When the two cats purr together - ft. Lim Minjae

Métro, boulot, boulot... et un petit peu de dodo. Les jours s’enchainant rapidement sans l’ombre d’une pensée polluante. Ces semaines de travail avaient quelque chose de thérapeutique. Il était plus simple d’occulter ses songes quand l’esprit est overbooké. Pas le temps de penser, pas le temps d’introspecter et donc pas le temps de se faire du mal. Tout le monde était très occupé depuis l’attentat... Les enquêtes se succédant, tout comme les heures supplémentaires. Hongdan ne s’en plaignait pas, mais elle sentait que son corps réclamait du repos. Après avoir autant forcé sur ses propres forces, ses pouvoirs risquaient de perdre en efficacité. Une petite pause s’imposait, elle avait donc proposé à Minjae de venir dormir chez elle un weekend. Une soirée qui allait être cocooning, douce et détendue. Evidemment, Hongdan n’avait pas pu s’empêcher de le taquiner par message... Il était étrange qu’elle soit aussi bavarde à l’écrit alors qu’à l’oral... L’on pourrait croire qu’il s’agissait d’une tombe verbale. L’héroïne n’était pas douée pour communiquer avec sa voix... Les mots ne venant pas aisément, ou bien... Ils ne parvenaient simplement pas à sortir. Sa gestuelle demeurait bien plus parlante qu’elle.  
D’ailleurs... Elle s’était mise en pyjama. Quelque chose d’assez confortable sans être ridicule, un petit short en coton avec une brassière assortie. La pudeur n’avait pas de réelle place dans son esprit. Un corps restait ce qu’il était, un amas de chaire. De plus, si Minjae lui faisait part de sa gêne, elle enfilera quelque chose de plus couvrant.  
Pour l’heure, la demoiselle avait disposé des snacks, des boissons et autres joyeusetés en tout genre sur sa table basse, ayant déplié son canapé pour qu’il soit semblable à lit confortable et avait allumé son projecteur mural. Il n’était que quinze heures, ils avaient donc le temps de discuter en matant une série avant le repas du soir.

Quand elle entendit sonner, elle se redressait du meuble duveteux pour aller jusqu’à la porte. Ouvrant en le saluant poliment avant de l’inviter à pénétrer dans son appartement.

- Mets toi à l’aise.

Car pour sa part, elle l’était. Pieds nus, les cheveux attachés d’un chignon négligé et des lunettes sur le nez. Il s’agissait de lunettes de repos. Sa vision à travers les murs avait particulièrement fatigué ses yeux.
Une fois qu’il fut déchaussé, elle lui prit la main pour le tirer jusqu’au salon avant de choir sur le canapé en l’entraînant avec elle, le laissant s’écraser sur elle avant de souffler de soulagement.

- Boissons et snacks préférés à disposition.

Afin d’étayer ses propos, elle pointait du doigt avec sa main libre, les fameuses denrées. Ses doigts venant glisser dans la chevelure du jeune homme. Son visage respirant toujours la neutralité mais son regard laissant entrevoir sa satisfaction d’avoir Minjae à ses côtés. Après tout... Elle a toujours été très tactile.

Délivrance, la pluie frigorifiée par la douche embrassait cette prestance en agonie. De légère brûlure, ecchymoses maquillaient ce charnel sous la torture d’un entrainement intensif. Un affrontement dont son don se retournait souvent contre son gré. Un soufflement s’ébruitait entre ses pulpeuses meurtries par sa charmante dentition. Le poids d’une culpabilité lui rongeait les os comme sa psyché. La précipitation s’estompait sous l’absence de ce corps dans la cabine. L’adonis se délectait de cette multitude d’écorchure. Ses phalanges longeant sa jugulaire pour oppression sa respiration. Puis soudainement, ses ongles brutalisaient cet épiderme, laissant s’écouler ce breuvage pourpre. La fragilité et la faiblesse blottis sous l’amour de ses ainés.

Une sous-couche de bandage embellissait la prestance du martyre, lui adonnant une ramure momifiée comme un teint blafard sous la procréation d’une énième fièvre qui allait survenir. Un effet secondaire, une sentence légitime pour cause d’un surplus d’utilisation de son propre don. Malheureusement, le surmenage des derniers jours incitait ce charnel à s’exempter de la conscience pour fleurir dans l’onirisme.

