hollow grounds ⸻ reina

tw : mort, sang, meurtre, mutilation

Paysage de désolation, de sang et de cadavres.

Il est plein d’entrain quand il arrive sur les lieux ; s’est senti poussé des ailes. Mais à la fin de la journée, il n’est tout simplement qu’un bon à rien. La scène ne fait que le ramener à son impuissance d’antan, à celui où il n’avait pas pu sauver son amie – il finit par errer sans but pendant plusieurs minutes ; distrait par les flashbacks qui s’immiscent dans ses neurones et mouillent ses joues, pour en dévoiler les amères vérités.


Heureusement, il est seul ; il s’assoit dans les décombres, tente de se calmer un peu – essaye de se persuader que la situation n’est pas si différente que d’habitude, à poursuivre des vilains pour les abattre.


Petit à petit, il reprend ses esprits et se saisit du couteau dans sa poche – il en a toujours un sur lui, son pouvoir l’y oblige. À entailler sa main – à gémir ; parce que putain, ça fait mal. Chaque fois, il doit couper profondément ; recouper sur une chair qui n’a pas forcément le temps de cicatriser – et lui, il fait la fine bouche quand Kanon lui propose de le soigner. Le héros range le couteau dans sa poche.

Il se redresse sur ses deux pieds, alors que sa main tremble, le sang commençant à couler de manière importante. Haryu met sa main à l’envers alors que le sang prend une forme petit à petit – celui d’un pic aux allures de lame.

De sa main libre, il essuie ses joues – à se rappeler que la place n’est pas à Haryu mais à Carmine ; qu’il doit bien séparer les deux. Et s’il faut, il ira tuer du vilain lui aussi.


De retour au calme, il commence à se frayer un chemin entre les décombres.  Pour trouver un endroit un peu plus animé – un endroit où il pourra se montrer plus utile.

Il pousse un vilain qui s'est affaissé contre son épaule après l’avoir transpercé avec sa lame sanglante. Celui-ci s’écroule lamentablement sur le sol – mais Haryu n’y prête plus attention quand les deux soucoupes noires aperçoivent Reina au loin. Il l’observe un instant, avant de se rendre compte qu’elle titube.

Bien qu’essouflé – Haryu dévale les gravas sans grande difficulté.

— Reina ! Il l’appelle, alors que ces yeux semblent s’éclairer à nouveau.

À l'attraper par le bras sans ménagement – garçon peu délicat au travail.

— Arrête-toi ! Et il la tire vers lui un peu brusquement. Oh, pardon.

À la rattraper de son bras libre pour qu’il ne tombe pas la tête la première à côté de lui – ou sur lui ; à noter qu’ils sont tous les deux recouverts de sang – mais pas tout à fait pour les mêmes raisons.

tw : sang, notions de violence parentale



Ses oreilles entendent encore des hurlements. Impossible de savoir si c’est réel ou bien si son audition est détraquée à force d’avoir perçue trop de complaintes. On ne l’avait pas prévenue, Rei… à quel point c’était difficile d’être une héroïne. Que si les 90% du temps, cette fonction n’est bonne qu’à éblouir le public… il faut néanmoins assurer pour les 10% restants.

Et Dieu que cela pouvait être compliqué, comme toute première vraie mission. Affreux. Des images qui ne partiront probablement jamais. Shooting Star a pourtant fait de son mieux. Shooting Star n’a pas hésité une seule seconde pour accomplir son devoir, comme un cri du cœur qui ne demande qu’à sortir.

Malgré tout, ses petits pieds peinent de plus en plus à la maintenir debout. Ses oreilles bourdonnent et l’air lui manque. En se téléportant autant de fois, la douce étoile sait qu’elle a largement dépassé les limites. Pourtant, son devoir n’est pas terminé. Il y a probablement encore des dizaines de gens à sauver, toujours coincés dans les décombres. Mais peu importe toute sa bonne volonté à vouloir continuer… Son corps, lui, ne peut plus la suivre dans sa farouche détermination.


Et c’est drôle mais sur le coup, elle ne l’entend pas, le beau Carmine… Bien trop têtue pour abandonner, désespérée par l'envie de sauver tout le monde.

Lorsque cette main vient agripper son bras brusquement, c’est une étoile qui sursaute avec violence et qui recule si vite qu’elle manque de tomber sur le sol.

Corps traumatisé par les cruautés d’un paternel sans cœur. Si ce dernier ne l’a plus frappée depuis longtemps, les souvenirs restent en dépit de tout.

