Water's sweet || sujin

30/09 + 06h37 ;

Ce n'est pas la mer. Il n'y a pas de vagues sinon celles produites par le corps en mouvement. Il n'y a pas de lit de sable sur lequel se reposer et du fond du bassin, on peut voir clairement la surface. Les profondeurs sont celles qui existent au sein des poitrines de chacun. Lorsque l'air commence à manquer mais qu'il faut résister pour ne pas remonter.

Le restant d'oxygène dans ses poumons s'expire à grosses bulles allant exploser au-dessus de sa tête. D'une poussée, Orion les rejoint. Inspire avec force l'air retrouvant sa route dans sa poitrine. Il a perdu de son souffle, avant le drame, il était capable de rester bien plus longtemps que ça en apnée.
La longueur de bassin est avalée par la fluidité de ses mouvements, largement plus habiles et à l'aise dans l'eau que sur terre. Et alors qu'il trace sa route, Busan se dessine. Le noir des profondeurs remplace le sol limpide de la piscine. Il peut sentir la caresse du sel sur sa peau, entendre le murmure des vagues. Un regain d'énergie s'enroule à son ventre, laisse filer son corps sur la ligne d'eau, ses doigts touchant le bord avant qu'il ne réalise avoir parcouru toute la distance.

Le bord.
Il n'y a pas de plage lorsqu'il émerge. Ses pieds ne touchent pas du sable. Il s'agrippe à ce foutu bord des deux mains et y dépose son front pour expirer. Soupirer un peu trop fort. D'une main essuyant son visage, Orion retire ses lunettes et plaque en arrière les mèches folles de ses cheveux venues se coller à son front.
Sur un remous de vagues, il se tourne, plaquant son dos contre les petits carreaux et se laissant couler jusqu'au menton.

« - On pourra dire ce qu'on veut, la nage en pleine mer n'a rien à voir avec ça. » On se sent libre, incroyablement libre, en pleine mer. Minuscule aussi mais c'est plaisant. Ca fait partit de l'instant, du charme qui opère chez lui. De l'eau c'est de l'eau que dirait le profane, c'est vrai. Mais une piscine, c'est cloisonné. Un océan, c'est infini.

Rendez-vous immanquable ; ces débuts de journée — ou fins de nuits — partagés ensemble dans une piscine municipale. pour s'enrayer le coeur à l'effort, vider la tête de toutes ses préoccupations, laisser l'âme naviguer un instant entre deux brasses et un crawl ; quelques longueurs et déjà, les bienfaits qui se font ressentir. lourdeur des nuits d'urgence, à recevoir les émotions en vrac, gérer toutes ses sensations en pagaille qui viennent, par assaut, l'ensevelir sous des montagnes de désespoir — il y a de tout, des tristesses infinies aux hurlements persécuteurs, des regards diaboliques et chargés en ressentiment et des supplications muettes, implorant un dieu absent, occupé ailleurs. par vagues, les émotions surviennent — il les accueille. réceptacle malgré lui des déferlantes, ouragans de peine, maelström qui parfois, le noie aussi en l'entrainant par le fond. encore quelques secondes... ses poumons souffrent, privés d'air. la pression sous l'eau l'attaque sans répit. encore quelques secondes... jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus. jusqu'à ce qu'il ne tienne plus. vertiges qui le saisissent, et les pieds vigoureux qui frappent le sol carrelé, donnent l'impulsion libératrice. à la surface, l'aspiration fait presque mal tant elle insuffle la vie ; paradoxe dont il fait le constat trop souvent. souffle erratique qu'il récupère difficilement tout en souriant bêtement — il a tenu plus longtemps cette fois. apnée qu'il teste, et teste encore — revanche douce sur le temps qui passe inlassablement. il allonge ses bras sur le bord carrelé, étend ses jambes devant lui et relève la tête vers son ami. privilège de venir si tôt ; ils sont seuls. — I can't tell, i've never had the chance to try. océan qu'il n'aura vu qu'une seule et unique fois, de loin, avant de finir piégé dans une vie de contraintes et de responsabilités. sa nuque s'affaisse un peu, il se perd dans la contemplation trouble de l'eau alors que l'épaisseur accablante d'émotions le fige dans l'instant. — you got a lot on your mind, spill it. what's going on ? et cette franchise est toute naturelle, quand leurs vérités étaient toujours acceptées telles qu'elles, et que le jugement ne faisait pas partie de leur nature profonde.

