myosotis ((taeri))

to fight against ourselves
we must forget

ah, ce n'était pas du tout l'endroit où elle devrait être, une boîte de nuit. jamais de sa vie entière elle ne pensait y mettre les pieds, et pourtant, notamment grâce à une bonne amie qui l'avait conseillé, et dit qu'elle devait arrêter de s'enfermer sur elle-même, yehwa avait tenté la pire chose possible : survivre une nuit dans un club. ceci était probablement la première nuit où elle sortait depuis l'incident de juin, son cœur ressentant encore les tremblements et la culpabilité de ses actions, mais afin de pouvoir oublier, de pouvoir vivre, elle allait tout tenter. même si cela devait dire potentiellement se mettre en danger dans les mains d'un public qu'elle n'avait jamais côtoyer : le monde de la nuit. elle s'était apprêtée pour bien se fondre dans le public, mais suffisamment pour que seulement le nécessaire ne puisse être visible, cachant les erreurs et les peurs derrière des tissus pourtant si léger. il fallait qu'elle arrive à passer ce pas, à être plus extravertie, à chercher à connaître des personnes, connaître ce monde dans lequel elle vivait, le monde des personnes lambdas, comme elle, comme elle voudrait être.

et pourtant, elle ne mit qu'un pas dans le club avant de regretter sa décision. la musique frappant ses tympans, les lumières qui pourraient causer des crises à une personne épileptique, et l'odeur de l'alcool recouvrant le lieu complet. yehwa n'avait jamais été une grande buveuse d'alcool, ils préféraient le champagne, le vin et autres alcools chez elles, et elle les détestait. les cocktails des bars ici cependant, elle devait l'avouer, ils étaient attrayant. et même alors que le dancefloor était tout sauf intéressant pour elle, les cocktail et les différentes boissons maintenant là, c'était différent. peut-être que c'était sa façon de découvrir un nouveau monde, ou alors d'oublier son état mental plus que mauvais grâce à l'alcool, mais la voilà partie dans une descente de chaque cocktail disponible qu'elle ne connaissait pas juste pour pouvoir les goûter chacun et noter ceux qu'elle aime et ceux qu'elle ne prendra plus jamais. bien sûr, ce n'était pas une bonne idée. et elle en avait entièrement conscience. elle voulait juste oublier quelques instants, sans pour autant que l'on l'oublie entièrement.

vivre, sans avoir peur.
vivre libre pour une fois.

le résultat ?
yehwa qui aurait dû boire quelques verres en moins, mais étrangement extravertie.
dépressive, mais extravertie.

elle était là, au coin du bar, à offrir des verres à un tel, ou une telle, sans même les connaître, juste parce que "celui-là est pas mal". et elle rigolait, comme si elle était réellement heureuse, chose qu'elle n'a pas été depuis si, si longtemps. tant qu'alors qu'elle offrit un verre à la personne venant proche d'elle, elle ne fit que sourire comme si le monde était beau, doux, et si amusant.

« oh celui-ci est pas mal ! tenez, goûtez avec moi ! »

comme un enfant dans un magasin de jouet.

to fight against ourselves
we must forget

Taeri ne peut pas mentir, il use sans cesse de ses privilèges. Un sourire niais, une photo, et le voilà bénéficiant des meilleurs traitements de ceux qu'il aime appeler : ses fans. Ce soir encore, il en use. Les verres gratuits, la zone vip, et quelques photos et signature à même le corps, pour se persuader qu'au fond, il fait ça pour le travail. 

La pénombre et la lumière vive est son meilleur ami, ici, il se sent en vie. Ressourcer même ! oserait-il dire. Quand la musique tape si fort, que le corps se met à se mover sans lendemain. Le goût de la pénombre est celle-ci : sucrée et piquante, comme un dessert qu'on a trop attendue de déguster. 

Et si d'habitude, il ne se soucie pas des autres, son regard est attiré par ces jeunots trop près du barman. Il sent le bourbier, les garçons s'échangent des regards sur ce corps frêle, cette blondeur qui porte à préjudice. Ces rires cristallins qui témoignent de la fragilité et la naïveté de la demoiselle, celle-ci se transforme en proie, et il comprend qu'il est obligé de travailler pour de vrai.

