✧,, echoes of the past ❪ yunchan ❫

— le sac plastique vacille au bout de ses doigts gelés, tangue sous le poids de ces produits frais qu'elle a acheté au marché rien que pour la patronne de son restaurant préféré.
house of gourmet.
son havre de paix loin du red strings.
celui qui l'a été bien avant que les quatre murs trop fins de ce bar à l'abandon ne deviennent les fondations de sa renaissance.
le seul lieu dans lequel elle peut encore apercevoir la silhouette d'une insouciance passée, les échos d'un rire cristallin aux notes frivoles - de celles qui sonnent maintenant si fausses quand elles s'écrasent contre ses tympans.

eomeonim, i'm he- les syllabes viennent mourir sur ses papilles, ne dépasseront pas la frontière de ses pulpeuses.
parce que c'est sur toi que ses yeux se sont posés.
sur tes traits qu'elle pensait avoir oubliés, mais qui lui reviennent comme à la proue d'un raz de marée - la subtilité de ces infimes changements que les années ont façonné sur ton visage qui s'ancre à jamais derrière les paupières, vient lui cramer le fond de la rétine.
elle attend même pas que la sonnette de la porte d'entrée ne finisse de retentir avant de faire demi-tour, se met à frisonner face à la bourrasque de vent venue s'abattre sur ses pommettes - grommèle contre la vile intervention de l'univers qu'essaye de la repousser dans ta direction.
mais elle est obstinée, keiko.
alors elle plonge ses mains dans ses poches et s'apprête à braver vents et marées - cataclysme qui lui semble préférable à ce que tu pourrais bien avoir à lui reprocher.

outfit ,, ft. @woo yunchan

— Debris d'une vie brisée, il ne reste que des traînées de souvenir le long des murs. Il devine, Yunchan, l'exact moment ou le glas à sonner, il sait à quoi elle pensait en rapant les carottes, quelle pensée la traversée quand la douleur c'est intensifier jusqu'à l'effondrement. Et la seule chose qu'il retient c'est qu'il n'était pas là. À quoi bon être un héros quand on est incapable de sauver ceux qu'on aime ? Il déglutit, range l'intégralité de l'établissement, maman n'avait plus le courage pour le grand ménage, alors il s'en chargerait. Un coup de neuf sur la devanture, argent gagné de manière honnête, protection de ceux qui ont toujours assuré la survie de ce trou à rat.

Car c'est ce qu'à toujours était cet endroit.
Un trou à rat, baignée dans la pénombre.
Regroupant ceux qui n'ont jamais aimé la lumière.

C'est ainsi que tu as atterri, ici, pas vrai ? Longer les rues, comme on cache les secrets jusqu'à être attirée l'odeur et la lumière. Peut être que cet endroit regorge de souvenir qu'il aimerait effacer, mais peut être qu'il garde le tien, le souvenir de toi, au creux de sa poitrine.

Quelle fut sa surprise en apercevant ta silhouette. Cheveux mis longs, frôlant tes épaules, grains de beauté de long de ta nuque, nez retrouver, et cette odeur, qu'il reconnaîtrait parmi mille. Il se remémore des souvenirs lointains ton regard perdu dans le fond de la marre à café, reniflant le vinaigre des pickles de radis, et il te voit encore, chasser une larme du coin de tes yeux abîmés, bercer la fatigue. Est-tu toujours la même ? Ton âme peine encore à se redresser ? Vos regards se croise, brièvement, assez pour que son coeur ne rate un battement.  Don't go. râle t-il, il lâche le couteau, enlève les gants et brave la pluie. Le torrent à cesser de tomber mais le sol reste humide et glissant. Sa main t'arrête dans ta course pour te retourner, dans l'espoir que ce n'est pas un mirage. Peut être que si ? Peut être qu'il a tout imaginé ? Don't go.. Please, please. Il relâche l'étreinte et lève les mains à autour de son visage pour prouver qu'il ne lui ferait pas de mal.  I won't hurt you, I promise.. Keiko-chan.. Stay.

outfit ,, ft. @Ikeda Keiko

— elle le savait, pertinemment.
elle avait entendu la clochette de la porte d'entrée retentir à nouveau alors que t'avais décidé de la suivre jusque dans cette ruelle triste et grisâtre.
elle s'attendait à ta paume sur son épaule, ton toucher qu'elle ressentira sur l'épiderme même à travers plusieurs couches de vêtements.
mais même en sachant ça, elle ne peut pas retenir le sursaut qui s'empare de ses membres quand tes phalanges se déposent sur son corps d'une douceur qu'elle sait pourtant bien tienne - le contact physique qu'elle ne peut s'empêcher de redouter.
peut-être que c'est pour s'assurer que tu retires ta paume de son bras qu'elle accepte de te laisser la retourner vers toi ou peut⁻être que c'est parce qu'au fond elle avait envie de te voir, qu'elle espérait que tu la poursuives pour qu'elle se retrouve sans autre issue.
peut-être que pendant toutes ces années passées à toujours fréquenter ce restaurant aussi délabré que son propre bar, elle espérait apercevoir tes traits derrière le plan de travail.
et pourtant quand ses yeux se posent sur ton visage, c'est un homme qu'elle semble connaître mais qui lui parait si étranger à la fois qui se présente devant elle, ses pupilles qu'arrivent pas à se focaliser entre le toi dont elle se souvient et le toi d'aujourd'hui.
it's been a while, yunchan. les mots s'échappent de ses pulpes en un murmure presque inaudible alors que son visage reste impassible - la digne patronne de bar analysant un nouvel arrivant sur son état de sobriété. or is it rain, now? l'écho de ses mots la hantera sans aucun doute au long d'une interminable nuit sans sommeil, sa pénitence au clair de lune.
parce qu'au fond elle pense pas vraiment t'en vouloir d'avoir céder à l'appel d'athena, la promesse d'une déesse que même elle a déjà considéré.
et pourtant elle se raccroche à ça pour pas avoir à affronter ce qu'elle ressent réellement. qu'entre toutes les fissures lui marbrant les côtes, elle a subit ton choix comme un abandon - que derrière ton ombre prête à braver l'olympe, c'est un abysse que t'as laissé.