En face de ce dernier obstacle, sa vision lui offrait une délicieuse brume qui obstruait la netteté de son environnement. La pulpe de son doigté venait tapoter légèrement sa trempe pour éveiller les dernières forces de ses oeillades pour réarranger ce dysfonctionnement oculaire. Dès lors que son index pianotait sur la sonnette, la jouvencelle s’offrait aux oeillades du garnement en lui accordant sa bienveillance. Sans pouvoir la remercier de cette invitation, notre adonis fut emmené rapidement dans le logis de l’héroïne. Ses orbes oculaires peinaient à suivre toutes les images qui défilaient devant eux, les locaux, le salon et surtout, la légère tenue de la maitresse de maison.

Hélas, il fut rapidement malmené jusqu’à s’échouer sur le corps de la dulcinée. Au final, la métaphore du chat le sied à merveilles. Sa prestance s’élevait rapidement pour ne guère profiter de cette proximité que de nombreuses personnes auraient longuement convoité. Ses fins traits faciaux de princier exprimaient une certaine abnégation, propre à sa perpétuelle droiture et froideur, devant cette douce caresse capillaire encore humide. La longitude de ses fibres osseuses ôtait avec délicatesse cette impudente et aventurière dextre pour la redéposer sur le matelas. Son attention se portait sur cette tablée dressée pour le confort de son invité. Bien que ses traits étaient froissés par l’impassibilité, une douce chaleur choyait son essence devant ce bienfaiteur presque angélique.

D’un seul coup, il se permit d’ôter sa veste pour dévoiler sa douce chemise l’habillant comme ces nombreuses bandelettes immaculées. Sa senestre dérobait un cadeau de son sac pour l’offrir à son amie. Une paire de boucles d’oreille faite avec du vitrail décoratif.

« Je ne savais pas comment te remercier pour ton invitation alors je t’offre ceci. J’espère que tu aimeras. Sinon, je trouverais autre chose. »


Délicatement, il forçait sur ses prunelles pour percevoir un verre d’eau afin d’hydrater en continu ce corps qui semblait lui faire défaut ces derniers temps.

Quelle tragique réalité... Comment un être donnant autant de sa personne pouvait manquer de tendresse. À force de s’oublier, le corps finit par quémander ce qu’il lui revient de droit... Les mots ne demeurant pas la seule forme d’expression, les gestes suffisaient à trahir les véritables besoins de l’héroïne. La gloire ? Ce n’était pas cette dernière qui réchaufferait ses draps une fois la nuit tombée. La fortune ? Celle-ci ne comblera pas le creux constant dans sa poitrine. L’admiration ? Ce sentiment ne procurera même pas l’équivalent d’une caresse sur sa joue. Ce travail ne lui était pas gratifiant, il s’agissait là d’un simple devoir, d’une raison suffisante pour vivre. Les seuls éléments lui apportant véritablement du bonheur n’étaient autres que ses proches. Uniques spectateurs de sa faiblesse et de sa sensibilité. À quel point cette femme, paraissant semblable à un roc, pouvait être en mal d’attention corporelle. Le pauvre jeune homme put le subir pendant un bref instant, puisqu’il s’extirpait de cette étreinte non consentie. Pas de soupir, ni de déception ne transparut dans ses orbes donnant sur son âme meurtrie. Il serait ingrat d’éprouver un quelconque agacement, il avait accepté de venir, de passer du temps à ses côtés. Cela devait suffire à obtenir sa gratitude. De plus... Quand le jeune homme ôtait finalement sa veste, il laissait entrevoir le tissu protecteur si propre aux personnes qui se blessent. Nul besoin de paroles pour justifier son besoin d’espace, l’étreinte pouvant s’avérer douloureuse dans de telles conditions. Ses sourcils se fronçant légèrement alors qu’il lui offrait son présent.

Toujours impassible et peu expressive, elle prit doucement l’offrande et passait délicatement ses phalanges dessus. Un doux mélange entre la reconnaissance et l’émotion. Tant habituée à donner sans forcément recevoir, elle était touchée par ce geste.

- Elles sont magnifiques. Merci.

A l’évidence, ces dernières allaient être chéries. Similaires à un bien d’une grande valeur, elles trôneront sur sa table de chevet, là où elle pourra profiter de leur beauté. Sans doute, osera-t-elle les porter pour une occasion importante ou spéciale... En attendant, il était clair qu’elle en prendra soin. Ce présent eut le mérite de lui arracher un léger sourire... Minjae avait un de ces privilèges... Celui de pouvoir observer de temps à autre, ce rictus si rare et pourtant d’une sincérité sans faille...  
Ainsi, elle se redressait afin d’aller les ranger dans un endroit sécurisé puis, elle revint à lui... Entre temps, elle en avait profité pour récupérer un onguent. Déposant le contenant sur la cuisse du jeune homme, elle ajoutait calmement.

