incognito.

la tristesse le malmène, manœuvre son corps, déforme son faciès. c'est à grande peine que les doigts crayeux referment la porte, laissant transparaitre une femme inerte. lit médical l'étreint dans un sommeil artificiel. chère mère. des promesses de prendre soin d'elle et de son règne saint, fils filial qui, chaque semaine, ne manque visite.
le pas est lourd mais le palpitant lui. est léger.
fais de beaux rêves. maman.

notoriété imperceptible mais concrète qui ne lui permet ce sourire. celui qui frétille malicieusement derrière les dents. perfectionniste. prudent. le masque de vertu ne se défait jamais en public.
aux yeux d'autrui, il n'est qu'une victime catéchisée par la fanatique pei. contraint et inféodé, cédant à la volonté de l'ancienne cheffe. on le dit leader plus rationnel, tant amène. et ziqi charme, infiniment. un charisme naturel se mêlant à une beauté grisante et une douceur fatale. à se vouer à cette église juste pour tenir sa main. alors qu'il n'en est qu'un parasite. aux veines inconsciemment souillées. au toucher morbide.

tous dans la méconnaissance de la crevure dissimulée. marionnettiste des fidèles. gardien des péchés, engrenant les peurs.
aigrefin sans scrupule. prisonnier de désirs immodérés de gloire et pouvoir. et éternel insatisfait. machiavélien immoral.
everything for the order of luminous. tout pour la puissance.

remerciant l'ange luciférien d'accomplir son souhait sans qu'il n'ait à se salir. puisqu'il le fallait. se débarrasser d'elle. de sa propre mère.
aliénée qui ne peut être délivrée. et ne sera pardonnée.
s'il n'avait pris les choses en main, sans doute aurait-il péri.
lui qui s'est tant efforcé à être l'enfant parfait.
humilié à jamais. à dérober les offrandes pour subsister.
il se devait de tout contrôler dans le secret.
et pour l'abandon de sa propre chaire. pour la vénération de ces démons déifiés. ziqi mérite l'empire divin.
dette éternelle entre lui et sa mère.

le couloir blanc, déprimant, est emprunté. effluves autour de lui l'importunent tant. ahhhh. si suffocantes dans tout hôpital. à s'emparer incompréhensiblement du fin odorat. foulée s'accélère, impatient de s'évader de ce mortuaire qu'il fréquente si souvent.
sa faible santé dont il est responsable. madame pei ne serait peut-être aujourd'hui emplie de folie si ce n'est pour le lâche égoïste qu'est son père. elle n'aurait été ruinée à le soigner. elle n'aurait eu besoin d'aller faire ce prêt. elle ne l'aurait jamais rencontré. l'ange.

à se perdre dans ses pensées, contrariété le dévore de l'intérieur. mais maitre des émotions, les siennes sont un jeu d'enfant. ainsi, le visage n'est que maussade et blafard.
et les portes de l'ascenseur finissent par s'ouvrir.

le souffle se coupe.
le cœur manque un battement.
les lèvres s'assèchent.
puis les entrailles s'agitent.
le sang s'échauffe.
le visage reprend vie.
couleurs constellent les joues.
à en croire délirer, le nom est soufflé. incontrôlablement.
angel.

un jeu d'enfant disait-il. les dieux sont si folâtres.
vantard qui avale sa suffisance. sang-froid si facilement perdu.
à désirer se gifler en cet instant.
reprends-toi ziqi. reprends-toi.
c'est un foutu bordel en lui. un mélange de confusion, d'excitation. et à reprendre contenance. le ressentiment pénètre. s'en suivant d'un sentiment qu'il ne parvient à deviner.  
ahhhhh.

le foutoir psychique vient cependant à terme. coupé. par sa voix familière. mais voici première fois à l'entendre réellement.
et curieusement. il l'aime ça ziqi.
sorry, coming in.

silhouette élancée se glisse finalement dans l'ascenseur. joignant la sienne. et ils disparaissent. ensemble. derrière les portes métalliques. à prier les cieux qu'aucun crétin ne les rejoigne. et soyons ambitieux. que soudaine panne intervienne.
i apologize for my behavior, i got surprised.
les prunelles se posent sur elle. et ziqi l'étudie. impudiquement. telles ne pouvant accepter que l'élément essentiel à son existence, soit ici, à côté de lui.
parce qu'il n'est qu'un être d'impudence n'ayant rien à perdre, et qu'il ne peut laisser opportunité dorée filer ainsi.
i would like to introduce myself. i'm pei ziqi. the son of the founder of order of luminous..

