Is it what love is? - Heera

Le coeur qui ne sait pas se taire, ça tambourine comme jamais dans sa poitrine, tant qu'il pourrait tenir son coeur entre ses mains. Il y a la hâte, l'excitation de revoir celle qui chérit plus que tout, comme une petite soeur, celle qu'il a jamais eu car né le second, a toujours eu ce rôle de petit frère envers sa jumelle. Heera est particulière, ancien mentor qui n'a fait que sur-protéger la gamine, il aurait aimé l'éloigner d'Athena, plus que tout, qu'elle ne finisse par entre leurs griffes empoisonnées. Il aurait aimé l'emporter avec lui, dans sa fuite, pour qu'ils puissent connaître la liberté ensemble, loin d'une société qui bouffe leurs entrailles. Mais maintenant, il vit seul, reclus derrière quelques murs où la lumière passe rarement, car oiseau de la nuit ne déploie ses ailes que lorsque le ciel se teint de sombre. Il ne peut que rarement profiter de ce luxe qu'est de voir ses proches - car ils se font rare maintenant, confiance bousillée, des dos tournés depuis qu'il a la gueule d'un vilain, visage affiché par Athena, ils veulent seulement sa peau, et la gloire de leur agence.

Le lieu n'est pas formidable, petit café caché entre deux ruelles où le soleil ne passe que très peu dans la journée, là, il peut retirer son masque sans peur qu'on le pointe du doigt, car les employés sont devenus des alliés du jour au lendemain, à force de se cacher ici pour échapper à ses bourreaux - ses doigts tapent sur la table en bois, certainement plus vieille que lui, le stress qui monte jusqu'à ses oreilles qui rougissent. Sa tête se relève précipitamment quand la porte s'ouvre et laisse apparaître celle qu'il attendait, son corps qui se jette presque hors de sa chaise pour l'accueillir, la serrant rapidement dans ses bras comme une étreinte vitale, comme une bouffée d'oxygène dont il manquait. You're here... Et contre elle, il sourit, son coeur chaud d'amour.

Et où es-tu ?
Coincé, à fuir les démons.
Si éloignée de moi.

Elle peine à croire les mots qui s'alignent sur l'écran. Essence de nostalgie, la tête aimerait refuser, car les nouvelles sont si rares qu'on finit par ne plus y croire, à désespérer en silence et fermer la simple lueur qui s'approche de l'espoir. Mais la vérité est bien vivante.
L'essence d'une maison.
Le parfum de l'ami qu'on n'oublie pas.
Un frère.
Il est là. À la lumière du jour, ayant laissé la nuit folle derrière lui. Les cachettes intrépides qui font mal plus que de raison, car elles ne sont pas voulues. ((Et toi Heera, tu l'aimes plus que tu ne l'avouerais.)) Beauté froide, elle aime de loin, le coeur refermé, mais dans les gestes simples on pourrait trouver quelques sentiments éclot, voilé un peu sous la terre, racines si fragiles. Assez pour lui donner envie l'habit parfait, lui donner un peu plus que les autres. Pour la famille, pour lui, mentor, semblant de meilleur ami, un protecteur qui lui est cher.
Et quand elle se pose devant lui, café si banal en apparence, les retrouvailles ne sont pas pourtant minime, ce qui explique l'étreinte qu'elle accepte sans se tendre, le glace fondant au soleil du coeur de Nana, chaleureux pour elle. Si mécanique, pas douée sur le coup, elle referme ses bras sur lui, sans savoir poser où ses mains, juste le temps que les habitudes reviennent à la vie. Juste le temps de revenir aux souvenirs, les années trainee, les brides de confidence. A nous de tout refaire. «Nana...j'espère que je te fais pas mal.» Croyant que les étreintes frôlent l'horreur alors qu'elles sont le Saint Graal pour l'exilé.
If I'm there to catch you when you fall
«Je crois que ça fait trois fois déjà que tu changes ton numéro, j'ai failli te bloquer par accident.» Sourire en coin sur le visage de poupée de la gamine, elle replace tout aussi maladroitement une mèche derrière son oreille. «T'es mal en point.»

