hello it's me (azusa)

Les bras chargés de deux sacs remplis de toutes sortes de snacks pour la famille Endo. Ruby savait qu’elle s’exposait à un grand danger en faisant cela, mais ce n’était pas grave. Azusa allait sûrement l’envoyer chier et elle s’en moquait. La jeune femme avait entendu une conversation de la famille qui parlait de snacks et c’était sa façon de remarcier Azu d’être son amie et ce même si elle passait énormément de temps à se chamailler. Les deux femmes n’avaient pas la même vision de la vie, ni même de la valeur de l’argent et même si la plus vieille cachait la plupart de ses problèmes à Ruby, cette dernière avait bien vu qu’elles ne pensaient pas pareil quand l’argent était mis sur la table. Combien de fois Azusa s’était mise en colère ou même avait simplement fui la conversation quand Ruby disait qu’elle pourrait leur prêter de l’argent à ses amies ? Elle ne comptait plus depuis le temps, mais elle remarquait. La jeune Ryeo n’était pas juste belle, elle avait quand même quelque chose sous sa boite crânienne. Il ne fallait pas être Einstein pour comprendre. Mais, tant que la japonaise ne voulait pas lui en parler, elle ne dirait rien et ferait genre de fermer les yeux, restant la même.

La trainee finit par arriver devant chez les Endo et sourit en sonnant, levant les sacs remplis des cochonneries qu’elle ramenait et dansant presque en attendant qu’elle lui ouvre. Lorsque ce fut le cas, elle continua de sourire. « Salut ! J’espère que je te dérange pas. » Et même si c’était le cas, trop tard, elle était là. Ruby mit dans les bras de Azu les deux sacs et entra en s’étirant presque. « J’ai ramené de quoi se gaver, puis y en a assez aussi pour Romi et ton frère. » Elle se tourna vers la jeune femme et continua de sourire. « Je t’ai même pas demandé, comment tu vas ? Tu bosses aujourd’hui ? » Ruby dérangeait peut-être, n’aurait pas dû être là, mais, si elle ne faisait pas ça, il était rare que Azusa ait du temps. Entre son job, la musique et ses frères et sœurs, c’était compliqué de la voir depuis qu’elle était devenue héroïne. Même si elle ne le disait pas, la présence de la plus vieille lui manquait et il en était de même pour la dernière coloc. Alors, elle se pointait chez elle, sans s’annoncer, pariant sur le fait qu’elle soit là ou non. Si elle l’était, elle restait, sinon, elle aurait tenté un ou deux jours après.

S’il y avait bien une chose qui ne changeait jamais chez Azusa, c’était son caractère de cochon. Caractère qui chez une autre personne aurait pu horripiler Ruby. Mais, il s’agissait de Azu, alors, la jeune femme ne disait rien. Elle savait déjà qu’elle s’attirerait ses foudres pour être arrivée avec de la nourriture et même si elle s’en moquait, elle n’aimait pas au fond d’elle que la plus vieille lui fasse la morale ou même ne soit pas contente de la voir. Ruby pourrait arrêter, mais ce n’était pas sa façon de faire et si Azusa voyait ça comme une façon de jeter l’argent par les fenêtres, c’était pour la Ryeo une façon détournée de lui dire qu’elle était là pour elle si elle avait besoin. Cependant, la japonaise était plus du genre à tout vouloir régler toute seule donc, elle ne laissait jamais ses amies prendre soin d’elle et c’était rageant.
Alors, quand elle entra dans la demeure de Endo et que Azusa lui rappela d’enlever ses chaussures, elle lui sourit comme une idiote, les enlevant sans protester et surtout les rangeant correctement. « Je n’ai pas besoin d’excuses pour acheter à manger. » répondit-elle simplement en haussant les épaules, souriant un peu plus à son amie qui n’avait clairement pas le même point de vue que Ruby sur l’entraide entre proches, encore moins quand l’argent était en cause. Certes, les Ryeo étaient plus fortunés que Azu et sa famille, mais ce n’était pas pour cette raison qu’elle devait refuser tout ce qui venait de Ruby.

