Like we used to || jaehwan

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07/05 ; 21h04 + ootd

Le calme, personne n'y prête réellement attention, mais il peut se décliner sous différentes saveurs. Celui qui vous fige entre ses bras presque mort où rien ne bouge, rien ne vit. Pas un bruit, pas un mouvement. Il y a celui qui ne sait pas vraiment où il se place, s'il se veut tranquille ou au contraire légèrement vibrant. Et puis il y a celui que l'on dira domestique.
A chaque fois qu'il se retrouve seul dans le petit appartement, Orion a alors cette drôle d'habitude de s’asseoir sur le sofa, et d'écouter. Tous les petits bruits qui courent entre ces murs. Il écoute avec toute l'acuité que ses sens dits basiques le lui permettent. Tangue sur les variations du moteur du frigo, valse un peu quand ronronne le purificateur d'air. Il y a le cliquetis discret du parquet chauffant, le murmure de la rue plus bas qui remonte en vagues lentes et par intervalles irréguliers. Le froissement de la vie dans le couloir.

Il est seul ce soir, allongé sur le canapé et vient de se laisser happer par la vie de l'appartement. Relie inlassablement la même phrase pour finalement s'en rendre compte et décider de tourner la page. Il connaît ce passage de toute façon. Pour l'avoir vécu.
Orion n'a jamais lu sa biographie. Parce qu'il s'en foutait. Parce qu'il n'avait pas envie de poser les yeux sur les crasses de sa vie merdique. Parce qu'il se doutait que Jaehwan allait en enjoliver des parties pour que ce soit vendeur. Il ne pensait pas vraiment qu'il y trouverait des morceaux de lui si crus qu'il s'est sentit plusieurs à fois sur ce foutu canapé.
Un grognement brise le faux silence lorsqu'un doigt malencontreux vient laisser sa trace sur le verre de ses lunettes. Connerie. Elles sont sur son nez depuis même pas une heure qu'il ne les supporte déjà plus. Sa vision s'en trouve plus agréable c'est un fait mais ça l'agace. Alors il tend le bras, le livre toujours posé en équilibre sur son ventre. Tâtonne sur la table basse pour y chercher l'étui que ses doigts rencontrent et font tomber dans la bouche à moitié ouverte du tiroir.

Faut bien qu'il râle – lâche une injure au passage – tout en se redressant, le bouquin piquant du nez sur ses hanches tandis qu'il part à la recherche de cet foutu étui. C'est du velours – il pense – qu'il rencontre. Extirpe du tiroir un petit écrin, forcément de bijouterie, qu'il ouvre avec une curiosité de môme pour se retrouver stupide devant un anneau, sûrement en or blanc, d'une simplicité délicate dont la vision trouble son ventre sans qu'il ne sache réellement pourquoi.
Troublé, Orion remet l'écrin à sa place, récupère son étui, nettoie ses nouveaux yeux tout en reprenant sa place et sa lecture qui, il faut bien l'avouer, lui passe au-dessus de la tête à présent. Sa concentration est restée au fond du tiroir. Elle en saute lorsque le déclic de la porte qui se déverrouille vient se percher par-dessus tous les autres bruits de l'appartement.

« - Longue journée hm ? »

@yi jaehwan

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07/05 ; 21h04 + ootd

Furiosa avait insisté pour déposer elle-même la voiture au garage après la mission de ce soir. Depuis l’altercation avec les villains du début du mois dernier, qui avait valu une révision des plaquettes de freins et surtout un éclatement de la vitre arrière passager, elle ne faisait plus confiance à personne pour faire rentrer la précieuse carlingue au bercail.
Cette nana n’avait jamais été aussi carrée avec les lois que depuis qu’elle tenait le budget d’ARES – d’une main de maître, il fallait le dire.

