bad habits.

il te cherchait pas, cherchait juste à passer le temps. les jours longs avant qu'il puisse revenir à tes côtés -- des trucs à finir que t'avais pas à connaître. les vies compartimentées ; rien de bon à gagner à tout mélanger. habituellement meilleur à ça qu'aujourd'hui, alors qu'il est là, dans l'un de tes endroits de sortie. on lui a déjà dit que l'amour rendait aveugle, il y a jamais cru ; suffit de te regarder pour réaliser que ses yeux fonctionnent très bien (20/20). lui il dira que l'amour rend surtout stupide, à ignorer ses règles juste pour te voir. il se l'est promis, il fera que te regarder un peu, et après il partira.

mais le deuxième verre arrive et il est encore là. la distance entre vos silhouettes qui diminue, comme s'il était une lune dans ton orbite. il se fond dans la masse, à portée de main, mais caché. mais quand on te bouscule, c'est plus fort que lui. le bras qui se tend, se moule avec perfection autour de ta taille. " tu t'es blessée ? " les frontières brouillées entre les identités, les règles brisées.

elle avait besoin de se vider la tête, d'empêcher son cerveau de penser à toi et à quand est-ce que tu reviendras dans ses bras. qu'est-ce qu'elle déteste quand tu disparais comme ça, pendant des jours, sans rien dire -- elle sait pas ce que tu fais, où tu vas, avec qui. dieu sait à quel point ses lippes ont envie de te maudire mais son myocarde réclame juste ta présence.

et cette sortie dans son endroit habituel l'ennuie ; les boissons, la musique, l'ambiance, les gens autour d'elle. elle est là, assise au bar, son téléphone posé à côté du verre -- à espérer apercevoir ton nom (kiha) apparaître dessus. mais rien se passe, c'est le silence total dans les mélodies bruyantes de la boîte.

verre vide, elle se lève sans vraiment savoir quoi faire -- encore boire jusqu'à oublier la raison de sa colère ? rentrer à la maison parce que peut être qu'elle t'y trouvera, à l'attendre dans ses draps ? ses pensées sont bousculées en même temps qu'elle, équilibre perdu ; elle s'attend à ce que son corps rencontre le sol mais à la place, c'est ton bras qui l'accueille, ton geste qui lui semble si familier que ça la déstabilise quelques secondes. parce que tes traits sont pas ceux qu'elle connait. non mais j'connais quelqu'un qui va l'être. le regard qui foudroie l'inconnu en question alors que le venin sort de ses lippes. dommage qu'il s'excuse juste après, ça aurait pu être une bonne raison pour passer toute sa colère. elle reporte son attention sur toi, ses pupilles qui se perdent dans les tiennes tant la proximité est réduite. merci. mais.. on s'connait ? c'est hyper étrange la sensation qu'elle ressent à tes côtés.

le poids de ta silhouette contre ses paumes tellement familière, c'est comme une seconde nature quand il t'aide à te relever. sa main qui désire s'attarder contre ta taille, aimerait remonter plus haut, mais ce serait indécent. parce qu'il n'est pas celui que tu connais. les traits qu'il porte te sont inconnus, et ils doivent le rester. alors il se fait violence, quitte ta chaleur. c'est pas bien compliqué parce que tu t'enflammes, cette colère qu'il te connait si bien qui t'emporte. les menaces qui tirent le coin des lèvres vers le haut ; sourire discret qui s'installe naturellement. se ravale immédiatement quand tu te retournes. tes grandes pupilles curieuses qui le scrutent, sans doute à la recherche de la reconnaissance. celle que tu trouveras pas, peut-être que tu penseras simplement l'avoir croisé plus tôt dans la soirée, peut-être même un autre jour -- mais rien qui devrait t'interpeller plus que ça.

la chose prudente serait sans doute de mettre fin à la discussion maintenant et de disparaitre pour ne demeurer qu'un souvenir flou dans tes pensées. mais maintenant qu'il partage ton air, il lui est difficile de s'y arracher. alors il jette la prudence au feu. un rire qui glisse sur les lèvres. " c'est pas un peu cliché comme façon de flirter ? " moqueur, mais pas d'une façon insultante. il te connait, sait comment éviter tes mines (la majorité du temps). " mais ça me déplait pas. tu m'offres un verre ? " pousse sa chance. dans le pire des cas, tu l'enverras se faire voir et tout se terminera là. rien à perdre au final.

et elle te fixe, comme pour chercher des réponses à cette sensation bizarre qu'elle ressent. mais ça dure pas longtemps parce qu'elle se dit finalement que tu n'es qu'un inconnu qu'elle a sûrement du croiser quelque part. tellement loin de s'imaginer que les traits de ton visage deviennent ceux de kiha quand tu utilises ton pouvoir.

ta remarque lui arrache un petit rire qui sonne presque vexé, l'égo quelque peut touché mais pas assez pour qu'elle le prenne mal. je flirte mieux que ça quand c'est le cas. son attention se porte sur son téléphone, l'écran de veille qui n'affiche aucunes notifications ; finissant par le ranger avec déception dans son petit sac. si on reste dans le cliché, c'est toi qui est censé m'offrir un verre. sourire amusé qui masque son envie d'exploser la gueule à tout le vivium entier, accepte ta proposition en se dirigeant vers le bar qu'elle avait quitté quelques minutes plutôt. mais puisque tu m'as sauvé la vie, j't'en dois une. à rendre la situation plus dramatique qu'elle n'a été quand au final, tu étais juste là au bon moment. quand dans sa tête, tu aurais tendu le bras à n'importe qui d'autre. et pas juste parce que c'est elle. deux moscow mule. commande passée naturellement au barman avant de se rendre compte que t'es pas celui avec qui elle voudrait être. mais elle te demande pas ton avis, te laisse prendre autre chose si ça te plait pas.

ton rire qui sonne comme une douce mélodie à ses oreilles. il y détecte aussi les subtilités de ton humeur, et ça ne fait que le rendre plus cher à son coeur. les mots qui quittent tes lèvres ne font que solidifier ses assumptions -- l'amuser un peu plus de tes habitudes si attachantes. il te laisse avoir le dernier mot, parce qu'il sait à quel point tu y tiens, malgré ce que tu prétends. il t'emboîte simplement le pas, demeure silencieux tout en gardant éloigner la racaille qui aurait la mauvaise idée de t'approcher d'un peu trop près.

ta commande au bar fait remonter de nombreux souvenirs, nombre de fois où vous aviez partager les mêmes vices. " deux shots de chartreuse avec ça. " les billets qu'il pose sur le comptoir en même temps, échos des habitudes qui demeurent. " comme ça on est quitte. " le sourire qu'il t'offre d'une arrogance ensorcelante. le verre que t'as réclamé un peu plus tôt, offert. il a toujours été comme ça, à vouloir tout te donner ; combler tous tes caprices. " tu viens souvent ici ? " et tant qu'à jouer des clichés, autant s'y donner à coeur joie.