la chute * baecho

Quand ma main se tend vers toi,
prends-la.
Et ne la lâche plus.

Les temps sont confus. Il fait noir, mais tu sais, il y a toujours cette petite lueur quelque part. Elle viendra raviver tes iris un jour.  

Je te le promets.
Et tu sais que je tiens toujours mes promesses.

Sois prête à sauter, Bae. Ne crains pas la chute. Il sera là après tout, il a toujours été là. Les bras tendus pour te rattraper. Mais faut oser le faire. Alors n’aie pas peur.  

Je suis là.  
Et je ne pars pas.  

Son poing frappe contre ta porte. Il est 23h comme annoncé. Jamais en retard. Son ombre qui se noie dans les obscurités de la nuit. Il se laisse enlacer par les terreurs, jusqu’à ce que tu lui ouvres, et que tu viennes l’illuminer. “Here you are.” Il s’immisce. S’invite. Ses épaules te frôlent. Il vient se joindre à toi dans tes désespoirs. “Are you fine today ?” Se retourne-t-il pour te faire face. “I had a particularly tense day, i hope yours was better.” Et un léger sourire vient éblouir cette mine toujours si fière.  

Et tout ira bien,
si on reste ensemble.

(echo tu sais.
ce monde, je le hais
pour toi
j’en ferais mon paradis
nous vivrons à deux
heureux
le monde à nos pieds)

c’est comme si depuis ce jour là il ne restait plus que des morceaux d’elle, qui s’éparpillent dans son sillage, s’effeuillent comme un objet trop fragile, qui se désagrège au fil du temps. pierre calcaire, malléable, sans aucune solidité, dont le sel et l’orage viennent lentement l’effacer.
elle se demande dans combien de temps son portrait s’effacera de ton encéphale. inutile. oubliée - n’a d’éclat que sur le papier glacé.

les silences avaient quelques chose de ravageur. ils la dévorent alors que les voix se détournent d’elle pour ne se concentrer que sur ceux qui savent briller. mais celui ci semble plus léger. car bae fixe l’horloge - 22h59 - d’un air insistant. compte les secondes qui s’égrainent en apnée, silhouette gracile, parfaitement appraitée, dont les pieds battent l’air tandis qu’elle demeure assise sur le plan de travail de sa cuisine. (le temps file. mais quand tu n’es pas là, ce n’est jamais assez).

ce soir,
cette nuit,
jusqu’à l’aube si tu veux
elle s’offre encore à toi.
s’accroche aux instants que tu lui offres comme au graal. une gorgée de la coupe sainte dont elle est désormais si souvent privée. et elle ne t’en veut pas bae. te sait occupé. te sait attitré à tes occupations de haut gradé, et ces rêves que tu collectionnes, qu’elle aimerait pouvoir te décrocher. alors elle réarrange son emploi du temps sans cesse, dans l’espoir que tu t’y glisses quelques secondes supplémentaires.

(tu es le seul qui compte)
et parfois sous mes pieds semble se dessiner ma tombe
(tu sais, j’ai peur de moi même)
mais peut être suis je plus forte à tes côtés.
alors j’essaye,

la sonnerie en délivrance. quelques pas seulement pour rompre la distance - et son visage s’illumine à bae, chasse les ombres, la fatigue et ces insomnies qui la hantent. elle reste plantée là. laisse ta voix suave la cueillir en réfreinant l’envie de se jeter dans tes  bras. now i am.  qu’elle glisse en s’écartant de l’ouverture. car ça fait des jours qu’elle n’a plus de tes nouvelles. des semaines que les échanges sont concis, engourdis - presque amers de sa défaite. can i help in any way ? et y’a toujours cet espoir presque futile de pouvoir t’alléger, te procurer ces sensations qui la traversent lorsqu’elle t’observe. elle sait. tu ne t’es pas déplacé pour rien. mais malgré tout elle se demande si elle ne t’a pas elle aussi un peu manqué (chez elle, ça avait l’effet d’un raz de marée). you should rest someday. léger sourire. you can ask anything. i’ll do my best. elle. toute entière. pour toujours.  

