#TEAM 2: LINA, CHIERI, JAEHWAN, BOMI

Le flou. Le vide.
Puis les sirènes. Les crépitements. Les hurlements.
Lina à sortir lentement du néant.
L’expression la ferait sourire si elle était pas complètement paumée.

Les yeux qui s’ouvrent sur la désolation.
Les muscles qui font mal.
Et sa tête. Sa tête qui va exploser.
Son cri de douleur s’étouffe dans sa gorge.

Instants de rien pour réaliser sa situation.
(C’est la fin du monde, connasse. La fin du tien.)
Coincée sur la banquette arrière d’un véhicule écrasé par d’autres.
Le corps meurtri.
Et à l’avant, le chauffeur a rendu l’âme depuis longtemps.
Elle est peut-être pas heureuse Lina, mais au moins, elle est chanceuse.

Mais elle peut pas sortir de là, bloquée à l’intérieur après le choc.
Et elle s’imagine pas crever là.
Elle refuse que ce soit le cas.
Le corps qui glisse en souffrance dans le verre brisé pour approcher la vitre, et y crier à l’aide.

(Hurle. Hurle si tu veux pas crever.)

Le souffle court, Jaehwan se redressa sur son siège et se retourna. Il avait évité de peu, dans un dérapage stratosphérique, l’accordéon de métal dont les mâchoires avaient failli se refermer sur lui pour le broyer. Il était sauf, la caisse aussi, mais l’air se chargeait lentement d’odeurs de sang, d’essence et de fumée. La mort planait aussi dans l’atmosphère, il la sentait, comme un courant d’air froid.

La symphonie des cris et des appels à l’aide le sortit de sa torpeur. Il descendit du véhicule, les jambes flageolantes, pour considérer l’horreur qui avait envahi le carrefour. Les corps s’extirpaient des carlingues écrasées, les klaxons hurlaient dans toute la rue comme si cela pouvait changer quelque chose, et lui était là au milieu de toute cette désolation, à se demander comment il allait pouvoir sortir les corps de ces décombres de métal. Il porta son téléphone à ses lèvres, expédia un vocal d’alerte à l’agence d’ARES ; un code noir comme il n’en avait envoyé dans sa carrière.

Une bagnole explosa et un démon de flammes s’étira comme un chat qui se réveillait.
Un chat noir de malheur et de fin du monde.

le silence est vain :
tout est si bruyant.
qu'on te sort de tes mutismes, viennent à te surprendre les maux à transcender les fêtes. anarchie sur terre : mais elle n'avait jamais été réellement calme, la terre. à se fissurer, en broyer tous les sourires, pour en montrer qui d'entre tous en seraient victorieux de ces chaos.


et disparaître.

marche dans l'ombre ,, trottoir à s'en faire visage nouveau : la terre brûle, les klaxons viennent à éclater tes tympans !  ta silhouette vacille sous les explosions ! tu sors de tes rêves morbides pour en observer les carcasses de voitures s'entrechoquer ,, se retourner : finir dans les limbes. les doigts en retirent ton masque, sous ce spectacle agonisant ,, tu cours : t'approche de l'accident, vient claquer des mains ,, ô maîtrise sublime ,, vient à libérer une portière : fige le temps ,, pierre à s'immiscer ici et là, pour en briser les débris en cendre et sortir quelques visages des décombres.  suit les voix ! souffle essoufflé ,, tout est trop long, et toi, tu en guettes les visages, à se dessiner sur les sols.
t'approche : reconnait les traits.
tout se déchire,
tout se fissure.

il n'est pas de plus grande douleur que de se souvenir des temps heureux dans la misère.
il n’y a que les cris. les larmes. puis ce palpitant venant se contracter sous la douleur. quand le physique s’aligne enfin avec cette agonie de la psyché.

à n’être que ce corps parmi tant d’autre, carambolage à n’en plus finir. siège passager choisi en amont se révélant être le pire choix fait depuis des années. acouphènes mêlés à la stupeur, immobile parmi tant d’autre quand la cage thoracique se fait seul différence. épiderme laminé par les débris de glace, les phalanges cherchent désespérément l’attache de la ceinture pour mieux se débarrasser de la bande.

qu’avait-elle eu en tête ? héroïne ? elle ? bercée dans l’illusion d’un objectif en cours alors qu’elle s’imaginait déjà sur le podium des herolympiques pour sa performance en natation. à répondre présente pour athéna quand l’olympe a toujours vu leurs existences comme une divine comédie.


celle qui s’était fait avoir en beauté. le regard accroche un mouvement à l’arrière pour mieux apercevoir qu’elle n’est pas la seule survivante de la voiture. métal de la ceinture tapant contre la portière, à s’en faire entendre d'une quelconque façon quand la voix est tétanisée. pas un seul rayon de soleil venant s’abattre sur le véhicule accidentée pour lui faire garder un soupçon d’espoir.

( Et imagine tu meurs là.
T’auras servi à quoi Lina ? )

C’est un amas de véhicules.
Juste la mort qui vous entoure.
Est-ce que c’est comme ça la fin ?
Souffrance et désespoir ?
Est-ce qu’on se voit mourir,
Sans rien pouvoir faire ?

Salive ravalée.
Même ça lui donne envie de crever.
“Quelqu’un est vivant ?”
Dans cette carcasse mourante.
La voix qui se brise dans un souffle.
Elle a envie de chouiner.
Parce que Lina, elle sait pas gérer les choses comme ça.

( Mais aujourd’hui t’auras pas le choix,
Tu le sais ça, non ?
Ravale tes pleurs, ils sauveront personne,
Et surtout pas toi. )