Son corps se glisse jusqu'au bar, et  avant que celle-ci ne menace de tomber de sa chaise, il l'attrape par les hanches. Pas soif, et toi non plus. Ils ne se connaissent pas forcément, mais il reconnaît son visage, ses traits, ses yeux, il l'a déjà vu, c'est une trainée ou une héroïne d'une classe trop basse qu'il ne saurait le dire. 

Taeri la traîne jusqu'à l'espace VIP où il vire tout le monde d'un geste de la main. Sans attendre, il l'assoit sur un fauteuil, et offre une bouteille d'eau. Si tu continues comme ça, tu vas te faire bouffer par les grands méchants, et j'te promet que ce n'est pas fun de se faire croquer les fesses. Dit-il dans un rire amusé. Boit, j'te promet que ça aide.

to fight against ourselves
we must forget

c'était tellement rare maintenant de la voir avec un si grand sourire, l'impression qu'elle était vraiment heureuse, alors que ce n'était que l'alcool qui forçait cette impression entière sur le monde. elle était enfin capable de lever la voix, de se faire entendre, d'être présente ailleurs que dans un coin à attendre que tout se finisse. elle pouvait sourire aux regards des personnes autour d'elle, peu importe le regard qu'ils lui donnaient, qui l'agressaient, elle pouvait passer au dessus de tout, et enfin, elle pouvait respirer. elle le pensait réellement, qu'elle avait trouvé une façon d'être libre, d'être enfin elle-même, d'être fière et haute comme sa famille la toujours été, mais tout ceci n'était que mensonge. mascarade de l'alcool, la forçant à oublier tout ce qui était sa propre personne pour la remplacer par celle qui ne voit rien, qui ne voit pas ce qu'il peut se passer derrière chaque mur. peut-être que c'était juste ça qu'elle voulait. ne plus rien voir. ne plus rien sentir. être entièrement libre de ses sens.
et en parlant d'être libre de ses sens,
ses muscles commençaient à la lâcher,
rattraper par un pur inconnu.

le temps qu'elle ne comprenne ce qu'il venait de se passer, elle était là, dans une nouvelle zone du club, luxure et brillance étant leurs seuls compagnon. confuse, elle devait l'être plus que visiblement, sa tête tournant bien plus rapidement qu'elle ne pouvait réellement regarder où elle était. « hey mais j'ai laissé mon verre là-bas, pourquoi on est ici. » dites à haute voix, chose qu'elle aurait habituellement pensait tout bas. elle n'était plus réellement elle-même, en tout cas pour le moment, mais ses yeux se posèrent sur le jeune homme qu'elle n'arrivait pas réellement à voir, à comprendre, à décrypter. une bouteille d'eau tendue vers elle, et des mots qui n'avaient aucun sens, la blonde mit ses mains sur ses hanches, moue visible, avant de lâcher un lourd soupire. « tu me prends pour une pauvre idiote ? je sais me défendre, et j'étais très bien là-bas. pourquoi je devrais boire cette eau alors qu'il y a mieux là-bas hein ? » ah si elle se voyait, si une personne osait filmer cette scène, ou même lui remémorer une fois cette soirée terminée comment elle était devenue, elle serait morte de honte. honteuse de porter ça sur la famille lee, honteuse que l'unique fois où elle est visible en public soit alors que l'alcool avait pris le dessus sur son corps.

« moi j'y retourne. » dit-elle sûre d'elle, avec une jambe titubant comme si elle venait d'apprendre à s'en servir. maintenant qu'elle était debout, qu'elle marchait, le monde n'était plus aussi clair qu'avant, sa vision était bien plus trouble, et ne cessait de bouger, tournant constamment, comme elle-même ne tenait pas en place.
et c'était malheureusement le cas.

quelques secondes plus tard, la jeune étudiante se tenait à un pilier du club, comme s'il s'agissait de sa seule façon de survivre, comme si le laisser tomber signifiait qu'elle ne pourrait jamais se relever. « est-ce que l'endroit a toujours bougé comme ça ? » si seulement, si seulement c'était que ça.

