( bad place )

un prince ;
aux royaumes des cons.

ignoble, terme qui s’accroche à ta sale gueule. on te déteste plus qu’on ne t’aime — dure réalité que t’apprécies. t’as besoin de personne, jeon. t’es du genre à croire au dicton on est jamais mieux servi que par soi-même. parce dans le fond, tu sais que t’as raison.

éternel solitaire.

c'est pas la première fois que tu te rends dans cet endroit. y’a des lorgnades familières, des semblants de sourire — à s’demander s’ils doivent te saluer ou t‘ignorer. hautain ⸻ allures de putain de pantin. le sourire carnassier que tu te retiens d’afficher, histoire de paraître serein.

« that will be 6 260 won. »

t’as qu’une envie, c’est te barrer. t’attends simplement de pouvoir payer. là, les provisions que t’as choisi — histoire de te sustenter. t’as la dale, c’est un fait. denrées récupérées, tu sors de l’échoppe isolée.

TEXT —
mission accomplie.

empreintes qui pianotent sur l’écran de ton téléphone, annonçant un contrat honoré. là, à regarder ce que tu vas devoir orchestrer une fois sorti. t’as même pas remarqué la présence à tes côtés ; termes qui te sont adressés.

« hm ? » — nonchalant, politesse avalée. mots mâchés, pratiquement crachés. là, ton cervelet qui s’met enfin à fonctionner. l'œillade qui s’arrête sur la carcasse qui semble te parler : « what ? »

sauvage que t'es.

le vent caresse l'épiderme fébrile, lui murmure des mots doux - lui promet bonheur et liberté, un instant suspendu dans le temps d'une désinvolture si étrangère.
on lit cent soixante dix au compteur.
quelques dizaines de trop pour faire vrombir le moteur - le brouhaha qu'est là pour faire taire les voix résonnant dans l'encéphale.
de sa voix à lui qu'a pas la décence de la quitter.
de ces mots poison qui s'envolent uniquement quand ses cheveux flottent au vent.
tant de liberté factice pour échapper à la réalité qui reviendra pourtant toujours au galop - de ce E accompagné d'un voyant orange la narguant de son existence.
shit. de lâché avec venin de derrière son casque alors qu'elle se retrouve obligée de rétrograder - l'étoile filante avec un boulet au pied.
et les néons qu'elle aperçoit au loin se métamorphosent en un réel mirage au milieu de cette campagne paumée - de ce désert humain avec comme seul oasis un pyeonuijeom de quartier.

c'est avec le dernier souffle de sa réserve qu'elle arrive à se garer, ses alentours qu'elle analyse pour mieux se repérer - tenter de trouver une issue à cette situation désespérée.
et c'est sur ta bécane que ses yeux viennent se poser, les courbes enchanteresses du carénage de ta protégée. les reflets chromés qu'elle pourrait reconnaître parmi des milliers - tes feux arrières qu'ont déjà failli l'aveugler.
alors elle patiente à ses côtés, comme deux vieilles amies qui se revoient après des années, le casque à la main et sa propre moto quelques mètres plus loin.
et puis elle te voit enfin débarquer, incertaine de ta réelle identité. mais c'est vers elle que tu te diriges et elle reconnait à ta démarche l'arrogance de ta conduite - y retrouve le rider qu'elle se souvient avoir pourchassé dans les rues sombres d'une séoul endormie.

hey. qui brise le silence d'une nuit trop calme.
au final, elle aurait préféré se faire ignorer.
parce qu'en quelques syllabes t'es déjà réussi à être malpoli et elle regrette de t'avoir parlé.
mais ta présence ici peut pas être une coïncidence, pas quand elle se retrouve sans essence et que t'es le seul qu'elle a déjà au moins une fois croisé. alors elle ravale son ego et plante son regard au fond du tien, tente de te faire ressentir sa sincérité.
alright so you probably don't recognize me but you might recognize my bike? et elle pointe vaguement en direction de sa moto, le casque qu'elle vient enfiler avant de relever la visière - comme pour te donner le plus d'opportunités de pouvoir la reconnaître. look, i'm stranded here and i need a lift. i wouldn't ask if i had any other option. qu'elle admet dans un soupir, presque certaine que ta seule réponse sera de lui rire au nez avant de t'envoler.