♡,, coeurs élastiques ❪ yan ❫

(eh yan,
tu l’entends son corps tout entier,
craquer ?)
souffle hâché d’une nouvelle séance semblant faire écho au vide qui l’habite - la fatigue qui gagne son visage, enterre ce qui lui reste de douceur.
et y’a cette vague colère qui la parcourt, à se sentir trop faible, trop vulnérable.
à n’être qu’une chose entre tes doigts ; expérience décevante ne semblant mener à rien.

elle se redresse, balaie une mèche de son visage couvert de sueur.
face à toi, bae n’a plus rien de sonata.
elle ne dévoile que ses failles, cette porcelaine usée qui lui sert de coquille que tu cherches à briser pour récupérer ce qu’elle a perdu.
(mais parfois yan, je me demande pourquoi recréer un nouvel enfer,
au moins,
je m’étais habituée au mien)
“stop.” ça s’arrache d’entre ses lèvres, comme un morceau d’elle qu’elle propulse avec ses dernières fois. “there’s no point in continuing today.” ou peut-être tous les autres jours.
parce que y’a eu cet espoir trop brillant de pouvoir recouvrer ses pouvoirs, et la terreur de les utiliser qui l’accompagnent - à s’effrayer de la douleur, cette vague immense des souffrances d’autrui qu’elle a avalé toute entière.
(tu sais, j’avais assez des miennes)
“just.. please.”
et peut être que tu la juges pour tout ça. peut être que tu l’observes sous ton objectif froid et aseptisé d’un médecin qu’a juste un problème à résoudre, une fille cassée à réparer. remodeler.
et même si c'est pour lui et cette cause qui la dépasse, pour la première fois elle se dit que ça suffit peut être pas.
bae est trop fragile - qu’on murmure au sein de votre groupe.
(vous avez sans doute raison).

éclipse du coeur quand les gants aseptisés embrassent le derme.
tout qui semble se réduire aux bruits du métal de ses outils, et des respirations ; tout le reste est de trop, un surplus à assassiner. voit pas les heures passées, voit pas le monde changer, quand la tâche est entre ses mains, tant qu'il n'a pas déchiffré le code, ou heurté le mur.

mais dans cette danse à deux que vous menez,
c'est toi qui t'y fracasse la première.

la première demande qu'est pas enregistrée, parce qu'il est parti trop loin ; victime de l'abime qu'est son encéphale. psyché noyée dans la mer des possibilités, à essayer d'en éliminer quelques unes. there’s no point in continuing today. ça fait tiquer l'égo. pessimisme insulte, à y déceler un manque de confiance en ses capacités. frustration miroir s'installe sur le coeur, se manifeste en un éclat de colère. le fracas de ses outils qu'il abandonne contre la table. le grincement du latex quand il retire ses gants. y'a que le bruit de ses mouvements pour briser le silence de la petite salle. pesanteur demeure, même quand c'est au fond du sofa qu'il s'abandonne.

" what were you expecting bae? " les premiers mots qu'il t'adresse, brise enfin son mutisme têtu. brusque, le choix des mots qui ne s'est visiblement pas fait ; la sensibilité d'une moissonneuse-batteuse. " if your condition was easy to fix, athena would've fixed you a long time ago. " et je serais pas là à essayer de recoller tes morceaux. demande qu'il a pas été en mesure de refuser. parce que c'était lui qui le lui avait demandé. parce que t'étais une énigme à résoudre. il avait juste pas prévu que ce soit aussi compliqué de collaborer avec toi. il comprend que c'est pas simple pour toi, mais qu'est-ce qu'il l'est dans cette putain de vie ?

elle a l’impression de déborder.
qu’elle arrivera jamais à l’avaler, ce putain d’océan, cette masse immense de flotte qui cesse de lui échapper -
ça sort par son nez. ses oreilles, sa bouche, ses yeux complètement révulsés ; la marée noire qui l’habite ne cesse de la noyer.

elle aurait espéré à tes côtés moins boire la tasse.
que tu l’aiderais à percevoir la terre à l’horizon - une bouffée d’air qu’elle se prend à rêver, sans que tu puisses lui offrir.

mais c’est ça son problème à bae : elle ne peut s’empêcher de courir après les chimères. ces mêmes créatures qui t’animent, te poussent dans cette frénésie ; t’es hors du temps, yan, lorsque tu bouges, lorsque tu réfléchis, lorsque tu fracasses tes outils dans cette colère qui est tienne.
alors elle cesse de bouger.
aucun geste ne lui échappe tandis qu’elle te suit du regard.
elle ose pas parler.
pas animer cette houle qui t’habite, qui se fracasse contre la coque de son navire. cette vieille barque mal fichue, à l’allure chétive que t’a envie de rebâtir. d’en faire peut-être même ton plus beau bâtiment.
et c’est cette idée qui la fait fermer les poings et baisser la tête comme presque honteuse - parce qu’elle a pas ta force. pas ton esprit. pas cette vigueur incandescente qu’elle se prend à admirer ; et soudainement la douleur semble dérisoire, tant tu sembles vouloir l’aider.

