_ memories ( shiyuri ).

l'heure tant attendue est venue, puis est passée ; la délivrance, elle, ne l'accompagna pas. les heures de bureau terminées, mais le travail s'étire à l'infini.

s'attardent un peu plus longtemps sur les clichés de l'ami. pulsant piqué d'une nostalgie détestée ; à haïr la faiblesse de son affection qui peine encore à tirer un trait sur eux. les années de séparation n'ayant rien arrangé aux regrets et aux rancœurs ; à redevenir étrangers malgré le passé. [ TLDR : c'est long, elle se fait chier. ]

comme des aimants, attirés par ton magnétisme. les perles se rencontrent et son coeur semble cesser de battre. son souffle se suspend, et le temps semble ralentir ; recommencer à couler uniquement quand le contact est rompu. mais les battements ne mentent pas, pas plus que les émotions vagues s'élevant dans sa cage thoracique ; tempête chaotique dont elle ne saurait décortiquer les éléments.

alors elle préfère fuir quand la dernière syllabe tombe ; profite de la foule pour s'éclipser, mettre autant de distance que possible entre vous deux.

Un soupir,
puis un second.

Il ne sait pas. Il hésite. Et les sourires ne sauvent pas. Les minutes passent. Puis les heures. C’est une boucle. Les salutations ennuyeuses. Prétendre connaitre ceux aux allures plus importantes. Mais qui sont-ils ? Des visages quelconques. Ils sont là autour de lui. Ça tente d’en attirer ses attentions. D’en voler son regard inestimable. Misère. Mais il s’en fout. D’eux. De cette soirée. De cet endroit même. Ça tourne en rond. C’est chiant. Et sur la fin, on ne prend même plus la peine de sourire. De les regarder. Tous. Insignifiants. Ils sont tous insignifiants.

Soyez contents, au moins, je suis là.

Présence à suffire. Mais torture perpétuelle. Foutue corporation et sa volonté de l’emmerder jour après jour. Une putain de sangsue. Mais elle bouffe pas le sang, non, juste ton âme. Et elle s’en fout que t’en crèves.  Allez en enfer. Brûlez avec les diables comme vous. Finalement, Lucifer serait un meilleur partenaire.  

Toi ?
te voilà.

Comme ça, après tout ce temps. Après tout ce silence. Ces doutes. Ces angoisses. A t’avoir cherchée. A avoir demandé autour de lui où ils avaient bien pu te cacher. Le cœur en miettes. Le cœur qui regrette. Et tes prunelles qui poignardent les siennes. C’est un carnage dans les entrailles. Je t’en prie ne pars pas. A vouloir venir t’enlacer, mais il est bloqué là, au milieu de tous ceux qui vous ont fait du mal. Te retrouver. Tu viens accaparer ses pensées, alors que tu t’éloignes encore. Non, pitié.  Excuses lancées aux parasites, il en accourt jusqu’à toi. Loin des regards, loin des lumières qui vous ont brisés. “Shiyun. S’il te plait.” Offre-lui ton attention une dernière fois encore.  

Et au milieu de ces fous,
on se retrouve encore.  

elle fuit, cherche à courir loin des non-dits, de ces espoirs maudits qui refusent de mourir. les choix ont pourtant été faits, les mots jamais prononcés et les excuses ravalés ; l'abandon sanguinolent et l'existence prison pour seuls cadeaux d'adieu. ta présence retirée, portée disparue du jour au lendemain, à lui retirer sa lumière dans les ténèbres les plus sombres. -- est-ce que c'est pour ça qu'ils t'appellent void?.

te voir suffit à ranimer les blessures, elle peut presque les sentir se rouvrir et faire couler le carmin. les larmes invisibles traçant des vallées creuses le long de ses joues. “Shiyun. S’il te plait.” c'est comme un coup dans les entrailles, un poing qui se resserre sur son palpitant. les syllabes oubliées qui sonnent comme la plus douce des mélodies entre tes lèvres ; comme si elles avaient été écrites pour caresser tes pulpeuses. elle ne le réalise pas immédiatement, mais ses pieds ont cessé d'avancer ; corps figé, tout comme l'encéphale qui n'a jamais su continuer. pourquoi t'es là yuri ? les mots sont teints de sa colère, lancés au vide qui lui fait face ; trop consciente que les pensées se mouraient sur sa langue avant qu'elle n'ait l'occasion de les cracher si elle devait voir tes traits.