ça ne devient jamais plus facile. chacun des pas comme un tremblement à l'intérieur, force les fissures à se propager. c'est le coeur qui saigne à chaque visite, rappelle le choix difficile qui fût fait -- le goût de la trahison âcre qui s'accroche au palais, refuse de partir complètement. on s'y habitue, simplement. jusqu'à ce qu'il prenne par suprise, s'installe à nouveau sur les lèvres rosées quand le compteur tombe à zéro.

visite mensuelle. visites qui s'espacent à travers les années, à se faire plus rares. l'horaire qui la garde occupée, de corps et d'esprit, à en étouffer les remords de l'abandon. mais elle est son sang ; cette mère qui l'a élevée, l'a façonnée à l'image de ses idéaux -- ceux-là même qui fûrent sa chûte. susu lui doit tout, et elle se doit d'être là, jusqu'à la dernière seconde amère. promesse faite ; une journée par mois qui lui est dédié -- à la redouter pendant 30 jours, avant qu'elle ne revienne à nouveau, incessablement.

le chemin familier, trop souvent emprunté. les traits dissimulés par les artifices ; l'intimité de sa visite nécessaire. l'odeur asceptisée qui pique le nez dès la grande porte d'entrée franchie, les grands couloirs de blanc immaculé tant connu qu'elle ne les voit plus ; le chemin connu suivi, par automatisme. patiente impatiemment que l'ascenseur s'ouvre à elle -- celui qui mets toujours une éternité, celui un peu à l'écart, peu emprunté, peut-être souffrant de son âge. aujourd'hui, il est vif, apparaît sans se faire prier.

et alors qu'elle est seule dans la boite de métal, les artifices sont abandonnés. c'est que c'est étouffant tous ces accessoires. c'est que le masque ennuie la respiration, frotte contre son derme sensible. elle le retire ; plié et rangé au fond de la poche pour plus tard. et c'est que les verres sombres assombrissent le monde -- à l'image de son humeur. sa tête se tourne, observe discrètement les entourages avant de juger prudent de se dévoiler. alors les lunettes trouvent perchoir dans ses mèches ébènes.

libération précoce quand la boite s'arrête avant son niveau ; trop tard pour se couvrir à nouveau. les portes s'ouvrent, et une seule silhouette se dévoile aux prunelles. elle patiente, un instant, que l'inconnu se mouve. rien. les portes menacent de se refermer à nouveau. aren't you getting in? file finalement sur les lèvres rosées. la bienveillance notoire de l'ange, indissociable. sort brisé, statue de marbre reprenant vie. l'inconnu se glisse à ses côtés dans la cage.

étouffe le malaise, ravale la déception. les traits qui ne laissent rien transparaitre de la psyché chaos -- les émotions négatives assassinées comme si elles n'avaient jamais existées, comme si angel y était indifférente, comme si elle était dans l'incapacité de les ressentir. c'est tellement habituel que ça glisse sur les traits avec naturel, à en oublier être humaine à son tour. you don't have to apologize. à ne faire qu'un avec l'alias, de son sourire éclatant à son ton chanteur.

étincelle de folie qui brille au fond des prunelles, le reconnaissance d'une âme semblable. vraie joie se propage sur les traits, à l'illuminer de l'intérieur. et comme elle aimerait en parler plus en détails, mais dans l'encéphale, il y a la voix de mina qui lui rappelle de garder ses convictions religieuses pour elle-même ; que le public ne saurait comprendre les idéaux, que tout serait plus complexe -- à en entraver la réputation d'athena. alors les lèvres se serrent, ravalent les mots vérités. nice to meet you, i'm lv susu. mais évidemment qu'il le savait. are you visiting your mother? à avoir vu les articles passés sur la maladie de l'ainée et la relève ; à se prétendre héroine s'inquiétant du bien-être de sa plus grande fan, ni plus ni moins.