- Aloe vera, miel médical, macéras huileux de millepertuis et collagène marin... Testé et approuvé contre les brûlures.  

Une bien belle liste... Mais le tout lui était souvent très utile... Le sel au contact de l’eau ou de la glace pouvait brûler... Ainsi, cette décoction n’était que le résultat de recherches afin d’assurer une cicatrisation rapide. Enfin... Encore faudrait-il que ce petit présent soit accepté.
Pour sa part, l’héroïne ne cherchait pas à le questionner. Si le désir d’en parler lui venait, elle l’écouterait d’une oreille attentive. Mais allait-elle le forcer pour autant ? Non. Ce serait contre productif. De ce fait, elle attrapait sa gourde afin de boire quelques gorgées du contenu puis elle demandait avec douceur.

- Quelle série ou film en fond ?

Sa culture cinématographique étant proche du néant, il demeurait bien plus à même de choisir... Qui sait... Le garçon allait sans doute lui faire découvrir de nouvelles choses ou références, comme il était si doué pour le faire.  

Délectable brise réconfortante s’opposant à ces tourments grésillants. La bonté d’une bienveillance proclamant sa délicatesse dans des gestes hésitants. La chambrée vibrait sous de nouvelles teintes, le gris s’estompant pour dévoiler des couleurs pastels. La demoiselle au parfum humé d’un fruité sucré, cueillait le cadeau adonné. Les astres illuminaient les orbes oculaires du garnement qui dévisageait le comportement de sa compagne d’infortune. Chaque geste, procréation d’une esquisse ou même, le frissonnement de son épiderme était observer pour convenir à une conclusion. Elle semblait ravie de ce présent. L’exposition de cet art glorifiait légèrement les capacités de l’effarouché des contacts socials. Toutefois, l’aura de bienfaitrice semblait envoûter ses maux comme ses peurs internes. La commissure de ses charnues s’élevait sous l’ébauche d’un sourire lui confessant intimement des remerciements inaudibles.

Néanmoins, la fiole entre les phalanges de la marquise fit estomper son sourire. La pulpe de son doigté réceptionnait ce médicament pour en écouter ses vertus.
Soudainement, la longitude de ses phalanges ôtait les bandages pour y démontrer l’atrocité de cette chair calcinée par le surmenage d’un don au double tranchant. Le liquide s’écoulait sur les formes disgracieuses pour apaiser leur maléfice. Une légère grimace s’imageait sur la courbe de ses sourcils, son bras tremblait sous l’étouffement de cette douleur qui dévorait sa patience inée. Un juron s’ébruitait de ses charnues, notre félin s’émerveille dans un non-respect de ses belles paroles de noble. Un moment d’éveil sous la réalité, ses oeillades remontaient devant le joli minois de sa partenaire qui découvrait le burlesque de la situation.

« Je ne m’y connais vraiment pas. Je n’ai jamais regardé la télé… Mais est-ce que tu peux chanter  ? Je me suis toujours demander ce que ça faisait quand une mère chantait pour son enfant. Loin de moi, l’idée de dire que tu ressembles à une génitrice. Mais je suis plutôt curieux. »


Demande incongrue qui pouvait sembler aberrante. Sous la réflexion de cette activité vocale, ses oeillades quémandaient la redemption d’un Eden infantile. Renouant ses bandages avec efficacité, il déposait la petite fiole pour façonner une position en tailleur. Ses charnues se décollaient pour essouffler quelques mots dans une mélodieuse symphonie. Lost stars. Une mélodie qui avait bercé sa contemplation devant son esprit égaré. Néanmoins, ses mots s’estompaient dans l’inaudible, comme un bruissement du vent. L’égarement cognitive lui faisait stagner dans des images qui avaient déchirés cette mélodie. Ses prunelles se perdaient dans une illusion, tremblantes devant le doux minois de la demoiselle avant d’en ébruiter un long soupir.

« Très mauvaise idée, je m’excuse. Un mauvais souvenir est survenu. Et bien, tes pauvres oreilles ont dû souffrir à l’entente de ma disgracieuse voix. »


Son doigté s’appropriait avec surprise l’une des mèches de la jouvencelle pour orchestrer une certaine tresse dont il avait longuement observé sa conception pour un jour, la façonner dans les fibres capillaires de sa soeur. Mais à l’heure actuelle, ce geste purement d’antan, n’avait guère réussi son but escompté. La première logerait dans la chevelure de sa partenaire.

