( rip to my youth )

mort ; nom féminin.
cessation complète et définitive de la vie d'un être humain.

dévasté — l’âme ravagée. les larmes qui ne veulent pas s'arrêter. le palpitant qui ne cesse de s’emballer. cette impression d’être coincé dans un cauchemar loin de toute réalité. la colère, la tristesse — mêlés dans une cage thoracique qui menace d’exploser. et les souvenirs sont à jamais gravés. ombres du passé qui ne cesseront jamais de te hanter.

moitié envolée ,,  

orbites explosées ; mâchoire serrée. t’as l’image de son ton dans ce cercueil — inanimé. t’aurais voulu qu'il se relève, qu’il te dise que tout ce foutoir n’est qu’un mauvais rêve. pourtant, tout est vrai.

à jamais séparés.

« toutes nos condoléances, jeon. »

les mots qui se veulent apaisants, qui ne pourront jamais soigner ton être fracassé. tu salues, les laissent s’évader. individus qui quittent la sépulture décorée de quelques fleurs colorées.

pour ne pas l’oublier.

« hey. »

à finalement s’adresser à cette autre âme dévastée.

sojin.

Sojin elle n'est plus vraiment là. Son corps est toujours présent, bouge toujours et pourtant elle a l'impression de ne plus être aux commandes, de n'être qu'une simple spectatrice. Elle ignore comment elle a eu la force de se lever de son lit aujourd'hui alors que depuis la nouvelle, elle était incapable de le quitter recroquevillée et pleurant encore et encore. Les larmes ont d'ailleurs coulé tout le long de la cérémonie, elle avait renoncé à les essuyer et au mascara pour cette journée afin d'éviter que son maquillage soit ruiné. Il y a des gens qui viennent lui présenter leurs condoléances mais en vérité pas tant que ça parce qu'elle fait peur à voir. Un vrai fantôme. L'étincelle qui brillait dans ses yeux n'est plus. Une ombre c'est tout ce qu'elle est. La main toujours posée sur le cercueil où repose l'être aimé. Et un frisson secoue son corps en entendant ta voix parce que parmi le brouillard, elle reconnaît ton timbre et elle sait très bien à quel visage il appartient. La vision a beau être floue à cause des perles salées, elle pourrait dessiner chacun de tes traits les yeux fermés.

- Hey.

Voix rauque, il faut dire que c'est son premier mot prononcé depuis des jours de mutisme. Elle ne sait quoi te dire, elle n'a aucun mot pour te réconforter et elle n'a pas la force de faire la conversation. Et sûrement parce qu'elle ne se souvient plus d'à quand remonte la dernière fois qu'elle a mangé, ses jambes la lâchent et elle s'écroule par terre. Sa main reste toujours posée sur le cercueil cependant. Elle n'a pas, plus conscience des photos qui pourraient être prises à son insu, des commentaires, des chuchotements faits à son sujet. La seule chose qui compte c'est que son grand amour est dans ce cercueil. C'est la seule information qui tourne en boucle dans son cerveau. Elle avait toujours pensé que ce serait un class v qui la tuerait, elle n'avait pas prévu qu'elle mourrait de tristesse.

la vérité,
cachée.

saccagée, foutrement étouffée. tandis que certains brillent, d’autres pleuraient. corps refroidi — qui va être enterré. justice bafouée, volonté de dominer. de montrer qui commandait.

fuck this shit.  

gorge serrée ; l’envie de tout brûler. d'exploser tout ce qui se trouve à ses côtés. orage qui fait rage — à devoir se calmer. pour lui. pour respecter sa mémoire offensée.

larmes qui n’ont que trop couler. il est épuisé — brisé. et ces souvenirs ne cessent de le hanter.

pour l’éternité.

« t’as besoin de prendre l’air. »

regards dirigés ; à chuchoter. chagrin qu’ils n’ont jamais porté — sans quoi, ils n’auraient aucune envie de commenter. à tirer avec lui celle que son frère à aimer.

« assieds-toi. » — lui désignant une chaise, à s’emparer d’un verre d’eau fraîche qu’il lui tend. « tu devrais au moins essayer de boire quelque chose. depuis quand t’as pas mangé ? »  

questions éhontées ;
alors qu’il n’a lui-même rien avalé.

« tout ça sera bientôt fini. » ; mots prononcés — à nullement savoir s’il tente de la réconforter ou bien de lui-même se rassurer.