Jaehwan était surtout persuadé que c’était parce que son pouvoir faisait des siennes et qu’elle ne voulait pas que tout le monde voie le petit nuage au dessus de sa tête qui vibrait d’électricité et menaçait de faire pleuvoir juste sur sa tête, pour en mettre partout dans la voiture.
Mais comme c’était elle, ça comptait pas, tout ça.
Il n’avait jamais rien compris aux femmes, elles étaient trop compliquées.

Comme souvent, il avait donc regagné son quartier à pied, dégourdissant agréablement ses jambes jusqu’à la salle de sport. Ces derniers temps les journées, parfois même les nuits passées dans la voiture à conduire des héros d’un bout à l’autre de Séoul raidissaient son dos qui le faisait souffrir sans relâche. Se défoncer à la salle était pour l’instant le seul remède qu’il avait trouvé pour lutter contre les courbatures tenaces qui s’étendaient jusqu’à ses avant-bras dans les mauvais jours et lui collaient des migraines terribles.

Encore en vêtements de sport, il passa, une heure plus tard, la porte de son immeuble et composa le code de la porte qui céda dans un déclic.

L’odeur caractéristique d’Orion emplissait l’espace.
Il ne s’y faisait pas, au fait que de nouveau, son ex-compagnon l’attendait à la maison. Il ne l’avait pas poussé dehors, l’avait même retenu. Et Ori ne déménageait pas.

Il passa devant la salle de bains qui sentait fort le neuf depuis les travaux entrepris. Un tableau cachait dans le couloir les impacts des grues sauvages en attendant que Jaehwan ait le courage de mettre de l’enduit et de le repeindre.

Arrivé dans la pièce de vie, il déposa son sac sur le sol. Ori campait dans le canapé, comme depuis son retour.

« Ouais t’as pas idée. » souffla-t-il en s’étirant et se dirigeant vers la cuisine. « Tu lis encore ce truc ? Il est plus très à jour. »

C’était une mauvaise plaisanterie mais c’était aussi la réalité. Il ouvrit le placard au dessus de l’évier et en extirpa deux grands sachets de compléments alimentaires qu’il avait oubliés chez lui ce matin – pour être exact il s’était fait accaparer par Orion le matin même et il était parti très à la bourre.

« C’a été ta journée ? »

Ca sonnait fluide, domestique, et en même temps très bizarre.
Non, définitivement, il ne s’y faisait pas.

@yi jaehwan

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07/05 ; 21h04 + ootd

Des notes d'air nocturne se faufilent à l'intérieur, enrobent d'une fine pellicule le parfum fleurit du propriétaire des lieux où se devine l'amertume de la sueur. Balançant la tête en arrière jusqu'à voir le monde à l'envers à travers ses lunettes, Orion suit du regard la silhouette de Jaehwan sublimée par une visible marche et un égarement programmé à la salle de sport.
Lui n'y avait pas remis les pieds. Une profonde angoisse revenait, à chaque fois que l'idée se glissait dans sa tête. Faute de s'abîmer, un peu bêtement, sur des machines sans âme ni réel intérêt, Orion pouvait au moins admettre que son presque retour au sein des rangs d'Athena lui avait redonné l'accès à ses bassins. Peu importe là où il se trouve, il reste un fils de l'eau. Un égaré de cette Busan bordant la mer et où le bruit des vagues léchant la terre s'entend à ses quatre coins. Il faudra qu'il y retourne, à la plage un jour, ou une nuit, peu importe. Orion le décrète en repliant sa nuque dans l'autre sens, quelques vertèbres craquant au passage ponctué par le bruit mat des pages qui se referment.

