( if i had a heart )

“haine ; sentiment violent qui pousse à vouloir du mal à quelqu’un.

sensation qui prend aux tripes. inhumaine ; chaque âme qui s’y mêle s’y perd. labyrinthe d’un nouveau genre où les psychés y sont ruinées. cercle vicieux qu’il est impossible de quitter une fois qu’on y a goûté. là, l’arôme qui ensorcèle ⸻ obsède.

i want more.
more — give me more.

colère ; violent mécontentement accompagné d'agressivité. la présence qui s’élance. confrontation ; agression. ça gronde, neurones en ébullition. orage dont les éclairs font rage.

INSIDIEUX, DÉLICIEUX.

le corps qui décide — le cervelet bloqué. ces émotions qui se complètement, qui s’appellent. descente aux enfers ; damnation. le fruit défendu qui a été croqué ⸻ dévoré. animosité embrassée ; au diable l’intégrité.

les délices de l'indécence qui font sens. aucun besoin de comprendre — l'utilité envolée. il suffit de ressentir. d'accepter une nature qu’on préfère souvent bafouer. réalité cachée ⸻ monstre qu’on cherche à enfermer.

qui finit toujours par se libérer.

là, la vision brouillée. ça tire, ça tape. ça tourne. what the fuck is happening ? t’as le souffle coupé, les membres ankylosés. cervelet violenté, esprits finalement retrouvés. alors, tu comprends. t’es encore elle. doute confirmé, lorsque t’effleures la cicatrice — blessure occasionnée.

L O S T

t’as aucune idée d’où tu es. tout ce que tu sais, c’est où tu étais. dans ce bar, à enchaîner les verres. fracassé, démonté. carcasse lourde ; à traîner jusqu’à l’arrière du commerce. là, pour t’abandonner avec une créature emméchée. fusion démarrée, à s’demander ce que l’autre doit penser. à s’retrouver dans l’corps d’un gars déchiré en train de frayer. ton corps.

« fuck. »

ft. @im eri

cracher des flammes,
c’est ta façon d’aimer

NUITS NOIRES. là où les rires fusent, où les lasers reflètent et réfractent leur lumière sur les murs, là où la musique est assourdissante et répétitive, eri est plongée dans un noir profond. vide. silencieux. ses yeux sont ouverts, ils tentent de trouver le plafond blanc dans cette pénombre épaisse, tentent de redessiner les traits d’un visage oublié, perdu aux confins de sa mémoire. ses doigts effleurent les draps, ils essaient d’y retrouver un aperçu d’une texture de peau inédite, à la fois douce et écorchée. son coeur appelait un inconnu. il composait le même numéro en boucle, mais faisait toujours face aux mêmes sonneries longues et terrifiantes d’inconsistance.

le temps semblait infini, lors de ces insomnies. la lune la narguait à travers les stores, pas vraiment décidée à quitter son trône parmi les astres, elle repoussait les secondes et torturait les pensées de eri qui perdaient peu à peu tout sens de rationalité. c’était toujours ainsi. une sensation vive lui revenait soudainement, quelque chose qui ne lui appartenait pas mais qui siégeait en elle, ça faisait démarrer le battant à toute allure et elle avait honte d’aimer ça. puis il y avait ce visage, comme un mot qu’on a sur le bout de la langue, un rêve qui nous échappe peu à peu. chaque fois qu’elle était saisie par ces réminiscences, ça finissait inlassablement par l’obséder. ça contaminait chaque aire de son cerveau, chacun de ses membres, et ça la tenait éveillée jusqu’au matin.

alors ce soir, elle se montre plus audacieuse. pour le retrouver. pour comprendre. ses doigts quittent timidement les draps pour effleurer sa cuisse, ils filent avec maladresse jusqu’à sa hanche et son bas-ventre. souffle qui commence à lui manquer, ils finissent par buter sur la cicatrice et immédiatement, elle disparait.

il avait répondu. rires. lasers. musique. le rien se fait aspirer par le tout, et ça fait trop pour sa tête. brutalement embrumée par l’alcool, ses mains s’agrippent à la première chose qu’elles trouvent, et il a fallu que ce soit les fesses d’une inconnue. le souffle lui revient soudainement, comme si elle avait fini par trouver la surface de l’eau après de longues secondes d’apnée. l’étrangère gémit des mots effrontés dans son oreille, eri est tellement surprise par les réactions violentes du corps qu’elle occupe qu’elle recule d’un mètre ou deux, prise d’une panique soudaine, elle a l’impression de se noyer.

elle n’aurait peut-être pas d’autres chances. c’était lui. celui qu’elle cherchait infatigablement. tout lui était familier. où est-ce qu’on est ??, crache-t-elle à l’inconnue en se surprenant de la voix grave et éraillée qui surgit de ses propres entrailles. la jolie créature recule à son tour, effrayée par le changement extrêmement soudain de comportement de son amant, elle ne répond rien. toujours désorientée, eri cherche une issue dans la panique, s’accrochant à tâtons à n’importe quelle surface, gérant mal la quantité d’alcool qu’il avait ingéré. pourtant, ses pensées sont claires, translucides. elles n’ont qu’une préoccupation.