Rien ne sert de le cacher.
C'est visible.
Les mensonges n'ayant jamais eu leur invitation.

Son étreinte à la capacité de soigner, d'enlever toutes les peines de son coeur et toutes les blessures qui se cachent sous les couches de vêtements qui recouvrent son corps. Heera est loin des douceurs dont il était habitué avec sa soeur, elle est comme une rose au milieu de l'hiver, piquante et froide, presque empoisonnée mais jamais pour lui, non, son poison est bénin pour le garçon, ancien mentor, qui aimerait préserver la gamine de toute la cruauté qui coule dans les veines de cette ville ; et dans les leurs, y'a que des rêves de liberté, l'envie de s'envoler sans jamais avoir à de nouveau toucher le sol. Ils sont enchaînés à une réalité pourrissante, son prisonniers de bien des âmes. Désolé... Normalement je ne devrais plus changer de numéro, mais c'était un peu compliqué, financèrement parlant... Son visage se tord en grimace qui n'est d'autre qu'un sourire maladroit sur ses lèvres. Il desserre doucement son emprise autour d'elle, l'invite à s'installer à la table où il était. Quelques aventures, mais rien de grave, d'accord?... Il aimerait la rassurer plus que ça, lui dire qu'il est en sécurité et que tout ira mieux bientôt - mais il n'est sur de rien et lui même est terrifié. Cette vie est différente de l'ancienne, plus dangereuse, loin de tous, de ceux qu'il aime. Tu veux boire ? manger quelque chose ? Dis moi, je paie, y'a aucun problème. Il tend ses mains vers les siennes pour les blottir contre ses doigts, caressant sa peau de son pouce alors qu'il sourit, un peu moins stressé. Parle moi de ta vie, dis moi ce qu'il y a de nouveau... Parce qu'il voudrait que ça change de son quotidien étrange, de l'appartement où il squatte où l'obscurité est bien plus présente que ses propres pensées. Elle est son rayon de soleil dans cette vie qui s'écroule encore et encore.

Qu'ils te détestent.
Qu'ils te forcent au chaos.
Au bas fond.

Il n'y a pas de choix pour la famille, il n'y a que le bon sens, les choix inconditionnels, répétés, comme l'odeur du café à leurs narines, endroit lambda, sans étincelle qui ne couvre que l'espoir de s'offrir un monde meilleur. Toi, Nana et tes grands rêves.À ne pas se ressembler, à la fois, gamine qui veut la gloire, grand frère qui veut tomber dans l'oubli.
I just learned these people only raise you
To cage you
Face à face, ils peignent la même aquarelle des souvenirs d'Athena, lumineux et éteint, les sourires dont il aimait chérir, seul détenant le secret d'un trésor inestimable, il n'aurait jamais osé partager. Jamais, les petites lumières, ressemblantes aux fêtes d'hivers, cette pureté qu'elle voile. Jusqu'à prendre ses mains entre les siennes, restant calme au contact, jouant de leurs unions en balançant les paumes jointes. «Quelques histoires, toujours les mêmes, mais tu aimes particulièrement les drama récemment.» Prunelles volant au ciel, questions simples, presque futiles, c'est le son d'une routine qu'il partage. Monotone aux yeux des curieux, de ce monde endormi qui ne vive pas une grande existence, mais c'est ce qui tout leur suffit.
Un moment sans artifice.
Pour combler les myocardes.
Criant en silence.
«Un café noir, mais je paie.» Indépendante, ce besoin de le faire sentir. Personne pour l'empêcher d'abattre la moindre barrière. «J'ai percé avec un tiktok cette semaine, mais bon le reste tourne un peu dans le vide, le boulot est pas fini. Les cours toujours aussi prenants, mais je t'apprends rien.»

Les mèches que la belle renvoie sur l'épaule, les mains se détachent un instant, au fond du sac trouve une casquette, prix incandescent, sachant qu'il doit se cacher, sur laquelle trône un lys blanc brodé. Fleur représentant la gamine depuis quelques années, le vêtement glisse vers le misérable. «Pour te cacher.» ((Pour pas m'oublier))Affirmation plus exacte étouffée, noyée.