« - S'tu veux savoir, je l'ai jamais lu. Et j'arrive pas à dépasser le premier tiers. » Ca l'emmerde, au fond, de lire un truc le plaçant en personnage central. Ca l'emmerde de voir sa vie s'étaler de la sorte, de cette manière bien trop intime qui n'aurait dû n'appartenir qu'à lui. Qu'à eux. Une chance qu'il ait fait de la prison, personne n'aura l'idée de s’accaparer les droits du bouquin pour en faire un film-torchon ou une quelconque série saupoudrée d'édulcorants. En fin compte, cet Ori couché sur papier ressemble plus à une version fantasmée de celui qu'il est. Qu'il a été. Et même s'il n'arrive pas en dépasser le tiers de cette réalité rêvée, il se sent blessé par cet autre qu'il aurait bien voulu être pour que tout paresse plus simple.

« - Hmhm. Calme plat, j'ai joué l'ombre de je sais pas quelle petite célébrité... J'arrive pas à retenir leur nom, ça me fatigue. » Toutes ces petites célébrités et le fait de pas retenir leur noms. C'est un peu comme si son cerveau était resté bloqué huit ans en arrière, avec toutes les identités des ces héros qui ont continués sans lui et avec lesquels il n'a pas cherché à reprendre contact.
Paperthin est mort il y a huit ans , la société héroïque l'a tout simplement rayé de son agenda. A leur place, peut-être aurait-il fait la même chose.
Le gros volume de la vie d'Ori se dépose sur la table basse en gémissant lourdement. Quelque part dans le tiroir, la bague dormant dans son écrin a dû sursauter sous l'impact pense-t-il tout en se levant pour venir s'accouder au comptoir de la petite cuisine.

Orion reste alors un instant silencieux. Se contente de suivre les gestes empreint des habitudes coulantes de la vie de son ancien compagnon à la manière d'un chat suivant tranquillement le déroulé de la préparation de son dîner. Tout est redevenu trop fluide entre eux. Avec une facilité presque vile puisqu'elle s'est arrangée pour que, ni lui, ni Jaehwan, ne s'en rende réellement compte. C'est revenu simplement, comme si ce  matin ils avaient passés l'un et l'autre la porte pour y revenir le soir même. Sans ce gouffre de huit longues années au milieu qui revient, de temps à autre, leur dire qu'ils ne les rattraperont plus et qu'ils ne sont plus, ce qu'ils étaient hier.

« - T'as mangé ? Pas ces merdes là mais de la vraie bouffe ? J'ai ramené des mandus, si tu veux. » Ils en mangeaient, souvent. Un peu trop peut-être. S'arrêtaient à Hongdae pour une pause qu'ils étendaient volontairement entre les murs boisés d'un petit restaurant de mandus. Parce qu'ils n'avaient pas envie de rejoindre l'institut. Parce qu'ils pouvaient prétendre, le temps d'un repas, qu'ils étaient libres. Qu'ils étaient qui ils voulaient, ce qu'ils voulaient.
Orion mangeait peu, préférait se nourrir d'un Jaehwan débordant de sourire et d'un bonheur qui venait noyer tous les bruits et les conversations. C'est un peu ce qu'il fait maintenant, il mange le silence, les gestes, l'odeur. La vie banale qui lui a tant fait défaut et qu'il n'a jamais tant aimé que depuis qu'il est de nouveau libre.

@yi jaehwan

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07/05 ; 21h04 + ootd

« Ce n’est pas comme si tu allais apprendre quelque chose, de toute façon. » répliqua Jaehwan avec un sourire.

Il préleva une grosse cuillière de chacun des sacs. Mélangées ensemble, les poudres devenaient indécelables et auraient pu tout aussi bien être les mêmes si l’industrie des compléments alimentaires voulait vraiment la faire à l’envers à ces influenceurs de pacotille qui croyaient qu’on pouvait s’en sortir avec de la bouffe lyophilisée. Peu friand du plastique, il se servait depuis longtemps de bocaux en guise de shakers. Il en récupéra un sous l’évier qui avait du contenir des asperges vu sa longueur, et retourna la tête d’une brique de soja au chocolat pour donner du goût à ce qui ressemblait de loin à de la coke.