trouver qui il est, et pourquoi elle est inexorablement attirée à lui.

ft. @no jeon

“le ressenti. une sensation, ignoble — où s'entremêlent haine et jalousie.

là, à se souvenir avec animosité des torts qu'on a subi. cette volonté de se venger, de se purger. de s’élever ⸻ d’écraser tout ce qui pourrait rabaisser l’âme blessée.

le  besoin  de  s’expier.
de tout incendier.

cendres maudites, larmes d’une fureur meurtrière. brasier ⸻ qui ne s’éteindra que lorsque la rancœur sera dissipée. percée redoutée, longuement détestée. à se morfondre dans un abîme torturé où les regrets ne restent guère enterrés. ils grandissent, s’intensifient. bombe à retardement dont les dommages seront fatals.

ARME LÉTALE.

jusqu'à cette rencontre ; inopinée. à nouveau, elle s’était invitée. créature inconnue — ingénue. à s’aventurer dans les méandres d’une âme faisandée. là, à s'être échappée de son terrier. sécurité bafouée, prédateur recherché. bête qu’il a dû stopper ⸻ d’un coup de couteau bien placé.

« fuck. »

le juron, qui se répète. il sait, ce qui est en train de se passer. là, allongé dans les draps d’une gamine qu’il pensait avoir tué. iris qui se baladent dans la pièce, rivées sur ce corps étranger. l’envie de la violenter.

it’s her, again.
il est coincé.

la rage, foutu présage. voix fluette qui efface ces immondices crachées. à vouloir retrouver sa liberté.

il est elle,
elle est lui.

levé ; à s’enquérir de toute information qui pourrait l’aider. la sensation d’être enfermé dans un cauchemar. il doit trouver le moyen de tout arrêter avant qu’elle ne sache qui il est.

ft. @im eri

cracher des flammes,
c’est ta façon d’aimer

il lui est difficile de penser avec sang-froid. ce sont des sensations qui lui sont peu familières, la vision un peu plus lente, l’estomac douloureux et ses muscles qui peinent à suivre les signaux nerveux, eri est submergée par ses propres émotions et celles de l’étranger. il y a une douleur en lui, une sorte de colère inépuisable, au travers de souvenirs fulgurants, elle revoit son propre visage. elle l’avait marqué. peu à peu, le rythme cardiaque semble se cadencer, elle finit par atteindre avec difficulté l’issue de sortie du débarras et est aveuglée par les flashs multicolores qui lacèrent la pièce. un haut-le-coeur l’éprend quand l’odeur de transpiration et de parfum bas de gamme monte à ses narines, amas d’humains avec lesquels elle n’interagirait sans doute jamais, de ceux qui constituent le bas de la pyramide quand elle en est le sommet. elle ose difficilement bousculer les danseurs saouls pour se frayer un passage, mais l’envergure d’épaules du garçon et sa force physique est telle qu’elle les envoie balader sans difficulté, et s’excuse aussitôt avant de s’enfuir à toute vitesse.

l’air frais est réparateur, il lui permet de remettre un peu d’ordre dans ses pensées désorganisées. démarche toujours vacillante, elle atteint non sans peine une ruelle proche où elle se réfugie quelques instants. okay. it’s happening again. déclamé à voix haute, elle est surprise par la voix singulièrement grave du garçon. à nouveaux, des réminiscences en pagaille. des images sans cohérence, des verres qui tintent, des armes, des filles, des insomnies. eri tente de respirer calmement, d’apaiser le cerveau qu’elle assiège, comme si il était un animal qu’elle tentait d’apprivoiser et de rassurer après avoir l’avoir piégé. éclair de lucidité, elle se met à tâtonner les vêtements du garçon comme une forcenée, victorieuse lorsqu’elle sent dans son jean la forme de son téléphone. espoir lorsqu’elle appuie sur le bouton de déverrouillage, aussitôt évaporé lorsque l’appareil répond par le silence, probablement déchargé.

cela dit, dans la pénombre, elle peut apercevoir son reflet dans l’écran. son coeur s’arrête quelques secondes. le visage aux traits indistincts qui hantait ses pensées lui faisait enfin face. elle reste ainsi pendant quelques secondes, à s’observer dans le noir, se nourrit du moindre détail, comme si elle retrouvait un ancien amour. et quand bien même elle était certaine qu’il était celui qu’elle recherchait, elle était cependant incapable de se rappeler du moment où elle avait croisé sa route. comme si il appartenait à une autre vie, elle ressasse des sentiments étranges. pretty… murmuré comme un secret, ses yeux absorbés par le reflet et son coeur qui flotte dans sa cage thoracique.