outfit ,, ft. @woo yunchan

— Les ecchymoses du coeur n’ont jamais été soignées, longtemps porter par la sensation qu'il n'était pas assez, qu'il ne le serait jamais. Pourtant à tes côtés, la sensation s'estompe jusqu'à disparaître, laissant place à une toute nouvelle sensation. Créer ensemble des souvenirs qui vous sont propres, des choses que vous seuls êtes capable de partager. De toi à moi, Keiko, à quel point ton cœur à saigner ?

Les mots lui échappent, il se revoit, sa voix adolescente se casser sous le poids de ta personne, il a encore envie que tu restes, une heure de plus, même si le couvre-feu que t'impose cet homme est dépassé. Il aimerait lever son poing pour te protéger, et trouver le courage de bomber le torse face aux injustices, mais ce n'est qu'un enfant, tu sais ? et sous son envie d'être plus, il n'arrive jamais à rien.

Les souvenirs au bord des lèvres
n'existent désormais
que dans nos songes.
Tu y penses encore ?

Yunchan émet un léger sourire contre ses lippes, il ouvre la porte pour la laisser passer, et soudain il remarque la différence. Il fait une tête de plus qu'elle, elle semble si lointaine, hors de porter, et l'image le fait sourire, comme une étape qu'il aurait aimé ne jamais remarquer. Yunchan for you. murmure t-il. La pancarte continue à afficher fermée sur la porte ensevelit par la pluie, pourtant, ici, les émotions sont ouvertes et débordent sans retenue. Do you want a drink ? Automatiquement, il lui serre un verre d'eau, ce rappel qu'elle préfère quelque chose de plus sucrée, est-ce encore le cas ?

You.. You've been there before, aren't you ? pour ne pas dire qu'il savait qu'elle venait voir sa mère en douce, et qu'elle était incapable de tenir un secret, génitrice toujours trop bavarde. ses cheveux goutte un peu sur le sol de la cuisine, il se défait de sa tenue pour rejoindre le coté restaurant, reste ensuite debout face à celle qui jadis fait chavirer son coeur. She loves you, mom i mean, she was really sad when we stop seeing each other.. she missed you too. as much as me, devrait-il rajoute, mais rien, il tait ses idées noires et se contente d'obverser ces traits qui fut un jour familier.

outfit ,, ft.  @Ikeda Keiko

— for you.
comme une évidence.
de ce passé qu'aurait aussi dû être votre présent - qui l'a pas été pendant beaucoup trop longtemps.
est-ce que tu t'imagines à quel point t'as bien pu lui manquer ?
du nombre de fois où elle est passée dans cette même rue sans oser entrer, le cœur lourd de cet espoir de t'apercevoir, même seulement de loin - se rassurer que t'allais bien.
pendant un temps, elle s'était même mise à espérer te voir te glisser dans son antre à elle, discerner tes traits fins parmi la foule de ceux rongés par la vie, les rides devenues crevasses au coin des yeux.
et puis les mois sont passés.
et l'espoir s'est petit à petit envolé.
mais elle t'a jamais oublié.
toi, yunchan.
cette pointe de gentillesse d'offerte à une étrangère aux syllabes bredouillantes, comme une graine de douceur qu'aura réussi à survivre dans le sol nécrosé de son myocarde.

elle te laisse parler, keiko. aimerait bien te dire de jamais t'arrêter. parce qu'elle se retrouve transportée en arrière, rien qu'au son de ta voix - voit se dessiner derrières ses paupières une esquisse d'un vous sans le poids du monde sur vos épaules.
mais peut-être que ce sont que ses épaules qu'ont fini par se voûter, les tiennes qu'auront enfin réussi à se redresser sous la chaleureuse étreinte de la déesse de l'Olympe.
she told you, didn't she? son regard trouve le tien au dessus du rebord de son verre alors qu'elle boit quelques gorgées - garde pour elle que ses papilles réclamaient du thé glacé. it's okay, i kind of figured she would. et parce qu'au fond, peut-être que c'était ça qu'elle voulait vraiment - que tu saches qu'elle t'avait jamais oublié, même si elle avait pas l'honnêteté de te l'avouer. i stopped coming for a while but then... then i missed this. this place. your mom. you. qu'elle a pas encore entièrement le courage de dévoiler.
et puis elle laisse passer quelques secondes, occupée à t'observer.
à pondérer ce mot qui fait se contracter le palpitant momifié derrière ses côtes.
love.
parce que ta mère l'a aimé - l'aime encore.
d'un amour que même la sienne a pas su lui donner.
rien que le temps d'un instant, y a plus que vous dans l'univers.
deux âmes en harmonie autour d'un verre et des regrets inavoués.
et elle arrive à lire entre tes lignes, keiko. une mélodie de reproches qu'elle tait pour te faire un aveu. i missed you too. de murmuré en toute simplicité, comme si tes mots avaient été la formule magique capable de desceller la vérité. quite a bit actually, it's almost embarrassing. et le rire qui s'échappe de ses pulpes la surprend de sa légèreté - comme une insouciance oubliée que seule ta présence sait raviver.

outfit ,, ft. @woo yunchan