« Tu es très content que je bouffe ces merdes-là quand je te soulève. » répondit-il nonchalamment.

Il vissa le couvercle sur le bocal et le fit jouer dans sa paume comme un bâton de pluie, mélangeant la poudre et le liquide sans rien secouer pour ne pas créer des bulles inutiles et casser les molécules bénéfiques de la protéine.

« Oh vraiment ? » demanda-t-il, la lèvre ourlée d’une moustache de chocolat qu’il chassa d’un mouvement de la langue. « Avec plaisir. J’irai me doucher après. »

Les sacs de poudre reprirent leur place dans le placard et Jaehwan crochetaa la poignée d’un tiroir sous les plaques de cuisson pour en sortir quatre longues baguettes de métal.

« Tu les as achetées où ? » demanda-t-il dans un cliquetis spécifique en les posant sur le comptoir. « Le restau dans lequel on allait depuis a fermé, il me semble. »

Comme beaucoup de lieux qu’ils avaient l’habitude de visiter autrefois. Parce que Séoul allait très vite.
Et que leur couple, c’était très loin en arrière.

@yi jaehwan

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07/05 ; 21h04 + ootd

Jaehwan a tort, on apprend bien des choses lorsqu'elles se dévoilent par le regard des autres mais Orion ne répond rien. Se contente de baisser la tête vers le comptoir comme pour y cacher le sourire venu se fondre sur ses lèvres.
Son regard se relève pour suivre en silence le presque rituel de la préparation de cette bouillie pas vraiment de bébé, mais tout comme. Huit ans à manger, pas nécessairement de la qualité ni de l'immonde non plus, du simplement banal et parfois avec un aspect franchement pas très engageant qu'il a développé une sorte de dévotion presque religieuse envers la nourriture – c'était déjà le cas avant mais c'est pire maintenant – au point de ne pas vraiment comprendre l'intérêt de ces substituts. S'il était un sportif plus aguerri il comprendrait. Il ne l'est pas. Se contente alors de lever un sourire qui entraîne le coin de ses lèvres sur la note d'un sourire au goût d'énigme.

« - Je parierais que tu n'as pas besoin de ces merdes pour me soulever. » Il se redresse au cliquetis des baguettes, sa paume à nue glissant sur le comptoir en murmurant. « - Il marchait si bien pourtant... Je suis pas allé jusqu'à Hongdae, faudra que j'y passe un jour pour voir. » Orion contourne tranquillement le comptoir.
« - Le restau s’appelle Gubok, je crois. J'avais déjà pas la mémoire des noms avant, c'est encore pire maintenant. » Un soupir ponctué par le léger cliquetis des lunettes retirées et déposées à côté des baguettes. « - L'opticien était à côté, j'en ai profité. » Ses mains viennent alors s’arrimer aux hanches de Jaehwan, jouent sur la partition de cette fluidité étrange qui rythme leur vies depuis le retour de sa liberté. Son index vient crocheter presque machinalement le passant du pantalon de Jaehwan vers lequel il se penche pour saisir sa lèvre inférieure entre ses dents.

« - Ils ont eu le temps de refroidir depuis. Si tu veux te doucher... » Son souffle caresse la lèvre malmenée à la manière d'une excuse. Vient se glisser ensuite contre le cou, juste sous la courbe de la mâchoire, là où fleur, sueur et air nocturne se confondent.

@yi jaehwan

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07/05 ; 21h04 + ootd

« C’est pas essentiel mais elles m’aident bien. Tu t’es vu depuis que t’es revenu ? T’étais déjà bien massif mais c’est une autre histoire maintenant. Heureusement que j’ai suivi sans le savoir. »

Personne ne racontait jamais ce qu’il se passait dans les prisons d’Athena. Jaehwan le savait parce que ses études de master en villainologie lui avaient permis de les visiter et d’observer les détenus de loin sans évidemment interagir avec eux. Le reste s’était fait dans les archives, sur des enregistrements. Athena avait ses secrets, et vous vous doutez bien qu’elle n’allait pas les dévoiler à des chercheurs qui pourraient en faire des armes pour détruire le système.
C’était sans doute avec ces souvenirs qu’il avait commencé à parler à Byeol de son idée d’association, qu’Athena s’était ensuite accaparée. Et puis, comme on devenait statistiquement la somme des personnes que l’on cotoyait au quotidien, et que Jaehwan était entouré de gardes du corps depuis deux ans...ses habitudes avaient fait le reste.

