ne savait pas si sa voix tremblait de peur ou d’avidité.