Regulus | Orion

regulus
06/04 ; 00h08 + outfit

« - T'es pas en conditionnelle Paperthin, tu peux aller où tu veux. » L'athénien en costard avait dit ça d'une voix aussi neutre que blasée et qui sous-entendait que, non, il ne pouvait pas aller où il voulait. Pas pour l'instant.
Orion avait aussi entendu dans le silence alors que les papiers passaient sous les yeux du type qu'il valait mieux pour lui qu'il reste à Séoul. Peut-être avait-il imaginé des choses ce matin là, troublé par sa libération imminente et peut-être qu'effectivement il était libre d'aller où il voulait sans risque. Mais s'il est toujours là, Orion a muselé son goût du risque une fois dehors.
A fait une croix sur Busan et son océan de liberté. Alors à défaut de la plage de Haeundae, il a tourné son regard vers celle d'Incheon. C'est presque comme si c'était Séoul, c'est pas loin. L'idée a navigué dans sa tête, entre brouillard de conscience encore enfermée et de pensées libérées, ça lui aura pris comme une envie de pisser. Au retour d'une mission chien de garde, Paperthin n'est pas rentré à la maison (quelle maison ?) mais a pris le bus. Peu importe l'heure, la mer est toujours belle.

Et sous la lune, son regard de vagues semble pétiller de le voir. Elle l’accueille de sa plus belle voix et de son air chargé d'iode. Respirer semble plus simple. Penser aussi. En vérité, une fois ses chaussures retirées et ses pieds épousant le sable, Orion ressent une étrange sérénité. De celle qu'il n'a plus connu depuis huit ans.
Marchant le regard accroché à l'écume, le héro ne remarque pas immédiatement qu'il n'est pas seul comme le laisse pourtant penser l'heure. C'est d'abord l'écho de mot, d'une mélodie qui vient se faufiler à ses oreilles. Puis une silhouette, accroupie sur le sable. Un visage dessiné par la lune dont les contours font s'arrêter son cœur.
Qu'est-ce qu'il fout là ? Et puis il réalise. Non ce n'est pas Jaehwan mais un type au visage qui ressemble au sien. Au sourire qui ressemble au sien. Au parfum fleuri qui ressemble au sien.
Toisant l'apparition, Orion se dit un instant qu'il est devenu complètement dingue, regard autour de lui en laissant l'apparition continuée à faire il ne sait pas quoi. Repose son regard sur elle et décide, sans trop savoir pourquoi, de poser sur cul sur le sable à côté. Saisir entre ses doigts un petit coquillage qu'il lui tend, simplement.

Il pensait être seul en venant ici. Il pensait être seul à laisser tout son être vagabonder vers l'horizon. Il y a pourtant une autre présence à ses côtés, vibrant elle aussi du bruit lent et calme des vagues.
Il y a ce foutu parfum qui vient s'enrouler dans sa poitrine à la manière d'un serpent réchauffé par le soleil tranquille d'un après-midi d'été.
Une pierre polie, cette fois, roule entre ses doigts.

« - Orion. » Souffle-t-il finalement tout en tendant la pierre au petit écureuil de plage amassant son trésor à côté de lui.

@yang tuzi

regulus
06/04 ; 00h08 + outfit

Orion lève la tête, la pierre abandonnant ses doigts, pour chercher sur la toile noircie de la nuit les étoiles de la fameuse constellation. « - C'est Regulus que l'on voit, pas Bételgeuse, la constellation du lion. Orion n'est pas visible ce soir, le meilleur moment pour le voir c'est en hiver. » Son regard trace une ligne vers l'ouest, là où brille un petit point orange, un peu fragile. Incomplet. Laisse filer la comète d'un sourire à retardement face à l'erreur commise par celui qui se présente comme étant plus jeune que lui.
Il ne s'y fera pas, à cette hiérarchie de la vie normale, cette politesse que l'on oublie en prison. Il accueille le nom d'un doux mouvement de menton, suit le mouvement du jeune homme du coin de l'oeil, méfiant.
Puis lève un sourcil en le voyant s'allonger. Simplement.