30/09 + 06h37 ;

« - My mind is always full of stuff, don't worry about it. » Toujours pleine d'un marasme s'étendant sur l'océan de ses pensées telle une marée noire déterminée à tout recouvrir. Tout engloutir. Il expire, longuement, la surface de l'eau proche de son nez oscillant avec la ferveur d'un petit raz de marée avant de retrouver son calme. Ses mains tracent un cercle sous la surface puis viennent se réunir contre ses reins et la paroi lisse de la piscine. Celle d'Athena est plus douce, donne l'impression de toucher un bout d'infinie que l'on pourrait ouvrir rien qu'en poussant des doigts contre ce mur semblant presque fragile.

« - How's your daughter ? » Souffle-t-il finalement après un moment de silence entrecoupé du clapotis reposant des vagues par-dessus lequel ronronne la machinerie du bassin. Orion a voulu détourner le sujet de la conversation sur quelque chose de plus doux mais il a bien conscience que son ami ressent son trouble. Le moindre de ces nœuds comme s'ils étaient étalés devant ses yeux.
Ca doit être éprouvant, de ressentir les émotions les plus intimes des autres constamment. De les vivre comme si elles nous appartenaient. Ils n'en ont jamais parlé, de ce pouvoir qui court au creux des veines de Sujin, mais Orion est presque sûr qu'il fonctionne de cette manière. Et un instant, il le plaint. D'être ainsi soumis aux humeurs des autres.

« - There's something going on with Athena and Nemesis, they cancelled the Herolympics' ceremony, to avoid trouble but it has already begun. It's just a matter of time before the storm. » Un frisson remonte du fond de la piscine pour venir racler sa nuque de ses ongles cruels.
« - Someone who's dear to me is overseas right now and it scares me he could be hurt within me protecting him... Not only from Nemesis but myself, because I'm a fucking mess, and it's taking too long for me to find myself back again. » Il soupire, déteste se plaindre et encore plus raconter ce qui lui pèse sur le cœur. La psy se goure, des cordes n'y changeront rien. On ne peut pas attacher ses pensées noires et ce qu'elles apportent avec elles.

Trop franc, trop direct — qualité parfois dépréciée quand elle pouvait aisément s'apparenter à de l'inquisition, une curiosité mal placée — malsaine. s'il n'en était rien, il comprenait toutefois le rejet de son ami et baisse simplement la tête pour buller à la surface un instant. toutes les têtes sont pleines d'insécurités, de questionnements pesants et d'éternels recommencements ; la sienne autant qu'une autre. contre-attaque lorsqu'il évoque Soo Ah, et le sourire qui répond par habitude. — She's good. She's developed a more than dubious obsession with all the Ten, but how can you blame her? It's all done for. difficile de ne pas succomber aux tentations pailletées brandies et agitées devant leur nez ; les Ten, indispensables à la société. au fond, il ne savait pas vraiment quoi en penser. petite moue dubitative posée là, sur ses lèvres ourlées, tandis qu'il agite ses pieds à travers l'eau translucide et chlorée.

son regard charbonneux se relève vers lui lorsqu'il daigne lui faire part de ses pensées dont il ne peut saisir que le contour sans explications ; ça a toujours été ainsi avec son don, ressentir la dureté des émotions sans toutefois en saisir les raisons. connexion empathique fonctionnant avec déraison, l'empêtrant constamment dans le méandre de pensées diverses dont il ne saisissait pas toujours le sens ; trainé là, quelque part, entre vertiges et sensations — presque par habitude, il se laissait faire. il n'était pas de taille à stopper les torrents ; son barrage manquait d'étanchéité, et parfois aussi, de courage. en l'écoutant, il se rend compte d'à quel point il est épargné ; lui et sa vie modeste, loin des machinations d'Athena et des préoccupations héroïques. finalement, le destin ne venait pas le titiller pour qu'il trouve une solution à tout prix face aux échecs d'autrui.

c'est le coeur qui est touché ; et ça fait sens. lorsqu'il s'agit de l'endocarde, les émotions résonnent différemment — elles s'éparpillent, retentissent dans tout le corps et éclaboussent. elles sont tonitruantes, vives et difficilement manipulables ; aussi, pour Sujin, il est deux fois plus difficile de les comprendre. car le coeur a ses raisons que la raison ignore, dit-on — c'est vrai, qu'il confirme. d'un coup songeur, il réfléchit. à la position de son ami, à la piètre image qu'il a de lui, à cette culpabilité qu'il endosse comme par habitude, et à ces craintes qui trouvent naissance au milieu de tout ça. ah quel terrible conseiller fait il ! — Are you not allowed to join him, or are you stopping yourself because you're afraid of hurting him? comprendre, avant tout. — Finding yourself again? does that mean going back to who you were before the experience of prison and mourning? it's impossible, don't you think? la logique fait loi, quoiqu'on en dise. si Orion espérait redevenir celui qu'il était avant, c'était peine perdu. tout ce qu'il pouvait faire désormais, c'était accepter celui qu'il était devenu. — what would you like to change about yourself today? what have you lost that makes you so empty today ?