trop de temps passé ; le fossé trop profond entre vous deux. elle t'en veut de l'avoir poursuivi. pourquoi là, pourquoi maintenant ? si tu en avais toujours été capable, pourquoi pas avant ? et dans tout ça, est-ce que tu pensais à elle ? est-ce que tu t'étais demandé si c'était ce qu'elle voulait ? ou est-ce qu'encore une fois, tu ne pensais qu'à toi ? est-ce qu'elle t'avait manqué comme toi tu lui avais manqué ? est-ce que toi aussi tu la voyais à chaque coin de rue, que tu l'imaginais quand il n'y avait que la lune pour juger son désespoir ? les questions se bousculant au fond de l'esprit ; déchirée par les et si. toutes les blessures savamment ignorées soudainement ouvertes, à la tourmenter à nouveau.

Toutes ces étoiles
que l’on aurait pu voir ensemble.

C’est quand il est seul, dans ce noir absolu, que les mots se font regretter. Que les absences assassinent. Et si... Et si... Face aux reflets d’une cruauté bel et bien existante, à se laisser ronger, ce sont tes souvenirs qui viennent en éclairer les pensées. Puis ça le frappe. Ça noie le cœur. Ton beau sourire, ta main contre la sienne.

On aurait pu être beaux, non ?

Le regard divague. Impossible de te faire face. D’en explorer tes iris qui lui ont pourtant tant manqué. Mais t’es là, alors pourquoi reculer devant la possibilité d’enfin.... d’enfin... te retrouver.  Shiyun... Ne disparais plus. Je t’en prie. Si seulement il pouvait revenir en arrière, t’en dévoiler tous ses secrets jamais dits. Juste pour avoir le courage de te garder près de lui.  

On aurait pu être heureux, non ?  

“Ça fait... longtemps...” Les mots qui manquent. Venir te serrer contre lui serait plus simple, mais tu ne veux pas de ça. Il comprend. “Tu... m’as manqué.” En decrescendo. Émois à venir en crucifier ses envies d’en faire de ces retrouvailles celles que tu mérites. Et le The Void charismatique à redevenir ce Yuri terrorisé par le monde.  

Et est-ce que la vie aurait été plus belle à tes côtés ?

son cœur bat si fort qu'elle n'entend que lui, qu'il rythme ses inspirations et ses pas. pulsant au bord des lèvres à vouloir en dévaler la cage thoracique pour se montrer à tes prunelles. te montrer tout le mal que tu lui fais ; te montrer à quel point il bat encore pour toi malgré tout. c'est humiliant, de savoir qu'après tout, tu arrives encore à affoler son cœur. elle essaie de l'étouffer, parce que quand tu partiras à nouveau, c'est elle qui en souffrira encore. blessure ouverte qui semble ne jamais vouloir guérir.

7 ans oui. elle s'accroche aux faits, à ceux qui font mal, à ceux qui rappelle tout le temps passé sans que tu n'agisses, à se terrer dans le silence loin de sa proximité. gratte à même la blessure afin de ne pas se perdre dans des retrouvailles mirage. yuri qui sait si bien mentir, à en glisser des mots qu'elle avait tant voulu entendre autrefois. auxquels elle se fait violence, prétends à la surdité sélective alors même qu'ils s'enfoncent comme des piques sous la peau. et ? s'en tenir aux mots courts, aux syllabes rapides. incapable de faire confiance à sa voix pour ne pas trembler, pour ne pas laisser transparaitre que tes mots l'affectent. la lèvre prise d'assaut entre les ivoires, à faire perler l'écarlate au coin des lèvres. c'est tout ? et elle te remercie de rester loin, de garder tes distances ; l'impression que son corps entier s'effondrait si tu devais te rapprocher.

Parce que tout semblait comme une évidence,
mais que les mots en ont toujours été muets.

Vous deux dans une prairie, main dans la main. Le vent souffle, et vos cheveux viennent devant vos yeux. C’est difficile d’y voir quelque chose, mais tout est là. Le soleil. La liberté. Toi. Lui. Ensemble. La sensation de ne plus jamais vous lâcher. Et lui te serre fort pour que tu ne t’envoles pas. Pour que tu restes à ses côtés à jamais.

