lost in yesterday. (kim)

lost in yesterday.
@wang kim
athena tower.

s

ous l’eau pour ne pas changer, haejin avait fini par réapparaître sur le plateau après plusieurs jours de filature avec une éraflure sur la pommette gauche, blessure que sa peau d’acier n’avait pu éviter mais l’homme ne s’en plaigna pas pour changer. il avait connu pire, qu’il marmonnait aux quelques collègues de passage également, sans lever le regard, concentré sur la pile de papiers et cherchant un nom. un coup d’oeil sur l’horloge lui annonce quelque chose qu’il détestait, faire des heures supplémentaires. numéro deux est en face de lui, avachi sur une chaise à l’observer ; il ne lui propose pas son aide, mais à la place, il prend son téléphone pour appeler kim. plusieurs sonneries sans que rien ne coupe pour révéler la voix de la psychologue. il recommence à plusieurs reprises, en sachant pertinemment que son ancienne élève mettait toujours son téléphone en silencieux, il n’avait jamais su pourquoi, n’avait jamais cherché à savoir. il lève la tête et numéro deux explose à sa demande. si kim ne répondait pas, alors il se transportera jusqu’à elle.

il connaissait le trajet par coeur maintenant, à dévaler les couloirs du building et changeant brutalement d’environnement. l’homme qui avait plus sa place sur le terrain qu’entre quatre murs n'avait jamais hâte de revenir mais c’était entre ses murs qu’il avait l’occasion de retrouver quelques visages familiers et prendre la température dans le lourd environnement où ils travaillaient, volontairement. haejin s’approche de son bureau et ouvre brutalement la porte sans annoncer son arrivée, la tête dans son téléphone. « tu répondais pas. » qu’il annonce, avant de lever les yeux vers la psychologue, hoche la tête en guise de salut.

lost in yesterday.
@byun haejin
athena tower.

Kyubok || Bureau de Kim

M

ême si elle lui devait énormément, Byun Haejin représentait deux choses que Kim détestait de tout son coeur : le patriarcat et l’imprévisibilité. Elle sursauta violemment quand la porte s’ouvrit, se retournant avec une arme létale dans les bras qui déploya un bouquet d’immenses ronces qui telles des tentacules aussi tranchantes que des rasoirs ouvrirent leurs bras au dessus de la tête du visiteur impromptu. Kim Kyubok avait beau être fatigué, personne ne touchait à sa mère.

« Mais frappe au moins à la porte nan ?! » pesta Kim, la voix tendue de contrariété.

Les battements de son coeur redescendirent rapidement pour reprendre leur rythme calqué sur le serpent dont elle tirait son venin, c’est à dire plus lent que la normale, proche d’un état méditatif. Kyubok était inconnu de la quasi totalité des personnes qu’elle fréquentait, mais pas d’Haejin-sunbaenim. Ce dernier avait remarqué puis suivi sa grossesse de bout en bout parce qu’il la connaissait trop bien. Visiblement, il existait quelques hommes capables sur cette foutue planète qui remarquaient ce genre de choses.
Tu me diras : on n’atteignait pas son rang dans la hiérarchie en n’étant pas un minimum observateur.

« C’est bon Bokkie. » soupira-t-elle.

Les immenses ronces se replièrent dans le dos de son fils dont les yeux sombres reprirent soudainement vie. Dans son bureau dépourvu de meubles à l’exception d’un canapé design blanc et d’un bureau conçu sur le même modèle, aux murs remplacés par des écrans oled qui permettaient de multiples projections aussi rêveuses qu’atroces, n’importe qui paraissait terne et crade. Pas Haejin. Et c’était un exploit.
Kim posa son fils sur le sol.

« Salue Haejin-sunbaenim et va t’allonger pendant que je termine. Je te réveillerai quand on partira. »

« Annyeong-hashimnikka Haejin-sunbaenim. » s’exécuta le petit enfant avant de gagner le canapé qui s’adapta immédiatement à la forme de son corps.

