lights, camera, (bitch) smile ✭ soan

poupée avait confié son visage de porcelaine aux doigts de fées des maquilleurs. jambe fine qui tremblait nerveusement tandis qu'elle gardait une expression sereine sur le visage (contraste d'émotions) alors que les notes légère d'une musique de pop coréenne parvenait à ses oreilles, mélodie accompagnée quelques fois par le fredonnement des membres de l'équipe de vanity fair tandis que meubles et lumières étaient aménagés ; set d'appartement modeste dans une ambiance réconfortante d'entre la fin du printemps et le début de l'été, atmosphère qui rappelle de prendre du temps pour soi-même et se reposer (mais est-ce que tu l'as déjà fait, areum ?)
un soupir s'échappe des lèvres de poupée. émotions qui ont pris le dessus sur son travail de mannequin en ce moment : la marionnette blonde ne pouvait s'empêcher de s'imaginer avec deux autres figures. cela faisait un an et demi que roan était morte, pourtant ; poupée croyait que son deuil était passé (tu étais plus dans le déni que la guérison, pourtant) mais pourtant son chagrin lui revenait en pleine face, émotions refoulées, sentiments contrôlés par un fantôme du passé dont le coeur a arrêté de battre alors que les vies d'areum et de soan devaient continuer. (pourtant, ça aurait pu se passer différemment si tu avais pu avouer, areum.)


un léger tapotement sur l'épaule de poupée la ramena à la réalité en quelques clignements des yeux. un doigt pointé vers une figure à l'entrée ; la moitié d'une paire, la moitié d'un coeur, la moitié d'une constellation. sourire étalé sur les lèvres roses de la poupée tandis qu'elle se levait pour rejoindre son ami. "Soan !" ses deux bras de porcelaine enlacent celui qui a perdu la moitié de son âme, la tête de poupée posée sur son épaule tandis que l'effluve de l'odeur de soan lui parvenait aux narines, une odeur familière qu'elle accueillait et relaxaient ses muscles tendus par la pression. "Merci d'être venu." un chuchotement qui s'égare, un peu plus fort qu'un murmure normal pour que son ami puisse l'entendre, avant de séparer son corps de celui de poupée qui arborait le plus beau des sourires. "Tu m'as manqué." (elle te manque aussi, pas vrai ?)

La guérison est loin d’être linéaire : globalement, Soan va bien – la vie a suivi son cours et il a appris à avancer avec les autres en dépit de ce trou béant au niveau de son cœur. Et parfois, ce trou devient beaucoup trop douloureux ; rattrapé par l’absence de sa sœur, la moitié de lui. Peut-être était-ce moins difficile à accepter quand il savait que sa mort n’avait pas été vaine, que sa mort avait été vengée ; qu’il avait frappé cet enfoiré comme il avait pu frapper sa sœur – même si on en conviendra, la violence ne résout pas tout, et Soan n’était pas particulièrement friand de tout ça, la colère avait parlé ce jour-là. On ne peut pas dire qu’il en est particulièrement fier, mais si on lui demande s’il aurait fait autrement si c’était à refaire, il n’est pas persuadé que les choses aurait été différentes.

Areum l’a invité à assister à shooting pour Vanity Fair mercredi ; d’où les pensées liées à Raon qui le tourmentait. C’est difficile pour lui de poser sans elle ; c’est Raon qui l’avait tiré par la manche dans cet univers – lui, il n’a jamais particulièrement aimé ça. Il ne détestait pas non plus, mais c’était plus l’univers de sa sœur que le sien. Mais pour une raison qu’il ignore, la jeune femme semble insister pour qu’il revienne dans ce milieu, malgré les réticences exprimées à chaque fois. La vérité, c’est que ça l’angoisse de se retrouver seul face à l’objectif, quand il a tout appris avec sa sœur.

Pourtant, ses pas, ou plutôt sa moto a fini par l’amener face à ce fameux bâtiment dans lequel il ne voulait pas se rendre. Il enlève son casque de moto, avant de jeter ses gants à l’intérieur, puis d’ouvrir son manteau en cuir, sa main disparaissant à l’intérieur de celui-ci, alors qu’il cherche un petit boitier. Quand il met enfin la main dessus, il l’ouvre, pour récupérer son appareil auditif. Tout ceci en marchant vers les portes du studio, à ne pas entendre la blonde alors qu’il remplace l’appareil dans son oreille défectueuse. Presque à être surpris quand à peine entré dans le studio, Areum se jette sur lui pour le prendre dans ses bras, presque bousculé par son entrain. Malgré tout, à passer ses bras autour d’elle, à la serrer contre lui chaleureusement, son casque dans une main et le boitier de son appareil dans l’autre. Un sourire doux ourlant ses lèvres, alors qu’il frotte son poing contre son dos, ne pouvant faire guère mieux, chargé comme il est.

— De rien. Moi aussi, tu m’as manqué, il finit par dire, alors que leurs corps finissent par se séparer.

Il marque une pause, le temps de l’observer un moment. Ils étaient probablement en train de la maquiller.