Le voile noir ne peut que se mettre devant son doux regard une seconde.

Réflexe défensif aussi triste qu’enfantin, qui la pousse à vite baisser la tête en fronçant les sourcils… et à lever le bras pour se protéger de quelconques sévices.

« Pardon, je ne recommencerai plus ! » Assure le petit astre en fermant les yeux, sans même chercher à comprendre ce qu'on lui reproche, comme à chaque fois.

Contre toute attente, aucun coup ne vient l’abimer… et Rei se réveille alors brusquement, ses longs cils papillonnant avec fébrilité. Ses yeux de biche se risquent à se redresser pour comprendre qui lui fait face. Prunelles ambrées qui brillent d’étonnement en reconnaissant le beau visage de celui dont elle est destinée.

« Haryu ? » Murmure-t-elle de sa voix fatiguée, le découvrant alors dans un état tout aussi pathétique que le sien.



Voilà que les deux promis se retrouvent ; dans un contexte bien différent. Étonnements proches et pourtant… tellement éloignés aussi. Comme si le soleil - chaleureux et brillant - avait donné rendez-vous à la lune – sombre et mystérieuse. Eclipse insoupçonnée.

Elle symbolise la vie, ainsi toutes celles qu’elle a sauvé ce soir… tandis qu’il représentante la mort, sanglante de ces âmes désormais jugées en enfer.

Son regard s'attarde un instant sur cette lame rouge sortant de son autre main... et bien que son coeur se serre en comprenant mieux les choses, elle ne dit rien, Rei...  Elle n'a pas peur de cette vision.

Ni de lui.

« Est-ce-que ça va ? Tu… Tu n’as rien ? » S’inquiète-t-elle surtout, se risquant à vouloir effleurer la joue de son ainé, du bout des doigts… sans oser pourtant le faire. Geste aussi doux que timide, mis en suspens... à la toute dernière seconde.

Puis, vient alors le sursaut de conscience :

« Il… il faut continuer. Il y a encore des gens coincés là-dessous, il faut y retourner ! »

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À poser sa main sur le sommet de son crâne ; plus doucement. Son sourire à se teindre d’une certaine tristesse, dont les iris demandent « qui t’a frappée ? » car lui, malgré son indélicatesse ; jamais, il ne lèverait la main sur elle – sur personne à vrai dire.

— Je vais bien. Je suis plus solide que ça. Et ça… Il redresse la lame pour indiquer que c’est de cela dont il parle. Ça ne consomme pas beaucoup de sang.


Et Haryu, il a l’habitude d’utiliser son pouvoir de manière beaucoup plus imprudente – peut-être qu’il le ferait ce soir ; pourtant encore jeune. Probablement qu’il finira au sol ; comme ces autres fois où il a dû être rapatrié par Athéna, ou qu’il se présente à l’hôpital d’Athena, simplement pour s’effondrer dans le couloir des urgences, épuisé. Mais ça, Reina n’a pas besoin de le savoir. Pas maintenant en tout cas.

Il voit, la main qui voudrait le toucher – et en temps normal, il lui en faut moins que ça pour s’esquiver. Haryu, il en perçoit les hésitations, puis l’abandon de son geste.

— Sage décision, il commente. Mon pouvoir me permet aussi de modifier le flux sanguin par le toucher, mais je ne maîtrise pas cela très bien. Il vaut mieux que tu évites de me toucher. Sois prudente.

Odieux portrait qu’il décrit et sous-entend ; monstre sanguinaire relaté dans le passé – amie tuée. Pourtant, personne n’en sait la stricte vérité quand celle-ci a été falsifiée il y a de cela sept ans. Quand c’est toutefois lui qui décide quand l’utiliser – et par conséquent, Reina n’a, au fond, rien à craindre de lui s’il la touche ; d’autant plus quand il l’a lui-même touchée quelques minutes auparavant. Il s’est simplement persuadé que c’était le cas ; devenu être de solitude, être de chagrin, à en convoiter néanmoins secrètement les affections. Éternelle punition qu’il s’inflige.

— Mais toi, tu n’es plus en état. Retourne auprès d’Athena. T’es une cible facile.

Il marque une pause avant d’ajouter.

— Il y a des vilains, Reina. C’est dangereux. Il faut que tu gardes l’énergie qu’il te reste pour rentrer.

Parce qu’alors à ce moment-là, lui, il devra la porter ; et c’est lui qui deviendra une proie facile. Sauf qu’il n’y aura pas un corps, mais deux.

— Si ça doit arriver, je pourrais pas te porter et me battre en même temps.