« Pourquoi as-tu désiré être un héros ? Qu’est-ce que tu apprécies dedans ? »


Réponse muette, rictus si doux disparut si tôt, la vision de l’onguent semblant faire ressurgir cette souffrance calcinant ses chairs sensibles. L’application n’en demeura pas moins douloureuse, le simple langage corporel suffisait pour déduire ce simulacre de torture. Un pouvoir n’était pas nécessairement un don, il pouvait s’avérer être une malédiction. Le silence de la demoiselle s’allongeant à mesure que le chaton exprimait ses discrets tourments avant de s’effaroucher de son manque de contenance. Nul jugement ne sera observé dans la contemplation du visage calme de l’héroïne. La peine pouvant s’exprimer de diverses manières, surtout quand cette dernière se prolongeait dans la durée.  

- Chanter ? Je peux essayer. Je ne garantis pas la qualité.

Que pouvait-elle lui refuser afin d’alléger brièvement son âme ? Absolument rien. Ainsi, après une courte réflexion interne, ses lippes s’éveillèrent dans cette douce mélodie. Son esprit vagabondant dans les méandres de son subconscient. Une telle action pouvait paraître invraisemblable. Quatre malheureuses années les séparaient et pourtant, ce même instinct maternel ne la quittait guère. Le désir de le protéger, de le rassurer ou même de lui apporter cette tendresse qu’il n’avait guère connue.
Malgré cela, le chant prit fin au moment où l’iris tressaillant du jeune homme se posèrent sur elle.  

- Pas vraiment. Je ne suis pas meilleure chanteuse. Au moins, nous avons pu partager notre médiocrité.

Aucun geste de recul ne sera effectué. La jeune femme laissant son partenaire la toucher sans la moindre gêne. Lui qui était si habituellement avare en contact physique, l’interrompre dans son initiative aurait un effet culpabilisant sur ses prochaines tentatives. Ses propres phalanges continuant sa délicate caresse, accompagnant la timidité du jeune héros, bien que l’assurance de son doigté offrît un contraste déroutant. L’interrogation sera complexe... Difficile de répondre sans que la franchise ne soit trop cruelle. Le préserver d’une vérité parfois déplaisante ne lui apporterait rien. Un fin soupir s’extirpant de ses poumons avant que ses lèvres ne s’agitent.  

- Par facilité. Depuis la découverte de mes pouvoirs, ma vie a été régie par ma mère. Lui obéir et aller dans son sens étaient plus simples que de chercher la contradiction. J’ai toujours apprécié aider autrui, je suppose que devenir héroïne a été la suite logique.

Enfant sage, obéissante petite fille qui n’attendait que l’affection parentale. Une jeunesse brisée par les épreuves, la douleur et les efforts. Un corps figé dans un âge par la surexploitation de son échine afin de la renforcer. Vestiges indélébiles sur sa psyché et son être matériel. Rancune inexistante, sa résignation fut obtenues bien trop tôt. Les quelques brides de rébellion ne s’éveillant que très récemment, la voix maternelle continuant de résonner dans ses songes à chaque action menée.  

- Je suis ce qu’elle n’a pas pu être. Le reflet de son désir de grandeur. Elle aime à dire que ma réussite est son dû. Si ça peut lui faire plaisir, je la laisse parler. Ce que j’apprécie dans le fait d’être héroïne... Le travail est trop prenant et permet de combattre la solitude. Car quand je ne suis pas en mission, je suis en proie à moi-même.

Et à ses regrets, ses songes irréalisables, mais également sa lourde peine... Mais à quoi bon lui faire part d’une complainte pitoyable ? Rester forte pour ses proches, demeurer semblable à un bloc incassable... Il s’agissait là de la meilleure manière de se protéger. Ses tourments silencieux ne devaient pas froisser son entourage, aussi pesants soient-ils... Enfouir sa souffrance, la placer dans un coin reculé de son battant et s’assurer une conscience imperturbable... Tel était son quotidien pour survivre.

- Et toi ? Es-tu vraiment heureux ? Ou tu le fais pour qu’on te laisse tranquille ?

L’héroïsme... Une vocation pour d’autres, un devoir pour certains et une contrainte pour ceux qui souhaitait poursuivre un autre chemin. Dans le cas de la Baek... Son existence même s’était basée sur ce but à atteindre. Si un quelconque effondrement de sa situation venait à s’abattre... Son esprit ne le supporterait pas et son coeur se déchaînerait dans de lourdes meurtrissures. Héros ou rien...