30/09 + 06h37 ;

« - Yeah, they're good at this. » Souffle-t-il d'une voix où s'emmêlent une certaine admiration et de la lassitude. Paperthin usé par le système n'a plus l'énergie de prétendre être charmé par cette jeunesse dorée que l'on envoie crever sous les projecteurs et les caméras. Il a, au moins, une profonde peine pour la plupart, pour cette gamine promu reine cet été en remplacement de son frère disparu.
Orion ne sait pas si c'était réellement une bonne idée de s'épancher comme il vient de le faire. Les mots ont été poussés hors de sa poitrine par un besoin presque viscéral de les laisser sortir. Comme s'il redoutait qu'à force de les garder là, il finirait par les y voir pourrir, gangrener tout l'édifice jusqu'à ce qu'il ne soit plus possible de guérir.

« - I am stopping myself. I've been violent to him, not physically but with my words and I'm letting him the space and time he needs. » Sa nuque vient s'appuyer plus fermement contre le bord de la piscine et il ferme un instant les paupières.
Quelque chose se froisse sur le papier de son visage. Une amertume mauvaise se glissant entre les fibres fragiles, usées par les années et les épreuves. « - What I'm thinking is, I know this man, I'm used to him and what he can or can't do. I don't know if I can manage this emptiness within me. » Les sourcils se froncent et les lèvres se pincent.

« - Everything. » Confesse-t-il après un long silence bercé par le murmure de l'eau roulant tranquillement entre les murs du bassin.
« - Prison destroyed me. I was like, you know, those animals that have to be put down because they're too wild to fit in? Yeah, that's me. » Un rire suturé, défait glisse sur la surface de l'eau tandis qu'il ouvre à nouveau les yeux.
« - I want to be someone you can rely on again, someone you know will protect you no matter what because that's who he is, because he's strong and whole. » Pas nécessairement ce modèle qu'on a voulu qu'il soit. Ce produit finit sortit du moule au fond duquel tant d'autres sont entrés depuis.

« - I don't care about recognition, I just want fear to be gone in my surroundings eyes, to be trusted again. » Sa mer intérieure ondule d'une tristesse faisant écho aux vagues animant le bassin. Orion inspire, se laisse glisser encore un peu le long de la paroi avec la volonté de disparaître sous la surface. Il s'arrête avant de le faire cependant.

Sous l'eau, son bras se tend et ses doigts viennent délicatement chercher ceux de Sujin.

il questionne, Sujin.
en douceur, la bonté de son coeur érigée comme la maîtresse irréprochable de ses intentions, il éprouvait ce besoin, irrépressible, de comprendre. ce qu'il ressentait n'était jamais très clair ou limpide, et d'un sentiment, d'une émotion, pouvaient en découler des milliers d'autres, liés aux souvenirs, à l'expérience, aux traumatismes ou encore à d'autres sensations plus fugaces, subtiles. un véritable château de cartes qu'il tentait de maintenir en équilibre tout en cherchant à retourner celles constituant le socle ; la manoeuvre était délicate et minutieuse. délibérément dangereuse, car à tout moment, il prenait le risque de voir s'effondrer le château et de devoir marcher sur les débris.
le risque, il ne le prenait pas toujours. mais pour Ori, si. car si jamais l'homme face à lui venait à s'effondrer (à nouveau) alors, il était déterminé à l'aider à tout reconstruire.

main tendue qu'il saisit, les doigts fragiles glissant contre les siens pour trouver une accroche ferme, d'une tendre impulsion il le guide vers lui pour l'accueillir au creux de son bras, l'autre appuyé contre le rebord de la piscine. étreinte affectueuse et chaleureuse qui propage des fragments de bien-être dans tout son corps, et le menton posé sur son épaule, il murmure. — i'm relying on you, Ori. parce qu'il connaissait son secret et il l'avait accepté exactement tel qu'il était. par son silence, il protégeait son enfant. Sujin n'avait jamais cessé de se reposer sur lui, ni de le voir comme le roc qu'il était, affrontant toutes les tempêtes sans bouger. — Can i ask you something ? la demande est incertaine. une nervosité grandissante s'affiche sur son visage alors qu'il se recule pour lui faire face. — If Soo Ah joins Athena, could you look after her ? et sa confiance était telle qu'il lui confierait sans hésiter son unique enfant.