Accoudé au comptoir, il regarda Orion louvoyer jusqu’à lui. Les lunettes qui se posèrent sur le meuble à côté des baguettes lui rappelèrent, comme tous les jours, qu’avec le hiatus de ses pouvoirs venait le retrait des mods qui coexistaient dans sa puce et l’avaient transformé en véritable machine à tuer. On avait souvent demandé à Jaehwan comment il pouvait seulement traîner avec un soldat d’Athena aussi dangereux.
S’ils savaient que ces capacités développées ne servaient plus à rien quand la porte de leur chambre se refermait sur le monde.

Les hanches de Jaehwan s’entrechoquèrent avec celles d’Orion. Surpris, Waze déposa le bocal sur le comptoir avant qu’il ne se fracasse sur le sol. Le geste sur sa lèvre provoqua un frisson qui serpenta le long de sa colonne vertébrale avant de s’enrouler dans ses reins.

« Oh wow, qu’est-ce qu’il t’arrive, hyung ? » demanda-t-il dans un ricanement tremblant alors que les lèvres de son ex-compagnon virevoltaient sur la plage sensible de son cou.

@yi jaehwan

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07/05 ; 21h04 + ootd

« - Subtile manière de me faire remarquer que j'ai adopté la dégaine du taulard qui a rien d'autre à foutre de ses journées que de soulever des trucs lourds. » Un léger rire, doux-amer, s’éclipse par-dessus les petits bruits de l'appartement continuant de vivre sa vie comme s'ils n'étaient pas là.
De toutes ces choses qui existent en prison mais que Jaehwan ignore. Ces habitudes que l'on aperçoit en surface lorsque l'on se retrouve du bon côté de la vitre, en visiteur témoin d'instants aussi ridicules qu'illusoires. Ce qu'Orion a confié à Jiji au bord de la piscine reste un de ces morceaux niché sous la surface qu'il n'a pas envie de montrer à Jaehwan aussi vite. Pas quand tout est trop fragile, qu'ils oscillent toujours sur le fil de cet entre-deux aussi agréable qu'il est étrange.

Son souffle tremble délicatement contre la gorge de son ancien amant. Trahi l'esquisse d'un rire fait de silence et qui se fait étouffer par la peau déjà brûlante de Waze.
« - Hm ? Je te souhaite un bon retour à la maison... » Qu'il ponctue de petits baisers claquant de douceur. Du crochet de son index, il tire machinalement sur l'élastique du pantalon. Puis le libère lorsqu'il décide que le petit jeu pourrait aller sûrement trop loin et qu'il est préférable de simplement l'enlacer. Le retenir contre son propre corps et se réchauffer de sa présence. Tuer à petit feu cette trouille mauvaise de ne pas le voir revenir. La plaie mal cicatrisée de le voir partir.
Orion soupire et ferme les yeux. Repense à cette bague dormant au fond du tiroir. Il ne s'en souvient pas. Ne croit pas l'avoir aperçu dans leur vie d'avant, alors il en conclut qu'elle est sûrement pour quelqu'un d'autre. Pour un amant que l'on joue aux échecs mais qui a su combler bien d'autres vides que ceux d'un corps à l'agonie.