« Hey ! Tu brises mon coeur là. A t’entendre, on dirait que tu n’es pas contente de me voir… » Bien que ces mots étaient dits sous le coup de la plaisanterie, dans un sens, la jeune femme était blessée. Azu manquait à Ruby et Bulle et même si elles échangeaient de temps en temps par sms, ce n’était pas la même chose que lorsqu’elles étaient toutes les trois dans la même chambre à Athena. Bientôt, Ruby serait seule dans cette chambre d’ailleurs, les débuts de Bulle en tant qu’héroïne n’étant qu’à quelques pas tandis qu’elle restait éternellement à la traîne. « Je récupère rien du tout. C’est un cadeau pour Romi ! Et pour pas que tu refuses, elle est déjà au courant. Comme ça, tu peux pas me forcer à reprendre sinon, tu briseras le coeur de ta petite soeur. » C’était un coup bas de Ruby, elle le savait et très certainement que ça énerverait Azusa, mais tant pis. La jeune Ryeo réfléchirait aux conséquences de ses actes plus tard.
« Bon alors, sinon, toi, comment tu vas ? » demanda-t-elle presque aussitôt pour éviter que la japonaise ne s’énerve de suite et tentant ainsi de changer de sujet. Ce n’était peut-être pas le moove le plus intelligent à faire, mais tant pis.

Un sourire s’afficha sur ses lèvres quand Azusa céda sans se battre. Ce n’était cependant que partie remise. Ruby savait qu’elle n’échapperait pas à ça. Les deux jeunes femmes avaient un caractère diamétralement opposé et un rapport à l’argent tout autant divergent. Si l’une avait vécu dans l'opulence et n’avait pas une réelle conscience du coût de la vie, l’autre savait ce que c’était de galérer et de ne potentiellement pas avoir assez pour finir les fins de mois. Pourtant, malgré tout, elles étaient devenues amies et si Ruby était ainsi avec Azu, c’était qu’elle avait compris que leurs revenus n’étaient pas les mêmes que les siens, mais également parce qu’elle savait que si Azusa avait quelque chose à lui dire, elle le dirait et ce sans langue de bois. Elle appréciait ça chez son amie, plus que tout.

« Hey ! » lança-t-elle quand l’héroïne lui envoya dans le front une pichenette et un sourire innocent prit place sur ses lippes. « Je sais. » Elle aurait pu rajouter qu’elle ne mentait pas. Mais, ça aurait été comme mettre de l’huile sur le feu ou de l’eau dans l’huile et Ruby n’avait pas envie d’entendre la jeune femme lui reprocher qu’elle mentait encore. Ceci dit, elle ne mentait qu'à moitié. Elle avait réellement apporté à manger pour manger avec son amie et le reste n’était qu’un cadeau pour la plus jeune de la famille aka Romi. « Ecoute, de base, c’était pas prévu. Mais la dernière fois, Romi m’a parlé d’un truc qu’elle voulait manger. J’en ai profité pour en prendre et lui dire. Donc, c’est pas pour toi mais pour ta soeur. » Ça ne passerait peut-être pas, mais mieux que si elle avait dit que c’était pour elle. La trainee lui adressa quand même un petit sourire crispé, comme pour s’excuser avant de passer à autre chose, espérant que Azusa serait moins encline à lui faire la peau pour ce qu’elle avait fait. Sa réponse fut bien succincte et Ruby leva les yeux au ciel. C’était toujours ainsi avec la jeune femme. Toujours droit au but et sans détail. Puis, même si elle n’allait pas bien, elle ne le dirait pas et ça, ça emmerdait royalement son amie. « Et bien ça va… Les examens du centre arrivent bientôt. Mais bon, comme d’hab, je vais finir dernière donc, j’hésite à m’y présenter. » Azu savait plus ou moins l’histoire de la famille Ryeo et de leur centre, ainsi que de ce stupide test qui les classait par “ordre d’importance de pouvoirs”. Celui de la jeune femme étant nul, elle était toujours au fond du classement, soit huitième.
Ruby prit le verre que lui tendit la japonaise, inclinant la tête dans un geste de remerciement avant d’hausser les épaules. « Je me suis dit qu’on aurait pu regarder un truc en mangeant… Ou alors, cuisiner pour Romi et ton frère ? » Elle avait tout amené de toute façon et ça leur ferait sûrement plaisir. Cependant, les talents culinaires de Ruby laissaient à désirer. « Enfin, tu cuisines et je t’aide de loin avec mon soutien incomparable. » Un immense sourire barra son visage et elle lui adressa même un clin d’oeil, sachant pertinemment qu’elle cuisinerait avec elle. Elle serait reléguée au coupage des ingrédients et ça lui conviendrait parfaitement.

