ballroom extravaganza (leyun)

les pas sont lents, hésitent à franchir l'entrée, comme si une barrière invisible la maintenait à l'écart. le poids des gemmes précieuses ornant le voile de sa robe, aussi pesant que son appréhension. là, au milieu des étoiles, elle se sent tache ; bavure minuscule, mais oubliée, qu'on passe sans réellement la remarquer. elle n'a plus l'habitude des belles choses, des étoffes douces et des joyaux brillants ; elle se sent risible dans la luxure du cadeau. ses bras se resserrent autour d'elle, garde fermée la veste qui dissimule l'œuvre d'art lui collant à la peau.

foutu levi. qu'elle pense silencieusement. silhouette qui s'est prise à longer le mur afin de le retrouver, de remplir sa promesse de l'y voir rapidement pour pouvoir fuir, encore plus rapidement. c'est qu'elle appréhende tout, appréhende plus que tout de les croiser, car ils seront là, inévitablement. the void, et sa dernière pimbêche, les anciennes amitiés brisées, et celleux qui avaient savouré sa chute. quelle mauvaise idée de s'être laissée convaincre... elle n'avait plus sa place ici. peut-être ne l'avait-elle jamais eu.

boule d'humiliation se loge au fond du gosier ;
il faut fuir avant qu'on la remarque ;
disparaître dans l'oubli calomniateur,
mais familier.

t'avais promis d'être là...
t'es où ?

Première barrière envolée, elle n'en était que la première raison d'une rédemption certaine. D'un besoin de tendre la main pour en oublier sa propre laideur et la monstruosité qu'il pourrait être. Et puis les années avaient défilé, en éveiller des tourments, une confiance, des chemins sinueux entre deux êtres sans laisser tomber, main toujours tendue. Jusqu'à demander presque l'impossible, présence dans les soirées qui avaient semer aussi sa perte.

Qu'il en soit maitre de la soirée,  sourire chaleureux à chavirer entre les convives, charisme foudroyant, c'est tout ce qu'il souhaitait de lui. Encore stable le temps d'un instant, veines sans substance, rien ne serait tardé sur la suite. Mais elle en fait son entrée, oiseau égaré robe achetée par ses soins, elle n'en est rien de moins qu'une des plus belles merveilles de la soirée.
Crainte.
Terreur torturée dans les iris.
Estomac qui pourrait se tordre sous les prunelles.
Il s'en rapproche, héro ne quittant jamais son poste «Tu as respecté ton engagement.» Air satisfait, rictus protecteur envers elle, phalanges qui s'avancent vers la silhouette, attrapant la veste qui cachent les éblouissements.  «Tu permets ?» Poussant les remparts, pour qu'elle ne se cache plus jamais, qu'elle envoie valser ce monde qui lui avait causé pire rejet. Suite du spectacle, doigt qui en accroche le menton, relève la tête de la belle.  «Et maintenant, on lève la tête haute.» Terminant d'une mèche replacée derrière l'oreille.

 

et quand le coeur menace de flancher, sa voix s'élève en mélodie apaisante. seul ami parmi les ennemis ; ligne parfois floutée quand les demandes se faisaient trop grandes, à en pousser l'exilée au-delà de ses limites. apparence digne des preux chevaliers, à en faire tirer les lèvres d'un sourire moqueur. longtemps désillusionnée, les chevaliers ne sont que des soldats glorifiés et l'amour n'est rien face au poids des ordres. pourquoi t'en sonne surpris ? alors qu'elle n'a jamais été qu'un modèle d'honnêteté ; à ne promettre que ce qu'elle pouvait honorer. trop blessée par les promesses non gardées ; à placer above all son intégrité à défaut d'avoir mieux à offrir.

la silhouette qui se recroqueville, fuit les doigts inquisiteurs un instant avant de s'immobiliser. la carcasse entière se tend alors que l'armure lui est retirée ; dévoile l'exquis travail d'artisan ayant brodé les étoffes contre son derme. l'air semble frais contre sa peau, éveille un frisson le long de sa colonne, et elle ignore si c'est réellement la brise, ou les regards qui glacent son sang. se moquerait-on de son apparence en ligne ? à dire qu'elle en faisait trop, ou peut-être passerait-elle inaperçue ? et dans sa confusion la plus totale, elle ne saurait dire quel serait le pire fléau. de son timing impeccable, levi vient fracasser les pensées noires de sa présence. ses doigts contre son derme chaud, à lui rappeler qu'elle n'est pas seule cette fois-ci. le fantôme d'un sourire flotte sur ses lèvres un court instant, à se demander s'il n'était pas illusion, avant que sa pensée la plus réelle ne glisse sur sa langue. j'ai besoin d'un verre. tout de suite.