— On devrait retourner auprès du makeup artist, il va être en colère si tu t’en vas trop longtemps. Le concealer va sécher avant qu’il puisse l’étaler.

lèvres qui s'étirent davantage quand un poing familier se frotta à son dos : poupée acceptait cette forme d'affection de cette âme brisée dont l'absence lui avait tant manqué. corps séparés, un au revoir à la chaleur corporelle de soan mais dont une once restait tant qu'il était présent à ses côtés. poupée faisait le cadeau du visage le plus chaleureux que ses muscles lui permettait d'offrir tandis qu'il l'observait après ses paroles. la surprise pouvait immédiatement se voir sur son minois lorsque soan mentionnait le maquillage. "Ah !" une clameur qui s'échappe de ses lèvres alors qu'elle avait oublié le correcteur qui était placé en triangle sous ses prunelles et sur son front. "Je n'en ai pas mis sur toi j'espère ?" en temps normal, poupée se serait d'abord souciée de soi-même, de sa propre apparence, mais soan était l'une des rares exceptions tandis que ses doigts fins vérifiaient l'épaule du jeune homme, là où areum aurait pu laisser sa marque ((un souvenir d'elle sur lui pour ne pas être oubliée, comme la marque qu'elle a laissé dans leurs vies)).
satisfaite de ne rien voir sur le tissu ; sourire qui réapparait sur les lèvres de la poupée qui remonte son regard sur le visage de l'âme brisée devant elle. "Pas grave si le makeup artist est en colère. Il devrait être content de me reçevoir." sourire doux qui se transmute en un rictus joueur, les yeux brillants, avant de faire volte-face et de s'avancer vers le coin maquillage, ses chaussettes comme une caresse sur le sol du set qui se transformait en appartement. comme orphée qui s'avançait sans lancer un regard à eurydice, areum porte ses pas sans se retourner vers soan, espérant qu'il la suive. "On peut lui apporter un fauteuil ?" une fois orphée assise qu'enfin elle lançait un regard à son ami, ignorant le soupir du makeup artist. et pendant un court instant, poupée se laissait emporter par ses rêveries ; le songe de voir raon aux côtés de son frère, fantôme du passé, esprit hantant. l'éclat de ses prunelles disparaissait ((comme raon a disparu)) mais pourtant un sourire vide était toujours posé sur les lèvres de poupée.
plus le songe s'intensifiait, plus le rictus disparaissait. poupée se tourna soudainement vers le miroir ; sa souffrance ne semblait pas être justifiée par rapport à celle de soan. il avait perdu sa moitié, sa soeur. ((l'amour fraternel, tu ne connais pas ça, areum.)) un soupir qui s'échappe des lèvres de la poupée de porcelaine alors qu'elle s'installait dans le fauteuil tandis qu'on jouait de nouveau avec son visage. pourtant, même les yeux fermés, raon semblait rester dans sa vision, gravée dans sa mémoire. avait-elle fait le mauvais choix en suppliant soan de l'accompagner de nouveau au mannequinat, une activité remplie des souvenirs fantômes de sa soeur ? lèvre inférieure coincée nerveusement entre ses dents, la poupée finit par prendre la parole sans se tourner vers son ami. "Ne te force pas à participer. Je suis déjà contente que tu sois juste là." hypocrite pour la poupée de dire à son ami de ne pas pousser ses limites, alors qu'elle-même se pousserait au bout jusqu'à se briser en mille morceaux comme de la porcelaine. qui serait là pour ramasser les morceaux ? soan, elle espère. ((ou peut-être serait-ce mieux que personne ne la ramasse))

L’étreinte de la jeune femme lui met un peu de baume au cœur, et sa réaction à l’idée de le voir sali par le maquillage étire ses lippes davantage encore, presque moqueur. Avant de finalement hausser les épaules.

— Même si c’était le cas, ce n’est pas très grave. Ça s’en va.

Malgré tout, ses doigts viennent trouver son corps à nouveau, à en vérifier que les tissus sont intacts, tandis que son regard suit son geste, pour constater par lui-même ; qu’il n’y a rien.

— Tout de même, il rétorque, avant qu’elle ne lui tourne le dos pour retourner à sa place.

De son côté, le jeune homme observe un peu les alentours, à chercher où déposer son casque de moto ; à repérer un peu plus loin la surface d’une commode vide, puis de se rapprocher de celle qui avait fini, par la force des choses, devenir son amie. À se confondre en courbettes de politesse quand une personne du staff lui apporte un fauteuil gracieusement. A s’y asseoir, avant de le faire tourner vers le miroir sans le vouloir ; à constater que le casque n’a pas épargné ses cheveux, à être ébouriffé. Il passe alors ses doigts à travers quelques mèches, avant d’agiter sa main pour les remettre en place rapidement.