Il n'imagine même pas Orion, que Jaehwan ait pu avoir cette envie là. Pour lui. Pour eux. Il ne aurait offert qu'une vie d'ombre, un monde caché derrière les portes de leur chez eux et des secrets à entasser à l’abri des regards et du monde. Il ne lui aurait offert que l'étiquette du colocataire, de l'ami. Du parasite avide de célébrité comme certaines mauvaises langues pouvaient le murmurer.
Il lui aurait offert tout, sauf ce qu'il mérite réellement.
Jaehwan mérite la lumière. La sincérité. Le beau. Le bonheur simple.
Pourquoi tu es revenu alors ?
Pourquoi tu restes ?
Parce que Paperthin détruit tout ce qu'il touche. Tout ce qu'il aime. Sans réellement s'en rendre compte. Un spécialiste dirait sûrement que c'est une pathologie à ce stade, qu'il faut creuser dans les abysses de son enfance pour en trouver l'origine. Personne n'est allé aussi loin. De tous les foutus psy qu'il a croisé pendant son temps en taule, aucun ne peut se vanter d'avoir atteint cette période de la vie de Paperthin. Et toutes les biographies du monde ne retranscriront jamais ce qu'il a vécu.

« - Va te doucher Wani-ah. Je m'occupe du repas. » Orion revient à la surface, louvoie contre les hanches de Jaehwan pour s'échouer sur ses lèvres. Les tatouer de ces envies mordantes que l'on contient mais qui se consument lentement, sur le fil de souffles qui s'entremêlent.
Peut-être qu'il faudrait alors qu'il le lâche. Que ses mains assassines se défassent pour que l'un comme l'autre, ils puissent reprendre leurs actions.

Et cette putain de bague qui se cogne contre son crâne.

@yi jaehwan

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07/05 ; 21h04 + ootd

« Subtile manière de te faire remarquer qu’on était des gamins y’a huit ans, Orion. » répondit Jaehwan.

Il était impossible d’oublier le fait qu’Ori avait fait huit ans de taule : c’était marqué sur sa gueule. Mais les remarques qu’il faisait sur son physique ne se rapportaient pas systématiquement à cette partie de sa vie. Elles étaient même plutôt mélioratives, et ce depuis qu’il avait posé ses yeux sur lui depuis qu’il était revenu, à la fin du mois de mars. Il ne cessait de le lui dire combien il l’admirait et le trouvait beau ; simplement, Orion n’y croyait pas.
Et cela, il ne pouvait rien y faire.

« Mh, mh, tu fais plus que ça. Je crois pas que j’aie écrit des trucs particulièrement émoustillants dans le premier tiers, qu’est-ce qu’il t’arrive ? »

Il essaya de se dégager sans succès. Pas parce que Ori le retenait mais parce que lui-même n’avait pas envie de partir. Il lui semblait que ses dernières retrouvailles avec Chiwon avaient éveillé en lui quelque chose qui ne demandait qu’à sortir, et qui rampait depuis sous sa peau avec délectation comme si ce type n’avait jamais vécu sa puberté de sa vie. Le retour d’Orion ramenait avec lui des sentiments d’un autre âge qui se rapportaient à une jeunesse qui n’avait naturellement plus court. De toute évidence, certaines choses n’avaient pas changées, comme encapsulées dans la chaleur des regards qu’ils échangeaient chaque jour.
Déménager n’aurait rien changé. Refuser de l’héberger n’aurait rien changé.
Certaines choses ne changeraient jamais.

« Je ne comptais pas t’y inviter, tu les prends toujours brûlantes comme l’enfer. » répliqua Waze. « Mais tu crois vraiment pouvoir t’échapper comme ça ? »

Sans attendre sa réponse, il le souleva par les cuisses avec humeur et l’assit sur le comptoir avant de se glisser entre ses genoux.

