lovefool (yuna)

Et quand le monde refuse de nous donner ce qu’on veut, on va l’arracher. Parce que Lina, elle a depuis longtemps compris que c’est comme ça que ça marche. Je veux, je prends. L’univers n’a qu’à être plus conciliant.

Toi, Yuri, t’es à elle. Tu lui appartiens. Et même si les choses sont pas vraies, dans sa tête, ça change rien. Vous êtes ensemble, donc c’est réglé. Et c’est avec plaisir qu’elle pense être ta propriété. Vous vous appartenez, même si ça toujours l’air de te faire chier. Après tout, tu l’as voulu.

Alors elle empiète sur ta vie, comme toujours. Elle s’incruste. Elle s’insinue. Tu crois pas que tu l’as déjà dans la peau ? En tout cas elle, elle en a jamais assez. Faut qu’elle fasse plus qu’un avec toi. Qu’elle partage ton univers de diamants et d’éclat. Parce qu’elle est là pour ça, tu te rappelles ?

Les talons qui claquent dans le studio quand ses pas l’emmènent jusqu’à toi, elle en ignore tout le staff qui est là. Ils valent rien. Dans ses yeux, y’a que toi. Y’a toujours que toi, et toutes les merveilles que tu représentes. Et t’es là, au milieu de ce décor factice, à tourner une pub pour du café. Elle s’en fout complètement. Elle est juste là pour afficher son amour débordant. Et quand ta prise se finit, faut bien qu’elle se fasse remarquer. Alors les mains en crépitent d’applaudissements, et les exclamations s’élèvent de ses lèvres. “Oh my god, wow !! Congratulations baby !! You were so good !!” Et la démarche la mène jusqu’à toi. Démarche outrageuse pour toujours en attirer les regards sur elle. Est-ce que tu aimes ça ?

Et tout sourire, elle vient s’en pendre à ton cou, amoureuse de l’amour à en prétendre que votre idylle durera toujours.

Mais dis Yuri, est-ce que tu l’aimeras un jour ?

Dis-moi Lina,  
ça t’apporte quoi...
de jouer la pouffiasse écervelée ?

Regards sur soi. Lumière artificielle à en créer cet halo lumineux. Merveilleux. Époustouflant. Il brille, Yuri, même si c’est pour en prêter ses traits parfaits à des publicités à la con. Être beau, recevoir ce chèque conséquent. Des millions de dollars à la minute. Putain, ça vend du rêve. Mais il a déjà ce rêve. C’est sa réalité. Son monde à lui. Et dans ce monde, il est là, au centre. De toutes les attentions. Comme un roi. Comme un dieu. Et les autres autours, ceux aux visages oubliables, ne servent qu’à le glorifier. Rendre plus majestueux encore son être.  

Des fois,
tu te demandes pas si tu fais tâche ?
Je veux dire, à côté de moi ?

Et tes bruits. Toi. Bruyante. Déjà chiante. Oui. Juste toi. A tenter de subsister à ses côtés quand t’en sers juste à être un de ces chapitres un peu longs et barbants qui sert juste à rendre la suite du bouquin moins nul. Oui. T’es juste la parenthèse pour rendre le final plus beau. Mais crois pas, la paumée à la page 241, on l’oublie. Alors arrête de t’en croire reine, quand t’es qu’une simple pétasse en manque d’attention !

Et ton sourire,  
il agace.
Il cache quoi ?

Il se laisse glisser entre tes bras tenaces. Te laisse le toucher quelques instants. “What are you doing here ?” L’air sérieux, et ses pupilles qui te transpercent. Comme si t’en avais causé un  de ces péchés honteux à déranger le dieu dans ses limbes splendides. “Do you think it’s some kind of game or whatever ?” Sa paume vient agripper ta mâchoire. Regarde-le dans les yeux. C’est un ordre. “...I give you 5 minutes to leave this place.” Et un sourire brise les paumes stoïques.  

Le mien ?
Il ne cache rien.
Juste, plus il est grand,  
et plus ça veut dire que tu m’emmerdes.

A moi, à moi, à MOI.

On lutte, on résiste. Mais quand c’est le destin, c’est futile, tu crois pas ? Quand c’est écrit, c’est plus la peine de se débattre. Noie-toi en elle. Brûle en elle. Tout ce que tu veux, mais donne lui ton attention. Donne lui tout.

Pourquoi tu luttes Yuri ? Pourquoi tu te contiens ? T’aimes trop combattre cette avalanche de sentiments, hein ? Elle est là, elle se donne toute entière à toi. Alors pourquoi t’as besoin de toujours lui rappeler qu’elle est qu’une putain d’inférieure ? Laisse-toi chavirer aussi parfois, autorise-toi à ne pas connaître ce qui t’attend au-delà.