« Pallas, baisse les lumières. »

« Bien madame. » répondit une voix monocorde.

L’intelligence artificielle responsable des sons et lumières de cette grosse boîte futuriste transforma les lueurs blanches et impersonnelles en ambiance tamisée de bleus et de violets presque sensuelle. Les écrans s’allumèrent un par un autour d’eux pour représenter une vision en 360° de fonds marins, destinés à apaiser l’enfant.

« J’étais occupée, comme tu peux le constater. Je n’ai pas pu le faire garder ce soir. Tu voulais me parler ? » demanda-t-elle.

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@wang kim
athena tower.

p

remiers pas dans le bureau que l’aîné manque de se faire toucher par les ronces peu agréables provenant d’un individu auquel il pardonnerait tout. haejin se penche instinctivement vers l’arrière, et grand sourire vers le bambin ignorant sa mère. « hm. j’y penserai la prochaine fois. » qu’il répond face à l’agacement de la psychologue, légitime, bien qu’il en pensait pas un mot. toujours à débarquer sur le moment quand il avait besoin de quelque chose, l’esprit fixé sur un seul objectif. la politesse venait alors en second rang, facile à faire avec son ancienne élève.

l’homme attend patiemment, aux ordres de la mère, que les ronces se rétractent sous la volonté de kyubok avant de s’avancer, appréciatif au salut imposé par sa mère qu’il retourne à sa manière avant que le garçon n’aille dormir. « un jour comme un autre. » des journées calmes ? il ne connaissait pas. il trouverait presque son réconfort dans les journées qui ne voulaient pas finir, presque s’il n’avait pas un compteur qui allait jusqu’au jour où il allait enfin raccrocher la casquette. « j’ai besoin d’infos sur lui. » qu’il annonce, objet de la visite, en pointant du doigt une photo qu’il avait ramené à l’occasion. héros incarcéré qui était – il fût un temps – patient de kim. son regard balance entre la photo et elle, jusqu’à ce qu’il finisse par s’arrêter sur kim. « y a un truc qui ne va pas. » qu’il ajoute, sans interrogation. et ça ne concernait pas l’objet de la visite.

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@byun haejin
athena tower.

Kyubok || Bureau de Kim

H

abituée aux discussions laconiques avec son ex-mentor, Kim s’était immédiatement détournée pour terminer de ranger les rares affaires sorties pour prendre soin de son fils. Ce dernier par sa présence avait mis un peu de vie sur les lieux désespérément vides, que Kim n’occupait que des quelques outils technologiques qui permettaient de faire fonctionner le bureau. Elle n’avait pas de sac à main : simplement une ceinture technique qui contenait ses papiers principaux, et un holster d’épaule dans lequel elle glissait son téléphone.
Ce soir, il y avait un sac à dos sur la chaise, et quelques crayons sur le bureau qui faisaient désordre par rapport à l’esthétique sophistiquée habituelle de la jeune femme.

« Qui ça ? »

Les crayons de son fils rassemblés dans sa main, elle se retourna pour regarder l’écran du téléphone qui luisait dans le noir. Elle le détailla un instant, leva les yeux vers Haejin à sa remarque.

« Oui y’a un truc qui va pas ; je crois que le type que tu me montres est mort. » Elle haussa les épaules. « Ou en tout cas il fait bien souvent de l’être depuis plusieurs mois. »

Elle rangea les crayons dans une trousse et contourna le bureau comme le sens véritable de la question pour faire disparaître le bazar du plateau dans le sac à dos qu’elle referma dans un crissement sec de fermeture Eclair.

« On va dans la cuisine à côté si tu veux discuter. Tu veux un café ? » demanda-t-elle.

Ses doigts gantés s’emparèrent de son portable pour le brancher à Pallas qui saurait l’avertir par une notification si son fils avait besoin de quoi que ce soit.