« Tu vois que ça sert à quelque chose, hyung. »

Il lui adressa un sourire narquois et reprit son bocal pour avaler une nouvelle gorgée de ce qu’il contenait. La caséine commençait à épaissir et l’empêchait de tout avaler d’un coup. Ses phalanges libres qui glissaient entre l’élastique de son pantalon et la peau d’Orion tirèrent pour lui laisser le loisir de jeter un coup d’oeil sans équivoque sous le vêtement.

« Quelqu’un m’attendait, je crois. »

@yi jaehwan

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07/05 ; 21h04 + ootd

Si, par un pur hasard, quelqu'un venait prendre place, disons sur le canapé, et s'improvisait témoin de la scène, il dirait que celui qui a enroulé ses bras autour de la taille de l'autre souffre d'une peur presque vorace de l'abandon et d'un cruel manque d'affection qui se retrouve caché par son attitude typique d'adulte n'étant rien de plus que la résultante d'un enfant à qui on a volé, et l'enfance, et la tendresse que cet âge mérite.
Il dira aussi que ce soudain besoin de proximité, certes vibrant d'un appel au sexe que de multiples signaux beuglent sans vergogne, est aussi une remontée brutale de cette conscience de cette vie de couple passée et perdue, symbolisée par la bague endormie dans son écrin. Ce n'est pas réellement un appel à l'aide, plutôt une diversion pour tentant de se concentrer sur autre chose que ce bijou dormant sous la poussière des hier et les soleils des demain.

Les lèvres d'Orion se pincent et gardent le silence. S'ouvrent seulement pour laisser fuiter un soupir surpris, et virant légèrement dans des aigus surprenant lorsque ses cuisses viennent se poser sur le comptoir.
Jaehwan se trompe, le plus imposant des deux, c'est bien lui. Le plus beaux des deux, c'est lui et Orion a bien conscience qu'il ne le lui dit pas assez. Qu'il ne lui a jamais dit sinon avec ses yeux qui le dévorent et l’idolâtrent tout à la fois.
Un sourire doux étire ses lèvres tandis que ses paumes viennent se plaquer contre la fraîcheur du comptoir.

« - C'est pas ta bouillie de bébé qui sert à quelque chose mais les efforts que tu fais avant de la descendre. » Sous le jeu des phalanges, son ventre se contracte. Aspiré par son nombril où s'enroule déjà ce serpent chaud  aux écailles de velours tranchant.
« - Hmhm, moi, je croyais que c'était évident. » Il tend le cou et le bout de sa langue pour retracer la ligne de ces lèvres au goût chocolaté. Orion referme lentement ses cuisses contre les flancs de son ancien compagnon, détache ses paumes du comptoir pour laisser ses doigts venir caresser l'ourlet du haut de Jaehwan.

« - Je ne m'attendais pas à ce que tu m'invites... » Les phalanges glissent sous le tissu, s'étendent en étoiles sur les valons et les monts des abdominaux ciselés.
« - Tu les prends toujours trop froides. » Mais s'il les aime brûlantes comme l'enfer, Orion en aurait rien à foutre d'en prendre des glacées comme le fond des mers si c'est pour être encore un peu plus avec lui.
A fleur de lèvres, il inspire l'air de son ex-compagnon. Lui rend le sien sur une douce brise, des frissons électriques glissant sur sa peau jusqu'au centre de son monde. Pétillent contre ses reins à le faire volontiers soupirer discrètement quand pourtant il ne se passe absolument rien.

« - Wani-ah... Il faut que je te pose une question. » Des pouces, il trace des arabesques virevoltantes autour de son nombril. Son cœur s'est niché au fond de sa gorge, bat plus fort maintenant que les mots sont venus se déposer sur les lèvres de Jaehwan.

« - C'est quoi, dans le tiroir ? » Et il y en a des trucs dans ce tiroir.

@yi jaehwan

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07/05 ; 21h04 + ootd

« Evident que tu me désires matin et soir comme quand on avait seize ans même après huit ans de séparation ? Non, ça ne l’était pas, pour moi. »

La voix de Jaehwan avait baissé de quelques tons. Elle était devenue plus douce aussi, plus intime. Ses mots n’étaient plus destinés qu’à celui qui se trouvait légèrement au dessus de lui, réhaussé par le comptoir.

