loser ⸻ ziqi

On l’a abandonné. Encore.

Monstre aux apparences trompeuses ; il n’a rien d’un héros – pas quand il accepte volontiers de blesser grièvement un vilain pour assurer sa propre sécurité et celle de sa fiancée. Quand le vilain en question semble avoir réussi à lui fracasser le crâne. S’il ne l’avait pas pris en traître, ça ne serait jamais arrivé. Haryu n’est pas du genre à se faire avoir aussi facilement habituellement.
Ses cheveux sont devenus poisseux de son propre sang. Ses mains sont elles aussi couvertes de sang, mutilées volontairement pour pouvoir utiliser sa capacité. Le carmin dont il est recouvert contraste avec son teint cireux. Le choc semble être important et la quantité de sang perdu semble l’être aussi, sans qu’il ne l’ai voulu. Le jeune homme est également arrivé à un stade où il n’est pas en état de maîtriser son pouvoir pour ralentir l’hémorragie.
Héros définitivement en piteux état, alors qu’appuyé sur un large gravas – ce qui aurait pu être un morceau de mur, son esprit sombre petit à petit dans le domaine de l’inconscient.

Il se demande pourquoi il est venu là ; ce qu’il essaye de prouver et surtout, à qui ? Mais au moins, s’il meurt ici, son père ne pourra pas le blâmer et lui reprocher d’avoir essayé d’échapper à ce qu’il avait prévu pour lui. De toute façon, il ne sera jamais le héros parfait que l’on dépeint dans les magazines et à la télé.

Si seulement il pouvait mourir ici…
Puisque la liberté ne lui serait jamais accordée.

Et ce n’est pas comme s’il manquerait à quelqu’un. Personne n’a besoin de lui après tout.
Il n’est pas un héros, ni un sauveur, ni un prince charmant. Ses traits sont peut-être la seule chose qu’il a pour lui, quand il est complètement inutile pour le reste.

Pourtant, il n’avait pas prévu de finir la soirée misérable à ce point.

Il ferme les yeux, en espérant que cette fois secrètement qu’il ne les ouvrira plus ; sans prêter attention aux dangers auxquels il pourrait être exposé.

maître arachnéen qui manie les fils de disparates relations, s'acquérant de vents dissidents.
malgré l'absence d'évidences, de son non-engagement envers toute résistance contre le géant capitaliste, possible tragédie qu'il ne pouvait manquer. l'éventualité de l'incident l'avait mené dans un restaurant panoramique afin de rien rater du spectacle.
c'est verre de vin aux lèvres que les prunelles savourèrent l'explosion de l'immeuble à plusieurs mètres. à simuler par amusement un être abattu pour ces vies perdues dans l'incident.

how unfortunate.
peut-être se comporterait-il plus humainement si ce n'est pour le refus athénien de convier son être sacré au gala prestige. mais ainsi vont les répercussions du destin. et du fiel qui l'habitait, pei ziqi n'est plus que légèreté. la fin de son repas signant enjoué son cheminement aux décombres.

parce que c'est dans le chaos que naisse les meilleures opportunités.

fredonnant un air de l'église de luminous à l'affut de quelque chose. les minutes disparaissent. encore. et encore. avant que finalement le sens olfactif s'insurge. odeurs de poussière et brûlé viennent faire la rencontre d'une fragrance métallique, vaguement rouillée.
et c'est là que le leader religieux, discerne. ces éclaboussures carmines de tous côtés.
here we go.

les pas suivent prudemment la trainée ensanglantée. avec nonchalance, prêt à faire face à un macchabée dépenaillé, mais priant nonobstant pour l'inespéré.
et le voilà arrivé. l'enfant préféré des dieux infernaux.

look who's there.
connaissance héroïque inégalable. ziqi les a tant étudié contre sa volonté. ces héros défiés de pacotille. mais il les scrute aujourd'hui et désormais par intérêt expansionniste.
car connaitre ses ennemis c'est devenir invincible.
et c'est un faciès dont il est expert. de ces rares protagonistes répudiés du public. ne connait que trop bien le héro vilainisé, déifié uniquement à l'ordre de luminous.
effrayant quelques gosses cela dit.

carmine.
cette puissance si intéressante entre ses veines. semblablement hantise pour son possesseur là où elle attise envie en ziqi.

précautionneusement s'approche-t-t-il du corps, relâchant souffle de soulagement de sa respiration difficile perceptible. contient le sourire cupide derrière les dents.

le sauver parachèverait un autre pas vers le sommet (athéna). et peut-être, pourrait-il plus tard former amitié intéressée.

mais à la quantité de vermeil versée, la mort parait l'épier. alors il n'y a plus une minute à perdre. et ziqi ne peut autoriser ce trésor de guerre de succomber.
enfilant costume d'un homme charitable, à s'imprégner des traits et de la voix d'un véritable samaritain, la performance commence.

please sir wake up and stay with me. i'm going to call the emergency services.
à feindre l'ignorance de son identité afin de parfaire le désintéressement de l'acte de sauvetage.

@sin haryu

Son repos est de courte durée ; importuné par un air fredonné et une voix lointaine. Les paupières finissent par s’entrouvrir, papillonner un peu et laisser entrevoir des pupilles sombres à l’aspect semi-vitreux. Corps qui n’obéit déjà plus, à constater qu’il n’arrive plus à bouger – il n’en a plus la force.

— Va t’en, il finit par murmurer faiblement.

Il y a d’autres âmes à sauver, des âmes plus vivaces, qui méritent davantage. C’est peut-être un civil et encore une fois à vouloir protéger les autres, faisant fi de sa propre survie. Ou simple souhait de réellement en finir avec cette vie ; quand l’interprétation reste libre à celui qui l’entend, quand Haryu ne peut que rester vague au vu du peu d’énergie qu’il lui reste.

Il sait qu’il est un poids mort dans des lieux où ils ne sont pas à l’abri des dangers. Pour autant, il ne se plaint pas de situation.

— Dégage de là, souffle-t-il de nouveau. C'est dangereux.

Et l’inconnu, il ne sait pas qu’il a tiré le mauvais ticket.
Parce qu’il aurait préféré mourir plutôt que d’être aidé.

Mais ça, personne le sait, parce que personne ne souhaite que cela se sache, que ça soit lui, sa famille ou même encore Athéna – dont l’image se devait de rester le plus lisse possible. Pourtant, il est loin d’être infaillible, loin d’être parfait ; bien loin de son image médiatique – charismatique et mystérieux, jusqu’à en cacher la nature de ses missions ; méfaits déguisés au nom d’Athena.

Quoi qu’il en soit, l’autre ne semble pas vouloir bouger. Alors les yeux papillonnent à nouveau, avant que les paupières se ferment à nouveau. Le silence règne à peine quelques secondes.

— Ne crie pas dans mes oreilles, prévient-il avant qu’il ne lui demande quoi que ce soit. J’ai mal à la tête.

Évidemment. Il marque une pause, gémis avant de difficilement déglutir, avant de continuer à murmurer.

— Je suis pas mort.