Ta main sur sa mâchoire, c’est juste ton dédain, mais elle plante ses yeux pleins de passion dans les tiens. Elle sait toujours qu’elle peut te faire flancher. Après tout, elle t’enflamme, pas vrai ? Elle fait brûler un truc en toi. Et même si c’est juste une passion dévorante, elle prend aussi. Du moment que t’es à elle.

“Baby I don’t wanna go…” Et sa voix s’en fait mielleuse, quand ses mains se font douceur sur ton bras ravageur. Baisse les armes. Donne-lui ce qu’elle veut, et t’auras ta liberté. “Be more gentle. They’re watching us.” Parce que la traiter publiquement comme une putain de poupée ne servira pas tes intérêts, connard. Alors fais tes putain d’efforts, donne ton attention qu’elle réclame, et arrête de faire chier Yuri. Putain certaines fois, elle voudrait juste t’arracher ton gros crâne.

Fais-la danser. Fais-la exister. Parce qu’elle arrêtera jamais de le réclamer.

Ça me fait chier,
mais tu t’en fous, n’est-ce pas ?  

T’es là, t’es collante. Tu veux prouver au monde que t’existes, sinon t’en crèves. Puis, tu viens éclater les lumières. Tu prends tout pour toi. T’existes, et le monde autour s’éclipse. Mais tu sais ? T’exhiber sur Instagram devrait amplement suffire à une pétasse comme toi. Mais non, t’as toujours ce besoin d’être après lui.  Et tu continues de réclamer ses poésies de menteur. Tu ne peux pas te contenter de sourire et de te la fermer ?  

T’étouffe,
et tu fanfaronnes ta folie.  

“Crazy b*tch.” Te souffle-t-il à la gueule. Les soupirs en disent long, mais c’est un large sourire qui vint finalement en illuminer son visage. Et cette foutue tendresse que tu demandes, elle est là. Il te l’offre sur un plateau d’argent. Elle se dessine sur les traits. Elle est étonnante. Perturbante. Et ça crée les illusions à tes côtés. Celles de t’aimer. Passionnément. Le bras qui vient en enlacer ta taille. Ma jolie Lina. “Come with me. Now.” Le brutal à s’associer aux mensonges parfaits. Il te tire à l’écart, et c’est dans l’intimité des loges que vous vous retrouvez.  

Mais je ne sais pas,
si j’arrive à t’en vouloir.

“So what now ?” Le revoilà en face de toi. La rage à venir de nouveau en navrer le visage. “Can you at least send a message before coming ?” Parce qu’il déteste les imprévus, Yuri. Et tu le sais très bien Lina.  

Aime-moi. Regarde-moi. Moi.

Pourquoi les douceurs, c’est jamais dans tes capacités Yuri ? C’est trop dur de distiller un peu de bonheur ? Tu la penses toujours tellement inférieure à toi que ça t’agace de la voir faire tout ça hein ? T’as pas l’habitude, toi. Dans ton monde toujours si contrôlé, ça fait quoi de la voir tout flinguer ? Ça te rend dingue, hein ? Ça fait bouillir ton sang ? T’inquiète pas, elle adore aussi quand t’es brutal et énervé.

T’as pas encore compris ? Elle aime tout de toi. Et elle t’aimera peu importe ce que tu fais. Tu représentes tout ce qu’elle veut. Tout ce qu’elle est aussi. Sans toi, elle s’éteindrait un peu, et cette lumière que tu mets sur elle, elle veut pas la voir vaciller. Alors elle t’aime dans toutes tes conneries. Dans toutes tes plaintes.

Alors seule avec toi, elle tressaille. Les yeux qui se noient dans ton regard noir. T’es tellement sexy quand t’es en colère. Même si t’es glacial. Mais ça, c’est un détail, non ? Et puis les doigts se posent délicatement sur tes épaules. Cette proximité, ça la fait toujours chavirer. Lina, on la vire pas comme ça, et tu le sais. Alors t’espérais quoi en la prenant à part ?

“Baby, I missed you so much…” Les mots qui se glissent entre les lèvres avec langueur, alors qu’elle se rapproche inlassablement. Buste à se presser contre le tien. La bouche qui en dépose un baiser dans ton cou, quand les mains s’en font déjà trop audacieuses sur ton corps. ”Just be happy that I’m here…” Qu’elle susurre à ton oreille. Parce qu’elle veut pas discuter, qu’elle veut pas te laisser gagner. Hors de question que tu puisses la faire dégager.

Alors sois un homme simple Yuri, roule juste dessus et laisse la s’accaparer toute l’attention sur ton tournage.