Mais les beaux rêves n’ont jamais été autorisés,
et le néant a rongé les espoirs....
et les amours.

Si seulement son cœur avait pu parler à sa place. Si seulement, surtout, il en avait eu un. C’est quoi aimer quand tout autour de nous a toujours été faux finalement ? Il ne sait pas. Il ne sait pas.  Les illusions sont fatales, mais les faux-semblants n’ont jamais brisé ta lumière. Pureté au milieu de ces limbes. Tes rayons chaleureux qui venaient caresser l’épiderme. C’était si doux. Innocence des enfants jetés dans la gueule du loup. Il se souvient de tout. Et quand tu t’es envolée avec les cruautés, alors le froid l’a enlacé, pour ne faire plus qu’un avec cette solitude déchainée.    

Et la noirceur de cet abîme est déjà trop épaisse,
c’est trop tard.

“Quoi "c’est tout" ?” Bien sûr que non c’est pas tout. Reste, juste. Mais te le demander serait égoïste, non ? Le regard qui se baisse. Et c’est la honte qui s’empare de lui. Les entrailles qui agonisent. “... Désolé, je me suis emporté.” Parce qu’il n’a jamais su contrôler ses battements qu’il a eu pour toi. Parce qu’il n’a jamais su te garder près de lui. “Dis-moi... Tu vas bien depuis tout ce temps ?” Voix hésitante. Perdu face à toi. “On m’a dit que tu travaillais dans les bureaux... mais jamais quoi précisément.” Parce qu’on t’a toujours cachée de lui. Les silences étaient pesants.  

Mais si seulement un jour,
je pouvais entrapercevoir
ce sourire que j’ai tant aimé.

elle te fait dos, mais tes traits sont gravés dans sa mémoire. chaque mot accompagné du fantôme de celui qu'elle avait tant aimé ; chaque expression qu'elle peut s'imaginer avec une fidélité parfaite. le gout du fer entre ses lèvres ; la pression de ses ongles traçant des croissants de lune au fond de ses paumes fermées ; cette colère à laquelle elle s'accroche comme une bouée pour ne pas être emportée par les vagues. le flot de ses émotions se heurte à la marée des mots qu'elle voudrait t'hurler, bons comme mauvais. à se faire violence pour se terrer dans un silence meurtrier. à quoi bon perdre son souffle à te parler quand rien ne changerait ?

éclat de colère, immédiatement noyé par une douche froide de honte. elle peut imaginer tes traits déconfits, ton regard qui tombe au sol. doit combattre l'instinct de te venir en aide, de t'offrir ses bras pour apaiser la peine. tu rends le tout facile, à tomber de stupidité. tes mots qui heurtent ses tympans et noient tout le reste pendant un instant de confusion. est-ce que c'est vraiment ta question ? est-ce que tu as vraiment l'audace de lui demander ça après tout ce temps ? l'étincelle colère suffit à allumer le brasier ; à réveiller tout ce qu'elle te reproche. tu le fais exprès ou t'es juste con ? chaque mot énoncié lentement, chaque syllabe prononcé avec toute la force de ses émotions. c'est peut-être la première fois qu'elle t'insulte comme ça, en tout cas, ça lui semble être la première fois. mais t'as gagné, t'as réussi à attirer son attention. elle fait volte-face ; ose enfin te regarder dans les yeux. dans les siens, y'a une colère folle que t'as sans doute jamais vu -- celle qui est née de ton abandon, celle qu'elle a nourrie pendant 7 ans en pensant à athena, à toi, à vous, à ce que vous aviez été, à ce que vous auriez pu être, à tout ce qui a été et à tout ce qui ne sera jamais. est-ce que je vais bien ? et c'est tellement absurde que tu lui demandes ça qu'un rire mesquin s'échappe des lèvres. bien sûr que oui je vais bien. j'ai jamais été aussi bien. bosser dans les bureaux d'athena ça a toujours été mon rêve. les mots débordant d'un sarcasme méprisant ; son désespoir teinté de sa colère écarlate. chaque syllabe accompagnée d'un pas dans ta direction, jusqu'à ce qu'elle se trouve sous ton nez, que son doigt s'enfonce dans la chaire de ton torse. satisfait ? t'as eu ce que tu voulais ? est-ce qu'elle t'a blessé ? autant que toi tu l'as blessé ? est-ce que tu vas disparaître encore ?