l'âme s'électrise. car rien ne manque à sa vue prédatrice.
maître empirique des psychés. marionnettiste de ses fidèles qui, depuis de longues années, s'immisce dans l'intimité.
à déceler l'effervescence, quand bien même refrénée, trahissant le corps.
à remarquer les échos du palpitant sur les traits.
et ainsi se prémunit-il des paroles pertinentes pour neutraliser les défenses. pour inciter à la confession, la collecte des secrets.

et moindre négligence dont il s'enivre.
angel, angel.
les lèvres charnues sont telles sanglées. à espérer que l'indifférence religieuse soit préservée. mais ziqi sait désormais.
luminous la grise. passion indécente étouffée par le semblant.
en cet instant, il aimerait lui écrier. la sérénader.
livre-toi angel. livre-toi.
révèle-moi les imperfections de ta sainteté .
si longtemps qu'elle est objet de curiosité. pour avoir catalysé la folie de sa génitrice. allumé la flamme de tant de croyants.
et ces quelques secondes ont fait naitre une appétence nouvelle. bien plus grande.
ses pensées. ses sentiments. ce qui se cache derrière la splendeur. il veut tout connaitre.

lv susu. évidemment que le pei sait. aucun détail officiel ne lui échappe. de ses conquêtes, à son anniversaire, jusqu'à son tour de hanche. le superficiel lui a été seriné, encore et encore, jusqu'à ce qu'il ne veuille plus rien entendre d'angel. la raison même à son envie de saisir les tréfonds d'elle.
parce que ce n'est que de cette manière, en découvrant ses travers, qu'il aura cesse de se sentir inférieur.

oh, yes i am. le regard quitte l'ange pour se perdre absentement ailleurs, air peiné sur le faciès. i promised to visit her and taking care of everything until she wakes up. sourire élégiaque se dessine, alors qu'il n'aspire intérieurement que sa mère, jamais, ne se réveille.
il serait, en effet, navrant de devoir prolonger son sommeil éternellement.
next time, i'll tell my mum you know about her. she'll be the happiest.
l'ancienne cheffe n'en serait simplement heureuse, elle en serait démente.
i would like to ask you why you're here as well, but i think this would be too intrusive.
les mots sont scrupuleusement sélectionnés, délicatement adressés.
i only pray our angel is not sick.
les prunelles se glissent à nouveau sur la justicière, d'une tendresse mielleuse, brillant d'une inquiétude mensongère.  

et à prier plus tôt que les minutes s'éternisent avec elle, le ciel se manifeste.
les lumières s'éteignent et brusquement, l'ascenseur s'arrête.
coupure soudaine freine les fils, à en faire perdre l'équilibre de leurs deux silhouettes.

les banalités échangées dans la bonne humeur, à en oublier le lieu qu'ils habitent. sans doute est-ce l'intimité imposée de cette cage métallique qui intime un air de confession. elle n'a cependant pas le temps d'ouvrir la bouche pour balayer les inquiétudes que la machinerie s'étouffe. arrêt soudain, à lui en faire perdre l'équilibre ; c'est son bras qui s'étire par réflexe, sa paume qui trouve appui contre lui, contre le poignet fébrile de l'inconnu qui se retrouve entre ses doigts. la proximité entre les silhouettes réduites, pour ne pas dire, décimées. son visage qui se tourne vers le sien, angélique susu aux grands yeux innocents brillants de surprise. c'est qu'il est bien beau sous cet angle. les traits sans doute magnifié maintenant que l'inconnu n'est plus aussi étranger qu'aux premiers instants. les lèvres s'étirent d'un sourire gênée alors qu'elle se redresse, ne fait cependant rien pour remettre la distance entre les corps. i'm sorry... and thank you. ses doigts qui se retirent, comme pour ponctuer la phrase ; glissent contre le derme pour s'en échapper dans une caresse timide.