Les mensonges quand on était Ryeo Ruby étaient presque monnaie courante. Tout ça parce que sa propre vie se basait sur le mensonge. Mais ceux qu’elle disait n’étaient jamais dangereux. C’était toujours pour se sortir de situation compliquée comme là, avec Azusa qui ne croyait pas un seul mot de ce qu’elle lui disait. Heureusement, Romi était toujours dans son esprit quand elle devait faire accepter quelque chose à la plus âgée. Elle ne refusait rien à sa jeune soeur, alors, elle pouvait toujours utiliser la jeune femme pour que ça passe mieux auprès de son amie. « Elle voulait des peperos ! Entre autre. » Bien entendu, Romi en avait parlé une fois ou deux sans jamais mentionner le fait qu’elle les voulait réellement. C’était Ruby qui avait fini par interpréter ses mots. De toute façon, c’était fait maintenant. Azu ne pouvait rien dire contre elle.

« Tu sais bien que c’est pas une question de révision mais de pouvoir. Le mien est inutile. Si encore je pouvais faire des dégâts dans les oreilles des gens avec ? Ils seraient peut-être plus enclins à ne pas me reléguer à la dernière place comme si je n’étais qu’un déchet. » Et encore, même ainsi, Ruby n’était pas certaine que ses parents lui accorderaient le quart de l’attention qu’ils donnaient à Blossom ou même Nahil. Elle haussa les épaules, en se disant que de toute manière, qu’elle se présente ou pas, le résultat serait le même. Petite dernière du classement pendant que Blossom et Nahil serait dans le top. À quoi bon perdre du temps pour ça ? La jeune Ryeo se sentit alors déprimée par ce fait. Elle n’aurait pas dû parler de tout ça et faire en sorte que l’ambiance soit plombée par les merdes de sa famille.
Heureusement, le rire de Azusa la fit sourire, lui faisant retrouver sa joie de vivre et elle haussa les épaules, toujours ce sourire sur les lèvres. « Je te rappelle que j’ai déjà fait des ramyeons… Et que j’ai pas brûlé le dortoir. » s’offusqua-t-elle, bien qu’elle était consciente de ne pas être la meilleure cuisinière. Ruby se sentit alors aimée par ce simple geste d’affection de Azusa et elle sourit encore plus, la suivant presque comme un chien en manque d’attention. « Curry c’est parfait ! Encore plus si c’est du curry japonais. J’en raffole. » La jeune femme lui sourit et alla se laver les mains, se préparant à découper tout ce que Azusa lui donnerait. Elle était prête. « Oui, tant qu’on garde des peperos… » lui lança-t-elle dans un clin d’oeil, jouant clairement avec le feu, mais appréciant cette chaleur qu’elle ne ressentait pas spécialement avec d’autres personnes.

« Tu sais, c’est vide au dortoir depuis que t’es partie… » finit-elle par dire après quelques instants de silence. En même temps, il n’y avait plus leurs querelles pour animer leur chambre. « On s'ennuie presque. » Un petit rire s’échappa de ses lèvres avant qu’elle ne hausse les épaules une nouvelle fois. La vie continuait et forcément, Bulle finirait aussi par partir, la laissant seule dans cette chambre. Elle ferait en sorte de n’accepter personne. C’était la place de Azusa et de Bulle.