« J’aurais pu. » concéda-t-il, ses paumes épousant lentement les cuisses d’Orion tendrement resserrées autour de lui, suivant le dessin de ses muscles fuselés qu’il pouvait sentir même sous le tissu. « Mais elle était déjà un peu petite pour nous deux y’a huit ans, alors maintenant laisse tomber, on foutrait de la flotte partout. »

C’était des arguments à la con.
Jaehwan n’avait simplement pas envie d’évoquer le fait que cette pièce, même refaite, ne cessait de lui rappeler la malheureuse expérience qu’il y avair vécue parce qu’il était pas foutu de rester à sa place quand il se passait un truc dangereux. Il faisait encore des cauchemars à base de dôme de papier dont les murs s’étrécissaient autour de lui jusqu’à l’étouffer, de grues enfoncées par milliers dans sa gorge, et d’Orion se vidant de son sang. Exorciser cette trouille tenace n’était pas aussi simple que de remplacer ces souvenirs horrifiques par de meilleurs moments passés dans cette pièce.

« Mh, laquelle ? » demanda-t-il, le ventre tendu d’excitation contracté autour des caresses d’Orion sur l’un des points sensibles de son corps.

Lui qui avait baissé ses cils sur ses yeux, effleurant les lèvres d’Orion dans une danse lascive et patiente, les rouvrit pour plonger son regard dans celui de son amant. Il y avait des tiroirs plein cet appartement pour maximiser les espaces de rangement, mais il en cotoyait un au quotidien, avec le temps qu’il passait sur ce canapé.

« Ah, je vois. Tu l’as ouverte, je suppose ? »

Ses doigts s’immobilisèrent sur les cuisses d’Ori. Il n’était pas fâché outre mesure que son ex-compagnon ait fouillé dans ses affaires. C’était à lui de se débarrasser de l’objet et il ne l’avait jamais fait.

« C’est pour ça que tu me colles. T’es en train de te demander à qui elle est destinée et tu sais pas si tu dois en être heureux ou si tu dois avoir la frousse que je te mette dehors hein ? Je te connais par coeur, hyung. »

Il attrapa de nouveau son bocal et termina de descendre son contenu.

« C’était pour toi. Le lendemain de ta mission on devait aller au restau fêter les 500 000 exemplaires vendus de ta biographie, souviens-toi. Je voulais faire ma demande à ce moment-là. C’était une idée un peu bête, t’aurais sans doute refusé parce que tu voulais pas t’afficher mais j’en avais envie. »

Il soupira, pinça les lèvres avec cet air défaitiste mais lucide de celui qui accepte que malgré tous ses efforts, il soit parfois déçu par les aléas de la vie.

« J’ai jamais eu le coeur de la ramener. Au fond de moi je pense que j’espérais que tu sortirais plus tôt que la sentence qui avait été prononcée, et puis non. Et puis le temps a passé, et elle est restée là. Elle n’est pas destinée à quelqu’un d’autre, si c’était la question. »

Il pressa gentiment les cuisses d’Orion.

« C’a été difficile pour moi de partir sans me retourner quelques mois plus tard alors que juste avant que tu sois incarcéré j’avais envie de me marier. Oh, on se serait pas mariés en Corée, bien sûr. On se serait sans doute jamais mariés, vu ton statut. Elle était à ta taille à l’époque, ça m’étonnerait qu’elle le soit toujours, d’ailleurs. »

Il laissa échapper un petit rire triste qui se brisa à mi chemin.
Il aurait du faire sa demande malgré tout et comme dans les romans, attendre son compagnon toute sa vie. Il n’avait pas pu.
Il n’était pas un personnage de roman.

@yi jaehwan