✮⋆˙ fire thief (heera)

il la ressent pas et pourtant il le sait.
que la douleur que son encéphale arrive pas à traduire est bel et bien présente dans chacune de ses cellules, que les signaux sont silencieux mais que les coups qu'il s'est pris étaient bien réels.
il le sait, parce qu'il le vit presque toutes les semaines ; à se battre dans l'arène du black circle pour le plaisir clandestin de héros en recherche d'adrénaline qu'ils sont pas prêts à provoquer - l'argent de misé sur sa belle gueule et ses poings furieux que ces ignares sont assurés de doubler.
il aurait peut-être pas dû refuser de se faire soigner, les dégâts qu'il a vu venir dès que le poing de son adversaire s'est écrasé contre son flanc - l’égratignure effleurant son foie devenue déchirure mortelle en quelques secondes. mais y a l'ego qui l'a emporté, la volonté d'écraser qu'a tout ravagé ; l'adversaire qu'a fini inconscient à ses pieds alors rohan claquait déjà la porte d'entrée.

alors il chancelle jusqu'à la première source de chaleur qu'il repère, prévoit de faire de ce cart de street food vendant des brochettes épicées, son hôpital de charité ; s'affale sur l'un des tabourets en plastique en oubliant toute dignité. what can i get you, young man? y a du soucis dans la voix de la grand-mère attentionnée se tenant derrière le grill, un brin de suspicion s'entremêlant à ses syllabes. water and- son regard se pose enfin sur les flammes salvatrices frôlant les grilles de cuisson, ses phalanges errant déjà vers ce feu rédemption. one of everything. de susurré alors que la grand-mère tourne le dos pour aller lui chercher son eau.
et le grand blessé ne manque pas son opportunité, amène sa main à l'orée des flammes et absorbe leur douce vitalité jusqu'à les étouffer ; prend une grande inspiration alors que son foie se met déjà à se re-tisser. what? what happened? i swear the fire was burning just a second ago. it was burning just a second ago, right? le regard affolé de la cuisinière apeurée se pose sur les traits redevenus sereins de rohan, un léger rictus tirant à la commissure de ses lèvres. pretty sure it was close to dying, actually. douce ironie qu'il lâche avant de se lever, la cruauté d'un enfant roi qu'a toujours eu tout ce qu'il voulait. i'll take my business somewhere else.

C'est bizarre cet effet en elle, d'errer sans savoir où aller. Une gloire éternelle, grandissante.
Mais aussi le vide.
Maison qui s'échappe.
Et les tissus de mensonges qui l'étouffent.
Toile d'araignée folle autour de sa gorge.
Forcée de se souvenir combien elle ne vient pas dans ce monde.
Petite menteuse forcée de te regarder dans la glace.
((What a waste.))

Goût du gras entre les lèvres, l'enfance qu'on lui avait imposée, famille décousue et pauvre à leur manière. Quartier qu'elle pensait pouvoir quitter sans regarder derrière, elle a peur de cet appartement qui ne vaut pourtant rien. Elle qui pensait pouvoir se prélasser dans les billets qu'elle vole, ces gens avec qui elle jongle, manipule, maintenant y'a la petite fille qui a peur de s'envoler.
Et c'est ridicule, cette façon qu'elle a de se cacher sous les étoffes pour qu'on ne la reconnaisse pas.
Indices des deux vies qui se chevauchent.
S'entrechoquent sans sens.
Escarpins, collant au travers d'un pantalon, sweat, capuche pour ensevelir la honte sur sa tête, cachés les traits. Lilith t'as toujours su jongler avec les ténèbres et les cieux.
Clope aux lèvres pour défoncer son âme, brochette entre les taffes lavant le maquillage parfait.

Cinglant.
Echo d'éloquence et d'audace.
Assez pour lui rappeler le myocarde qui se compresse. Un fantôme dernièrement dans la vie, des blessures similaires, l'odeur du liquide ferreux âcre remontant à ses narines. Visage cramoisi, tête brûlée. Ça lui ressemble trop, ça la tend.  Vie volée d'un feu, remémore ses chants, les esprits qu'elle dérobe aussi. Besoin de le faire taire, comme la veille dame. Élan de générosité qu'elle ne connait pas, lui tend une brochette du bout des doigts sans se retourner. "If it's can keep you in silence it will be a gift." Clope qui tape sur le bord du plateau, cendre qui tombe. Cruelle elle aussi, capricieuse de vouloir faire taire le monde. "N'hésite pas à glisser un billet au passage."
Sale gamine.
Incapable d'arrêter de jouer.

