easy on ice ((jeon))

il avait atteint un niveau de vie où le quotidien devenait ennuyant, une vie sans l'adrénaline qu'il avait auparavant, une vie sans spécialité, sans but. il n'était qu'un piètre médecin dans ce bâtiment légèrement délabré. ses collègues et salariés l'avaient bien aidé à remettre ces lieux en bon état, faire de son lieu de travail un endroit confortable pour toute occasion, cela ne signifiait pas qu'il disposait d'assez pour pouvoir rebâtir un bâtiment entier. fut quelques années, cela aurait été ce qu'il aurait fait, en prenant de ses économies en nombre, aujourd'hui, il gardait pour ceux qui en aurait le plus besoin : certaines personnes qu'il voulait "protéger" ou aider, et sa fille qui n'apprécierait probablement même pas de voir arriver une somme d'argent sur son compte en banque sans raison. enfin, cela était ce qu'il s'imaginait. non aujourd'hui n'était qu'un jour normal pour lui, sans paillette ou grandes taches de sang, juste un beau jour. son bureau était propre, les salles réservées vides comme prévues, et ses gants rejoignaient la poubelle comme à leur habitude après utilisation unique.

il avait reçu pourtant une notification qu'il ne serait pas seul dans les minutes à venir, soit un client dans le besoin, soit une personne qu'il connaissait venant lui rendre visite. avec les rencontres qu'il avait, tout était possible, et ça ne le dérangeait pas d'être dans le flou si ce n'était pas important. sécurité à une constante hauteur, chaque entrée lui était mentionné deux à trois fois, avec précision dès que disponible, autant que lorsqu'il entendit "monsieur no" il savait exactement à quoi s'attendre. il décida pour autant de l'attendre dans son bureau, avoir une petite conversation avec lui avant de lui offrir un lieu de repos, de sécurité. après tout, il lui offrait tout ceci, il avait le droit de savoir s'il devait s'attendre à la visite d'autres personnes, ou à des répercussions quelconque. porte s'ouvrant devant lui, assis à son bureau devant quelques papiers, stylo en main. « the usual jeon ? a room for the night ? l'habituel jeon ? une salle pour la nuit ? » il ne le regardait même pas, ses yeux toujours sur les papiers qu'il lisait. il ne s'inquiétait pas de la présence d'un tueur à gage chez lui, il le connaissait, il avait vu ce qu'il lui était arrivé, ce que la société avait fait de lui. lui aussi la loi lui avait craché dessus pour détruire le restant humain en lui ; l'un avait choisi le meurtre, l'autre la disparition complète de son être. ils n'étaient pas si différent au fond. « or maybe you'd want a drink ? got some gin, it's pretty good. ou je peux te proposer un verre ? du gin, il est pas mal. »

la haine ;
sensation vilaine.

celle qui court dans les veines — qui ne sera jamais vaine. elle est présente, à chaque instant. cervelet hanté, dont les pensées sont dirigées par cette animosité. à vouloir tout casser. écraser ce qui peut être brisé, fracassé ce qui peut être démonté.


pour t’expier ; purge désirée. et tes actes ne sont que l’échos de tes volontés. à disparaître dans l'obscurité, nuée où tu sais te cacher. à simplement attendre pour t’évaporer — là, pour mieux frapper. crocs acérés ; à vouloir tout dévorer.


pourtant, t’as besoin de te reposer. antre où tu pourras être en sécurité. toi, le loup affamé. à sans cesse te malmener pour gagner.

« indeed. »

la voix qui résonne, politesse envolée. t’as jamais aimé parler pour ne rien dire. tu préfères te taire — et écouter. là, l’œillade qui s’écrase contre la carcasse opposée. il est habitué, rafael. questions superflues ; actes atténués.


« sure. » ; à prendre place, chaise désormais habitée. cliquetis de ton pistolet qui s’écrase contre la surface boisée. signe d’un véritable respect ; à refuser l’idée de le violenter.

« what’s up ? » — dires hilarants ; pour détendre une atmosphère toujours apaisée.

dans ce monde de haine,
âmes perdues se réunissaient.

c'était après tout sa spécialité, de rencontrer tout ceux qui avait besoin d'un petit peu de soutien. ceux rejeté par la société, ceux qui ne voulait pas s'accorder aux lois et règles de la société. ici, ils étaient la bienvenue, d'être, de faire, d'accomplir, juste pour la malheureuse somme de quelques wons. il n'y avait rien à perdre. sauf s'ils venaient à trahir leur parole.


second verre venant à être poser sur le bureau devant lui, sortant ensuite une belle bouteille d'alcool d'une commode proche, il versa deux verres, accompagné d'un simple glaçon en leur milieu. « here you go. enjoy while it's still free. » « voilà. profite pendant que c'est encore gratuit. » sourire venant s'esquisser en coin de lippes, à profiter des conversations simplettes pour ne rien réellement prendre au sérieux, jusqu'à qu'il ne puisse plus garder tel sourire.

verre en main, tournant le glaçon dans son verre d'un simple geste de la main, il ne put s'empêcher de lâcher un léger rire en entendant sa simple, pourtant si amusante question. dans un monde comme le leur, il y avait tant à dire, et pourtant ce n'était pas habituel, d'en rire ainsi.  « oh you know, the usual. healed a few people, seen new faces. figured out i'm actually a dad, the normal stuff. and you? » « oh tu sais, la normale. soigner quelques personnes, voir de nouveaux visages. réaliser que je suis père, la normale. et toi ? » comme si de rien était, à avouer les secrets que certains garderaient si profond, preuve qu'il ne s'inquiétait pas en présent de jeon, malgré son statut, malgré son métier.

because they both did well with corpses,
no need to be afraid of anything.

car même les monstres avaient des vies, ceux qui ne faisaient que de vivre sous la forme de monstre y avait également le droit. car bien que le meurtre était habituel pour eux deux, personne ici n'était un réel monstre. seulement des âmes perdues. « oh right. you'll be in a different room this time, the other one is... occupied let's say. they didn't finish cleaning it. » « ah oui, tu seras dans une salle différente cette fois, l'autre est... occupée disons. ils n'ont pas fini de la nettoyer. » rien n'a caché, mais des explications n'étaient pas nécessaires, pas maintenant, qu'il pouvait enfin se poser un petit peu en bonne compagnie.