Soan ne semblait pas phaser plus que ça du fait d’être dans un studio photo ; sûrement le travail de mois de thérapie, même si une partie de lui trouve ça étrange de ne pas être avec elle, ce n’est pas quelque chose de douloureux – pas à l’instant T en tout cas. Il essaie de ne pas y penser, alors qu’il regarde Areum être maquillée, se souvient de ses moments partagés tous les trois – revoit un instant Raon assise à la place de la blonde, se rappelle à quel point ils pouvaient rire – à quel point ils avaient l’impression d’être invincibles ; duo inséparable d’Athéna, deux héros à la polarité opposée, deux faces d’une même pièce. Il est évident que Raon, ou du moins son absence, continuera de les hanter des années durant.

— Je peux le faire. Il dit simplement. Sinon je ne serais pas là. Et puis je ne suis pas tout seul. Tu es là.

Léger sourire à ourler ses lèvres, l’air de dire qu’il ne changerait pas d’avis maintenant qu’il était là.

— Et puis c’est toi qui a insisté pour que je participe. Je ne peux pas annuler au dernier moment, ce n’est pas correct.

Avant de céder sans résistance aucune aux mains expertes d’un autre makeup artist qui a été dépêché pour lui. C’est typiquement pour ces personnes-là que le jeune homme ne se voit pas changer d’avis. Sans savoir que la jeune femme se sent tourmentée par l’absence de celle que l’on nommait autrefois Asmi. Sans savoir qu’à ce moment-là, elle en souffrait presque plus que lui.

we'll be a fine line,
amusement dansant dans ses prunelles en voyant les cheveux ébouriffés de son ami, résultat de son casque de moto, avant de cacher ses iris derrière ses paupières déjà maquillées, visage de porcelaine effleuré par les pinceaux de maquillage venant parfaire le tableau. et la distraction que seul soan pouvait faire danser en elle sur ce sujet si délicat commençait à finir sa valse, les pensées qui avaient la forme d'un fantôme, d'une pièce de puzzle manquant à la vie de son ami entraient en scène dans son esprit pour y faire une performance des plus émouvantes. mais sa voix réveille marionnette de ses cauchemars éveillés, éteint les projecteurs de cette sombre représentation pour y laisser la tranquillité d'un théâtre vide. ((tu n'es plus obligée de faire la comédie à ses côtés, areum.)) sourire des plus sincères sur ses lippes en entendant cette voix salvatrice qui vient panser ses maux sans même que le héros ne le sache. tu es là pour lui areum. tu peux servir. culpabilité qui lui rongeait les trippes, noeud dans l'estomac qui se desserre tout doucement à ses mots. mots qu'elle avait besoin d'entendre sans même le savoir.

et le rictus qui se transforme en une moue consternée exagérée ; une main de porcelaine posée sur son coeur, un bruit d'exclamation susurré entre les lèvres. "Insisté ? Pas du tout !" complicité qui brille dans son regard alors que poupée laisse échapper un "mph!" ; mais marionnette ne pouvait empêcher les deux bouts de ses lèvres de s'élever. "Je t'ai juste... envoyé quelques messages très corrects et professionnels pour te montrer que je voulais que tu sois là." détournement de son visage pour y cacher son sourire ; petits rires qui s'envolent comme une mélodie tandis que des mains commençaient à embellir les cheveux de poupée. regard rapide dans le miroir ; prête à combattre son propre reflet, sa culpabilité et ses regrets. les mauvaises pensées commencent à danser de nouveau, mais poupée n'est pas seule.

étoile d'une constellation, naos, qui brillait autrefois auprès d'une étoile jumelle ; lumière éteinte. et marionnette sait bien qu'elle ne remplacera jamais l'astre perdu. mais elle peut être là pour celui laissé derrière. "J'avais un peu peur de te demander ça, mais ça fait un moment déjà que je voulais te revoir poser..." regard dans le vide, n'osant même pas le posé sur son ami alors que poupée jouait avec ses doigts nerveusement. mais elle savait qu'elle devait laisser échapper les mots. pour qu'ils puissent guérir ensemble. "Mais j'avais peur que ça te rappelle Raon. Elle me manque, mais je ne peux pas imaginer ce que ça te fait, à toi." un soupir qui s'échappe dans l'air alors qu'elle sentait les larmes qui commençait à perler aux coins de ses yeux ; doigts fins qui prennent rapidement emprise d'un mouchoir pour éviter un désastre sur son visage. "Désolée de parler de ça." rire gêné qui sort de sa gorge, humidifié par les larmes et l'émotion ; mais poupée avait besoin de dire ses choses, même si elle n'attendait aucun mot de réconfort en retour. "Mais je suis très fière de toi. Vraiment." et enfin marionnette se permet de regarder son ami. jamais elle ne pourra remplacer la lumière de l'étoile morte, et jamais elle ne tenterait de le faire. mais poupée de porcelaine sait qu'elle peut tout de même briller auprès de l'étoile restante. elle le veut, même. et enfin pourraient-ils laisser les plaies être apaisées et cicatrisées.
appel soudain à la réalité qui brise le moment. sentiments mitigés pour poupée, peu habituée à mettre ses émotions à nu mais le vase débordait. alors elle adresse un sourire à son ami, astre qui continue de briller. "Prêt ?" prêt à guérir avec moi ?