ça le fait s'arrêter net dans son élan - le son de ta voix s'infiltrant jusqu'à ses tympans.
ça le fait aussi doucement sourire, ces mots si âpres qui dégringolent de tes pulpeuses en toute impunité - sa présence que t'as l'audace de dénigrer.
s'il était un autre homme, il aurait sûrement tenté d'oublier cet affront et de continuer sa journée ; d'effacer ton existence de sa mémoire comme tu donnes tant l'impression de vouloir faire avec la sienne.
mais ton insolence est ton intérêt, ton arrogance exactement ce qui le fait se rasseoir juste à tes côtés, le tabouret grinçant sous son poids.
il tend la main vers la brochette que tu lui proposes avant d'expertement changer de cible, les phalanges habiles subtilisant la cigarette d'entre tes doigts ; le cylindre d'ivoire qu'il vient lover entre ses pulpes tirées dans un rictus malsain, sa main libre plongeant dans la poche de sa veste pour en sortir un billet orangé.
cinquante mille wons qu'il fait glisser sur le comptoir, tirant sur ta cigarette alors que ses yeux ne quittent pas tes traits, observent le moindre mouvement de tes muscles ; se focalisent sur ta beauté. pour la clope. tu peux garder la brochette. qu'il te répond en expirant un nuage grisâtre par les narines, la fumée qu'obscure tes traits le temps d'un instant.
évitez de souffler votre fum- un doigt arrogant se lève sans même regarder son interlocutrice, la fait taire de son incroyable impertinence. chut. c'est malpoli de couper les gens quand ils discutent. impudence qui dégouline de chaque syllabe alors que son attention reste fixée sur toi ; la nouvelle proie de son intérêt. et tu t'appelles ? l'encéphale a toujours pas su interpréter les faibles signaux que son corps tente de lui envoyer. que l’absorption de ce feu opportun a réussi à retisser une grande partie de la plaie béante divisant son foie en deux, que la blessure n'est plus mortelle mais qu'il a toujours besoin de se soigner - que s'il se laisse distraire par les jolis traits d'une femme sans sourire, c'est sur le pavé qu'il finira sa soirée.

Y'a pas assez de terreur en elle. D'audace analyser. Y'a seulement une gueule qui sait pas se taire.
Qui aime lâcher un poison trop facilement.
Une tension en elle et une témérité juvénile en diapason avec cette maturité qui l'empêche de s'amuser correctement.
Alors amuse-toi d'elle, inconnu.
Elle le mérite.
Car tu crispes trop tes traits, Heera.
((Tu mérites qu'il t'accable.))
Vouloir s'en mordre la langue quand le tabouret grince, les prunelles qui roulent dans les orbites trop fortes, échine tendue, presque frisson d'horreur comme elle sait si bien le fait. Cylindre qui se dérobe, colère plongeant le corps. "Dumbass gimme that"  Billet sur le comptoir qui en calme les ardeurs, d'un soupir, doigts parfaitement manucurés qui l'attrape de suite et le fourre dans sa poche. Vipère rien pour t'arrêter, sans un merci. Tout ce que tu pouvais voler de ce monde ne pouvait t'échapper.
Le laisse tout de même l'admirer.
Aime être le centre d'attention.
Cette beauté inégalée.

Mais ça rend fou parce qu'il reste là et il n'a rien à faire là dans les quelques centimètres. "Tu parles vraiment trop, tu me donnes la migraine." Claquant ses ongles sur le plateau, reprend la brochette et continue d'engloutir, classe qu'elle laisse tomber. Et en daigne enfin de le regarder, réclame la nicotine, mais refuse d'en partager le moindre centimètre avec lui. "Aree"
Volant le prénom de la cousine célèbre.
Lilith rangé.

Lèvre supérieure qui tressaute, un rire sarcastique bien à elle voyant le sang qui sèche sur ses traits parfaits. "T'as besoin d'être recousu. C'est un peu pathétique." Se rappelant des derniers enseignements si récents, l'accident et l'homme trempé à sa porte, mais si elle pouvait se débarrasser de lui plus rapidement. Cherchant dans le sac hors de prix dissimulé sous le sweat un mouchoir, quelconque ivoire qui clash avec le carmin.  "Pour un autre billet, je te résous ça assez vite." À trouver les opportunités partout où elle y posait les pieds.
Parce que t'en as besoin ce soir.
Pour éviter aussi de finir sur le pavé.

tu lui voles des sourires prédateurs.
de ceux qui brillent de leurs crocs acérés, les yeux posés sur la carotide - les pupilles traquant chaque pulsion du liquide carmin coulant sous l'épiderme d'ivoire.
et cette arrogance que tu sembles pas voir comme un danger, l'impudence assumée qui pourrait pourtant si facilement sonner le glas de ton existence.
aree. que tu lui avoues dans des notes faussées.
il peut pas le prouver, mais il le sent au plus profond de lui, au creux de ses propres cellules fallacieuses - que t'as au moins eu l'intelligence de lui broder un mensonge, les syllabes de ce prénom qui t'appartiennent pas.
mais il dit rien, continue de t'observer, t'appelleras aree parce que c'est le prénom que t'as décidé de te donner - qu'au final le vrai lui importe peu.
pathetic? ouch. une phalange vient effleurer sa pommette constellée d'étoiles carmines alors que son visage se fissure dans un nouveau sourire ; ça le fait tant rire de te voir faire l'effrontée.  and here i was thinking women dug scars. le cylindre d'ivoire se retrouve à nouveau lové entre ses pulpes, les joues qui se creusent alors qu'il inspire profondément ; et les poumons s'encrassent pour mieux refléter le myocarde nécrosé avec qui ils partagent la cavité. sa main plonge à nouveau dans la poche de sa veste, en ressort un autre billet orangé - le garde pincé entre deux doigts alors que ses yeux retrouvent les tiens. c'est avec le carmin qu'a coulé qu'il les a gagné, argent sale qu'il a aucun problème à dépenser. you patch me up first, you get this after. parce qu'il peut le voir dans le fond de tes pupilles, ce désir vorace pour quelques billets. do we have a deal, aree? les mots sont ponctués d'un sourire carnassier, de ceux qui mettent à nu pour mieux te dévorer.