Sous les orgueils,
il est possible de se perdre.  
Il est possible de détruire tout autour de soi.  
Dont toi, Bae. Sa douce Bae.
Comment te sens-tu après son silence ?

Tu sais, il s’en veut. Il a tourné en rond. Les colères ont sonné. Mais les remords l’ont emporté. Puis, il est revenu.

( Te tendre la main. Te récupérer. )

Et te voilà. Tu n’as jamais changé. Tu l’as toujours attendu. Ton beau sourire. Ton envie de vivre qui vient l’étreindre.  

Mérite-t-il tout ça ? Te mérite-t-il, tout simplement ?  

Et les regrets viennent le ronger un peu plus de t’avoir laissée dans le noir toute seule. Peut-être que tu as pleuré, peut-être que tu lui en as voulu. Mais quand il t’en regarde dans tes lumières, alors il se promet qu’il sera là pour en essuyer tes prochains chagrins.  

Parce que tu ne seras plus seule,
je te le promets.

“I need you, Bae.” Auprès de lui. “If you come with me, i will rest.” Contre toi, si tu veux. Et tu pourras aussi poser ta tête sur son épaule. Tu dois être fatiguée aussi. “I don’t want to rush you.” Parce que peut-être, tu ne veux plus de lui.  

et y’a cet espoir - cette petite allumette craquée dans la pénombre, se consume dans sa fin ;
une lueur vascillante, persiste lorsque ton regard croise le sien,
lui donne soudain l’impression d’exister.
parce qu’elle s’en fiche, bae.
tu peux bien l’ignorer des années, ce qui compte c’est que tu finis par revenir,
comme si toi aussi t’étais bien incapable de l’abandoner.

(pour toi,
je ferais n’importe quoi,
prends ma vie, echo,
je te la donne,
ça et tout le reste)

et y’a cette conviction qui vibre en elle, explose et crépite le long de son épiderme au rythme de tes paroles - ces syllabes dont elle s’abreuve avec véhémence, à se sentir vivante quand tu la regardes, cette main tendue en délivrance.
elle retient ses larmes parce qu’elle sait que pleurer ne sert à rien - de toute manière, les larmes avaient fini par lui manquer.
alors elle ose tendre le bras, effleurer du bout des doigts ta main détendue, comme pour s’assurer que c’est pas un mirage, pas un mensonge qui se dessine sous ses paupières en dernier recours pour ne pas se laisser crever.
son souffle lui manque, s’écorche contre ses lèvres avec douleur et elle sourit, parce qu’elle a plus que ça à te donner. “you don’t.” et elle voudrait s’échouer dans ses bras. y passer la nuit toute entière, et toutes les autres si tu lui permettais. mais elle ne bouge pas. reste bien plantée là, consciente des limites malgré tes paroles. “i… i was just waiting for you.” elle étouffe un sanglot entre ses lèvres, parce que la douleur semble factice désormais qu’elle te voit ici. “i was not sure you would come back. i’m so grateful to see you there, i - i wil go with you. you don’t even have to ask.” parce que sa place n’est nulle part d’autre, tu sais.
elle disparaitrait sans toi.
 

Comment pourrait-il te tourner le dos ?
Quand tu le regardes ainsi.
Tes yeux cristal.  
Ceux qu’il ne pourra jamais détester.

Et même dans ses mensonges,
les illustres fresques de sa démence.  
Il y a toujours un éclat de vérité pour toi.  
Il fera peut-être sombre,  
mais rien ne vous séparera.
Pas même les convoitises. Pas même les orgueils.  

Toi, d’un toucher des plus purs.  
Parce que c’est le destin.
Un fil rouge qui vous lie de vos doigts.
Cadenassés l’un à l’autre.  

Comme une promesse de toujours se retrouver.  
A chaque instant. Qu’importe l’endroit.
Prends sa main. Souris-lui.
C’est le cœur qui s’apaise quand t’en dis rester auprès de lui.
(Et je ne partirai plus, promis.)  

“It’s okay. It’s over.” La main qui se tend vers toi.
Prends-la, et ne la lâche plus.  

“Don’t cry. I’m staying tonight.”  
Pour te retenir un peu plus longtemps.
Te voiler les yeux de ses mains,  
une nouvelle fois.