30/09 + 06h37 ;

Les paumes s'effleurent malgré l'eau s'apposant entre elle tel un rempart. Orion en frissonne et se laisse attirer vers le corps de Sujin contre lequel il se love malgré lui, quémandeur d'un contact, de chaleur. D'un tout diffus dont les nuances lui sont indéchiffrables mais qui existe et creuse un profond manque au creux de sa poitrine. Sa thérapeute lui fera prendre conscience quelques jours plus tard, à quel point ce geste si simple, tenir la main de quelqu'un auquel on tient, est devenu une difficulté pour lui. Un interdit.

Sa tête bascule lentement sur le côté jusqu'à ce que sa joue ne vienne se poser contre les cheveux humides de son ami. Son regard s'abandonne au cœur des vagues fausses ondulant à la surface du bassin recouvrant son calme.
Au delà de la confession troublant son cœur, c'est la douceur de ce surnom qui le chavire. Parce qu'il est intime et réservé à peu. Très peu. Seulement trois, dont un semble à jamais disparu à présent. Orion en pince les lèvres, ferme un instant les yeux pour ne voir la petite barque soutenant les reliques de son humanité vaciller trop fort par-dessus le ressac de sa mère intérieure.

« - Sure, go ahead. » Murmure-t-il d'une voix plus grave qu'il ne l'aurait voulu. Cette vibration intime qui enveloppe à la manière de bras puissant jurant que, tant que l'on se tient en leur centre, rien ne pourra nous arriver.
Orion remonte à la surface, poussé là par la question. Ses yeux s'ouvrent pour fixer un point vide au fond du bassin. Là où danse l'absolue confiance que lui confesse Sujin et qu'il ne mérite pas.

« - She's too young to be taken away from you, don't think about all this shit yet... » C'est cruel, pour un parent de s'imaginer privé de son enfant. De le voir disparaître et ne faire ensuite que l'apercevoir sous les regards de ces autres qui l'auront façonné.
Sous l'eau, les doigts d'Orion se resserrent contre ceux de Sujin. Scellent une promesse faite de silence et du murmure de l'eau clapotant tranquillement sur la ligne du rebord du bassin et celle de leur corps.

« - If I'm still here when she'll have to give herself to the Great, I'll try my best to watch over her... » Un soupir vient faire vaciller le calme régnant autour d'eux. « - Do you rely on me so deeply ? »

au détour des confessions intimes, elle avait fini par s'échapper — la triste, cruelle et inévitable vérité. de ses gènes atypiques, il lui avait légué le pire ; fléau perçu par beaucoup comme une bénédiction, quand il ne s'agissait que d'un noeud coulant autour du cou. Athena, divine strangulation qu'ils devaient tous implorer. et s'il rechigne tant à lui confier son unique enfant, c'est parce qu'il sait, Sujin, qu'une fois entrée dans le système des super-héros, Soo-Ah ne pourra plus en sortir. cela le terifie. était-ce, une fois encore, son égoïsme qui le poussait vers la méfiance ? la peur panique de perdre l'unique valeur de sa vie — cela arrivera, tôt ou tard. inéluctable, la destinée de sa fille ne connaissait pas d'autres issues. c'était Athena ou la fuite permanente ; car, contrairement à lui, son talent était bien plus visible. — But I have to. Prepare myself. Cuz one day, she'll be gone. les préoccupations s'alourdissent au cours d'une vie d'adulte. elles deviennent plus lourdes, plus entêtantes alors que les responsabilités augmentent. il ne s'était jamais réellement imaginé père avant de le devenir, Sujin ; et parfois, des sentiments apparentés à des regrets sans en être réellement venaient hanter ses nuits d'insomnie. les promesses réconfortent peu, mais si elles ne chassent pas la douleur, elles redonnent un peu d'espoir. et c'est tout ce dont il a besoin, Sujin, pour avancer encore & encore. d'un peu d'espoir.

