cure ( keiko & gabriel )

CUREuntil these falling stars are bluried in the blur of time. sick of these nights to come, to be engulfed in silence. notice my pain and mend me right now to quiet my fears.



C'est devenu habituel,
quand ses pieds le traînent sans y réfléchir. C'est pas qu'il se sent forcément bien là-bas, c'est qu'il a pas autre part où aller. Ça fait à peu près un mois ( t'as jamais compté les jours qui passent, c'est tous les mêmes ) qu'il est perdu avec d'autre dans la capitale et il se sent toujours pas à sa place.
Il sait pourquoi il est là,
alors pourquoi il n'en tire déjà aucune satisfaction ?

( there aren't any words
that I could say anymore now
it has no meaning )

Il a  poussé la porte d'une habitude tout doucement créé, déjà usé de la particularité qui dessinait les murs du bar. Gabriel a pas vraiment regardé l'heure quand il a quitté son chez soi pour venir ici, mais la Lune était déjà trop haute dans le ciel. Il a pas prêté tant attention que ça à ceux déjà là, c'est pas son combat.
Les épaules détendus, comme s'il était déjà chez lui alors qu'il connaît pas le quart des visages qui sont encrés ici depuis trop longtemps, il a cette nonchalance quand il s'installe au comptoir.

C'est pathétique,
il sait pas pourquoi il passe son temps ici.
Il sait pas ce qu'il veut fuir à ce point. Il veut pas savoir.
Alors trop vite, Gabriel pose ses yeux sur toi, parce que t'es toujours là c'est évident. T'es chez toi ici, non ?

" Is it too soon to ask for the usual ? " parce qu'il est pas compliqué, prends toujours la même chose: l'alcool qui brûle la gorge. Mais est-ce qu'il a le droit de s'imposer comme les autres ici alors qu'il est pas sûr d'y laisser un peu de lui.

CUREuntil these falling stars are bluried in the blur of time. sick of these nights to come, to be engulfed in silence. notice my pain and mend me right now to quiet my fears.




aujourd'hui, c'était l'une de ces journées.
de celles qu'ont commencé trop tôt - réveillée en sursaut dans un lit dépourvu de toute chaleur, baignée d'un clair de lune moqueur alors que des sueurs froides ruissellent le long de la colonne et que des vocalises familières résonnent dans l'encéphale.
l'une de ces journées qui veut pas se terminer.
de celles qu'on aimerait bien faire passer en un claquement de doigts, mais qu'ont tendance à s'éterniser.
alors keiko, elle plonge dans les réserves de son propre bar, oubliera de faire l'inventaire pour pouvoir nier tout problème - diluera dans une marée ambrée quelques grammes salvateurs, les molécules manufacturées pour terrasser ses anxiétés.

y a l'esquisse d'un sourire qui se faufile au creux de ses pulpes quand elle te voit passer le pas de sa porte. c'est pas souvent qu'on la voit sourire, la patronne du red strings - que quand elle se sent flotter qu'elle laisse l'ombre d'une légèreté étrangère animer ses pulpes carmines.
et elle sourit parce qu'elle reconnait en toi beaucoup des névroses qui gangrènent ses propres synapses, ses propres vices que tu reflètes sans même t'en douter.
if you'd asked that question anywhere else, the answer probably would've been a yes. même au travers de cette brume médicamenteuse, ses gestes sont fluides, expérimentés - c'est deux verres qu'elle sort de derrière le comptoir, l'un qu'elle vient de laver et l'autre presque vide. but i already beat you to it. de susurré dans un murmure complice alors que l'alcool aux reflets dorés vient inonder les deux verres dans un raz de marée d'éthanol. so i'd say, you're already a little late. les phalanges viennent s'enrouler autour de son verre, le tien qu'elle pousse à ta portée tout en inclinant la tête dans un santé silencieux avant de boire une gorgée. nothing like cheap whiskey to shut the brain right up, amirite? l'écho brisé d'un rire qui ne l'est pas s'échappe de ses pulpes tirées alors que son regard parcoure tes traits, demeure sur les abysses bleutés bordant tes yeux mélancoliques. et elle ne peut s'empêcher de se retrouver noyée dans cet océan d'indigo, les mêmes marées acharnées s'échouant incessamment contre ses propres rivages.