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we must forget

Cœur héroïque ne peut pas renoncer à secourir une demoiselle en détresse. Malgré l'effluve de la fête, les filles qui attendent et l'odeur trop forte de vodka qui donne envie de danser. Son odeur à elle surplombe et celui du danger qui rode. On dit que le chien a souvent un troisième œil, peut-être était-ce réel, peut-être pas ? Peut-être qu'il pouvait anticiper ou a contrario, s'imaginer une réalité qui n'est pas ?


Et même si ladite demoiselle en détresse préfère le feu du danger, il ne peut se résoudre à tournée le talon. Il lâche un long soupir agacé Tu es déjà entrée en carrée VIP pour vouloir en sortir aussi rapidement ? Rale t il, main de part et d'autre de son corps qui menace de s'écrouler, sans pour autant la toucher. Get off of her ! Hurle-il au regard incessant tandis qu'il montre les crocs dans un aboiement. Suis le chemin que la blondinette trace dans la foule, jusqu'à ce que ses pas flanchent. Il a envie de le dire : Je te l'avais bien dit ! Mais Taeri n'est pas son frère et il n'accable pas les erreurs commises, au contraire, il l'accompagne jusqu'à ce qu'elle s'en rende compte, elle-même.

ça suffit ? le ton est las, récupère l'enfant du bout des doigts. Les mains sur la taille, soupire comme un gros daron. Esprit de héros ne quitte pas ses veines, bien qu'il essaie de profiter. Le garçon maudit, alors qu'un nouveau coup est servi. Il l'aide à se redresser, afin d'éviter les tourbillons qui pressent la tête. Ton visage me dit un truc elle est connue ? Ou elle ressemble à quelqu'un de connu ? Aucune idée, mais finalement, il se prend au jeu et enfile un shooter à ses cotés. Un seul et après on rentre. Un peu trop raisonnable, le dogo.

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il faut croire que même alors qu'elle agissait enfin comme une personne de son âge, comme toutes les autres étudiantes qu'elle croisait sur le campus, rien ne changeait sur elle. toujours aussi étrange, apparaissant comme hors de son monde, et en danger même. le danger, yehwa le connaissait très bien. rentrer était un danger, être ici était un danger, à partir d'un moment, chaque jour de sa vie était un danger, et elle détestait ça. certes, elle était petite, blondinette avec les bras fins, mais se sentir incapable de se défendre, de ne pas être une cible à chaque pas, c'était tout ce qu'elle détestait. et cela, elle ne le dirait pas normalement, mais l'alcool était libérateur. les voix fortes, cris et rires, menaces et autres forts sons venant à lui causer une belle migraine, une main venant à tenir sa tête, soupirant fortement. « moins fort, y a déjà trop de bruit ici. » c'était bien loin de son silence habituel, bien sûr qu'une migraine allait prendre place, et que l'alcool ne l'aiderait en rien.

si seulement elle était encore elle-même, la yehwa de tous les jours, elle aurait crié au moindre touché. tout sauf tactile, elle détestait plus que tout d'être touché, par un inconnu encore plus, mais l'alcool lui faisait penser à tout autre chose, ignorant tant de choses qu'elle ne devrait jamais ignorer. « hmm ? moi ? non, mes parents peut-être mais pas moi, personne me connaît moi. » sourire venant se poser sur ses lèvres en fixant le jeune homme, juste parce que la possibilité d'un verre de plus était encore présente, mais derrière tout ceci était la preuve que malgré ses origines, ses racines, et même ses connaissances, yehwa restait une jeune femme perdue entre tant de popularité. ses parents étaient grands, connus, son frère également, ses amis sous athena encore plus, mais elle, juste une moins-que-rien. « j'veux un cocktail alors, et on rentre où ? puis t'es qui ? j'ai même pas demandé. » s'accrochant au bar comme si sa vie en dépendait, la blonde fit un signe au barman, utilisant toute la longueur de son bras alors que la force disparaissait deux secondes plus tard, sans même venir à se détacher du jeune homme à ses côtés. tout ce qu'elle voulait était de se noyer encore et toujours dans cet alcool, les autres, tout ceux autour, ce n'était qu'un détail à ce niveau.

elle disparaissait,
aussi facilement que de la poussière.