Sous-entendu – si tu t’évanouis, je ne te laisserai pas sur la place publique pour que tu te fasses dévorer par les loups. Sous-entendu – si je te porte et que je dois me battre, je suis aussi en danger. Sous-entendu – ne deviens pas un boulet pour moi. Raisonnement à double standard, parce que si c’était lui, ça ne le dérangerait pas qu’on le laisse mourir au milieu des gravats – parce que ça lui apporterait enfin la divine liberté.

tw : notions de violence parentale

Petit bout de femme qui sursaute de nouveau - plus faiblement cette fois - en sentant la main de son ainé apposée sur son crâne. Geste aussi curieux que rassurant, la laissant pantoise pour des secondes mises en doux suspens. Son regard de biche se risque à se redresser pour rencontrer le sien. Etoile qui se retrouve bredouille sous la lueur chagrinée de ces iris. Etoile filante qui fuit… à orner ses lèvres d’une esquisse timidement navrée, muette. Ce n’est pas le jour pour en parler.

« Tant mieux… » Répond-t-elle, sincèrement rassurée qu’il soit sain et sauf ; ses prunelles s’attardant sur la lame avec un petit air curieux mais pas craintif. Étrange arme qu’il lui présente, tout de même… elle n’aurait jamais cru cela possible. Il faut croire que chaque pouvoir était unique, pour le meilleur comme le pire.

Sage décision ? De ne pas le toucher ? Écoutant ses explications, Rei sent ses joues s’empourprer. « Ah, non je ne voulais pas te… ! » Ou du moins, elle n’avait pas vraiment fait attention à son geste sur le coup, simplement soucieuse. « Mais toi tu m’as touchée pourtant, non ? » Finit-elle par remarquer en fronçant les sourcils, un peu perdue. Ça ne craignait que dans un seul et unique sens ? Il allait falloir qu’Haryu lui explique plus en détails ses pouvoirs.

Mais pour l’heure, il y avait plus urgent. Bien que moindres, les cris des victimes résonnaient toujours autour d’eux. Il fallait y retourner sans plus attendre, il fallait aider ! Elle ? Plus en état ? Cible facile ? Retourner auprès d’Athena ? Etoile dévisage Carmine avec un regard interdit. Minois qui se secoue pour désapprouver. Shooting Star est forte. Plus forte qu’il ne le pense. Et Rei est têtue. Trop têtue. Bien plus qu’il n’osera jamais l’imaginer…

« Je sais qu’il y a des villains et que c’est dangereux. » Réplique l’astre en douceur, malgré un timbre empli de frustration. Jusqu’à qu’il lui parle de rentrer sans plus attendre. Qu’il ose affirmer qu’il ne pourra pas la porter et se battre à la fois…

« Pourquoi tu parles comme si j’allais devenir un poids pour toi, tout à coup ? » Le ton, cette fois, est bien moins aimable. D’une certaine façon, c’est déjà le cas. Pas besoin d’une attaque terroriste pour qu’elle soit un boulet qu’il doit se trimbaler à vie. Sauf qu’elle n’a rien voulu de tout ça, Reina… Et que présentement, elle ne lui a rien demandé non plus. Rien envers elle.

« N’agis pas comme si vous étions sincèrement fiancés, Haryu. » Mots susurrés durement, par cette voix paradoxalement toujours douce. Non, qu’il n’ose même pas songer à jouer à ça. Parce que ce serait donné raison à leurs parents. Parce qu’elle n’est rien pour lui… et qu’elle n’a pas besoin de sa pitié. Et pour l’heure, aucunement de ses talents de comédien.

« Tu parles de te battre… je te parle de sauver des vies. J’y retourne, avec ou sans ton aide...! » Et que tu le veuilles ou non. C’est ce qu’elle assure avec détermination, yeux se fondant dans les siens. Malgré des pieds toujours chancelants, elle se rapproche de nouveau des décombres, tentant de capter à nouveau les cris.

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Touché.

Elle a raison quand elle dit qu’il l’a touchée. Il se racle la gorge brièvement ; pour se donner meilleure contenance. Pourtant il ne répond pas.

Et Haryu il veut simplement aider, se rendre utile – à tout prix ; sans réaliser que ses propres sous-entendus sont désagréables. Il ne veut pas se battre ; il veut juste protéger à sa façon. Il ne parle pas ; mais son corps parle pour lui, quand elle lui dit de ne pas agir comme s’ils étaient sincèrement fiancés – la mâchoire à se serrer, sincèrement blessé. Ils n’était pas obligés d’être fiancés, mais ils pouvaient être autre chose – les possibilités étaient infinies.