« - J'ai vécu loin du soleil pendant suffisamment longtemps pour ne pas souffrir de son absence. » souffle-t-il au bout d'un court instant, son attention à nouveau perdue sur le lent mouvement des vagues. Bercée par leur murmure. Elle lui a tellement manqué cette musique qu'un doux nœud d'une peine heureuse vient s'enrouler au fond de sa gorge.
C'est simple comme plaisir. Mais c'est suffisant. A l'instar de la légère brise caressant leur visages, du contact de la nacre entre les doigts ou du sable effleurant la paume. Il faudrait qu'il enfile ses gants mais quelque chose lui murmure que ce n'est pas la peine. Tuzi n'est pas une menace. Son silence est presque inquiétant alors Orion se retourne vers lui. Le scrute en net et flou pour s'assurer qu'il respire encore. Un suicidaire se serait jeté dans la mer et n'aurait pas pris le temps de ramasser des coquillages.

« - Tu vas pas passer ta nuit ici quand même ? » Et après tout, pourquoi pas. Se penchant en arrière, il enfonce ses coudes dans le sable à la hauteur des épaules de son drôle de compagnon dont le parfum semble l'envelopper avec une telle force qu'il en frissonne. Soupire et ferme doucement les yeux.
Plaisir simple.

@yang tuzi

regulus
06/04 ; 00h08 + outfit

Il se dégage du jeune homme, en plus de ce foutu parfum floral, comme une candeur qui dénoterait presque, à se tenir ainsi si proche de l'aura si sombre d'Orion. Lui qui se laisse bercer par le murmure des vagues qui lui a tant manqué et la voix délicate de Tuzi.
Tellement de choses sont tristes sur cette foutue planète. Personne n'y peut rien même si pour certains on leur promet qu'ils sauveront le monde, qu'en s'enfermant derrière les hautes parois d'une tour et en lui donnant leur vie, ils éradiqueront la tristesse. Conneries.

Du coin de l'oeil, Orion capte le mouvement. Tourne légèrement la tête pour le voir s'étendre sur le sable et se dire qu'il va vraiment s'endormir ici. Tout seul. « - Non, c'est pas vraiment mon genre. » Si sa mémoire fonctionnait encore comme elle faisait avant son emprisonnement, peut-être se souviendrait-elle de nuits passées sur une autre plage, en compagnie de ses sœurs. De sommeil alourdis de rires et de confessions de mômes, perchés sur le balcon, à l'abri du ciel trop curieux sous une cabane de draps.
Malgré le noir, le regard capte la tension de la nuque se tendant vers lui. Approche d'un geste crispant les muscles de l'ancien détenu, malgré cette odeur, cette brise lancinante déposant un baume étrange au fond de sa poitrine.

Le compliment pique des pétales de coquelicot sur ses joues que chasse bien vite la froideur de l'âge adulte et de celui qui a arrêté de croire à ce genre de jolis mots. Dans le noir, tout le monde est beau a-t-il envie de lui répondre mais ses lèvres restent légèrement pincées. Il s'élève de Tuzi une espèce de vent de danger qu'Orion ne s'explique pas.
Un magnétisme certain, tout aussi difficile à cerner mais qui le fait se perdre un long moment au fond de ces yeux sombres semblant sans fond. Vers lesquels il se penche à la manière d'un aimant que l'on tiendrait à distance de son autre pôle, juste pour voir combien de temps il peut tenir sans le rejoindre. Les cils glissent un instant vers les lèvres, de ces envies méchantes que l'on imagine un instant puis qui se musellent. C'est vers ce cou tendu qu'Orion dérive. Là où pulse la chaleur, la vie. Le parfum. Celui qu'il inspire avec la force d'un noyé regagnant la surface.

« - Tu sens si bon... »

@yang tuzi