CUREuntil these falling stars are bluried in the blur of time. sick of these nights to come, to be engulfed in silence. notice my pain and mend me right now to quiet my fears.




Et ça le fait sourire lui aussi, cadavre qui reprend un peu de vie. C'est illusoire, mais ça fait du bien alors Gabriel préfère rester plonger dans ces semblants de bien-être assassin.
Quand les maux sont juste censurés à l'arrière de son crâne,
qu'ils peuvent plus s'exprimer pour le laisser respirer.

" You started without me ? " il n'en dit rien de plus,
ne prend pas en compte tes états seconds ( et c'est à peine s'il l'avait remarqué ).
T'es comme ça,
t'es comme lui.
Gabriel lui, il sait jamais ce qui le retient. Il y a toujours ce compte à rebours dans son crâne et il a jamais su ce qui allait péter une fois arrivée à zéro.

" Thanks but I don't need to shut my brain, I'm fine. " et pourtant y a rien qui le prouve dans la manière dont il prend quand même son verre, t'attend pour enfin boire un coup. Gorge brûlée, sang en feu et c'est comme si toute la misère venait de se taire. Désillusion, il y a un deuil qui s'est jamais fait en lui et qui mange un peu plus de lui à chaque fois. Il prend même le temps de paraître correct sous tes yeux, mais c'est la voix usée, le regard qui ne renvoie plus grand chose, ça il peut rien y faire. Il préfère l'ignorer, assumant que tu ne remarqueras rien comme lui reste en silence sur tes fissures.

" I'll come sooner next time then. Can't let you drink all alone like that. " fausse bonté, parce qu'il lui semblait préférable de se noyer à deux. Ca lui donnait l'impression d'être moins misérable si vous pouvez l'être ensemble.

CUREuntil these falling stars are bluried in the blur of time. sick of these nights to come, to be engulfed in silence. notice my pain and mend me right now to quiet my fears.




elle se serait sûrement sentie jugée - si ça avait été n'importe qui d'autre.
les syllabes accablantes qui ne le sont que de moitié quand c'est d'entre tes pulpes qu'elles décident de s'échapper.
parce qu'elle voit en toi l'écho de ses propres maux.
dans ton obstination à te proclamer fine, le même combat qu'elle a déjà perdu.
mais elle dira rien, gardera camouflées les fissures que tu souhaites cacher ; celles que tu t'obstineras à penser réparables. elle te laissera te croire grand maître du kintsugi, ton vase brisé qu'elle viendra dorer de son silence.
thanks for the tag along, then. hope you'll forgive me for shutting mine off. elle a pas honte de l'avouer.
pas aujourd'hui.
pas quand la voix de son mari n'a fait que résonner dans l'encéphale depuis son réveil.
que blâme et culpabilité se sont entremêlés pour faire d'elle un sarcophage de souvenirs suffocants - l'oxygène qu'arrive plus à se faufiler jusqu'à ses poumons.
la main tremble alors qu'elle apporte le verre jusqu'à ses lèvres, le liquide ambré pour venir apaiser toutes ses peines.
y a l'esquisse d'un sourire qu'essaye de s'emparer de ses pulpes à tes mots ; l'ombre d'un bonheur éphémère à l'idée d'avoir à ses côtés quelqu'un au bord de se noyer dans la marée. et pourtant ça lui fait mal de savoir que toi aussi t'as perdu pied - l'envie de te sauver qui se retrouve face à son propre besoin de se laisser couler.
i wouldn't say no to that. parce que quitte à sombrer, autant le faire à deux ; tes phalanges dorées de souillées par le carmin tachant ses paumes.