— Yes, I do. You're the one who saved us all, how could I do not ? à son tour, il laisse échapper un soupir. la vague de détresse le tire par le fond, mais il résiste. ces langueurs de tristesse ne sont pas les siennes, il le sait. ce sont des lames de souffrance, persécutrices sans relâche ; elles érodent la bravoure et attisent les doutes. ils sont nombreux à fustiger leur hôte. — Plus, I'm sure I'm not the only one. And this guy you're into, don't give up. Just, take it slowly, give you time. Maybe you need to focus on rebuild yourself, understand your feelings, control your emotions. The more you'll listen to yourself, the more you'll be able to listen to others. et il ne pouvait pas s'en empêcher, Sujin, de croire en son ami à tout prix. croire qu'il s'en sortirait parce qu'il le méritait.

30/09 + 06h37 ;

« - She's just a kid, you still got plenty of time. Besides, she won't be gone, doors are not look in there you know. » Orion ne peut pas avoir la pleine mesure de ce que ressent Sujin. Il n'a pas conscience de tout ce qui s'ajoute à une vie déjà bien compliquée lorsqu'une seconde vient s'y emmêler. Ce n'est pas un partenaire avec qui tracer la ligne de son existence, c'est un enfant qui dépend de son parent. Une source d'amour incroyable et intarissable mais qui s'accompagne aussi d'une somme de tracas que l'on ne peut pas même entrevoir lorsque l'on est étranger à cette situation.
Il ne peut qu'imaginer, essayer de se mettre à sa place, rien qu'un peu pour tenter de comprendre ce qui peut le troubler à ce point. Cette peur paresseuse mais constamment présente. Elle pourrait s'accorder à la sienne bien que leur origines soient différentes.

« - Stop saying that, please. » Ce n'est pas vrai. Ca ne l'est plus. Tant le geste a détruit, blessé. Fait vaciller tout un univers sur son axe pour le retourner totalement et n'en laisser qu'un champ de ruines.
Orion soupire, doucement, son souffle troublant la surface faussement calme à présent du bassin.
« - I don't have time. I've already lost so much of it, I don't want to watch it pass me by again, and over again.I was on hold for eight years, I can't be the one who's not moving when everyone else goes forward. » Car à la fin, Orion le sent, il le sait, il sera seul sur sa ligne d'arrivée distendue à l'aube de ses vingt-six ans, là où son temps s'est arrêté.

« - It's not that easy for me. Listening to myself, what I want or feel or whatever. It's not what I was built for. And I'm not sure I wanna know, what this man wants for himself. » Une simplicité qu'on lui a refusé trop tôt. Qui l'attire autant qu'elle lui fait peur.

perdus — enlisés trop profondément dans un système qui ne leur octroyait aucun répit, car le temps ne ralentissait pas pour les âmes meurtries. quoiqu'il dise, rien ne pourra étancher la peine de son ami, rien ne sera jamais suffisant pour soulager ses maux ; et s'il peut mesurer l'étendue de sa souffrance, il est finalement bien démuni lorsqu'il s'agit de la soigner — fissure narcissique. on se construit avec nos erreurs et nos incapacités, parait-il. les appels de détresses sont nombreux, les doutes aussi. ils les plongent tous deux, dans les eaux sombres de la désolation, celles qui semblent coller à la peau pour l'en imprégner totalement. il est triste, Sujin. triste de ne pas pouvoir, de ne pas savoir comment, aider son ami. triste de savoir comment il se sent, comment il se voit. son optimisme, rude à toute épreuve, est fortement mis à mal ; pourtant, quelque part en lui, il y a toujours cette petite voix, lueur d'espoir, qui dit que s'il s'en est sorti là-bas, il s'en sortira ici. finalement, la vie n'est qu'une prison à ciel ouvert, n'est-ce pas ? il évitera de lui faire part de ses pensées qui pourraient être mal comprises et mal interprétées. il en a dit assez, et tous les discours n'apporteront plus rien de bon. Orion n'a pas besoin d'entendre ce qu'il faudrait faire pour qu'il s'en sorte. ce matin, c'est le réconfort qu'il cherche ; et c'est avec simplicité que Sujin doit le lui apporter ; c'est ce qu'il finit par comprendre. — Come here. là, au creux de ses bras. peut-être qu'ils sont moins puissants que les siens, mais pas moins chaleureux. peut-être que son corps est moins robuste, mais il est plein de douceurs à donner. ses bras se referment autour de la carcasse légèrement tassée de son ami, et il le serre avec une force toute relative. — You'll get throught it. One way or another, you'll get throught it. Don't give up. murmures déposés là, tout contre son oreille alors que sa main vient lisser ses cheveux mouillés vers l'arrière.