— Fais donc alors. Laisse-toi crever sur le champ de bataille si ça te fait plaisir.

A laisser la colère parler, mais visiblement à s’abstenir de dire des choses qu’il pourrait regretter plus tard. Mais la réalité est là : c’est ce qu’elle fait. Alors il la laisse partir sans un mot, l’observe sans un mot alors que sa silhouette se fait plus petite dans le paysage. Lui, il sait ce que ça fait de perdre quelqu’un sur le terrain ; il sait ce que c’est aussi de donner de sa personne jusqu’à l’épuisement, il sait aussi comment les gens y réagissent.

Il n’a pas le temps de réagir qu’on le frappe derrière la tête – il a été négligeant. La force utilisée fait ployer ses genoux qui s’écrasent durement contre le sol recouvert de gravier. La lame, elle, se répand sur le sol – inutilisable.

La vision d’Haryu se trouble quelques secondes, alors que le sang coule sur ses tempes. Il est complètement sonné.

— C’est ça nos « héros », eh ben….

Carmine ne comprend pas ce qu’il dit, mais il sait qu’il rigole, à se demander s’il devrait le tuer maintenant ou s’il devrait le laisser agoniser. Il déglutit alors qu’il essaye de garder les yeux ouverts, le regard rivés dans la direction de Reina ; à se demander s’il doit se montrer déraisonnable dans l’espoir de pouvoir faire en sorte qu’ils s’en sortent tous les deux – ou s’il doit s’en tenir là.

— Va t’en, il finit par murmurer.

Il s’accroche au vilain pour qu’il n’aille pas dans sa direction. 

tw : violence, sang

En l’entendant cracher ces mots durs dans son dos, l’étoile se stoppe une seconde sans daigner se retourner. A son tour d’être touchée, plus qu’elle ne l’aurait cru. Etoile filante qui crève d’envie de lui adresser le plus sombre des regards. De lui montrer à quel point elle est déçue de son attitude. Elle l’imaginait parfois froid, certes… maladroit aussi… Mais dépourvu au final de méchanceté. Avec de telles paroles, ne vient-il pas de lui donner la preuve ultime qu’il était exactement comme les trois quarts des héros d’Athena, manquant cruellement d’humanité ?

« Ne dis pas des mots que tu pourrais regretter ensuite. » Prévient une Shooting Star toujours de dos, tristement. Qu’il garde ça pour tous les autres.

Plutôt qu’envenimer les choses, la douce préfère reprendre sa marche et rester focus sur son devoir. Au fond que pouvait-elle espérer d’un tel lien ? Ni lui ni elle n’en avait voulu. De plus en plus éloignée et de revenue face aux décombres, elle tente d’intercepter de nouveau un cri, un souffle. N’importe qui qui soit dans le besoin.

Contre toute attente, celui ayant le plus besoin d’aide s’avère être l’homme qu’elle vient de quitter. Son sang ne fait qu’un tour en remarquant un villain assommant le beau Carmine au loin. « Haryu… ! » Murmure l'astre à demi mot, aussitôt paniquée. Elle commence à courir vers lui, se stoppant lorsqu’il se relève enfin et lui intime l’ordre de s’en aller. Malgré son étourdissement, il semble tout faire pour empêcher l’ennemi de venir à elle…

Mais c’est le plus fort qu’elle. Malgré le peu de forces encore restantes, la belle étoile s’empresse de se téléporter entre les deux. Elle repousse de toutes ses forces l’homme avec un puissant coup de pied. Son attention se porte sur le fiancé « La lame ! Crées-en une de nouveau ! » Elle jump une seconde fois au moment où le villain saute sur elle, apparaissant à présent derrière lui. « Sale petite… ! » Gronde ce dernier, visiblement peu enclin à jouer au chat et à la souris. Malgré l’épuisement, elle n’attend pas une seconde de plus pour l’embarquer quelques maigres mètres plus loin en le téléportant avec elle, l’éloignant au mieux d’Haryu, le protégeant à son tour.

C’est inévitablement que l’ennemi finit par reprendre le dessus, venant littéralement se mettre à califourchon sur son corps tremblant. Le coup part sur son visage, ouvrant sa lèvre violemment. Elle ne peut que tuer l’homme du regard, tentant de jumper en vain pour se libérer. Sauf qu’elle ne peut plus, son pouvoir est HS.

Est-ce-donc comme ça qu’elle va mourir ?