♡,, glass skin ❪ arin ❫

“les lumières des projecteurs effacent tout :
elles chassent la moindre aspérité au simulacre de sa peau, efface ces fissures par centaines qui gangrainent sa beauté.
idoles auréolées de perles, de cet or plaqué - fausses saintes sans rien à réellement vénérer.
tu t’es élevée, arin, plus encore que bae - tu surplombes le monde avec passion.
(bae a longtemps cru te rejoindre),
espoir miroitant d’un avenir plus rutilant,
jusqu’à ce que tout s’effondre et ne reste que cette poussière de diamants.
les paillettes ne suffisent plus à maintenir l’illusion d’une quelconque équitée : elle se sent prostrée, bae, alors qu’elle se voit désormais dépourvues d’ailes.
(et toi tu t’envoles. toujours plus haut, toujours plus loin.)
alors soudainement, vous deux, ça n’avait plus de sens.
ça résonnait un peu faux - ou peut être que la chimère de votre amitié s’est estompée, et que désormais elle s’est rendue compte de ce que vous étiez : un produit marketing, comme tout le reste, destiné à vendre du rêve à ceux qui ont les pieds sur terre et ne pourront sans doute jamais décoller.

alors quand elle arrive dans la salle de réunion de son agence, elle comprend pas trop bae. se rappelle ces semaines de silence éloquent ; synonyme d’un monde qui s’est divisé. toi sur ta planète, elle sur la sienne, parce que vous ne faites désormais plus vraiment partie du même univers.
“arin… hi.” son ton peut paraitre hésitant (presque un peu offensant), bien incapable de masquer sa surprise. interférences entre vos deux systèmes - peut-être qu’elle rêve de te voir là. “didn’t expect to see you today.” elle sourit, un peu, tandis qu’elle s’approche du salon dans lequel tu es installée. “it’s been a long time.” si long qu’elle se demande si vous avez été un jour quelque chose, un semblant d’amitié, une relation quelconque, ou seulement des étrangères à la recherche de leur camus pour espérer exister.

“ C'est ce qui arrive souvent tu sais,
c'est pas forcément de ta faute.
A partir du moment où elle a mis un pied dans l'Olympe, elle a repoussé tous les éclats d'imperfection. Toi Bae, on t'a arraché tes ailes trop brusquement. T'étais l'une des preuves que vous étiez peut-être pas tous aussi puissants que ça, alors elle s'est écartée.

( moi aussi j'dois survivre )

Et c'est chacune à votre manière. Arin accepte tout, l'héroïsme, les applaudissements, les grandeurs. Arin accepte le sang, les meurtres, le silence qu'on s'impose aux mauvais. Elle se tait devant lui et elle a appris à faire taire cette peur qu'elle considère trop enfantine. Après dix ans, elle n'avait pas le droit de douter des choses qui marchent.
Et le poison dans leur veine,
ça fait encore battre leur coeur.

Elle a jamais été aussi haute que maintenant, alors pourquoi ça l'ennuie ? Elle s'est jamais posée la question, elle vit comme elle pense qu'elle doit vivre. Sauver des gens, c'est presque secondaire à ce stade.
Et un jour, sous les tissus trop chers,
elle a pensé à toi sans trop de raison.

Elle sait pas si elle fait ça pour retrouver un quelconque loin, mais sur le moment c'est pas ce qu'elle voulait qui compte. T'es tellement belle Bae, alors c'est tout ce qui lui fallait. Elle avait envoyé son manager t'écrire un mail ( c'est pas pour elle ce genre de tâche ) mais préférait te voir en personne.
Arin est déjà là, assise et du bout des doigts elle feuillette des documents sans profondeur. Ta venue la sauve d'un début d'ennui. Tu vois, elle a essayé de vous construire une voie lactée en guide de pont.

" Hi Bae, I hope you're doing well. " sincère et à la fois sans vraie intention. Avec le temps il y a quelque chose qui s'est cassé chez Arin et son coeur lui fait défaut. " Yes, I mean I was pretty busy. " pendant des années, et elle ne mesure même pas l'arrogance de ses propos. " Well I'm the one who asked to see you so you should expected that. Anyways ! I'm here about Maison Vénus. I'm sure I don't need you to introduce it, but we'll present a new collection for winter and I want you in it. " elle a parlé sans pause, sans te laisser la place de t'imposer, parce qu'elle ne s'attend pas à un refus.  " So you'll be available ? "

( tu peux toujours essayer de rentrer dans son monde )

c’est ainsi que se découpent les chimères de sa vie ;
insaisissables, elles reviennent pourtant la hanter en songes de soie rose poudré, glissent sur sa peau avec amertume.
tu es de ces fantasmagories, irréelle de splendeur – à lui avoir fait miroiter une place à ses côtés, quand elle est en réalité toujours restée à tes pieds.

elle s’en était éloignée parce qu’elle savait que la liqueur des dieux finirait par la tuer –
l’hydromel pousse les gens à la folie, les asservit jusqu’à ce qu’ils se laissent dépérir, fleurs de lotus empoisonnées.
(épargne moi tes illusions,
je suis fatiguée de ton atmosphère,
vénus,)
elle se laisse choir dans le sofa, perplexe face à la situation sans vouloir trop le laisser paraitre. parce qu’ici l’honnêteté n’est jamais récompensée ; on ne rêve que des opales idéales et de visages figés. 
et t’es ainsi, toi aussi – pas bien différente des autres, t’aspires tout l’oxygène autour d’elle pour le posséder.
tu viens.
tu prends.
on se courbe sur ton passage pour essayer de te satisfaire.
(elle était aussi ainsi, bae,
l’échine repliée pour tenter d’attirer tes faveurs,
ton amitié,
ce semblant de vous auquel elle a cru jusqu’à ce que tout ne finisse par se briser.)
« well i thought more about meeting one of your assistants. » et ça aurait sans doute été plus simple ainsi. mais tout devient compliqué quand le cercle divin s’invite à la table.
ses lèvres se pincent un instant : bae hésite. « i’m not sure. » elle penche légèrement la tête – t’observes entre ses cils, l’air de se demander : c’est ça que je suis pour toi, juste une formalité ? « i was pretty busy too. especially working with other brands. i can’t work for your house without considering my other contracts. » alors toi aussi, tu veux m’acheter ?