son regard s'arrache au sien, vient observer les chiffres figés. elle s'approche des boutons pour appuyer sur celui tout en rouge à la recherche d'une aide quelconque. pas le temps d'ouvrir les lèvres qu'une voix métallique résonne : we already know, we're working on it as we speak. please stay calm and wait. la main tombe à ses côtés, accepte l'indication pour ce qu'elle est. les pas retrouvent leur place originelle au côté de l'homme de foi alors qu'elle lui adresse un nouveau sourire. you heard them. i hope that won't put you in a pickle? personne ne l'attend, si ce n'est que cette mère abandonnée, et elle a tout le temps du monde entre ces quatre murs d'où elle ne peut fuir. susu pourrait si aisément s'envoler, quitter les entrailles de l'ascenseur pour rejoindre la liberté ; mais la compagnie n'est pas désagréable. alors elle se contente de regarder l'inconnu de sa candeur illusoire.

et la lumière vacille au même rythme que les battements dans la poitrine.
instinctivement s'est-elle happée à lui pour ne point tomber.
à capturer son poignet. simplement.
mais ce contact, a un quelque chose, d'électrisant.
à en faire tourner le visage. tel pris d'un désir mécanique de faire part de cette sensation.
et c'est comme si leurs deux âmes communiquent. car la distance entre leurs êtres est détruite. et les prunelles, plus que s'accrochent.
elles se dévorent. comme des plantes carnivores.
scrutent moindre parcelle du faciès. de ses lèvres charnues. à ses yeux brillants. à son teint porcelaine. envouté par la merveille.
ziqi remarque la réciprocité. remercie narcissiquement la génétique pour l'avoir poli. elle aussi l'examine-t-il. et distinctement, apprécie l'œuvre de dieu.
dialogue silencieux entre eux qui laisse tumultueusement entendre une attirance mutuelle.

la fin de l'échange s'émettant au sourire timide qui s'étire. susu se redresse, sans en faire s'envoler la proximité. s'adresse poliment  à lui, et conclue la scène maniérée par une caresse implicite sur l'épiderme. le libérant à regret de sa tendre poigne.
pensif.
c'est alors ainsi qu'angel se confesse à lui. l'invite à elle.
elle est un ange oui. hélas, de la descendance de lucifer.
no worry. comment parvient-il à délivrer ces mots. avec tant de sang froid. ziqi se le demande. quand le désir ardent le ronge de l'intérieur.
les regards se quittent, alors que la voix métallique retentit pour les avertir. à regagner sa place auprès de lui, et faire le don d'un énième sourire édénique.
peut-être l'apprécie-t-elle. avec une autre, l'assurance l'intimerait. toutefois, fâcheusement est-elle encore un mystère. dont il souhaite immodérément percer le moindre secret.
ziqi refuse toujours de croire que ce moment est réel. que ce n'est pas un rêve charnel duquel il se réveillera sous peu. rencontre inespérée. panne invraisemblable.
véritablement fils favori des cieux, l'aident incroyablement dans sa sainte conquête.
that's fine, i have nothing to do for the rest of the night. et ça brûle les lèvres de la solliciter.
are you free, would you have dinner with me?
l'ascenseur redémarre, prêt à s'emparer de ses derniers instants. elle va lui s'échapper quand il est si près. le temps défilant à cent milles à l'heure cause gigantesque désordre.
il le réalise avec amertume.
would you...
années d'endoctrinement faisant effet.
impressionné est-il. petit se sent-il.
lui à la dignité si intangible. leader éminent d'un culte malhonnête achalandé. mais humain.
ridiculisé à ses côtés. à s'en détester.
conscient qu'à ses yeux également, angel est différente. si grande. si puissante.
les autres femmes ne sont que nymphes entourant la déesse suprême.
autant que ça le crève de l'admettre, ça ne soulève que plus de convoitise.
de la faire sienne.

à la faim soudaine se greffe la haine éternelle.
il serait tant satisfait de la dépouiller de sa pureté apparente. la dénuder de ses vices cachés. elle, l'ange, qui l'a toujours dominé de sa grandeur céleste.
pour le faire se comporter ainsi. s'incliner. lui. pei ziqi.
désireux d'arracher ses ailes.
qu'elle ne puisse plus jamais s'envoler et erre la terre décharnée.