numb * levi

Levi.
Levi.
Levi.

Le monde gravite autour de vous. Mais toi, que fais-tu ? Tu traines. T’es paumé. Regarde en face de toi, ou tu vas te manger un mur.

Est-ce que tu te l’es pas déjà mangé même ?  

Il t’a pas refait la gueule, mais il t’a bien ramolli. C’est quoi qui est pire finalement ? Surtout quand on doit “sauver” les autres ? Ta belle gueule te donne tu sursis, mais jusqu’à quand ?  

Ne déprime pas,  
peut-être que ça reviendra un jour.

Ou sinon, tu sais bien qu’on fera en sorte de t’offrir une fin digne de ta grande carrière. Avec des couronnes de fleurs. Un film en ta mémoire. Et même une parade à ton effigie. Parce qu’on t’aime bien ici, mais les patiences font des valses. Longues et épuisantes. Un jour, tout finira par s’écrouler. Tu le sais.

Et lui aussi.  

“You know, Levi, I understand you.” Se retourne-t-il pour te faire face. Le sourire aux lèvres. Visage lumineux. Si rare. Les mots tonnent. Sont criés. A fendre les egos si douteux. A raisonner dans vos cœurs si solitaires. Les iris se figent dans les tiens, et la main vient se poser sur ton épaule. “I think no one can understand you better than me, actually.”

Lui aussi, il est paumé,  
comme toi.  

Careful what you wish for   

Parce que c'est presque du regret en défilant les réseaux un à un, image abimée dans tous les sens. Il sont des pantins, des joujoux de leurs insatisfactions éternelles. C'est assez pour le convaincre de continuer. Fracasser le mur et n'en imaginer qu'une seule fissure.

Et parfois la fin semble belle.
Juste un instant.
Car les regrets seraient plus grands.

Et dans son cri, dans ses yeux presque trop rieurs, il en imaginait déjà la déception. Persuadé qu'un jour, il te regardera autrement. Car il sait, un peu trop bien et n'en donne que son silence. Yuri plus grande énigme. Effigie d'admiration. Famille qu'il ne résoudrait jamais à lâcher.

I understand you.

Souffle qui n'en connait que la fuite, n'en comprend pas les accords, cette main sur cette épaule, ce contact. Tension dans le corps ((Oh toi aussi Levi tu en serais plus attaché au démon que tu ne l'avouerais. )) Simple phrase qu'il souhaitait entendre, qu'il s'en délivre d'un poids.
Comme vous êtes paumés
Même en vous croyant invincible.
«Can I believe you are exhausted too ?» Sans comprendre, sourire triste à son tour pour joindre le sien, ridicule. Anxiété qui déraille, soulagement qui voudrait s'en mettre de la partie.

Arrachés tous les deux du berceau.
Formation violente pour éblouir.

Dans cet enfer Levi, trouves-tu ton chemin ?
Y a-t-il des fois ou tu regrettes ? Ou tu te sens coupable ?
Il y a aussi les déceptions, puis les chagrins.

On se sent seul là-haut, au milieu des étoiles. Il fait froid en plus, parce que personne ose nous offrir son étreinte pour nous réchauffer.  

Mais est-ce qu’un dieu a le droit de soupirer, Levi ? De pleurer ? Non. On lui demande d’être parfait. D’en offrir justement ses bénédictions à ces âmes en peine.
C’est vrai, vous pouvez bien crever sous vos calvaires, personne en aura quelque chose à foutre.  

C’est injuste ? Pourquoi ? C’est vous qui avez décidé d’en arracher ce trône. Que vos egos en portent cette couronne.  
Alors pourquoi regretter, aujourd’hui ? Surtout que vous savez très bien que chaque remord peut vous en coûter la vie.  

“I’m never exhausted.” Les traits se suspendent sur une expression insipide. Levi, que vois-tu en lui ? Le néant que les autres craignent ? “If you’re exhausted, you know, you can take a break.” Ça sonne faux, tu le sais.  

C’est vrai ça,
pourquoi prendre une pause quand tu es en haut du monde ?
Après tout, tu risquerais simplement de chuter, puis de t’écraser sans que jamais tu puisses de nouveau te relever.  

Tissus de mensonges et vérité accablante.
Jeu de théâtre et de tests, l'épuisement ne sera jamais une excuse assez significative pour s'arrêter. Et tu le sais Yuri.
Aucun roi ne se repose après avoir conquis un monde. Et toi Levi, tu l'avais fait sans pitié, sans remords.


Les incompréhensions du frère, mystère qu'il laisse derrière, Thevoid et son poids accablant. Ficelles habiles entre ses doigts et pourtant désorientées et emmêlées, noeuds de martyre ((Et si c'était aujourd'hui qu'il en trouverait une ouverture ?))
Après toutes ces années silencieuses.
Mais toujours sur les mêmes pistes.
Côte à côte.

Réponse connue d'avance.
Levi n'en perd pas son sourire, presque amusé, ayant l'impression de s'entendre. Formatés dans le même amalgame, il étaient des robots de fer à faire grincer le métal qui lui tenait en vie si difficilement.
«Sounds funny just to imagine that we could take a break.»
Rire léger.
Sarcastique.
Nerveux.

En glisse un verre entre les mains de Yuri alcool fort sans importance. En poser la carcasse contre un fauteuil, dossiers sur la table basse. Vilains qu'ils incendient. «And what you understand about me exactly ?»

Dark paradise
Dans lequel on est cloué.
Même aux antipodes.
Toi et moi.
Y u r i.

On dit : Se perdre pour mieux se retrouver.  
Mais qu’en est-il de : Se perdre jusqu’à s’y noyer ?  

C’est le naufrage, Levi.  
Il le sait. Tu le sais. Combien le savent ?
Pas beaucoup, il l’espère.  
(Sinon, c’est lui qui viendra plonger ta tête pour être sûr que tu ne remontes pas.)

Ton sourire qui irrite. Tes artifices trop risibles.
Sais-tu vraiment ce que tu fous ? Ou tu danses avec tes disgrâces en espérant qu’elles s'épuisent en premier ?  
C’est ridicule.

Quand tu lui donnes ce verre, ses yeux viennent fixer le contenu.
Encore une fois, qu’est-ce que tu fous ?

Le silence qu’il laisse s’inviter un instant dans votre échange après ta question.  
(Si tu savais Levi ce qu’il comprenait.)

“It’s okay to be weak sometimes.” Il se rapproche de toi de pas las. “It’s okay to not be so sure too.”  
Le regard qui vient ronger le tiens.  
“But...” Il s’arrête. “All of this, is not okay when we are us.”  
Le verre qu’il laisse s’écraser sur le sol entre vous deux.
“Right, Levi ?”  
Et un sourire, comme touche finale.  

Y’avait jamais eu question de partager la noyade.
Il coulerait seul.
Et en laisserait une énième place vide.
Puis des souvenirs qui s’éteignent aussi vivement.

Et j’espère que ça sera uniquement toi pour m’empêcher de respirer.
Donne-moi la mort si je ne crée que de la honte et n’arrive plus à m’en sortir.
Des éclats de verre semblables à sa personne, sourire assassin.
N’en fait pas disparaître le sien pour autant.
“Les mêmes paroles depuis des années. “

En laisse l’alcool ronger sa gorge.
Ravale la peur, se concentre sur l’humanité enfouie de Yuri.
Rire presque nerveux.
Épuisé.
“It’s not okay when it’s us, but it will never be feel for more real.”
Que l’épuisement en soit ressenti par eux.
Alors accroche-toi avec moi.
((Ne m’abandonne jamais.))
Même quand il n’en restera plus rien.