« T'as besoin de prendre l'air. » Et il y a la tête qui se secoue négativement, elle ne veut pas sortir. Sa place est ici, auprès de son aimé. Refus de s'éloigner trop de ces quelques morceaux de bois où se trouve son cœur. Distance qui lacère ce qui lui reste de palpitant, comme un lien physique avec le cadavre qui fait mal plus elle est loin. Pourtant incapable de vraiment protester, trop faible. Poupée de chiffon que tu emmènes là où tu veux et elle atterrit maladroitement sur cette chaise. Le verre d'eau pris, entente soudain d'un murmure loin d'être discret, qu'elle suspecte d'avoir voulu être entendu sur elle qui exagère, amour feint apparemment, larmes de crocodiles c'est ce que disent les vipères. Récipient qui disparaît en même temps que son liquide entre ses mains, sursaut de colère parmi toute cette peine. Poussières, cendres elle n'a jamais trop su qu'elle époussette sur sa robe, résultat de son pouvoir. Besoin de détruire quelque chose et comme les garces c'est illégal, elle a fait avec ce qu'elle avait sous la main.

Je suis là.

Cette voix, elle éclipse la tienne et elle lève les yeux vers cette silhouette qu'elle aime tant. Une hallucination comme tant d'autres qui peuplent son quotidien depuis cette annonce. Sensation fantôme de son toucher alors qu'il pose une main sur son bras alors qu'il se positionne juste à côté de toi. Et elle se demande si tu le sens toi aussi.

- Reste avec moi.

Supplique adressée à vous deux. Phrase murmurée. Reste avec moi pour m'aider à faire face à la réalité. Reste avec moi, je t'aime. Unique souhait pour le moment. Restez avec elle. Elle a besoin de toi, de lui pour survivre.

Toujours, jusqu'à la mort et même au-delà. Je serai toujours à tes côtés.

douleur ;
lourdre, décuplée.

elle frêle et brisée.
lui, stoïque et désemparé.

le regard fixe, le souffle serré. il observe, silence gardé. elle restait là, son cœur enchaîné — à refuser de s’éloigner. de l’oublier. le vent souffle, les arbres frissonnent. mais elle, immobile, semble figée : comme si son âme voulait s’accrocher à cet amant qui venait de s’envoler.

il l’avait bien compris, jeon. contrairement aux autres qui n'avaient cessé de la dévisager. des murmures, acides et voilés. des voix lointaines, venimeuses — foutrement glacées. elles jugeaient ses larmes, son deuil affiché. à dire qu’elle jouait, qu’elle mentait.

inepties ; cruautés.

lui qui ne cessaient de les dévisager, créatures odieuses qu’il pourrait anéantir d’une pensée. pourtant, il reste calme — contrôlé. pour toi, pour sa mère. pour son frère.

« reste avec moi. » ; termes murmurés. il a le palpitant lourd, jeon. à le sentir se serrer face à ce lien invisible entre leur deuil partagé. qu’ils peuvent, peut-être, alléger. il pose une main sur son épaule accablée — tentative de l’apaiser.

« tiens, essaie de boire. » ; à lui tendre un verre qu’il vient d’attraper — pour qu'elle tente de s’hydrater. leurs cœurs fracassés ; unis dans l’ombre d’un espoir insensé.

2022

outfit

GRAVEYARD

Elle ne pourra pas l'oublier comme on ne peut pas oublier de respirer. C'est vital et il l'est pour elle. Alors oui, elle reste près de lui parce que c'est sa place. A ses côtés tout comme toi. Trio devenu pourtant duo. Enfin dans les faits réels. La réalité est que Seon ne la quitte et ne la quittera jamais vraiment, hallucination constante à ses côtés. Et elle pourrait presque sourire entourée de vous deux. T'as sa main sur son épaule et de l'autre côté, il est là, accroupi une main sur sa cuisse.

Bois, ça te fera du bien.

Alors elle obéit sous vos ordres, le liquide se fraie un chemin douloureusement dans sa gorge. Première gorgée. La nausée qui commence à apparaître mais elle se force parce que c'est que tu veux, ce qu'il veut. Ce que vous voulez. Deuxième gorgée. Troisième gorgée. Main devant la bouche, elle court à l'extérieur dans un coin qu'elle espère tranquille. Liquide recraché, corps qui ne supporte plus rien depuis qu'il est parti.

- J'ai besoin de toi...

A ne plus savoir à qui elle parle, est-ce à toi ou bien à lui ? A vous deux ? Mais déjà es-tu seulement vers elle ? Difficulté à discerner illusions et réalité. Au moins, elle sait qu'elle parle au moins à quelqu'un. Il est là, il ne la quitte pas d'une semelle. 


Ca va aller promis.