(c’est peut-être juste le challenge qui t’animes,)
elle te jette un coup d’oeil et cherche tes yeux - comme pour te comprendre un peu mieux.
(mais je peux pas m’empêcher d’espérer que ça soit un peu plus que ça,)
parce que la solitude continue de la dévorer.
“i’m sorry.” ça s’échappe de ses lèvres comme une cascade glacée, à moitié soufflée, à moitié jetée - une piètre excuse qui arrive à peine à résonner. “i didn’t mean to make you mad at me.” elle joue un peu avec ses doigts, parce que c’est plus facile de se concentrer sur ces noeuds invisibles que sur ceux qu’elle a créé malgré elle. “i- i just wanted a small break.” un jouet animé. fracassé mais doté de vie, doté d’un coeur, qui pulse derrière ses côtes de manière presque frénétique. “i’m gonna do better.”
prendre sur elle.
endurer le monde s’il le faut.
sombrer dans cette souffrance, dans ces cauchemars, dans tout ce qui la terrifie.
pour un peu de gloire.
un peu de valeur à tes yeux,
dans les siens, aussi -
être un peu plus que cet objet, une femme qu’on se prend à estimer.

il te comprends pas bae.
c'est toi qui voulait retrouver tes pouvoirs,
toi qui voulait te relever de la boue où t'étais tombée ;
essayer de rejoindre les étoiles à nouveau ?
c'était pas ça que tu voulais ?
à tout prix.

il est là que pour t'aider, pour essayer de rafistoler les fragments de tes ailes brisées. il est pas là pour te porter sur son dos jusqu'aux firmaments. ça le dépasse cette attitude en demi-teinte que tu affiches. mais il peut pas comprendre yansheng, parce qu'il a toujours tout donné ; a mis son coeur et son âme sur la ligne pour chaque chose qu'il désirait. il a jamais su faire dans les demi-teintes, toujours dans les extrémités, à osciller entre néant et passion. a toujours cru que les efforts porteraient leurs fruits, qu'il faut simplement persévérer.
mais de toute évidence, c'est pass aussi simple pour tout le monde.
certains se voient emportés par les vagues.

i’m sorry. comme une gamine qu'on sermonne pour avoir oublié d'apprendre sa leçon. la vulnérabilité qui fait écho à des souvenirs plus lointain ; à une époque plus simple, mais qui fait aujourd'hui bouillir son sang. souvenir de cette femme douce et chétive, de celle pour qui il aurait tout donné, rien que pour pouvoir passer sa vie à ses côtés dans la plus douce normalité. celle qu'avait changé, ou peut-être qu'elle s'était juste trouvée. celle qu'avait appris à utiliser ses larmes comme des armes, et sa fragilité comme un poison. " a'yan, i'm sorry. i didn't mean to hide it from you. i had no choice, i did it for us. "

les supplications fantômes, et ses traits baignés de larmes encore brûlés dans les entrailles. " that's not what i asked. " ça fuse des lèvres, coupant. ça fend tes excuses, la tension, peut-être même un peu ton âme. si t'étais désolée, pourquoi l'avoir fait, tout simplement ?

mais t'es pas elle.
et il émerge rapidement, se perd pas longtemps dans les souvenirs venins. il t'a sans doute fait peur, t'a sans doute blessée. " i'm... " sorry. mais il se ravise, les mots qu'il ravale. il avait qu'à pas agir comme ça en premier lieu, pas vrai bae ? les doigts passent dans les mèches foncées, un sourire s'échoue au bout des lèvres. " it's ok to need a break. it's ok to want one. " l'homme de médecine qui reprend le dessus, repousse les sentiments et les éclats pour se faire pédagogue. " i just need you to believe that it can get better, that it will. that i will make it better. " parce qu'il lui a promis, et qu'il renouvelle aujourd'hui cette promesse en ta présence.
t'es amochée bae, mais t'es pas brisée.
y'a encore moyen de te sauver,
si t'y mets du tien.