redflag number 36 ft. areum ☆

Le vent était entrain de tourner.
Les messages étaient moins nombreux, le délai de réponse beaucoup plus long et l’écoute de sa messagerie de plus en plus courant.
C’est comme si tu pouvais sentir ses cheveux effleurer tes doigts sans que tu ne puisses y passer la main, comme si ton corps devenait froid de son toucher et que son parfum s’estompait de plus en plus.
Les choses commençaient à t’échapper.
Elle commençait à t’échapper.

J’suis en bas,
tu descends ?

Et il pouvait voir les minutes défiler sans qu’elle n’apparaisse, appuyé contre sa voiture luxueuse. Cinq, c’est le nombre de fois qu’il a regardé sa montre.
20h01, 20h08, 20h14, 20h17 et 20h21.
Cinq fois, le nombre de fois où son regard s’est posé sur son téléphone.
Rien.
Et si elle ne venait pas ?
Puis avec le temps qui passe, sa patience qui se ronge aussi. Si fine par habitude, aussi fragile que ces fleurs que la poigne serre de plus en plus. L’amertume dans la bouche, l’agacement comme un venin qui picore son cœur et pourtant, il adorait ça ?
La raison complètement pétée pourvu qu’il en ait une. Les sentiments mélangés, les émotions qui ne sont pas à la bonne place. L’épanouissement dans la douleur, le rire dans la peur et l’excitation dans la menace.
Il n’y a rien de rassurant à voir sa petite amie commencer à ghoster tout comme il n’y a rien de bon à disparaître subitement du jour au lendemain, sans donner de nouvelle, pour réapparaître pour lui faire son petit numéro quand les choses se gâtent. Mais il n’a jamais clamé être sain, les hautes instances savent qu’il ne veut pas être un ange.
Il est la passion vorace, la romance illusoire. Le jour et la nuit, le chaud et le froid. L’amour qui fait mal.

poupée de porcelaine perchée dans sa tour d'ivoire ; cage dorée qui prenait la forme d'un luxueux penthouse froid et dénué d'amour qui ne pouvait empêcher la marionnette de penser qu'elle l'était aussi. ficelles empoisonnées du pantin manipulées par le géniteur lui-même, celui qui l'avait recueillie ; et marionnettiste contrôlait trois autres pantins, les nourrissant de ses propres rêves brisés pour nourrir leurs ambitions et les observer s'entre-tuer lentement, comme s'il s'en amusait. et c'était dans sa chambre, dans cette demeure privé d'amour entre ses parents adoptifs et d'affection fraternelle que poupée entendit le bruit d'une notification. un coup d'oeil ; message de lui qu'elle lit sans l'ouvrir pour ne pas faire apparaître le vu. "Putain." que poupée susurre avant de se rallonger dans ses draps de satin pour reprendre la lecture de son livre.

montagnes russes incessantes qu'était leur relation ; liaison vénéneuse qui la prenait aux tripes, réveil forcé de sa peur de l'abandon quand le monstre d'orgueil disparaissait avant de réapparaître à nouveau. c'était ensuite au tour de poupée de disparaître ; parce mieux vaut abandonner les autres avant qu'il ne l'abandonne ((comme ta propre mère l'a fait, pas vrai areum ?)) manège incessant qu'ils devraient fuir, mais deux égos surdimensionnés et le besoin d'attention de la marionnette était plus fort que tout, les forçaient à se rejoindre de nouveau comme deux aimants ; mais deux aimants identiques peuvent aussi se repousser.

you say you miss me
so then i drive back to you

et poupée se redresse sur son lit après plusieurs minutes passées dans un soupir ; incapable de le sortir de sa tête.

pas vu sorry

j'espère que tu me fais pas descendre pour rien

pressant le bouton envoyer alors qu'elle marchait vers son dressing pour y sortir une veste et un sac à main avant de sortir de sa prison scintillante. ascenseur utilisé avant qu'enfin poupée n'ouvre la porte d'entrée de l'immeuble pour le trouver lui, adossé contre sa voiture de luxe—isaï n'était pas un héros, mais au moins il était riche. mais marionnette de porcelaine reste en haut des marches d'entrée ; bras croisés alors que son regard était ancré sur lui. "Pourquoi tu es venu ici ? En me prévenant à la dernière minute, en plus ?"