((favorite crime)) - libre

12.04.24 23:17

favorite crime
ft. @"libre"

“A l'encre, des mois à l'avance, case choisie avec soin, cette soirée arrive toujours de la même façon, à la même heure,elle aimerait choisir un bar différent, mais la routine lui colle à la peau, comme les plus profonds de ses souvenirs.
Scène sans vie.
La nuit est passée à travers la porte.
Les clients vivent déjà dans leurs rêves.
((Alors, toi, tu n'aggraves rien))
Et qui sait, ils s'apaisent pour la première fois depuis des années, tous les mois au son d'une voix qui leur devient inexistante dès que les prunelles se voilent.
«Bonsoir, j'ai préparé un morceau, j'espère que vous l'aimerez.»

Elle les a comptés.
T r o i s.
Elle s'est assise de la même façon.
((Au bout du tabouret))
Elle porte la même chose.
Une robe blanche et les talons parfaitement agencés.

I think I've seen this film before

C'est une routine, une pulsion plus forte qu'elle. Une guitare sur les jambes, froide d'avoir été oublié, les cordes aussi difficiles sur les doigts, vulgaire, hérissé, indomptable. Comme, toi, Heera. Une voix jamais enrouée, claire que l'eau, elle retentit si bien ici étrangement. Ils tombent, leurs poids devenant trop lourds. Elle pourrait presque voir morphée au coin de la pièce, heureux du don qu'elle leur fait ce visage rempli de gratitude. C'est le fardeau incapable de prendre ce chemin pour atteindre les étoiles.
Et la mélodie se terminera.
Même s'il n'a plus rien.
Comme à l’habitude.

Et si tu avais été attentive tu aurais vu que les étoiles ne sont pas alignées de la même façon. Qu'elle en sursaute quand la porte s'ouvre, la laissant en face de son crime. Des sommeils paisibles chez tous les clients et une chanteuse oubliée sur scène. Voix aussi puissante qu'un somnifère. Impossible d'effacer la mémoire à cette nouvelle présence.
Elle est seule face à ses intempéries.

14.04.24 21:10

« Hey. »

C’était un simple chuchotement, juste après le grincement de la porte qui avait retenti de manière presque sordide une fois le méfait de l’héroïne accompli. Comme d’habitude, le peu de membres qui composaient l’auditoire s’était endormi. Jiji les considéra un instant avant de retirer le casque qu’il portait sur les oreilles et qui diffusait du bruit blanc semblable aux vagues de la mer lustrant le littoral. Cela lui permettait de combattre les acouphènes qui lui froissaient les tympans depuis le dernier match qu’il avait commenté à plein poumons et dont les effets secondaires duraient plus longtemps que prévu.
Accessoirement, cela lui avait permis de ne pas entendre du tout la voix d’Heera, et de ne pas tomber dans le sommeil ; il en aurait pourtant eu bien besoin. Son malaise dans l’ascenseur avec Orion quelques jours plus tard le prouverait.

« Ca va ? » chuchota-t-il.

Son extinction de voix rendait la scène presque secrète ; on aurait dit deux petites fées qui se réunissaient pour exercer leurs méfaits la nuit tombée. Jiji rejoignit la jeune femme sur scène, s’appuya contre la ceinture d’un piano abandonné qu’Heera, rossignol de malheur juché sur son tabouret, n’avait pas touché.

« J’me suis niqué la voix. » pouffa-t-il comme si c’était une mauvaise blague. « Du coup c’est là que tu t’produis ? »

C’est là que tu réussis ta vie, pendant que moi j’ai échoué ?

Suk Heera aime ce message

07.05.24 20:39

favorite crime
ft. @"libre"

“ Visage familier, il n'y a plus de surprise aux pas de la porte, juste une compétition vile entre deux têtes brûlées. Lui qui connait le secret des chants, les secrets maintenant des nuits, elle qui peut s'offrir qu'une seule scène à condition qu'on ne l'écoute pas, plus mortel que les chants de sirène.

Vous n'êtes que des enfants, encore à vouloir la gloire, à se battre pour la première place et pourtant aux mêmes ambitions, l'union serait plus simple pour ascension.

Elle le laisse venir trop près, ça bousille l'instant de calme, la poésie déjà maladive, maudite des pouvoirs que les gens normaux réclament sans savoir les sacrifices possibles.
«Je t'avais pourtant interdit de venir» À l'ignorer du regard, ils se sont toujours accordés, si elle pouvait seulement donner une once d'amitié aux moindres âmes qui tentent de l'approcher. «C'est effrayant ? Je trouve ça plutôt apaisant en quelque sorte.»

Elle n'a jamais réussi plus que lui, elle aime croire qu'elle n'est que réussite.

«T'as foutu quoi encore ? » Revenant à la voix bousillée, le tabouret qu'elle malmène et l'instrument rangé, le bar se veut le prochain endroit pour atterrir entre les corps endormis. Alcool fort trouvé, versé dans le verre, autre siège conquis, une œillade discrète vers un des hommes endormis.

Eux se ressemblant tous.
À chaque fois qu'elle frappe.

Date d'inscription : 04/04/2024

« Tu veux que je m’en aille ? » se soucia Jiji.

Il était étrange de voir à quel point le comportement de quelqu’un pouvait changer quand on lui volait sa voix, qu’on le silenciait par la force des choses. Quand il était en pleine conscience de ses capacités – qui allaient de pair avec ses hormones – il s’imposait dans n’importe quel lieu qui n’était pas trop fréquenté et il faisait sa petite vie avec son caractère de merde qui faisait son charme. Au contraire, quand il se prenait dans la tronche les effets secondaires de son pouvoir, il redevenait une petite chose fragile et émotive qui essayait de prendre le moins de place possible. Il prenait toujours de la place quand il faisait ses live ASMR, bien sûr, mais chacun savait que les abonnés ne valaient rien quand on se retrouvait dans la vie réelle, du moins en dessous d’un certain seuil.

« Effrayant ? Non. Au moins comme ça les gens sont calmes. » Il pouvait parler, lui qui était venu au monde pour faire un putain de boucan. « Ca te rend pas triste, que tout le monde s’endorme comme s’ils en avaient rien à foutre de toi ? Tu dois être la seule artiste au monde qu’on applaudit pas alors que tu le mérites. Ils se souviennent de toi, au moins, quand ils se réveillent ? »

Il hésita quand elle lui tendit le verre d’alcool. En temps normal, il le refusait quand il était en convalescence parce que c’était très mauvais pour ses cordes vocales. Mais pour Heera, il pouvait faire un effort.

« J’ai commenté un match à Athena. Hypérion contre Marigold, tu te souviens d’eux ? C’était incroyable, les gens en pouvaient plus. »

Il ricana, de ce petit rire qu’on entendait pas, et mis le nez dans son verre d’alcool comme s’il ne venait pas de vanter les mérites d’un combat entre trainees qui s’était soldé par un passage à l’hôpital pour les deux ensuite.
Pour le plaisir d’Athena la grande.

« Tu m’as pas répondu : comment tu vas ? »